Base aérienne 116 Luxeuil-Saint Sauveur
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La base aérienne 116 « Lieutenant-colonel Papin » de Luxeuil-Saint-Sauveur de l'Armée de l'air française est située à 5 kilomètres au sud de la ville de Luxeuil-les-Bains dans le département de la Haute-Saône. Après les usines PSA Peugeot-Citroën de Vesoul, la base est le deuxième employeur, en effectifs, dans la Haute-Saône. La base occupe une superficie totale de 477 hectares et possède une piste aux normes de l'OTAN.
Base aérienne 116 Luxeuil-Saint-Sauveur « Lieutenant-colonel Papin » | ||||||||||
![]() Tarmac et hangars de la base en 2011. | ||||||||||
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Localisation | ||||||||||
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Pays | France | |||||||||
Ville | Luxeuil-les-Bains | |||||||||
Date d'ouverture | 1912 (piste en herbe) 1916 (escadrilles de combat) 1953 (base aux normes OTAN, piste bétonée) |
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Coordonnées | 47° 47′ 17″ nord, 6° 21′ 35″ est | |||||||||
Superficie | 477 ha | |||||||||
Altitude | 278 m (913 ft) | |||||||||
Informations aéronautiques | ||||||||||
Code OACI | LFSX | |||||||||
Type d'aéroport | Militaire | |||||||||
Gestionnaire | Armée de l'air et de l'espace | |||||||||
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La base abrite la 2e escadre de chasse, reformée le .
Le site de Luxeuil est l'un des plus anciens terrains d'aviation militaire de France. Après des exercices aériens réalisés par l'armée en 1911, le terrain actuel de la base est choisi en 1912. Il est utilisé de façon intermittente entre la Première et la Seconde Guerre mondiale. Les installations restent longtemps modestes avec une piste en herbe et de petits baraquements sans hébergement. Durant l'Occupation, le site accueille une école de pilotage de la Luftwaffe qui subit une centaine d'accidents, dont une soixantaine mortels.
En 1950, sous l’impulsion du ministre de l’Air, André Maroselli, également maire de Luxeuil-les-Bains, un vaste programme d’infrastructure est lancé pour installer sur le site une grande base aérienne moderne aux normes de l'OTAN, qui ouvre en 1953.
Après avoir accueilli l'arme nucléaire de 1966 à 2011 (abandonnée après la fin de la guerre froide), celle-ci doit faire son retour à l'horizon 2032 sous la forme de missiles hypersoniques, type ASN4G, portés par deux escadrons de Rafale. De lourds travaux de modernisation sont programmés alors que la base devait fermer au milieu des années 2000. Ce retour s'inscrit dans le besoin de défense des pays européens dans le cadre de la Guerre russo-ukrainienne et de la prise de distance des États-Unis.
La base s'ouvre régulièrement au public avec l'accueil de meetings aériens.
Géographie
La BA 116 occupant une superficie de 477 hectares est implantée dans une vaste plaine alluviale située au pied des Vosges saônoises[o 1], dans le nord-est du département de la Haute-Saône. Elle est entourée de gravières dont les granulats ont servi à la construction de ses infrastructures. Le terrain militaire s'étend sur les territoires des communes de Saint-Sauveur, de La Chapelle-lès-Luxeuil, de Baudoncourt et de Breuches, au sud-sud-est de Luxeuil-les-Bains[1].
- Vue éloignée de l'église et du château de Brotte-lès-Luxeuil avec la BA 116 et la ville de Luxeuil-les-Bains en arrière-plan.
De 1950 à 1998, la BA 116 possédait une base de désserrement[Note 1] à 15 km au sud-est : l'aérodrome de Lure - Malbouhans[2]. Le dépôt de munition de Sainte-Colette et la station hertzienne du Ballon de Servance lui son toujours rattachés[o 2].
Histoire
Résumé
Contexte
Origine
En , des biplans survolent la Haute-Saône lors des grandes manœuvres de l'Est en improvisant une piste au lieu-dit « la Zouzette » à Froideconche. L'année suivante, l'aérodrome déménage à l'emplacement actuel de la base[o 3],[3] ce qui en fait l'un des plus anciens terrains d'aviation militaire de France. Un terrain de 200 hectares est aménagé[4].
- Les grandes manœuvres en 1911 à Luxeuil.
Première Guerre mondiale

