mouvement littéraire des années 1960 et 1970 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le boom latino-américain (espagnol: boom latinoamericano) est un phénomène littéraire des années 1960 et 1970 apparu lorsque les travaux d'un groupe de relativement jeunes romanciers d'Amérique latine ont été largement diffusés en Europe et dans le monde.
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue! Comment faire?
Le «réalisme magique» latino-américain reste pour beaucoup de personnes une manière efficace de représenter un monde ibéro-américain multiculturel. En effet, ce mouvement consiste à donner des dimensions merveilleuses, irréelles et exagérées de la réalité quotidienne, de façon que les personnages et le lecteur passent du réel au magique sans même s'en rendre compte.
Le «réalisme magique» reste néanmoins un mouvement littéraire à ne pas confondre avec la littérature fantastique, qui, en Amérique du Sud, a pour objectif de remettre l'existence et la vie en question.[pasclair] Par ailleurs, la définition du realismo mágico latino-américain doit être distingué du réalisme magique français.
Réceptions
La chronologie présente les œuvres principales du boom latino-américain par ordre de parution. Elles sont sélectionnées sur deux critères: elles ont permis à des écrivains d'atteindre la notoriété internationale (la réception est essentielle dans l'histoire du boom), et d'être rattachés au boom par les thèmes traités et par leur écriture. Cette chronologie offre une synthèse de différentes sources, internationales et françaises, repérées par des indications graphiques: (*), (CRE), (PRG), (PME), (BI) dont les significations sont données.
Réception internationale
Sont précisés les lauréats du Prix Nobel de littérature et du Prix Cervantes espagnol (créé en 1976) qui reconnaissent des trajectoires littéraires complètes (et non un livre particulier).
(*): Les livres marqués par un astérisque sont issus d'une étude (2011) à la fois historique et bibliométrique de Carolina Ferrer[1] qui prend en compte les travaux de plusieurs auteurs de référence, dont:
(PRG): cette indication marque les livres qui ont obtenu le prix littéraire de réputation internationale Rómulo Gallegos (créé en 1967, initialement attribué tous les cinq ans, puis tous les deux ans à partir de 1987)[6].
Est précisé si des romans ont été lauréats de prix littéraires espagnols réputés comme le prix Biblioteca Breve du roman (première période, 1958-1972, prix créé par les très actives éditions Seix Barral de Barcelone), et le prix espagnol de la critique quelquefois attribués à des écrivains latino-américains.
D'autres titres sont suggérés par des textes de synthèse, comme la notice «The 20th century > The "boom" novels» de l'Encyclopaedia Britannica, et des articles: par l'écrivain péruvien Iván Thays[7], par le romancier mexicain Jorge Volpi[8] et par les journalistes Paulo A. Paranagua[9] et David Sosa[10]. Voir aussi Portraits et propos recueillis par Luis Harss et Barbara Dohmann (1966, trad. Gallimard, 1970)[11] et le Dictionnaire amoureux de l'Amérique latine de Mario Vargas Llosa (2005) cités dans la bibliographie.
Réception française
(PME): cette indication marque les livres qui ont obtenu un prix littéraire français:
(BI): cette indication marque les livres cités parmi les 49 meilleurs romans de «La littérature hispano-américaine» et de «La littérature lusitanienne» de La Bibliothèque idéale (1992)[12] qui ne cite qu'un seul titre par auteur.
Organisation de la chronologie et périodisation
Tous les romans (écrits par des auteurs du boom) distingués par les études historiques, littéraires ou universitaires, et par les prix littéraires sus-nommés[13], sont cités dans la chronologie.
Lors de la première apparition d'un auteur, sont précisés: ses dates, son pays d'origine, ses reconnaissances internationales.
Cette chronologie propose plusieurs périodes; la date de naissance du boom et les dates de transition sont discutées[14] et ne sont qu'indicatives.
