Spécialiste de Platon, de Friedrich Nietzsche et de Sigmund Freud, elle est également l'auteure de nombreux essais d'esthétique et d'écrits autobiographiques originaux.
Sarah Kofman commence sa carrière d'enseignante en philosophie à Toulouse[3] en 1960 tout en poursuivant sa formation à la recherche. Elle travaille successivement sous la direction de Jean Hyppolite (en projet, l'étude de quelques mythes platoniciens et "Freud et l'art"), Mikel Dufrenne (sur l'esthétique de Freud, pour sa thèse de troisième cycle, publiée sous le titre L'enfance de l'art), puis Gilles Deleuze (pour son doctorat d’État sur travaux). En 1968-1969, S. Kofman rencontre Jacques Derrida dont elle fréquentera les séminaires à l'École normale supérieure. À partir de 1970, elle devient Maître de conférences puis, en 1991, professeur de philosophie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Avec Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe et Jacques Derrida, elle dirige la collection «La philosophie en effet» aux Éditions Galilée[4]. Elle collaborait à de nombreuses revues telles Poétique, Critique, Littérature ou la Revue française de psychanalyse. À part ses nombreux travaux sur Freud et Nietzsche, Sarah Kofman s'intéresse également à Gérard de Nerval, Auguste Comte, Shakespeare et à la place occupée par la femme chez ces différents auteurs.
En 1994, elle publie un récit autobiographique, Rue Ordener, rue Labat, évoquant son enfance juive avant puis sous l'Occupation allemande, la déportation de son père et son terrible sort d'enfant caché. Après avoir participé à des émissions sur France Culture consacrées à Nietzsche l'été 1994, elle se suicide 150 ans jour pour jour après la naissance du célèbre philosophe allemand. Les hommages et nécrologies attestent du choc que cela produisit dans son entourage[5],[6],[7],[8].
L'Enfance de l'art. Une interprétation de l'esthétique freudienne, Paris, Payot, «Bibliothèque scientifique. Science de l'homme», 1970; rééd. «Petite bibliothèque Payot. Collection Science de l'homme», 1975 (ISBN2-228-32500-7); Galilée, coll. «Débats», 1985 (ISBN978-2-7186-0273-8)
Nietzsche et la métaphore, Paris, Payot, «Bibliothèque scientifique», 1972. Ouvrage composé des textes remaniés de trois articles de l'auteur extraits de Critique, avril 1970-septembre 1971 et de Poétique, 5; 2e éd. revue et corrigée, Galilée, «Débats», 1983. (ISBN2-7186-0249-X); 3e éd. revue, corrigée et augmentée, 1985. (ISBN2-7186-0273-2) (BNF34911333)
Quatre romans analytiques, Paris, Galilée, «La Philosophie en effet», 1974. (ISBN2-7186-0016-0)
Autobiogriffures, Paris, Christian Bourgois, 1976. (ISBN2-267-00043-1); 2e éd. revue et corrigée sous le titre: Autobiogriffures du «Chat Murr» d'Hoffmann, Paris, Galilée, «Débats», 1984. (ISBN2-7186-0267-8). Sur E.T.A. Hoffman, Lebens-ansichten des Katers Murr.
Aberrations. Le devenir-femme d'Auguste Comte, Paris, Aubier/Flammarion, «La Philosophie en effet», 1978.
Nerval: le charme de la répétition. Lecture de «Sylvie», Lausanne-Paris, L'âge d'homme, «Cistre essais», 1979.
Nietzsche et la scène philosophique, Paris, Union générale d'éditions, «10/18», 1979. (ISBN2-264-00247-6); éd. revue et corrigée, Galilée, «Débats», 1986. (ISBN2-7186-0304-6)
L'Imposture de la beauté et autres textes, Paris, Galilée, «La philosophie en effet», 1995. (ISBN2-7186-0464-6). Posthume, recueil d'articles parus dans les années 1980.