Lors de la Première Guerre mondiale, le le terrain de Luxeuil accueille les escadrilles MF29, MF123 et MF214 du Groupe de Bombardement 4 « Belfort ». Elles sont rejointes par des escadrilles britanniques et alliées. Le site est stratégique pour surveiller la frontière vosgienne[o 3],[3],[4]. Le est formée l'escadrille américaine 124 par Norman Prince et par Frager Curtiss, qui fait mouvement vers le terrain de Cachy dans la Somme où elle prendra le nom d'escadrille La Fayette et choisit son insigne "La Tête de Sioux" toujours porté par les Mirage 2000 du 2/4 La Fayette[o 3],[o 1],[5].
Entre-deux-guerres
Pendant l'entre-deux-guerres, l'activité est réduite[o 1],[o 3]. Le 22e régiment aérien de bombardement de nuit est cantonné à Luxeuil de 1919 à 1923. Après le départ de ce régiment pour Chartres, le site est utilisé comme terrain de secours puis de manœuvre à partir de 1931. Les installations d'alors consistent en une piste herbeuse et de quelques baraquements de fortune. Les pilotes dorment à l'hôtel, voire chez l'habitant, faute d'hébergement à la base[o 3],[3],[4].
Le Groupement d'Aviation et d'Observation 543 s'installe à Luxeuil de à [o 3].
Seconde Guerre mondiale

Le site connais un regain d'activité à la suite de la déclaration de guerre de la France contre l'Allemagne[o 1]. Le Groupe de Chasse 2/7 sur Morane-Saulnier MS.406 s'installe le . Des travaux d'amélioration sont entrepris à cette occasion. L'une des escadrilles est commandée par Tony Papin (alors capitaine) qui donne son nom de tradition à la base[o 3],[3],[4].
Lors de la Seconde Guerre mondiale, le , la base est bombardée par la Luftwaffe[6]. Des combats ont lieu entre les pilotes de la base et les pilotes allemands[3].
Après l’armistice du , le terrain est utilisé par la Luftwaffe qui y implante une école destinée à former ses futurs pilotes, au mois de juillet. Elle cumule une centaine d'accidents d’avions ayant entrainé la mort de plus 60 Allemands et des dizaines de blessés durant l'Occupation. La Libération de la base et celle de la ville de Luxeuil durent du 16 au [3],[4]. Ce mois-là, de nombreuses unités alliées s'installent au terrain, dont le Groupe de Chasse 2/5 avec ses P-47D, le Groupe de Chasse 1/3 en Spitfire et le Groupe de Reconnaissance 2/33 équipé de P.51 Mustang. Les traditions du GC 2/5 sont les mêmes que celle de l'escadrille La Fayette qui a vue le jour sur le sol de Luxeuil[o 3].
- Le terrain de Luxeuil à fin de la guerre.
- Groupe de Chasse (GC) I/7 « Provence » sur le terrain enneigé.
- Escadron de Chasse 3/3 « Ardennes ».
Guerre froide et dissuasion nucléaire
Après la guerre, le site n'est plus utilisé par l'armée[3]. Le , un aéro-club civil est créé[o 3].

En 1950, sous l’impulsion du ministre de l’Air, André Maroselli (également maire de Luxeuil-les-Bains) est prise la décision de construire une base aux normes de l'OTAN à l'emplacement du terrain. Un programme d’infrastructure est lancé pour installer une grande base aérienne moderne dont la construction démarre l'année suivante[3],[7]. En octobre 1952, des Vampire se posent sur la piste en grilles métalliques (PSP)[o 3].
La 11e escadre de chasse créée à Reims prend ses quartiers dans la nouvelle base aux normes de l'OTAN, le . Elle dispose de 75 avions F-84[o 2],[3]. La base est officiellement inaugurée le , elle se destine à la défense de l'espace aérien[3],[7]. Le , elle est baptisée « Lieutenant-colonel Papin » en hommage à Tony Papin mort en mission en 1946[3].

