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poète, conteur, auteur dramatique, librettiste et journaliste français (1808-1855) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval, est un écrivain et un poète français, né le dans l'ancien 7e arrondissement de Paris, où il est mort le . Figure majeure du romantisme français, le « plus pur des écrivains romantiques de la France[1] » selon Georges Gusdorf, il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les Filles du feu (1854), recueil de nouvelles qui comprend Sylvie et les sonnets Les Chimères, et sa nouvelle Aurélia publiée en 1855. Il a aussi publié un récit de voyage, le Voyage en Orient (1851).
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Gérard Labrunie |
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Gérard de Nerval |
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Étienne Labrunie (d) |
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Son œuvre, où le rêve, la mystique et l'ésotérisme sont omniprésents, se caractérise souvent par un aspect changeant qui se joue des contingences de l'espace et du temps, afin de reconstituer un univers poétique où la réalité, le songe et le souvenir se confondent, mais aussi l'histoire humaine qui finit par se mêler à sa mémoire personnelle. Cet univers intime du poète est en permanence placé sous le signe d'une quête de l'idéal féminin, dont il a poursuivi dans son œuvre et dans sa vie ce qui lui semblait être ses diverses incarnations, au travers de ses amours, des déesses antiques ou même de la Vierge.
Sombrant tôt dans une folie qui lui accorde néanmoins de longues périodes de lucidité, il finira par se suicider lors d'une glaciale nuit d'hiver. Héritier direct des romantiques allemands qu'il contribue à faire découvrir en France, son influence sera grande chez les symbolistes et même chez les surréalistes, par son intérêt pour l'intériorité psychique et notamment pour les rêves.
Fils d'Étienne Labrunie[2], médecin militaire, et de Marie-Antoinette Laurent[3],[4], fille d'un marchand linger de la rue Coquillière, Gérard de Nerval naît le , vers 20 heures[5], à Paris, au 96, rue Saint-Martin (actuellement le no 168). Baptisé le 23 à Saint-Merri, il est confié quelques mois plus tard à une nourrice de Loisy[6], près de Mortefontaine. Son père est nommé le suivant médecin militaire adjoint à la Grande Armée, il est rapidement promu médecin et attaché, le , au service de l'armée du Rhin[6]. Le , sa mère meurt à Glogau (actuellement Głogów), en Silésie alors qu’elle accompagnait son mari. De 1808 à 1814, Gérard est élevé par son grand-oncle maternel, Antoine Boucher, à Mortefontaine, dans la campagne du Valois, à Saint-Germain-en-Laye et à Paris. Au printemps 1814, son père retrouve la vie civile et s'installe avec son fils à Paris, au 72 rue Saint-Martin[7]. Gérard reviendra dans ces lieux évoqués dans nombre de ses nouvelles.
En 1822, il entre au collège Charlemagne, où il a pour condisciple Théophile Gautier[7]. C'est en classe de première (année scolaire 1823-1824) qu'il compose son premier recueil resté manuscrit de cent quarante pages : Poésies et Poèmes par Gérard L. 1824 qu'il donnera plus tard à Arsène Houssaye en 1852.
Il a déjà écrit, sous le nom de Gérard L. un panégyrique de Napoléon Ier : Napoléon ou la France guerrière, élégies nationales, publié chez Ladvocat et réédité en 1827 par Touquet[8]. L'année suivante, il écrit deux Épîtres à Monsieur Duponchel caché sous le pseudonyme de Beuglant[6]. Dès , il se lance dans la satire à la suite du scandale de l'Académie française qui a préféré Charles Brifaut à Alphonse de Lamartine[6]. Il compose alors une Complainte sur l'immortalité de Monsieur Briffaut (orthographe de l'auteur), puis une pièce dans le même esprit : L'Académie ou les membres introuvables, ce qui lui valut d'être recalé au concours de l'Académie en 1828[9].
