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divers personnages qui accompagnent saint Nicolas De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les compagnons de saint Nicolas sont divers personnages ou figures régionales qui accompagnent le saint lors de sa fête en Europe centrale et occidentale. Ces personnages agissent comme antagonistes au saint patron qui distribue des cadeaux le 6 décembre, ou le 19 décembre pour l'Église orthodoxe utilisant le calendrier julien, aux enfants sages, menaçant de fouetter, punir ou enlever les enfants désobéissants.
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Jacob Grimm (Deutsche Mythologie) a associé ce personnage à l'esprit du foyer pré-chrétien (kobold, elfe) qui pourrait être bienveillant ou malveillant, mais dont le côté malicieux a été souligné après la christianisation. Le distributeur de cadeaux associé aux elfes a des parallèles dans le folklore anglais et scandinave et est indirectement lié au lutin de noël du folklore américain[1].
Knecht Ruprecht, en Allemagne, aussi appelé ; Pelzebock ; Pelznickel ; Belzeniggl ; Belsnickel (en) dans le Palatinat (et aussi en Pennsylvanie, sous l'influence des colons, ou dans la ville brésilienne de Guabiruba[2]) ; Rumpelklas ; Hans Muff ; Drapp, Pelzbock en Rhénanie ; Houseker au Luxembourg et Ryszard Pospiech en Pologne[3],[4],[5],[6] correspond à un homme à la barbe brune, aux cheveux longs, à l'aspect sauvage, muni d'un long manteau, venu pour punir les enfants. Le Hans Trapp en Alsace[7] ou Schmutzli en Suisse alémanique (Schmutz signifiant « terre, saleté ») ressemble beaucoup au Knecht Ruprecht avec des attributs très codifiés. Dans ces régions bilingues, il est aussi appelé père Fouettard.
La figure correspondante aux Pays-Bas, le Zwarte Piet[8],[9],[10] est très différente et représente un jeune valet grimé en noir. En Belgique francophone, en région bruxelloise et Wallonie, on l'appelle père Fouettard[11], ou encore Hanscrouf (écrit parfois Hanscroufe) en région liégeoise[12] (traduit littéralement en « Jean le Bossu »[note 1],[13]). C'est Hans Muff dans la région germanophone de Belgique. En France seule la commune de Dunkerque semble se rattacher au personnage du Zwarte Piet.
Dans le reste de la France, le compagnon de saint Nicolas est également le père Fouettard. Il s'appelle entre autres Ruppelz en Lorraine germanophone[14], reprend les mêmes attributs qu'en Alsace ou en Suisse mais de manière plus souple, sans son aspect rustre dialectophone ni poussièreux. Il a davantage l'aspect d'un vieillard et peut avoir une barbe blanche.
Enfin, le Krampus en Autriche, Bavière, Croatie, Slovénie, Frioul, Hongrie (orthographié Krampusz) aussi appelé Klaubauf en Bavière; Buzebergt à Augsbourg ; Bartel en Styrie est une créature surnaturelle maléfique. On retrouve cette forme dans l'ensemble de l'ancien empire austro-hongrois ainsi qu'en Bavière. En République tchèque, saint Nicolas est ainsi accompagné du čert (diable) et de l'anděl (ange)[15],[16].
Dans les traditions suisse et alsacienne, le personnage n'a pas de pouvoirs maléfiques ni surnaturels mais adopte l'image d'un rustre, sauvage, sale, sans éducation et muni d'une arme — fouet, chaîne, fusil, etc. — et le plus souvent d'un sac de charbon.
Dans la tradition alsacienne, le personnage de Hans Trapp (traduit en « père Fouettard » en français et en Alsace romane) accompagne saint Nicolas, et parfois le Christkindel dans le nord de l'Alsace, lors de la tournée du soir du 5 décembre. Hans Trapp joue le rôle du méchant, saint Nicolas est fidèle à son rôle de protecteur des enfants et le Christkindel, lorsqu'il est présent, l'assiste distribuant ses présents[17],[18]. Hans Trapp, appelé aussi père Fouettard, est déguisé de manière à passer pour un Alsacien rustre, bruyant et rural (ne s'exprimant souvent qu'en dialecte à l'inverse du saint Nicolas qui s'exprime aussi en français) ou pour un homme des bois (s'exprimant par des grognements). Il est souvent muni d'une chaîne ou d'un fouet et entre dans les villes de manière bruyante et terrifiante en criant et en faisant claquer sa chaîne ou son fouet.
Jules Hoches écrit à propos de Hans Trapp en 1897 :
« À côté de sa blanche compagne – le Christkindel –, il incarne, lui, une sorte de Lucifer, de délégué du diable, de croque-mitaine biblique, et il a pour attribut une verge à rameaux tricolores dont il menace les enfants qui ne sont pas disposés à tenir les promesses faites au Christkindel, son nom est Hans Tràpp et il ne parle que le patois d’Alsace[19]. »
À Wissembourg, le défilé du Hans Trapp, le soir du 4e dimanche de l'Avent, fait revivre chaque année ce sinistre personnage, précédé par les moines et de la population affolés. Il apparaît à cheval, hirsute, avec d’autres cavaliers, sur un fracas de percussions[20].