Lettres de Sarah Kofman à Jacques Derrida, édition posthume, établie, annotée et présentée par Ginette Michaud et Isabelle Ullern, dans leur ouvrage: Sarah Kofman et Jacques Derrida. Croisements, écarts, différences, Paris, Hermann, coll. «Le Bel Aujourd'hui», 2018, p. 131-300 (ISBN9782705695439)
"La connaissance selon Platon" conférence inédite de c.1962, dans G. Michaud, I. Ullern (dir.), Sarah Kofman: philosopher autrement, Paris, Hermann, 2021, pp. 49-55; note éditoriale de I. Ullern, p. 45s). (ISBN9791037008480)
"La mort conjurée (Remarques sur le Leçon d'anatomie du Dr Nicolas Tulp, 1632)", réédition corrigée du texte de 1994, dans G. Michaud, Is. Ullern (dir.), Sarah Kofman: philosopher autrement, ibid., p. 57-67. (ISBN9791037008480)
"Le respect des femmes: Kant et Rousseau (entretien de S. Kofman avec Claude Levesque)", inédit de 1985, dans G. Michaud, Is. Ullern (dir.), Sarah Kofman: philosopher autrement, ibid., p. 71-82. (ISBN9791037008480)
Rue Ordener, rue Labat suivi de Autobiogravures, édition augmentée d'inédits et annotée par Is. Ullern, Paris, Verdier , 2024,(ISBN9782378562229)
Par ordre chronologique:
François Laruelle, Le déclin de l'écriture suivi d'entretiens avec Jean-Luc Nancy, Sarah Kofman, Jacques Derrida, Philippe Lacoue-Labarthe, Aubier-Flammarion, Coll. La Philosophie en effet, 1977
Entrevue avec Sarah Kofman[9] dans Horizons philosophiques (1989). (Parmi bien d'autres entretiens de la philosophe avec différents interlocuteurs, dans différents types de médias (revues, journaux, radios, etc., en France et à l'étranger, relevant en réalité de sa bibliographie primaire.)
Françoise Collin, numéro spécial "Sarah Kofman", Les cahiers du Grif, 1997, Hors série n°3 (comprend plusieurs hommages d'amis et collègues, dont Françoise Collin, Jacques Derrida, Jean-Luc Nancy, Françoise Proust, Monique Schneider, ainsi qu'une notice biographique et sa bibliographie 1963-1994, établie par son traducteur Duncan Large en 1993 (in S. Kofman, Nietzsche and Metaphor, London, Athlone Press, p.191-207).
Penelope Deutscher & Kelly Oliver (ed.), Enigmas: essays on Sarah Kofman, Cornell University Press, 1999, 284 p.
Boutibonnes, Philippe, In absentia. À propos des dessins de Sarah Kofman, Lyon, éditions Galerie Librairie L’Ollave, 2003.
Tina Chanter - Pleshette DeArmitt (ed.), Sarah Kofman's Corpus, New York, Suny Press, 2008
Philippe Boutibonnes - Alexandre Kyristsos (dit), dossier "Sarah Kofman", revue Fusées 2009/16, contient des textes et des dessins de Sarah Kofman, ainsi que d'autres hommages de ses amis, tels Françoise Armengaud, Philippe Boutibonnes, Philippe Lacoue-Labarthe)
Philippe Boutibonnes - Jean-Luc Nancy, revue Fusées 2010/17, contient une étude de chacun d'eux ("En ce commun effroi" et "Sarah dessine") et des dessins de Sarah Kofman
Mathieu Frackowiak, Sarah Kofman et le devenir-femme des philosophes, Paris, Hermann, 2012, 212 p.
