Un cyborg (de l'anglais «cybernetic organism», traduisible par «organismecybernétique») est un être humain —ou à la rigueur un autre être vivant intelligent, en science-fiction— qui a reçu des greffes de parties mécaniques ou électroniques.
Le terme s'emploie surtout en science-fiction ou en futurologie; aujourd'hui, utiliser le terme, notamment pour des personnes ayant reçu des prothèses, peut être perçu comme de mauvais goût par les intéressés[1].
Le terme «cyborg» a été popularisé par Manfred Clynes(en) et Nathan S. Kline en 1960 lorsqu'ils se référaient au concept d'un humain «amélioré» qui pourrait survivre dans des environnements extraterrestres. Ce concept est le résultat d'une réflexion sur la nécessité d'une relation intime entre l'humain et la machine, à l'heure des débuts de l'exploration spatiale[2].
Le mot «cyborg» est devenu d'emploi courant. Cependant, son sens a largement dévié depuis. Dans le film Terminator, il est employé pour désigner un robot, non seulement à l'apparence humaine, mais dont l'enveloppe extérieure est faite de tissus organiques de synthèse (à l'origine faite pour soigner les blessures humaines). Depuis, il est devenu un abus de langage fréquent d'utiliser «cyborg» au lieu de «robot humanoïde».
L'utilisation du mot pour désigner une personne affectée d'un handicap peut être perçue comme une insulte. Ainsi, lors du passage de Greta Thunberg en France à l'Assemblée nationale, Michel Onfray écrit dans son blog: «Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l’émotion — ni sourire ni rire, ni étonnement ni stupéfaction, ni peine ni joie. Elle fait songer à ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du posthumain. Elle a le visage, l’âge, le sexe et le corps d’un cyborg du troisième millénaire: son enveloppe est neutre». Cette qualification entraîne une série de controverses médiatiques[3].
La cybernétique étant l'étude exclusive des échanges, un organisme pourrait être qualifié de cybernétique dès lors qu'il effectue un échange efficace pour une tâche donnée, mais le terme cyborg sous-entend en plus qu'il ne s'agit pas (uniquement) d'un organisme naturel.
La cybernétique est un principe scientifique formalisé par Norbert Wiener en 1948. En 1950, il utilise lui-même la métaphore d'un robot communiquant comme un humain pour dissocier le principe d'échange efficace des éléments communicants[4]. La même année, Isaac Asimov publie I, Robot et pose les principes de base de l'échange évolué robot/humain en science-fiction; il n'est alors pas question de mélange au sein d'un même organisme.
La «cyborgologie» est maintenant un domaine enseigné dans de nombreuses universités. En 1964, l'université de Melbourne a attribué à Manfred Clynes le diplôme de «D.Sc» (docteur en science[5]).
La notion ajoute donc une charge émotive, déviant sensiblement du sens initial d'échange pour aller vers celui plus inquiétant de substitution (où la machine envahit l'humain plus qu'elle n'échange avec lui).
Le cyborg est la fusion de l'être organique et de la machine. Tout d'abord créature de science-fiction, le cyborg serait, selon certains, d'ores et déjà une réalité[6]. Une personne ayant un stimulateur cardiaque ou une hanche artificielle, par exemple, peut déjà correspondre à cette définition[6]. On peut également qualifier de cyborg quelqu'un qui a une puce électronique cérébrale[6], également nommée:
Brain Chip, «Puce cérébrale» en français.
Brain implant, «Implant cérébral» en français.
«Pacemaker cérébral», terme plus spécifique employé pour désigner des puces à fonction médicale soignante.
Ces puces électroniques cérébrales sont capables de surveiller et contrôler différentes fonctions du corps humain, en agissant tant sur la motricité que sur les émotions et l'humeur. Le médecin José Delgado, ancien chercheur à l'université Yale, fut un des principaux précurseurs dans la conception de cyborgs. Dans les années 1950 et 1960, il fit des essais sur des animaux et des humains, à qui il implanta des puces électroniques cérébrales contrôlées à distance. En 1966, Delgado affirma que ses travaux «amènent à la conclusion déplaisante que les mouvements, les émotions, et l'humeur, peuvent être contrôlés par des signaux électriques et que les humains peuvent être contrôlés comme des robots en appuyant sur des boutons»[7]. Ses travaux eurent une portée internationale et lui valurent un article dans le New York Times.
La philosophe et biologiste américaine Donna Haraway a proposé une réflexion sur le monde contemporain en s'inspirant du concept de cyborg. Dans son Manifeste Cyborg[8], elle propose une épistémologie située[9],[10] (central dans le féminisme matérialiste anglo-saxon[11]) en s'appuyant sur la figure du cyborg qui défait les frontières entre fictions sociales et récits sociaux. Ce cyborg est le sujet d'un féminisme qui «blasphème des frontières»[8], remettant en question la femme comme sujet du féminisme[10]. En effet, Teresa de Lauretis décrit une «rupture constitutive du sujet du féminisme»[12] due au fait que le sujet du féminisme serait le cyborg d'Haraway, et non «LA femme»[9], construction sociale fragilisée par ce dépassement des frontières.
