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Les comtés du Québec, aussi appelés comtés municipaux ou en termes plus juridiques municipalités de comté, étaient un élément de l'organisation territoriale du Canada-Est puis de la province de Québec. Ils ont été créés en 1855 (bien qu'ils aient eu des prédécesseurs sous diverses formes) et ont cessé d'exister lors de la mise en place des municipalités régionales de comtés (MRC), au début des années 1980.
Les comtés, tout comme les MRC qui leur ont succédé, regroupaient les municipalités locales d'une même région. Ils « exist[aient] légalement comme corps public ayant des pouvoirs législatifs et exécutifs »[1], et étaient chargés de certaines responsabilités administratives sur leur territoire. Ils étaient dirigés par le Conseil de comté, regroupant les maires des municipalités, avec à sa tête un préfet, choisi parmi les membres à chaque année.
La juridiction du conseil de comté s'étendait uniquement aux municipalités qui n'avaient pas le statut de ville ou de cité (ce dernier étant peu répandu), c'est-à-dire à celles qui avaient le statut de municipalité de paroisse, de village, de canton, de cantons-unis ou sans désignation particulière. Par conséquent, dès qu'une municipalité acquérait le statut de ville ou de cité, elle reprenait du comté les responsabilités de celui-ci sur son territoire. Cette situation a fait qu'au fur et à mesure de l'urbanisation du Québec, la juridiction du conseil de comté s'appliquait sur un territoire de plus en plus morcelé, et que la tendance à la centralisation des pouvoirs vers l'administration provinciale rendait de plus en plus caduque l'institution du comté municipal. Une réflexion amorcée vers le milieu des années 1960 a amené, de 1979 à 1983, au remplacement des comtés municipaux par les nouvelles municipalités régionales de comté[2].
Les responsabilités assignées aux comtés ont évolué au cours du temps. Dès 1855, ils étaient responsables des cours d'eau, des ponts, de la voirie intermunicipale et de la gestion des territoires non organisés. En 1969, on leur a ajouté la confection des rôles d'évaluation[2].
Les villes de Québec, de Trois-Rivières et de Montréal ne faisaient partie d'aucun comté.
Sous différents noms, des divisions territoriales servant différentes fins ont existé avant la création des municipalités de comté de 1855.
Des divisions parlementaires, servant de base à la représentation de la population mais n'ayant aucune fonction administrative, ont existé à partir de 1791. À cette date, 27 district électoraux sont définis pour pourvoir à l'élection des députés à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada. Leur nombre sera porté à 32 en 1829, puis à 45 en 1830 et finalement à 46 en 1832.
Lors de la création de l'Assemblée législative de la province du Canada en 1841, le Canada-Est (territoire actuel du Québec méridional) est divisé en 40 districts électoraux. Ce nombre sera porté à 60 en 1853.
En ce qui concerne l’organisation administrative du territoire, 22 districts municipaux sont créés en 1841 et deux autres sont ajoutés l'année suivante.
La loi de 1855 qui a créé les municipalités de comté, appelée Acte des municipalités et des chemins de 1855, décrétait dans son article VII que les noms et les limites des comtés seraient les mêmes que ceux définis dans la loi adoptée deux ans auparavant et intitulée Acte de la représentation parlementaire de 1853, telle qu'amendée en 1855. Cette dernière loi redéfinissait les districts électoraux servant aux élections à l'Assemblée législative de la province du Canada. Les comtés étaient donc coextensifs avec les circonscriptions électorales (appelées « districts électoraux » à cette époque). Cette situation persiste tout le reste de la période du Canada-Uni, et continue durant les premières décennies de la Confédération canadienne, soit à partir de 1867, lorsque les élections provinciales et fédérales utilisent la même carte électorale[3]. Cependant dès 1886 les circonscriptions provinciales commencent à différer des fédérales, et de plus en plus d'entre elles n'ont plus les mêmes limites que les comtés municipaux. En 1945[1], il est estimé que 40 % des comtés n'ont plus les mêmes limites que les circonscriptions. La cohérence entre comtés et circonscriptions électorales est complètement abandonnée dans les années 1970.
La période d'environ 130 ans d'existence des comtés municipaux a fait de ceux-ci un élément primordial pour la localisation d'un lieu au Québec, autant de façon officielle que dans la vie de tous les jours[4]. Par exemple, il est courant d'ajouter le nom du comté au nom officiel d'une localité, et ce nom composé est souvent plus utilisé que le nom réel. On dit ainsi « Saint-Donat-de-Montcalm » pour Saint-Donat[5], ou « Saint-Georges-de-Beauce » pour Saint-Georges. Le sentiment d'appartenance au comté a persisté longtemps après la disparition de ceux-ci, et se manifeste encore quand, par exemple, il est proposé de redéfinir les circonscriptions électorales pour respecter un seuil de population[6].
Année | Nombre |
---|---|
1855 | 61 |
1871 | 64 |
1891 | 67 |
1901 | 69 |
1911 | 71 |
1945 | 76 |
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