Écrivains brésiliens — Guimarães Rosa - Amado - Lispector
L'essai de Emir Rodriguez Monegal, qui a servi de première source à cette chronologie, ne prend pas en compte les romanciers de langue portugaise. On peut cependant distinguer des écrivains brésiliens[19]:
1962 — Congrès de Concepción - Fuentes - Vargas Llosa
Toujours selon Jose Donoso, la prise de conscience, par les écrivains latino-américain eux-mêmes, de l'importance du mouvement a lieu en 1962. Voici le récit de l'écrivain chilien qui avait commencé sa propre prise de conscience lors d'un séjour à Buenos Aires (1958-1960): «cela culmina et s'éclaircit au Congrès des Intellectuels de l'Université de Concepción (Chili), en 1962 (organisé par Gonzalo Rojas, David Stitchkin(es) étant recteur) où intervinrent, parmi beaucoup d'autres, Pablo Neruda, José Maria Arguedas, José Miguel Oviedo, Augusto Roa Bastos, Pepe Bianco, Carlos Fuentes, Claribel Alegria, Alejo Carpentier, sans compter un prix Nobel, des professeurs (...) et un groupe nourri d'écrivains chiliens.»[21]. Pendant ce congrès, tous les participants se plaignent d'être beaucoup mieux informés sur les livres des écrivains américains ou français que sur les livres des écrivains des pays voisins qui n'étaient pas diffusés chez eux (faiblesse de l'édition). Carlos Fuentes et Pablo Neruda y ont été les intervenants les plus influents.
Cette année 1962 a une grande importance symbolique[22], car paraissent aussi trois romans très marquants de Vargas Llosa (La Ville et les Chiens), Fuentes (La Mort d'Artemio Cruz) et Carpentier (Le Siècle des Lumières). Le roman du très jeune Vargas Llosa reçoit le prix Biblioteca Breve du roman des très actives éditions Seix Barral de Barcelone, selon José Donoso: «un des rares prix qui garda longtemps sa solvabilité littéraire et qui (...) a stimulé intelligemment la diffusion des courants actuels du roman. C'est à partir de La Ville et les Chiens que le public se demanda: "Qui est Vargas Llosa? Qu'est-ce que le roman latino-américain contemporain? Et Biblioteca Breve? Et Seix Barral?" (...) Si le prix de 1962, "lança" Mario Vargas Llosa (...), Mario Vargas Llosa "lança" Seix Barral.»[23]. Pour ce roman, et le suivant (La Maison verte), Vargas Llosa obtenait également le prix espagnol de la critique rarement accordé à des écrivains non espagnols.
1963 — Cortázar
En 1963, paraît Marelle, le roman expérimental de Cortázar qui aura beaucoup d'influence et qui sera très commenté[24].
Après le tournant — 1964-1968: «Prédominances et expansion» — Donoso - Puig - Lezama Lima - Del Paso - Cabrera Infante - Garcia Marquez
Après le tournant, voici les «années de prédominances et d'expansion» (selon l'expression de Jorge Volpi)[25], et de la réception, en particulier en Espagne, comme en témoigne le romancier catalan Jaume Cabré: «Quand je suis entré à l’université à la fin des années 60 c’était le boom de la littérature latino-américaine. J’ai adoré les premiers romans de Mario Vargas Llosa: La Maison verte, La Ville et les Chiens, Conversation à la Cathédrale, Pantaleón et les visiteuses. J’ai admiré Borges et sa capacité à dire simplement la complexité des choses. Chez Garcia Marquez j’ai trouvé une imagination portée à ses limites et ce pouvoir de faire disparaître si nécessaire des personnages. Toutes les nouvelles de Cortazar sont des modèles du genre. Je dois aussi beaucoup à Fuentes, à Juan Rulfo qu’il faut relire de temps en temps»[26]:
De 1969 à la fin des années 1970 — Poniatowska - Bryce Echenique - Roa Bastos
Au début des années 1970, les écrivains du boom, qui vivent entre l'Amérique et l'Europe, savent qu'ils forment un mouvement reconnu à l'étranger; ainsi en témoigne ce commentaire de Philippe Lançon (critique de Libération): «Le , à Avignon, pour la première d’une pièce de Carlos Fuentes, l’Argentin Julio Cortázar invite en famille trois fauves dominants de la littérature latino-américaine: García Márquez, sa femme Mercédes, et leurs deux enfants, Vargas Llosa et sa femme Patricia, le Chilien Jose Donoso et sa femme Pilar[27]. Ils viennent de Barcelone, où ils habitent. Sur la photo, ils sont moustachus, barbus, chevelus, poilus, souriants, éclatants. C’est la dernière fois qu’on les verra tous ensemble.»[28].
beaucoup plus tard, Vargas Llosa publiera un essai: L’Utopie archaïque: José María Arguedas et les fictions de l’indigénisme[29](en 1996); puis: Voyage vers la fiction: Le Monde de Juan Carlos Onetti (2008)[30]; enfin il réunira en 2005 des portraits de ses amis et collègues, écrivains du boom, dans son Dictionnaire amoureux de l'Amérique latine[31].