Cette rupture entraîne un déplacement d'un savoir féministe hégémonique hétérocolonial et universitaire[10] vers une multiplicité de savoirs situés partant, selon Paul B. Preciado, des frontières, des marges que sont par exemple les féminismes noir, chicano, lesbien et trans, ou les travailleuses du sexe[10]. Toujours selon Preciado, la connaissance située soutenue par Haraway n'est pas un dépassement de la tension entre constructivisme (Bruno Latour) et empirisme féministe (Sandra Harding), mais leur contamination mutuelle, par un «savoir-vampire». Il cite ainsi des «figures liminaires» similaires au cyborg: virus et FemaleMan d'Haraway, sujet nomade de Rosi Braidotti, drag de Judith Butler, entre autres. Chez Preciado, cette figure est le vampire[10].
Selon Haraway, le cyborg est autant une utopie qui produit la connaissance située, qu'une réalité que chaque être humain est déjà:
«Nous sommes des chimères, des hybrides, des cyborgs, image condensée de l'imagination et de la réalité[8].»
Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais. Sciences - Fictions - Féminismes, Anthologie établie par Laurence Allard, Delphine Gardey et Nathalie Magnan. Éditions Exils, 2007.
Ghost in the shell (manga de Masamune Shirow) La série est ensuite devenue une franchise médiatique composée de quatre films d'animation, trois séries d'animation, différents jeux vidéo et d'une adaptation en prise de vues réelle avec Scarlett Johansson dans le rôle du major Kusanagi.
Dans l'univers Tibérium de la série de jeux vidéo Command & Conquer, des cyborgs sont utilisés par la Confrérie du Nod dès les environs de 2030. Ils ne seront plus utilisés ensuite, et ce jusqu'en 2057 et l'achèvement du programme Marqués de Kane.
L'univers de Mortal Kombat comporte des cyborgs, comme Cyrax (MK9 et MKx), Kano, Sektor (MK9 et MKx), Jax, Cyber Smoke (MKx) et cyber Sub Zero (MK9 et MKx).
La série de jeux vidéo Tekken compte parmi ses personnages Bryan Fury, un homme qui a remplacé ses os par du flexacier à la suite d'une fusillade, puis d'un combat.
Ishi Sato, l’un des personnages principaux du jeu Bulletstorm, devient un cyborg.
Dans la série des Deus Ex, JC Denton et Alex D, les personnages principaux des premier et second épisode, sont des cyborgs que l'on pourrait qualifier comme étant de deuxième génération, car ayant été les premiers à être modifiés nano-technologiquement, par opposition à ceux de la première, sur qui furent implantées chirurgicalement des modifications mécaniques dites classiques. Adam Jensen, héros de Deus Ex: Human Revolution, le troisième opus, est quant à lui vraisemblablement un cyborg de première génération, son aventure débutant une vingtaine d’années avant celles relatées dans le premier épisode.
Le jeu Project Snowblind de Crystal Dynamics a pour héros Nathan Frost, un soldat qui grièvement blessé au combat, se fait remettre en état à l'aide d'une nanotechnologie expérimentale le transformant en cyborg.
Les Bionic Commando de CAPCOM présentent toujours un héros munis d'un bras bionique faisant de lui un cyborg.
Raiden de Metal Gear Solid devient un cyborg avancé, mais comme la plupart des soldats, y compris Solid Snake, intègrent dans leurs organisme un système complexe de nano-machines, on peut dire qu'il ne fait pas vraiment exception.
Dans Mass Effect 2, Shepard est ressuscité(e) via le Programme Lazare et possède depuis lors de nombreuses prothèses et implants cybernétiques bien qu'elle n'ont uniquement qu'un but «reconstructif» et n'apporte pas d'augmentation de capacité physique ou mentale
Dans Far Cry 3: Blood Dragon, la Terre est peuplée de cyborgs à la suite d'une guerre nucléaire.
Dans Warhammer 40000, les Dreadnoughts sont des machines de guerre conduites de l'intérieur par un soldat gravement mutilé, ce qui en fait une sorte de cyborg à la robotisation très poussée.
Dans Cyberpunk 2077, le personnage d'Adam Smasher s'est installé de nombreux implants cybernétiques au point que la seule partie organique qui lui reste soit son cerveau et faisant de lui un mercenaire brutal et mortel.
Dans l'univers Metroid, il existe plusieurs cyborgs: Ghor, un personnage sympathique apparu dans Metroid Prime 3 qui finit par être contrôlé par l'antagoniste, Weavel, un ancien pirate de l'espace laissé pour mort par Samus Aran, ainsi que Meta Ridley, l'ennemi juré de Samus ramené à la vie par la technologie pirate. Ceux-ci sont connus pour leurs expérimentations sur des êtres vivants et sur les membres de leur propre espèce. Certains pirates ont d'ailleurs vu leurs capacités augmenter grâce à des implants mécaniques et électroniques.
Dans la musique
Le 1er décembre 2016, un an après la réédition de son album Feu, Nekfeu est sur la scène de l'AccorHotels Arena (Bercy) de Paris pour clore sa tournée Feu Tour; lors de ce concert il annonce la sortie d'un nouvel album, Cyborg.
Jeu de construction
Les personnages de Kopaka, Nuju, Pohatu (sa version redémarrée) et Nilkuu dans la franchise Lego Bionicle.
D. de Gramont, Le Christianisme est un transhumanisme: Et si Jésus-Christ était le cyborg ultime?, Paris, Les éditions du cerf, , 365p. (ISBN978-2-204-11217-8), chap.1 («A la recherche du transhumain»)
Espineira, Karine, 1967-, Alessandrin, Arnaud et Thomas, Maud-Yeuse, La transyclopédie: tout savoir sur les transidentités, Paris, Éd. des Ailes sur un tracteur, 336p. (ISBN978-1-291-10322-9, OCLC892334386).