Le , la 4e escadre de chasse et l'Escadron de Reconnaissance Tactique 1/33 prennent la place de la 11e EC qui fait mouvement vers la base de Bremgarten en Allemagne de l'Ouest[o 2]. En mai 1966, la base de Luxeuil rejoint la force de dissuasion nucléaire française avec l'installation de l'Escadron de bombardement 3/94 Arbois et de ses bombardiers nucléaires Mirage IVA rapidement rejoints par des Mirage IIIE. Un « dépôt-atelier de munitions spéciales » est construit pour accueillir l'arme nucléaire type AN-22. Un escadron de protection sol-air est mis en place pour défendre la base et ses forces[o 2],[3].
En janvier 1967, l'ERT 1/33 quitte Luxeuil pour la base de Strasbourg-Entzheim. Au mois de mai suivant est formé le Centre de Prédiction Radar[o 2] 00/339 (CPR 00/339). Deux années plus tard, le CPR est renommé Centre de Prédiction et d'Instruction Radar 00/339 (CPIR 00/339)[réf. nécessaire].
Lors de travaux d'aménagement en 1972, un trésor monétaire composé de plusieurs milliers de monnaies constantiniennes est découvert sur la base (à la limite communale de La Chapelle-lès-Luxeuil)[8].

En 1973, l'EB 3/94 est doté d'armes nucléaires tactiques AN-52[o 2]. Le suivant, un Mirage IV s'écrase sur la commune de Saint-Sauveur[réf. nécessaire]. L'EB 3/94 est dissous en [o 2].
En 1988, la flotte aérienne de la base aérienne 116 se modernise. Le , arrive les onze premiers Mirage 2000N équipés d'ASMP formant l'Escadron de chasse 1/4 Dauphiné rattaché aux forces aériennes stratégiques[o 2],[3]. Le ont lieu les derniers vols de la 4e EC en Mirage IIIE. Le , le CPIR devient le Centre d'instruction tactique 00/339 (CITAC 00/339)[réf. nécessaire].
Le ravitaillement en carburant aviation est assuré par le réseau d'oléoducs en Centre-Europe de l'OTAN[9].
Déclin de l'après guerre froide
La dislocation de l'URSS mettant fin à la guerre froide, la base luxovienne perd son intérêt. Ses effectifs lentement déclinent jusqu'à être plusieurs fois menacée de fermeture.
La 4e Escadre de Chasse est dissoute en 1993, les EC 1/4 et 2/4 devenant autonomes. Le , la dissolution du CITAC (Centre d'Instruction TActique) est effective[réf. nécessaire].
- La base de Luxeuil en 2007.
- Présentation du Rafale au personnel.
- Un Rafale devant les hangars de la base.
Lors de la réorganisation des forces armées françaises entreprise en 2008, la BA 116, un temps menacée de fermeture, est maintenue comme base aérienne[10]. Ses 1 700 emplois en font le deuxième employeur du département, après l'usine Stellantis de Vesoul (4 000 salariés). Ses 38 millions d'euros de dépenses de fonctionnement annuel (dont 60 % dédié à la solde des militaires) en font un facteur économique important du Pays de Luxeuil, notamment dans le secteur de l'immobilier (les militaires sont très majoritairement propriétaires) et du commerce. Avec les familles il représentent alors une communauté de 4 900 personnes[o 1],[11].

En , l'escadron nucléaire EC-2/4 La Fayette est transféré à la BA 125 d'Istres. Fin juillet, la base reçoit les vingt-trois Mirage 2000-5F de l'EC-1/2 Cigognes de la BA 102-Dijon-Longvic. La base quitte la force de dissuasion nucléaire française et change de mission pour se consacrer à la supériorité aérienne[3],[12].
Le , un Mirage 2000-5 de la BA 116 s'écrase dans le territoire de la commune de Froideconche. Le lieutenant-colonel taïwanais Wang Tung-Yi qui pilotait l'avion meurt dans l'accident[13],[14],[15].
Le , le ministre de la Défense annonce la dissolution de l'escadron de défense sol-air 04/950 pour l'été 2014. La réduction d'effectif induite[16] amène l'État à passer avec les collectivités locales un contrat de redynamisation de site de défense (CRSD) pour accompagner des projets et tenter d'atténuer la contraction de l'emploi et de l'économie du territoire [17]