2005: Dictionnaire amoureux de l'Amérique latine: nombreux portraits personnels d'écrivains du boom par Mario Vargas Llosa
2006: El tren pasa primero (PRG) d'Elena Poniatowska
D'autres écrivains latino-américains de la même période avaient une grande notoriété, comme Pablo Neruda (Chili, prix Nobel de littérature en 1971), et Octavio Paz (Mexique, prix Nobel de littérature en 1990: Tiempo Nublado (**), 1983), mais ils sont poètes et essayistes, alors que le boom est un mouvement romanesque.
Liste des auteurs cités dans la chronologie, par pays.
À Barcelone, «la capitale de la littérature latino-américaine» (Mario Vargas Llosa)
La notoriété internationale des écrivains du boom doit beaucoup à l'activité éditoriale de Carlos Barral, directeur de la maison d'édition Seix Barral de Barcelone qui patronne le réputé prix Biblioteca Breve du roman (1958-1972),
et au rôle de l'agente et éditrice littéraire espagnole Carmen Balcells qui a représenté Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa, Juan Carlos Onetti, Julio Cortázar, José Donoso, Alfredo Bryce Echenique, Isabel Allende[33].
Témoignage de Mario Vargas Llosa à l'occasion d'un portrait de José Donoso: «C'est à Barcelone, entre 1970 et 1974, que je le fréquentai le plus, quand, par un concours de circonstances, la belle cité méditerranéenne devint, pour ainsi dire, la capitale de la littérature latino-américaine. Dans son Histoire personnelle du "boom" (1972), il décrit une de ces réunions qui jalonnent ces années exaltantes où la littérature nous paraissait si importante et capable de changer la vie des gens, où était miraculeusement aboli l'abîme séparant écrivains et lecteurs espagnols et latino-américains, et où l'amitié nous semblait impérissable aussi.» Dans le même ouvrage[31], Mario Vargas Llosa donne un portrait de Carlos Barral et de Carmen Balcells.
En France, «Paris, capitale de la culture latino-américaine» (Octavio Paz)
Témoignage de Mario Vargas Llosa citant Octavio Paz: «Quand je parvins enfin à réaliser mon rêve et de vivre ici (à Paris), la France commença à m'apprendre à découvrir l'Amérique latine et à me découvrir moi-même comme latino-américain. C'est ce qu'à écrit Octavio Paz en présentant une anthologie: "Paris, capitale de la culture latino-américaine". Il n'exagérait pas: ici les artistes et les écrivains d'Amérique latine se connaissaient, se fréquentaient et se reconnaissaient comme membres d'une même communauté historique et culturelle, tandis que là-bas nous vivions retranchés dans nos pays, attentifs à ce qui se passait à Paris, Londres ou New-York, sans avoir la moindre idée de ce qui avait lieu dans les pays voisins, ni même, parfois, dans le nôtre»[34]
«Le boom du roman hispano-américain, le réalisme magique et le post modernisme — Des étiquettes et des livres» de Carolina Ferrer, in Art et Politique — La Représentation en jeu, dirigé par Lucille Beaudry, Carolina Ferrer et Jean-Christian Pleau, Presses de l'Université du Québec, 2011. Carolina Ferrer est professeure au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal. Le chapitre cité donne une synthèse de plusieurs études sur le sujet. Carolina Ferrer a effectué une étude bibliométrique, aussi sont cités tous les auteurs ayant fait l'objet d'un grand nombre de publications critiques (voir le tableau 2 de l'article cité).
Alors professeur à l'université Yale, Emir Rodriguez Monegal est l'auteur d'un essai de référence: El boom de la novela latinoamericana. Ensayo, Caracas, Tiempo Nuevo, 1972, cité par Carolina Ferrer. Emir Rodríguez Monegal a dirigé la revue Mundo nuevo(en); en 1972, il est déjà l'auteur du Borges par lui-même de la Collection «Écrivains de toujours» (Microcosme, Éditions du Seuil, 1970); une photo du site artedelapalabra montre Mario Vargas Llosa, Carlos Fuentes, Juan Carlos Onetti, Emir Rodríguez Monegal et Pablo Neruda ensemble; pour une bio-bibliographie détaillée voir la page Emir Rodríguez Monegal sur Wikipedia en anglais.
Donald L. Shaw, "Which was the first novel of the boom?", Modern Language Review, vol. 89, no2, 1994; cité par Carolina Ferrer (voir la bibliographie).
La Bibliothèque idéale dirigée par Pierre Boncenne avec Alain Jaubert et Hughes de Kerret, préface de Bernard Pivot, nouvelle édition, 1992, «La Pochothèque», Albin Michel et Librairie générale française.
Le boom étant d'abord un phénomène de réception internationale, les prix nationaux ne sont pas considérés (par exemple: un prix chilien attribué à un écrivain chilien), seuls sont considérés les prix internationaux (comme les prix espagnols ou français attribués à un latino-américain).