En Suisse alémanique, il est appelé Schmutzli, Schmutz signifiant « terre, saleté », et reprend les mêmes attributs et la même fonction que le Hans Trapp alsacien.
En Autriche, il est appelé “Krampus”.
Selon la légende, le père Fouettard serait né à Metz en 1552 pendant le siège de la ville par l'armée de Charles Quint, les habitants de la ville firent une procession avec un mannequin à l'effigie de l'empereur à travers les rues avant de le brûler[21],[22],[23].
D'après une autre version, c’est en 1737, dans le Comté de Hanau-Lichtenberg qu’il apparaît pour la première fois. À l’origine de ce personnage, il y aurait pour les uns le maréchal Jean de Dratt (Hans von Trotha)[24].
Jacques Lanzmann a écrit les paroles d'une chanson de Jacques Dutronc intitulée La fille du père Noël, évoquant les amours de cette dernière avec le fils du père Fouettard[25] ; ce titre figure sur le premier album (1966) du chanteur.
L'enterrement du père Fouettard est le titre d'une chanson de Maxime Le Forestier sortie en 1978[26].
Valérie Sarn a créé en 1980 une chanson enfantine intitulée Nicolas et Fouettard[27].
Les personnages du père Fouettard et du Zwarte Piet[11], assistants de saint Nicolas dans le folklore des Pays-Bas et de Belgique, se confondent aujourd'hui au niveau de l'apparence mais pourtant, les deux ont des origines bien différentes. En Wallonie, l'histoire du père Fouettard est liée généralement à la légende du boucher mais il a, au fil des années, troqué ses vêtements d'origine pour adopter la tenue de page portée par son homologue flamand : le Zwarte Piet. Cette transition de l'apparence du père Fouettard, dans le courant du XXe siècle, s'est effectuée par les échanges dans la population au sein du pays car, en franchissant la frontière vers la France ou l'Allemagne, on retrouve sa tenue plus ancienne (celle qui correspond le mieux à son histoire)[28]. En Flandre (et aux Pays-Bas), le Zwarte Piet est un esclave maure qui a été acheté par Saint Nicolas dans l'Espagne maure. D'ailleurs, le nom de Zwarte Piet signifie littéralement « Pierre (le) Noir »[note 2] (par rapport à sa couleur de peau). Ce "télescopage" des deux personnages en Belgique, avec une apparence actuelle semblable mais une histoire différente, entraine une certaine confusion dans les polémiques sur la tradition du père Fouettard en Wallonie[29].
Il accompagne le saint le 6 décembre ou la veille au soir pour la fête de la Saint-Nicolas[30]. Aujourd'hui, il est identifié par le fait qu'il est grimé en noir, qu'il est habillé de vêtements colorés de page du XVIe siècle ou XVIIe siècle et porte parfois de gros anneaux dans les oreilles et est traditionnellement coiffé d'une perruque crépue[31],[32].
Aux Pays-Bas et en Flandre, la tradition veut que le grand saint arrive par bateau venu d'Espagne, avec son cheval blanc et son acolyte.
En Belgique francophone, saint Nicolas, accompagné du père Fouettard, se déplace avec un âne chargé des cadeaux[33]. Il livre aussi du charbon ou des betteraves à sucre à certains endroits. Pour ce qui est du nom de Père Fouettard, on retrouve d'autres dénominations dans certaines régions comme le Hans Muff (Ostbelgien), le Houseker (Arelerland), le Hanscrouf (Pays mosan) ou encore le Ruppelz (Gaume). Enfin, il est également surnommé Nicodème à Tournai et à Mouscron.
À l'origine, le père Fouettard est associé à saint Nicolas comme étant le méchant qui distribue des punitions aux enfants désobéissants, alors que son compagnon offre des douceurs aux enfants sages[34],[35]. Il apporte avec lui un martinet pour les fouetter et un sac de friandises. Une légende veut également qu'il ait un sac pour enlever les enfants qui ne sont pas sages avant de les emmener en Espagne[36]. Il est également nommé par saint Nicolas pour surveiller les enfants durant toute l'année.
Progressivement, son rôle s'est adouci. Certaines traditions récentes le présentent comme un assistant de saint Nicolas dans sa distribution de jouets. Alors que le saint est toujours majestueux, père Fouettard se comporte parfois comme un acrobate ou un clown faisant des farces[37].
La légende du dieu Odin — également orthographié Wodan — est sûrement la première inspiration pour le personnage saint Nicolas[38],[39]. Odin chevauche un cheval blanc Sleipnir, vole dans les airs et est le chef de la chasse fantastique[38]. Or Odin est traditionnellement représenté comme étant accompagné par deux corbeaux noirs, Hugin et Munin[40] qui, comme le père Fouettard, sont des serviteurs pouvant rapporter à Odin ce qu'ils entendaient à la cheminée sur les comportements des mortels[41],[9],[42]. Au cours de la christianisation, le pape Grégoire Ier a fait valoir que les conversions étaient plus faciles si les gens étaient autorisés à conserver les formes extérieures de leurs traditions tout en affirmant que les traditions étaient en l'honneur du Dieu chrétien. La tradition de saint Nicolas est l'une d'elles, en convertissant Odin à un homologue chrétien[43].