Karoline Feyertag, Sarah Kofman. Eine Biographie, Wien-Berlin, Turia+Kant Verlag, 2014, 336 p. (comporte une notice biographique et une bibliographie primaire actualisées (1963-2014), ainsi que des éléments de bibliographie secondaire internationale)
Isabelle Ullern - Pierre Gisel (dir.), Penser en commun? Un rapport sans rapport. Jean-Luc Nancy et Sarah Kofman lecteurs de Blanchot, avec trois lettres de Maurice Blanchot à Sarah Kofman, Paris, Beauchesne, 2015, contient nombre d'interventions en dialogue de Jean-Luc Nancy sur Sarah Kofman, ainsi que les études spécifiques suivantes:
Michaud Ginette, “Traiter de l’intraitable’. Remarques sur la pensée de l’esthétique de Sarah Kofman dans Mélancolie de l’art”, in: I. Ullern, P. Gisel (dir.), Penser en commun?, op. cit., p.201-233
Ullern, Isabelle, “Penser en commun? une scène polymorphe selon S. Kofman”, in: I. Ullern, P. Gisel (dir.), Penser en commun?, op. cit., p.143-164
Ullern, Isabelle, “La voix oubliée de Sarah Kofman sur la scène des lectures de Blanchot”, in: I. Ullern, P. Gisel (dir.), Penser en commun?, op. cit., p.195-197
Ullern, Isabelle, “Dire sous la contrainte/Lire vers la liberté? La difficile leçon sur le sublime de Sarah Kofman”, in: I. Ullern, P. Gisel (dir.), Penser en commun?, op. cit., p.235-273
Isabelle Ullern, "Acquiers-toi un compagnon d’études“ L’amitié qu’écrivit Sarah Kofman pour Jacques Derrida", in: dossier dirigé par Judith Kasper et Katja Schubert „Apostrophe – Konflikt – Dialog. Zu einer Poetik der Freundschaft. Un chassé-croisé franco-allemand“, revue Lendemains 1/2017 (Études comparées sur la France/Vergleichende Frankreichforschung), p.124-137
Federica Negri, L'arte dell'ascolto. Sarah Kofman e la filosofia, Roma, Aracne, 2018 (ISBN9788825520743)
Patrice Bougon, "Sartre, Sarah Kofman et Jacques Derrida La déconstruction et son héritage", Sens public, 2007.
Ginette Michaud et Isabelle Ullern, Sarah Kofman et Jacques Derrida. Croisements, écarts, différences, Suivi de Sarah Kofman, Lettres à Jacques Derrida, Paris, Hermann, coll. «Le Bel Aujourd'hui» dirigée par D. Cohen-Levinas, 2018, 378 p. (ISBN9782705695439). Comprend (outre les présentations, reproductions et la correspondance de S. Kofman):
G. Michaud, "Jacques Derrida lecteur de Sarah Kofman" (pp. 11 à 63)
I. Ullern, "Kofman lit Derrida: écarts philosophiques et d'amitié" (pp. 64 à 130)
I. Ullern, "Sarah Kofman: souvenirs d'archives" (pp. 301-355; donne accès à de nombreux renseignements biographiques et comprend deux cartes inédites de André Green et de Emmanuel Levinas à S. Kofman)
R. Rosenblum, Mourir d’écrire? Shoah, traumas extrêmes et psychanalyse des survivants, Paris, Puf, "Le fil rouge", 2019, (ISBN978-2-13-080100-9), un chapitre est consacré à Sarah Kofman.
Ginette Michaud, Isabelle Ullern (dir.), avec Nicholas Cotton, Sarah Kofman: philosopher autrement, Paris, Hermann, "Rue de la Sorbonne", 2021, 624 pages. (ISBN9791037008480) . Quatrième de couverture: "L’écriture philosophique de Sarah Kofman a eu pour enjeu «la vie comme texte». De L’enfance de l’art (1970) à L’imposture de la beauté (1995, posthume), la philosophe a exploré cette question dans un geste de lecture audacieux par lequel elle confronte philosophes anciens (Empédocle, Héraclite, Platon), modernes (Descartes, Kant, Rousseau, Kierkegaard, Comte, Marx) et contemporains (Sartre, Blanchot, Derrida). Sarah Kofman convoquait aussi dans toutes ses analyses deux interlocuteurs privilégiés, Freud et Nietzsche. La littérature, l’idéologie, le féminin, le rire, les rapports à l’art et à la psychanalyse, l’autobiogriffure furent les «voies de traverse» par lesquelles celle qui, enfant, avait survécu à la Shoah, reconduisit la philosophie «au cœur de la vie». Plus de vingt-cinq ans après la parution de Rue Ordener, rue Labat et du Mépris des Juifs en 1994, n’est-il pas temps de prendre la mesure de cette œuvre philosophique? Cet ouvrage réunit, dans une perspective transdisciplinaire et internationale, philosophes, littéraires, historiens, historiens de l’art et psychanalystes autour du travail de la philosophe. Multipliant les approches et les interprétations, faisant droit aux questions historiographiques et archivistiques liées à son œuvre, ces lectures entendent donner toute son actualité critique à la voix unique de Sarah Kofman."
