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universitaire américaine, autrice de plusieurs livres sur la biologie et le féminisme De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Donna J. Haraway, née le à Denver au Colorado, est une philosophe et professeure émérite au département de sciences humaines de l'université de Californie à Santa Cruz, où elle était titulaire de la chaire d'histoire de la conscience et des études féministes[1].
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Distinctions | Liste détaillée American Book Awards () Prix Ludwik-Fleck () Prix John-Desmond-Bernal () Prix Pilgrim () Médaille Wilbur-Cross (en) () Bourse Fulbright Boettcher Scholarship (en) |
Quand les espèces se rencontrent (d), Manifeste cyborg, Vivre avec le trouble (d) |
Elle est l'autrice de plusieurs livres sur la biologie et le féminisme. Elle est l'une des pionnières du cyberféminisme. Partisane de la Théorie du point de vue de la deuxième vague, elle est à l'origine du concept de connaissance située.
Haraway est diplômée de zoologie et de philosophie de l'université du Colorado, et a reçu une bourse de la Boettcher Foundation. Elle a vécu un an à Paris pour étudier les philosophies de l'évolution avant d'achever sa thèse au département de biologie de Yale en 1972. Sa thèse portait sur les fonctionnements de la métaphore en tant que modelant la recherche en biologie environnementale au XXe siècle. Elle a été publiée en livre en 1976 sous le titre Crystals, Fabrics and Fields - Metaphors of organicism in twentieth-century developmental biology[2].
Haraway a été professeure invitée à l'université d'Hawaï et à l'université Johns-Hopkins, où elle a donné des cours d'études de genre (gender studies) et de science générale . Elle s'est notamment intéressée à la différence entre les observations faites par des femmes primatologues et les théories édifiées par des hommes primatologues. Elle commence à travailler en tant que professeure à l'Université de Californie à Santa Cruz en 1980 où elle devient la première professeure titulaire en théorie féministe aux États-Unis[3].
En septembre 2000, Haraway a été récompensée de la plus haute distinction donnée par la Society for Social Studies of Science, le prix J. D. Bernal, pour l'ensemble de son apport à ce domaine.
Au sein du mouvement féministe, Haraway s'est opposée, aux côtés de Judith Butler, non seulement à l'essentialisme, qui prétend affirmer l'universalité d'une essence de « la femme », mais aussi au « modèle jurisprudentiel du féminisme »[4] popularisé par Catharine MacKinnon, qui militait pour l'interdiction de la pornographie en l'assimilant à une forme de hate speech (« discours haineux »).
Donna Haraway dialogue souvent, dans le monde francophone, avec les philosophes des sciences Vinciane Despret, Isabelle Stengers et Bruno Latour[5].
Pionnière dans l’analyse féministe des techniques, elle rend compte de la multiplicité des enjeux économiques, culturels et sociaux en cours à l’ère digitale et saisit les formes contemporaines du développement capitalistique lié aux innovations biotechnologiques[6]. Ses travaux ont inspiré toute une génération de chercheuses et activistes sur le cyberféminisme. Mais certaines de ces cyberféministes ont quelque peu pris le contrepied des travaux d'Haraway, glorifiant le lien entre femmes et machines, et mettant à l'écart le féminisme socialiste et les politiques anti-raciales d'Haraway[7]. Depuis 2013, la création du collectif féministe Deep Lab vise à mettre en œuvre les théories définies par le cyberféminisme[8].
Elle inspire également au-delà du monde académique. Gucci fait référence à ses travaux lors de son défilé automne-hiver 2018-2019 et "le docteur Haraway" est l'un des personnages de la série animée japonaise de science-fiction Ghost in the Shell.[9]
Elle est connue pour Manifeste cyborg : science, technologie et féminisme socialiste à la fin du XXe siècle, un essai qui a marqué les premières heures du cyberféminisme[10],[11], publié en 1985 dans la Socialist Review, puis en 1991 dans son livre Simians, Cyborgs and Women: The Reinvention of Nature. Elle y emploie la métaphore du cyborg[12] pour expliquer que les contradictions fondamentales de la théorie féministe et identitaire devraient être conjointes au lieu d'être résolues, ainsi que la machine et l'organique dans les cyborgs. L'idée de cyborg déconstruit les binarismes de maîtrise et manque de maîtrise du corps, objet et sujet, nature et culture, dans un sens qui soit utile à la pensée féministe postmoderne.
Haraway montre à travers cette métaphore que des choses qui semblent naturelles, comme le corps humain, ne le sont pas : elles sont construites par nos idées sur elles. Cette idée a un intérêt certain pour le féminisme, dans la mesure où les femmes sont souvent réduites à des corps. C'est aussi une critique de l'essentialisme qui subvertit l'idée de naturalité et l'artificialité, le cyborg étant un être hybride.
En outre, Haraway plaide pour une « politique des affinités »[13] contre une politique identitaire féministe, soulignant les multiplicités à l'œuvre dans le mouvement féministe (« femmes de couleur », etc.) et refusant l'idée même d'un « état féminin ».
À la fin du texte, Haraway cite l'influence d'auteurs et d'autrices de science-fiction (que l'autrice Ïan Larue nomme la « liste H »[14]) : Octavia Butler, John Varley, Samuel Delany, Joanna Russ, James Tiptree Jr., Monique Wittig, Anne McCaffrey et Vonda McIntyre.
La conception traditionnelle de l'objectivité comme vision impartiale, totalisante, faisant abstraction de la position particulière du sujet connaissant, a échoué à produire une science neutre selon Donna Haraway, qui souligne les liens que la science moderne entretient avec la domination masculine, le militarisme, le capitalisme etc[15]. Dans un article intitulé « Connaissances situées : la question scientifique dans le féminisme et le privilège de la perspective partielle », la philosophe propose une nouvelle définition de l'objectivité scientifique, privilégiant paradoxalement une perspective partielle, et non plus la vision d'en haut du savant omniscient. Les chances de produire un savoir objectif lui paraissent plus grandes quand le savant est conscient du fait que sa manière de décrire la réalité est intimement liée à la position particulière qu'il occupe, aux relations de pouvoir dans lesquelles il s'inscrit, et aux limites de sa vision ou de la perspective qu'il adopte.
La connaissance située définie en termes simples consiste à reconnaître que le savoir n'est jamais désintéressé et que, dans la production de la science même, « quelqu'un parle, quelque part »[16]. Les discours qui se donnent pour universalisants cachent bien souvent une situation spécifique, « masculine, blanche, hétérosexuelle, humaine »[17].
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