Le , le Journal de la Librairie annonce la parution de sa traduction de Faust en volume in-32 qui porte le titre : Faust, tragédie de Goethe, traduite par Gérard (1828)[10]. Théophile Gautier rappellera dans La Presse du 30 janvier 1853 les mots de Goethe écrits au jeune traducteur : « Je ne me suis jamais si bien compris qu'en vous lisant. »
Entre 1829 et 1832, Gérard aurait été successivement clerc de notaire, apprenti imprimeur et étudiant en médecine. Mais la littérature le requiert. Dans les rangs des jeunes romantiques, il fait partie de la claque de soutien à Victor Hugo lors de la bataille d'Hernani.
Il mène alors deux importants projets : une anthologie de la poésie allemande et une anthologie de la poésie française de la Renaissance, deux ouvrages qui requièrent une abondante documentation en bibliothèque[11]. La première anthologie parait en février 1830[12], la seconde en octobre de la même année[13], toutes deux sous le pseudonyme de M. Gérard. Ces deux ouvrages ne rencontrent pas un succès éclatant.
Il faut dire que 1830 est l'année de deux révolutions auxquelles il prend part : la révolution romantique et la révolution politique des Trois Glorieuses. Les barricades lui inspirent un poème-fleuve : Le peuple, son nom, sa gloire, sa force, sa voix, sa vertu, son repos, publié en août 1830[14].
Il publie encore de nombreux vers durant le premier semestre 1831 : si l'on excepte l’odelette Avril, une bonne part de son inspiration est alors politique, comme la chanson En avant, marche ![15], à la gloire des soulèvements belges et polonais, et le pamphlet Nos adieux à la Chambre des Députés de l'an 1830 ou Allez-vous-en vieux mandataires[16]. Il écrit également des pièces de théâtre d’inspiration médiévale et romantique. Deux de ses œuvres (aujourd'hui perdues) sont reçues au théâtre de l'Odéon : Le Prince des sots et Lara ou L'expiation.
Gérard fréquente alors le Petit-Cénacle, un cercle amical formé à l'imitation du Cénacle rassemblé rue Notre-Dame-des-Champs autour de Victor Hugo. C'est le sculpteur Jehan Du Seigneur qui reçoit ses amis dans son atelier, installé dans une boutique de marchand de légumes[17] : il y a notamment là Pétrus Borel, Célestin Nanteuil, Camille Rogier, Philothée O'Neddy, Auguste Maquet, alors surnommé Mac-Keat…
Le Petit-Cénacle semble avoir une grande propension au chahut, à la boisson, aux farces et au bousin, ce qui justifie leur nom de bousingots. C'est à la suite d'un de leurs tapages que les agents du guet arrêtent Nerval et plusieurs de ses amis. Enfermé à la prison de Sainte-Pélagie à l’automne 1831, Nerval y écrit le poème Cour de prison, publié en décembre 1831[18].
En , à la mort de son grand-père maternel, il hérite d'environ 30 000 francs. Parti à l'automne dans le Midi de la France, il passe la frontière, à l'insu de son père, et visite Florence, Rome puis Naples. À son retour à Paris, Gérard s’installe, avec Arsène Houssaye, Camille Rogier et Théophile Gautier, dans un bâtiment promis à la démolition situé impasse du Doyenné, à l'intérieur même de la cour du Louvre[19]. Le groupe projette de publier un recueil collectif, Les Contes du Bouzingo, mais seul le conte de Nerval, La Main de gloire, paraît en septembre 1832[7].
Il est membre de la goguette des Joyeux et de la goguette des Bergers de Syracuse[20].
Avec Anatole Bouchardy (frère du bousingot Joseph Bouchardy), il fonde Le Monde dramatique[21], ambitieuse revue hebdomadaire dont le premier numéro paraît le , mais que, lourdement endetté, il doit finalement vendre dès 1836.
Nestor Roqueplan lui ouvre alors les colonnes de son journal conservateur, La Charte de 1830, où il écrit quelques feuilletons dramatiques.
En décembre 1836, une publicité du Figaro emploie pour la première fois le pseudonyme de « Gérard de Nerval » et annonce la parution prochaine du Canard de Vaucanson — livre qui ne sera semble-t-il jamais écrit. Le nom de Nerval est adopté en souvenir d’un champ cultivé par son grand-père maternel près de Mortefontaine, le « clos Nerval ».