Rue Ordener, rue Labat (un souvenir de Sarah Kofman), film documentaire couleur de Shiri Tsur[10], 33 min, production FEMIS 1995 (disponible au Forum des images, Paris): "Émue par le récit autobiographique de Sarah Kofman, philosophe et écrivain, racontant sa vie de petite fille juive à Paris pendant la guerre, une jeune cinéaste part sur les lieux de cette enfance, dans le 18e arrondissement d'aujourd'hui. Lus par Judith Magre, des extraits du livre "Rue Ordener, rue Labat" éclairent cette quête."
Sarah(k.), un film de Christophe Bisson(en) produit par Triptyque Films, 2014. Résumé: «Pendant des décennies Sarah Kofman a dessiné sur des fiches bristol des visages aux yeux excavés et à la bouche béante, portraits frontaux sans corps ni sexe surgissant d’un fond blanc sans fond... Après sa mort en 1994, ses proches ont retrouvé des centaines de ces dessins au sens énigmatique. Philippe Boutibonnes, qui a longuement correspondu avec Sarah Kofman et qui possède plusieurs de ses dessins, parcourt avec ses doigts et ses mots les tracés et se souvient des derniers moments passés avec elle. Quel secret ces figures qui nous dévisagent dévoilent-ils?»
Un souvenir d'archives, film de Christophe Bisson, avec Pascale Butel-Skrzyszowski et Isabelle Ullern, produit par Triptyque Films, 2021, 6:9 - HD - 45 min, avec le soutien à l'écriture d'Isabelle Ullern. Présentation: "En l’Abbaye d’Ardenne, dans la somptueuse salle de lecture de l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine (IMEC), Isabelle Ullern ouvre une à une les boîtes contenant les archives de Sarah Kofman. Avec elle, nous plongeons dans l’œuvre et dans l’intimité de cette philosophe française (...). Au fil de l’ouverture des boîtes, l’archiviste «ventriloque» les voix de la philosophe absente: en ranimant le souvenir d’archives, Isabelle Ullern va devenir, le temps du film, le vaisseau de Sarah."
Michaud, Ginette, “Résistances du récit (Kofman, Blanchot, Derrida)”, in: Francine Belle-Isle, Simon Harel et Gabriel Louis Moyal (dir.), L’étonnement, Montréal, Liber, 2000, p.191-223.
Rosenblum, Rachel, “Distancing emotion. Surviving the Account of Catastrophe”, in: Passions in Context II 1, 2011, p. 119-150
Rosenblum, Rachel, "Peut-on mourir de dire? Sarah Kofman, Primo Levi", Revue française de psychanalyse, (ISSN0035-2942), 2000, vol 64, no 1, p.113-137
Ullern Isabelle, "Sarah Kofman. Pour mémoire", revue Informations juives, avril 2014, p.36
Ullern, Isabelle, “Construction en philosophie. Autour d’une lettre d’André Green à Sarah Kofman” (suivi de l’édition de la lettre de A. Green), in: Revue française de psychanalyse 2015/3, p.880-888.
Ullern, Isabelle, “Potenza vitale del testo? Sarah Kofman: come uscire’ dal ‘trauma storico’?”, in: “il trauma, la Storia”, Notes per la psicoanalisi 2, 2016, p.65-78 (fait aussi le point sur les publications concernant S. Kofman en italien).
C'est ce que Sarah Kofman rapporte dans Rue Ordener, Rue Labat, p. 20. Mais en réalité sa naissance se situe cette année-là entre Roch Hachana et Yom Kippour, comme l'explique Isabelle Ullern dans Sarah Kofman et Jacques Derrida. Croisement, écarts, différences, Paris, 2018, p. 318.