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André Green

psychanalyste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre

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André Green, né le au Caire et mort le à Paris 6e[1], est un psychiatre et psychanalyste français.

Faits en bref Naissance, Décès ...
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Biographie

Résumé
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André Green naît au Caire en 1927, quatrième et dernier de sa fratrie. Sa première langue est le français, l'anglais sa seconde et il parle arabe dans les rapports quotidiens. Élève du Lycée français du Caire, il suit un double cursus scolaire, philosophie et sciences[2]. Ses bacs obtenus, il s'oriente vers des études médicales et prépare un certificat d'études supérieures propédeutiques en médecine PCB. En 1945, il quitte l'Égypte et poursuit ses études à Paris[2].

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Préparation à l'internat en psychiatrie à l'Hôpital Sainte-Anne (Paris)

Devenir psychiatre était une solution pour conjuguer son intérêt pour la philosophie et les sciences naturelles "les rapports entre corps et âme, les relations du cerveau et du psychisme... tous les grands problèmes de la vie de l'esprit" un noyau central qu'il a suivi tout au long de sa vie[3]. Il fait ses années d'internat, principalement, à l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne[2]. Cette expérience lui permet d'être en contact à la fois avec la réalité hospitalière et avec la maladie mentale. Alors qu'il est interne, il rencontre Henri Ey, figure marquante de la psychiatrie française des années 1950[2] et de l'hôpital Sainte-Anne où Ey dirige un séminaire "le mercredi de Sainte-Anne"[4]. Il participe aux « Journées de Bonneval », qu'Henri Ey organise à l’hôpital psychiatrique dont il est médecin-directeur à Bonneval.

En 1955, il rencontre à l'hôpital Sainte-Anne Jacques Lacan[2]. À partir de 1961, il assiste à ses séminaires[5], puis discute les théorisations psychanalytiques lacaniennes lors des conférences qu'il donne, dans le cadre des séminaires de Roland Barthes, à l'École pratique des hautes études (1962-1963). Il s'opposera progressivement à Lacan, sur le plan de la pratique analytique et rompt définitivement avec lui en 1967[2]. Il s'opposera également, plus tard au lacanisme.

En 1956-1960, il fait une première analyse avec Maurice Bouvet[5], puis reprendra deux tranches, d'abord avec Jean Mallet, puis avec Catherine Parat[6].

En 1957, il rencontre Donald Winnicott[5] et Wilfred Bion[2], lors du 20e congrès de l'Association psychanalytique internationale, à Paris. À leur suite et grâce à leurs contributions, il enrichit la notion d'état-limite[2],[7].

En 1965, il est reçu membre titulaire de la Société psychanalytique de Paris. En 1966, il tient un séminaire à l'Institut de psychanalyse de Paris où il invite notamment Jacques Derrida, Marcel Detienne, René Girard, Michel Serres, Jean-Pierre Vernant. Entre 1970 et 1975, il dirige l'Institut de psychanalyse de Paris. En 1976, il siège dans le jury de thèse de la philosophe Sarah Kofman[8] avec qui il aura de nombreux échanges sur la psychanalyse, jusqu'en 1994.

Sa mort, le , donne lieu à de nombreux hommages[9],[10],[11].

Distinctions

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Notions et apports théoriques

Résumé
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1973 : la psychose blanche

La notion de « psychose blanche » est introduite en 1973 par Jean-Luc Donnet et André Green dans L'Enfant de ça, à partir d' « un entretien avec Z. au cours d'une consultation psychanalytique dans le cadre d'un service de psychiatrie générale »[12].

Le travail du négatif

La problématique du narcissisme (Narcissisme de vie, Narcissisme de mort) articulée à celle des états limites conduira Green à l'élaboration du négatif. Chemin faisant dans sa clinique, Green développe le concept du narcissisme négatif dans ses livres Narcissisme de vie, narcissisme de mort et Le travail du négatif[13],[14]. Il formule l'oscillation du patient ayant un fonctionnement état limite « entre l'obligation de survivre et l’impossibilité de faire face à son aspiration de vivre »[15].

Complexe de la mère morte

André Green décrit le complexe de la mère morte en 1980 [16] comme étant « une découverte du transfert », qui n'est pas toujours identifiable au moment de la demande d'analyse et qui se manifeste notamment par « une "dépression de transfert" », en tant que celle-ci correspond à la « répétition d'une dépression infantile souvent non remémorable »[16]. Selon François Duparc, ce concept de Green serait à situer « dans la filiation de l'imago d'une mère phallique irreprésentable » et, pour ce qui est plus précisément du complexe de La mère morte (1980), « dans une structure narcissique »[17].

