Bibliothèques de l'Institut de technologie du Massachusetts (en) (MC-0022)[1] Archives de l'École polytechnique fédérale de Zurich (en) (CH-001807-7:Hs 419)[2]
Il expose ses théories sur la cybernétique dans son livre Cybernetics or Control and Communication in the Animal and the Machine[3], parution qui bouscule durablement jusqu'au scandale, le monde des idées, traversant la pensée scientifique et philosophique de la deuxième moitié du XXesiècle, dont il est à ce titre, un des grands penseurs[4].
Né de parents juifs non pratiquants, il adopte toute sa vie durant une posture agnostique, semblable à celle de son père[7].
Enfant prodige, Norbert sait lire à un an et demi et est instruit à la maison. Son père y applique des méthodes d'éducation qu'il a lui-même inventées[8], très critique à son égard[9], lui imposant un travail acharné, le faisant lire la plus grande partie des livres de la bibliothèque de la maison, ce qui lui occasionne une sévère myopie au point d'être obligé d'arrêter de lire pendant six mois[10]. Il fait à sept ans un bref séjour à l'école avant de terminer ses études primaires à la maison, toujours sous la pression intellectuelle et la surveillance autoritaire de son père.
Âgé de sept ans en 1903, il intègre le lycée d'Ayer jusqu’à l'obtention de son diplôme d'études secondaires (équivalant au baccalauréat) en 1906.
Adolescence et études universitaires
En , à 11 ans, Norbert Wiener entre à l'université Tufts pour étudier les mathématiques. Il reçoit son diplôme en 1909 et intègre alors à Harvard où il étudie la zoologie. Mais en 1910, il s'inscrit à l'université Cornell pour commencer une licence en mathématiques. L'année suivante, il retourne à Harvard où il commence une thèse sur la logique mathématique. Il obtient son doctorat en 1912 à 18 ans, faisant de lui le plus jeune «PhD» de l’histoire d’Harvard[11]. Un journal l'appelle «le garçon le plus remarquable du monde.»
Il fut brièvement journaliste pour le Boston Herald où il écrivit un reportage sur les mauvaises conditions de travail des ouvriers de Lawrence (Massachusetts), mais fut congédié après s'être montré réticent à écrire des articles favorables à un homme politique que les propriétaires du journal soutenaient[12].
Seconde Guerre mondiale et naissance de la cybernétique
Durant la Seconde Guerre mondiale, il refusa de participer au Projet Manhattan (projet de développement de la bombe nucléaire), tout en travaillant activement au programme de lutte antiaérienne (le radar SCR-584 et l'appareil de préparation de tir électronique M9[15]), ce qui l'encouragea à synthétiser ses diverses recherches autour de la théorie de la communication. En 1943, avec ses collaborateurs Arturo Rosenblueth et Julian Bigelow, il proposa un nouveau système de «DCA» (Défense Contre les Aéronefs); celui-ci pouvait prévoir la trajectoire de l’avion cible à partir d’un modèle analysant le comportement d’un pilote se sachant pourchassé.
De 1946 à 1950, il participa aux fameuses rencontres interdisciplinaires dites conférences Macy et en 1947-1948, il formalisa le principe central de ces conférences sous le nom de cybernétique.
Durant le maccarthysme (1950-1954), le FBI de J. Edgar Hoover surveilla ce mathématicien qui avait déclaré «la cybernétique est une arme à double tranchant, tôt ou tard elle vous blessera profondément»[11].
La théorie de la cybernétique fut adoptée et répandue par de nombreux scientifiques dans le monde entier, la plupart groupés dans l'association internationale de cybernétique fondée par le professeur Georges R. Boulanger de l'université de Bruxelles.
Baptiste Rappin[Qui?] confirme les thèses de Philippe Breton et met en évidence les fondements théologiques de la cybernétique à partir d'une discussion de la légende juive du Golem et de la pensée du Maharal de Prague[17].
Fin de vie
Timbre de Moldavie à l'effigie de Norbert Wiener, 2000
En mars de la même année, il meurt à Stockholm en Suède et est inhumé au cimetière de Vittum Hill à Sandwich aux États-Unis[18].
Citations
«Le progrès implique non seulement de nouvelles possibilités pour l'avenir, mais également de nouvelles restrictions»[19].
«Tout travail qui est en concurrence avec le travail d'esclave doit accepter les conditions économiques du travail d'esclave»[20].
«Un physicien moderne étudie la physique quantique les lundis, mercredis et vendredis et médite sur la théorie de la relativité générale les mardis, jeudis et samedis. Le dimanche, il prie... pour que quelqu'un trouve la corrélation entre les deux»[21].
Œuvres
Cybernetics or Control and Communication in the Animal and the Machine, édition de 1948Cybernetics, or Control and Communication in the Animal and the Machine (1948) publié, en anglais, par la Librairie Hermann & Cie (Paris), The MIT Press (Cambridge, Mass.) et Wiley (New York)
traduit sous le titre La Cybernétique. Information et régulation dans le vivant et la machine, par R. Le Roux, R. Vallée et N. Vallée-Lévi, éd. Seuil, Coll. Sources du Savoir, 2014, (ISBN2-02-109420-0);
The Human Use of Human Beings(en) (Boston: Houghton Mifflin, 1950)
traduit sous le titre Cybernétique et société. L'usage humain des êtres humains, en 1952 (rééd. 1971), Union générale d'éditions, coll. 10/18; nouvelle traduction par P-Y Mistoulon, éd. Seuil, Coll. Points, 2014;
«Speech, langage and learning», The Journal of the Acoustical Society of America nº22, 1950 - article dans lequel il ajoute le concept du feedback au schéma de base de Shannon.
Ex-Prodigy: My Childhood and Youth (1953) MIT Press
I am a Mathematician (1956)
Nonlinear Problems in Random Theory (1958)
God & Golem, Inc.(en): A Comment on Certain Points Where Cybernetics Impinges on Religion (1964).
traduit sous le titre God & Golem Inc. Sur quelques points de collision entre la cybernétique et la religion, trad. par Christophe Romana et Patricia Farazzi, Paris, éditions de l'éclat, 2001.
Collected works. With commentaries, édité par P. Masani, Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1976-1985. 4 vv.
Invention - The Care and Feeding of Ideas Cambridge (Mass.), The MIT Press, 1993, ouvrage posthume avec une introduction de Steve Joshua Heims
(en) David Jerison, I. Isadore Manuel Singer, Daniel W. Stroock, The Legacy of Norbert Wiener: A Centennial Symposium in Honor of the 100th Anniversary of Norbert Wiener's Birth, American Mathematical Soc., (lire en ligne), p.3
Any labor which competes with slave labor must accept the economic conditions of slave labor. o The Human Use of Human Beings: Cybernetics and Society (1954)
Flo Conway et Jim Siegelman, Héros pathétique de l'âge de l'information. En quête de Norbert Wiener, père de la cybernétique, Éditions Hermann, 2012
Baptiste Rappin, Au fondement du Management. Théologie de l'Organisation, Nice, Editions Ovadia, "Chemins de pensée", 2014.
Baptiste Rappin, Heidegger et la question du Management. Cybernétique, Information et Organisation à l'époque de la planétarisation, Nice, Editions Ovadia, "Chemins de pensée", 2015.