Ces deux dates viennent des discussions du critique Donald L. Shaw (en) (voir: "Which was the first novel of the boom?", Modern Language Review, vol. 89, no2, 1994, et la bibliographie); la première date est retenue par la page de Wikipedia en espagnol (es); la seconde date est retenue par Carolina Ferrer (voir la bibliographie).
Comme le reconnaît la page es:Boom latinoamericano de Wikipédia en espagnol, ou la présence de João Guimarães Rosa au générique du livre de référence publié en 1970 par Luis Harss et Barbara Dohmann dans la collection historique "La Croix du Sud" (Gallimard) (voir la bibliographie). Mario Vargas Llosa donne des portraits très élogieux de Jorge Amado et João Guimarães Rosa dans son Dictionnaire amoureux de l'Amérique latine (voir la bibliographie); l'édition française de Diadorim est préfacée par Vargas Llosa. Pour Clarice Lispector, voir: Iván Thays, «Las mujeres del Boom».
in: José Donoso, Historia Personal del «boom», op. cit. Sur le rôle des éditions Seix Barral, voir la section «Contexte international — À Barcelone, «la capitale de la littérature latino-américaine» (Mario Vargas Llosa).»
Une photo de la même époque, prise à Barcelone, avec Mario Vargas Llosa, José Donoso, Gabriel García Márquez et leurs épouses, peut être vue sur le site Hojas de Vida
Sur le site des éditions Léo Scheer, une photo de 1974 représentant Gabriel García Márquez, Jorge Edwards, Mario Vargas Llosa, José Donoso et Muñoz Suaz, chez Carmen Balcells à Barcelone
(fr) Portraits et propos de Alejo Carpentier, Miguel Angel Asturias, Jorge Luis Borges, Joao Guimaraes Rosa, Juan Carlos Onetti, Julio Cortazar, Juan Rulfo, Carlos Fuentes, Gabriel Garcia Marquez, Mario Vargas Llosa recueillis [entre 1964 et 1966] par Luis Harss et Bárbara Dohmann, Gallimard, coll. «La Croix du Sud», 1970. Ce livre publié initialement en anglais (Into the mainstream) a été traduit en espagnol par ses auteurs: Los nuestros (Buenos Aires, Editorial Sudamericana, 1966).
(es) Emir Rodriguez Monegal, El boom de la novela latinoamericana. Ensayo, Caracas, Tiempo Nuevo, 1972.
(en) Donald L. Shaw, "Which was the first novel of the boom?", Modern Language Review, vol. 89, no2, 1994; cité par Carolina Ferrer.
(en) Brett Levinson, The ends of literature: the Latin American «boom» in the neoliberal marketplace, Stanford University Press, Stanford, Calif., 2001, 208 p. (ISBN0-8047-4345-2)
(fr) Virginie Gilmet, «Boom» du roman – «boom» de la révolution: littérature et politique en Amérique Latine, Université de Poitiers, 2006, 449 p. (thèse de doctorat d'Études latino-américaines)
(es) Ángel Esteban et Ana Gallego, De Gabo a Mario: la estirpe del boom, Espasa Calpe, Madrid, 2009, 319 p. (ISBN978-84-670-3013-6)
(fr) Laurent Aubague, Jean Franco et Alba Lara-Alengrin (dir.), Les littératures en Amérique latine au XXesiècle: une poétique de la transgression?, L'Harmattan, Paris, Turin, Budapest, 2009, 435 p. (ISBN978-2-296-07564-1)
(fr) Carolina Ferrer: «Le boom du roman hispano-américain, le réalisme magique et le post modernisme — Des étiquettes et des livres» de Carolina Ferrer, in Art et Politique — La Représentation en jeu, dirigé par Lucille Beaudry, Carolina Ferrer et Jean-Christian Pleau, Presses de l'Université du Québec, 2011.
Liens externes
(es) El Mundo: Liste complète des Cent meilleurs romans en espagnol du XXesiècle désignés moitié par un référendum (20 000 lecteurs) et moitié par les critiques de El Mundo. Voir aussi les commentaires par El Mundo qui précise que parmi les dix premiers titres choisis il y a cinq romans du boom, soit: (1) Chronique d'une mort annoncée et (2) Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez; (4) Marelle de Julio Cortázar; (7) Pedro Paramo de Juan Rulfo; (10) La Ville et les Chiens de Mario Vargas Llosa. Enfin, deux écrivains du boom voient trois romans cités dans cette liste de cent: Gabriel García Márquez et Mario Vargas Llosa.