Syndrome de désertification psychique

Ce syndrome, proposé par A Green qui estime qu'il compte parmi « les manifestations les plus difficiles à décrire », et qui selon lui a laissé Freud dans l'embarras (dans « Analyse avec fin et analyse sans fin » à propos des facteurs attribuables aux modifications du moi), désigne un état clinique dépressif marqué par une perte de vie psychique interne, de libido (au sens freudien du terme), une incapacité à symboliser les expériences, et une difficulté à maintenir un lien subjectif avec soi-même et avec autrui. Cette « distorsions caractérielles du moi » apparait « dans les cas où, lorsqu’on essaie d’installer le cadre analytique avec des patients qui se révèlent, en fait, incapables de le supporter, on assiste à des paralysies psychiques fonctionnelles provoquées par l’effet traumatique exercé sur la psyché lorsqu’elle doit lâcher la bride à l’association libre. Le patient ressent alors un état de vide psychique, un désert libidinal avec le sentiment que ce qu’on lui demande ne peut que le renvoyer à sa vacuité, à une angoisse liée à une profonde détresse, devant un grave danger de désorganisation. Le sentiment de l’unité du moi est mis en péril et la désertification psychique est porteuse d’une menace d’anéantissement psychique »[18].

Cette notion sera reprise par d'autres auteurs, et ensuite comparé à une « impossibilité de penser », entendue par Mario De Vincenzo (2020) comme l'absence ou l'incapacité de produire des représentations psychiques chez des patients relevant de constellations non‑névrotiques[19]. Mario De Vincenzo (2020) a recherché des modèles cliniques et métapsychologiques qui pourraient rendre compte de ces expériences non‑représentables. À partir des apports freudiens et post‑freudiens, il articule une problématique commune qu'il veut holistique : les défauts de symbolisation et les impasses de la subjectivation qui se traduisent ici en clinique par un « vide psychique » observable lors d'impasses thérapeutiques, des blancs de la pensée, des répétitions aveugles, des somatisations et des décharges désymbolisantes. Il s'est notamment intéressé à la destructivité et aux attaques contre les liens comme phénomènes structurants de cette clinique, ainsi qu'aux vicissitudes du travail du négatif et des échecs de la symbolisation primaire[19].

Ce syndrome a aussi été repris par Gérard Pirlot et Dominique Bourdin, qui décrivent une forme de souffrance mentale caractérisée par un vide intérieur, une absence de conflictualité psychique, et une désaffection généralisée du monde interne[20]. Contrairement à la dépression classique, où le sujet est manifestement envahi par une douleur morale et psychique, la désertification psychique se manifeste par une atonie affective, une indifférence émotionnelle, et une difficulté à investir les objets ou les relations. Le Moi semble figé, incapable de produire du sens ou de transformer les expériences en représentations[20].

Ce syndrome est souvent observé dans les cliniques du retrait, chez des patients présentant des troubles de la personnalité graves, des états post-traumatiques, ou un autisme non verbal, souvent détecté dans des contextes sociaux marqués par la désymbolisation, la saturation des images, et la fragmentation des repères identitaires. La désertification psychique peut ainsi être comprise comme une réponse défensive à une surcharge traumatique ou à une carence relationnelle précoce, entraînant une sorte de « mise en veille » des processus de pensée et d'élaboration[21].

La « désertification psychique », pour Gérard Pirlot désigne une forme, contemporaine, de souffrance mentale marquée par l'incapacité à tolérer le vide intérieur et le conflit psychique, dans un contexte sociétal dominé par la désymbolisation, l'emprise de l'image et la fragmentation des repères. Cette clinique du vide se manifeste par une perte de sens, une désaffiliation relationnelle, une quête compulsive de sensations (addictions, automutilations, hyperkinésie infantile), et elle conduite à une médicalisation croissante des troubles liés à l'absence de contenant psychique. L'auteur y voit trois traits majeurs :

  1. le « no limit » des états-limite ;
  2. un idéal narcissique centré sur l'image de soi ;
  3. une « allergie à l'autre » liée à la désaffiliation.

Ce désert intérieur, illustré littérairement par Richard Ford, Emmanuelle Bernheim ou Marie Darrieussecq, se redouble dans le cognitivisme par la perte de sens des symptômes. Pirlot oppose à ces « déserts négatifs » une approche psychanalytique et mystique du vide, vue comme espace de subjectivation et de créativité, en convoquant des figures comme Pascal, Descartes, le bouddhisme ou l'astrophysicien Edgar Gunzig. Il y associe la notion d'âme, définie comme ce qui anime et aime le vide en soi, en reprenant la distinction freudienne entre « seelisch » et « psychisch », proposant ainsi une lecture pluridisciplinaire du vide psychique, articulant clinique, culture et spiritualité.

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Publications

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Références

Voir aussi

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