Le , un Mirage 2000-5 de la BA 116 s'écrase près de la forêt du Banney entre Luxeuil et Fontaine-lès-Luxeuil[18]. La fin des Mirage 2000-5F est programmée en 2028[3].
En 2025, la base emploie seulement 1 200 personnes, elle est le troisième employeur du département[3],[19].
Retour de la dissuasion nucléaire
En , des Mirage 2000-5F de la base de Luxeuil sont livrés à l'Ukraine pour soutenir son effort de guerre contre la Russie[20],[21]. Ce conflit accroît les tensions entre la Russie de Vladimir Poutine et l'OTAN. Il se déroule simultanément aux tensions internes à l'OTAN, avec l'éloignement des États-Unis sous la seconde présidence de Donald Trump. Ces événements modifient les perspectives d'avenir de la BA 116, idéalement placée à l'est de la France, alors que des pays de l'Union européenne recherchent la protection du bouclier nucléaire français[19],[22],[23],[24],[25],[26].
Lors d'une visite à la base aérienne le , le président de la république Emmanuel Macron annonce le redéploiement de la dissuasion nucléaire en Haute-Saône. Après avoir accueilli l'arme nucléaire de 1966 à 2011, celle-ci devrait faire son retour à l'horizon 2032 sous la forme de missiles hypersoniques, type ASN4G, portés par deux escadrons de Rafale de nouvelle génération. Elle sera la première base française dotée d'un tel matériel. Le premier escadron est attendu pour 2032 et le second pour 2036. Les installations opérationnelles doivent être fortement modernisées, avec un investissement qualifié de « massif » avoisinant 1,5 milliard d'euros[3].
Les effectifs doivent presque doubler d'ici 2035 pour atteindre 2 000 personnes civiles et militaires (800 personnes supplémentaires[19]) ; ce qui, avec les familles, apporterait jusqu'à 3 000 voire 4 000 habitants supplémentaires dans le bassin de vie de la base[3].
Meeting aérien
La base s'ouvre régulièrement au public avec l'accueil de meetings aériens, notamment en 2011[27], en 2015[28] et en 2021. Ce dernier était le seul meeting aérien organisé par l'Armée de l'air en France cette année-là en raison de la pandémie de Covid-19[29].
- Le meeting aérien organisé sur la base en 2011.
- Stands de l'armée.
- Mirage 2000N commémorant les 95 ans de l'escadrille La Fayette.
- Démonstration de la patrouille de France.
Instruction et citoyenneté
Après avoir servit de site d'instruction pendant le service militaire, elle accueille dé 1997 les jeunes lors de leur Journée d'appel de préparation à la défense (JAPD), devenue Journée défense et citoyenneté (JDC) en 2011[o 2].
Unités historiques
L'escadron de défense sol-air 04/950 « Servance » équipé depuis le du système d’arme sol-air moyenne portée terrestre (SAMP/T). Cet escadron est dissous à l'été 2014.
Unités en 2015
Depuis le , la base abrite la 2e escadre de chasse qui comporte une seule unité navigante, l'escadron de chasse 1/2 Cigognes et ses Mirage 2000-5F[30].
Commandants

- Colonel Frantz Brengarth (avant le ) ;
- Colonel Gilles Bertrand ( - )[31] ;
- Colonel Jean-Jacques Mailhol ( - )[32] ;
- Colonel Jean-Patrice Le Saint ( - )[33] ;
- Colonel Stéphane Spet ( - été 2020)[34] ;
- Colonel Arnaud Bouilland (été 2020 au )[35] ;
- Colonel Anne Labadie ( - ), première femme à diriger la base[36] ;
- Colonel Emmanuel Roux (depuis le )[37].
Le commandant de la BA 116 occupe également la fonction de conseiller militaire auprès du préfet de la Haute-Saône[o 2].
Notes et références
Voir aussi
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