Selon certaines versions de la légende, le père Fouettard serait en fait le boucher de l'histoire[44]. Il aurait égorgé et caché dans un tonneau des enfants qui avaient trouvé refuge chez lui. Ces enfants auraient été ressuscités dans la suite par saint Nicolas. Pour lui faire regretter son méfait, ce dernier l'aurait condamné à l'accompagner lors de sa distribution de récompenses, en lui assignant la tâche de punir les enfants désobéissants.
Selon une autre légende, qui correspond au Zwarte Piet, il serait un Maure amené par les Espagnols[réf. nécessaire]. Cela expliquerait la couleur de son visage. Une autre explication serait les enlèvements perpétrés par des pirates d'Algérie et de Turquie le long des rivages à la recherche de chrétiens pour les vendre comme esclaves[réf. nécessaire]. Beaucoup d'enfants ont été effectivement enlevés sur les villes côtières et les îles[45].
Le père Fouettard est probablement apparu au début du XIXe siècle dans le folklore des Pays-Bas. À l'origine, saint Nicolas était seul ou accompagné par le diable. Dans l'Europe de l'époque, il n'existait que peu de différences entre le diable et un Maure[46],[47]. Il ne pouvait y avoir qu'un seul et unique Zwarte Piet.
Jan Schenkman écrit en 1845 St. Nikolaas en zijn knecht (« St. Nicolas et son serviteur »). Le père Fouettard y est décrit comme un page et est dépeint comme un homme portant des vêtements sombres associées aux morisques. Dans la version de 1850 du livre de Schenkman, son aspect se rapproche beaucoup plus de son apparence actuelle. Le serviteur devient d'origine africaine, mais n'a pas encore de nom. Dans les éditions ultérieures, il porte le costume de page. Le livre est encore imprimé jusqu'en 1950 et peut être vu comme le fondement de la tradition actuelle, même s'il reprend beaucoup d'idées et de coutumes anciennes[48],[49].
Dans le livre Het Feest van Sinterklaas de 1891, le serviteur est nommé Piet. Jusqu'en 1920, plusieurs livres lui donnent d'autres noms, et son aspect varie considérablement lui aussi.
Depuis la mi-octobre 2013, le Zwarte Piet suscite de vives polémiques aux Pays-Bas[50],[51]. Effectivement, en janvier 2013, le Conseil des droits de l'homme des Nations unies — UNHRC — reçoit sur son site web des plaintes de personnes qui estiment que « le père Fouettard perpétue une vision raciste et stéréotypée du peuple africain et des personnes d’origine africaine qui apparaissent comme des citoyens de seconde zone. » À l'international, ce point de vue avait déjà été relayé[52],[53].
À la suite de ces réclamations, l'UNHRC envoie un questionnaire aux Pays-Bas. Quatre enquêteurs de la commission sont chargés de découvrir dans quelle mesure le gouvernement a impliqué la société néerlandaise, y compris les Africains dans le choix du Zwarte Piet et de saint Nicolas comme symboles culturels. À la suite de ces polémiques, une partie de la population néerlandaise et de la population belge se mobilise pour apporter un soutien au père Fouettard[54]. Selon les sondages, une très large majorité des Néerlandais est attachée à la figure noire du Zwarte Piet[55]. Le Parti pour la liberté a déposé un projet de loi pour sanctuariser la couleur noire du personnage ; ce texte a été rejeté[55]. Le mouvement politique BIJ1, engagé dans la lutte contre les discriminations, milite pour l’interdiction dans l’espace public du Zwarte Piet[55]. L'anthropologue néerlandaise Gloria Wekker étudie cette question dans une perspective historique liée à l'esclavage et relève la persistance des stéréotypes dans cet attachement à la figure du Zwarte Piet[56].
En octobre 2014, en Belgique, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme s'est prononcé sur la question, « estimant qu'il n'y a pas d'intentions, de propos ou d'actes racistes dans cette tradition ». Il ajoute également qu'il s'agissait malgré tout d'une occasion de lutter contre les stéréotypes[57],[58],[59]. Le mois suivant, pendant la visite annuelle de saint Nicolas à Gouda, une manifestation se produit sur ce site alors qu'un autre lieu a reçu l'autorisation pour accueillir cette manifestation. Ceci entraîne quelques heurts des différents partis. « Soixante personnes ont été interpellées pour avoir manifesté dans des lieux non autorisés, et trente autres pour avoir perturbé l’ordre public »[60].
Krampus est représenté comme une créature démoniaque qui accompagne saint Nicolas, principalement en Europe centrale. Il agit souvent en relation avec ce dernier, saint Nicolas donnant des cadeaux aux enfants sages, alors que Krampus donne des avertissements et des punitions aux mauvais enfants[61].
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