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modification phonétique produisant une abréviation De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une apocope, du grec ἀποκόπτω / apokóptô, « retrancher », est une modification phonétique, parfois utilisée comme figure de style, qui se caractérise par l'abréviation du mot complet, en gardant uniquement son ou ses premiers phonèmes ou syllabes (vocaliques ou consonantiques)[1], par exemple « auto » pour « automobile ».
L’apocope est le processus proprement dit (dans l’exemple précédent, la chute de « -mobile ») tandis que le résultat de l’apocope (ici, « auto ») est une abréviation[2].
Elle correspond à un sens bien précis du mot complet lorsqu'il possède plusieurs homonymes. Cette contraction est souvent utilisée de manière familière pour simplifier le langage.
Elle peut être employée sciemment pour oraliser un discours ou pour brouiller le message dans un but esthétique particulier. Elle est proche de l'élision, de l'ellipse, et de l'abréviation et contribue à la formation de néologismes.
En français, la dernière lettre est quelquefois remplacée par la voyelle ou le suffixe « -o » (par exemple dans apéro, dico, ventilo, etc.).
En phonétique, une apocope est l'amuïssement d'un ou plusieurs phonèmes en fin d'un mot : elle s'oppose à l'aphérèse. L'élision est une sous-catégorie de l'apocope, elle-même sous-catégorie du métaplasme. Bien que procédé phonétique à l'origine, l'apocope offre néanmoins des effets de style qui permettent de la catégoriser, dans son aspect d'écart par rapport à la norme linguistique admise, dans la classe des figures de style (les romantiques l'ont ainsi utilisée pour railler les règles poétiques figées des siècles précédents). Michel Pougeoise la classe ainsi parmi les figures de diction, comme l'aphérèse et la syncope, et dont la figure mère est le métaplasme ou altération de mot.
L'apocope est très fréquente à l'oral en raison de l'usage des locuteurs qui tendent à ne pas prononcer la fin des mots ; dans cette acception, elle est un mécanisme original de création de mots nouveaux et de néologismes (voir les exemples ci-dessus)
L'argot a très souvent recours à l'apocope qui permet une souplesse de la langue indéniable dans des situations de communication où le principe d'économie prime « C'est une cata » (pour « C'est une catastrophe »).
Elle sert surtout à l'écrit pour guider le lecteur à prononcer les mots, ce qui permet au poète notamment de diriger et conditionner la réception de son texte, sur un rythme particulier par exemple comme dans Chanson à boire d'Alfred Jarry :
« C’est un’ vraie dégoûtation/ [...] Tout’ notre vénération »
L'apocope peut être classée selon son utilisation stylistique ; on distingue en effet :
En littérature, l'apocope est majoritairement employée pour mimer la langue orale et ainsi constituer des dialogues réalistes comme dans Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline : « t’ » pour « tu » comme dans « t’as raison ».
En poésie par ailleurs, son usage contribue à étendre le phénomène de connotation et de ressources symboliques. Très utilisée par les surréalistes pour qui la langue doit être déconstruite afin de parvenir à un langage primitif, l'apocope a donné lieu à des poèmes où le sens est à reconstruire[réf. nécessaire], comme dans les Exercices de style de Raymond Queneau, article apocope :
« Je mon dans un aut plein de voya. Je remar un jeu hom dont le cou é sembla à ce de la gira et qui por un cha a un ga tres... »
De nombreux poètes ont utilisé l'apocope pour donner une dimension pseudo-archaïque à leurs vers, et ainsi donner plus de place à l'interprétation et à la réception du sens par le récepteur[réf. nécessaire].
Originellement, l'apocope désigne, en poésie, la suppression du e final non élidable en fin de vers ; opération qui se pratiquait à l'hémistiche sous le nom de césure épique. Cette règle disparut à l'âge classique. Le recours à l'apocope revint néanmoins au XIXe siècle avec le genre du vers libre, de manière à traduire la prononciation naturelle (élision).
Pour Ferdinand Brunot (La Pensée et la langue), l'apocope est semblable à l'abrègement, mécanisme de formation de mots nouveaux par opération sur le morphème.
Pour Jean Mazaleyrat et Georges Molinié, l’apocope se définit comme « la disparition, en fin de mot, d’un e caduc non élidable : « comm(e) lui » » (Vocabulaire de la stylistique).
Certains des exemples relèvent de la langue familière (ex. : « coloc »), tandis que d'autres sont devenus des mots « à part entière » (ex. : « auto »). Dans certains cas, l'apocope est tellement intégrée dans la langue qu'elle n'est pas sentie comme telle par le locuteur (ex. : « métro », « vélo », « taxi »).
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