Le est créé à l'Opéra-Comique Piquillo sur une musique de Monpou ; Dumas signe seul le livret, malgré la collaboration de Nerval ; l’actrice Jenny Colon tient le premier rôle[7]. Nerval se serait épris de cette actrice qui n'aurait pas répondu à ses sentiments. Il fréquente alors le salon de Madame Boscary de Villeplaine, où une rivalité amoureuse l'oppose au financier William Hope pour la conquête de l'actrice[22].
Selon certains exégètes, il aurait voué un culte idolâtre à Jenny Colon, même après la mort de celle-ci en 1842. Elle serait la figure de la Mère perdue, mais aussi de la Femme idéale où se mêlent, dans un syncrétisme caractéristique de sa pensée, Marie, Isis, la reine de Saba, ce qui est débattu par les spécialistes de Nerval[23]. Durant l'été 1838, il voyage en Allemagne avec Dumas pour préparer Léo Burckart, pièce retardée par la censure. Après la première de L'Alchimiste, écrite en collaboration avec Dumas, le , Léo Burckart est finalement créé au théâtre de la Porte-Saint-Martin le . Dans le même temps, il publie Le Fort de Bitche (25-) dans Le Messager et Les Deux rendez-vous (15-) – qui deviendra plus tard Corilla – dans La Presse. Puis, en novembre, il part pour Vienne, où il rencontre la pianiste Marie Pleyel à l'Ambassade de France[7] et s'en éprend.
De retour en France en , il remplace Gautier, alors en Espagne, pour le feuilleton dramatique de La Presse. Après une troisième édition de Faust, augmentée d'une préface, et de fragments du Second Faust en juillet, il part en octobre en Belgique. Le a lieu la première de Piquillo à Bruxelles, où il revoit Jenny Colon et Marie Pleyel[7].
À la suite d'une première crise de folie le , il est soigné chez Mme Marie de Sainte-Colombe, qui tient la « maison de correction Sainte-Colombe », créée en 1785 au 4-6 rue de Picpus. Le 1er mars, Jules Janin publie un article nécrologique dans le Journal des Débats. Après une seconde crise, le , il est interné dans la clinique du docteur Esprit Blanche, à Montmartre, de mars à novembre[7]. Au bas d'un portrait photographique de lui, Gérard de Nerval écrit :
« Je suis l'autre. »
Le , Nerval quitte Paris pour Marseille, d'où il embarque le pour Syra via Malte. Il arrive le 16 à Alexandrie. Il séjourne au Caire jusqu'au début du mois de mai puis visite la Syrie. En juillet, il part de Beyrouth pour Constantinople, faisant étapes à Chypre, Rhodes et Smyrne. Le , il rembarque, pour Naples via Malte. Il est de retour à Marseille le . Il publie ses premiers articles relatifs à son voyage l'année suivante. En septembre et , il part avec Arsène Houssaye, directeur de L'Artiste, en Belgique et aux Pays-Bas. De juin à , il remplace Gautier, alors en Algérie, dans La Presse[7].
Entre 1844 et 1847, Nerval voyage en Belgique, aux Pays-Bas, à Londres… et rédige des reportages et impressions de voyages. En même temps, il travaille comme nouvelliste et auteur de livrets d’opéra ainsi que comme traducteur des poèmes de son ami Heinrich Heine (recueil imprimé en 1848).
Il achève le récit de ses voyages, quelque peu romancé à la manière de Chateaubriand et construit comme un chemin initiatique, dans son Voyage en Orient qui paraît en 1851. Il affirme dans une lettre au docteur Émile Blanche (qui a succédé à son père), datée du , avoir été initié aux mystères druzes lors de son passage en Syrie, où il aurait atteint le grade de « refit », l’un des plus élevés de cette confrérie. Toute son œuvre est fortement teintée d’ésotérisme et de symbolisme, notamment alchimique et maçonnique. Alors qu’on l'accuse d’être impie, il s'exclame : « Moi, pas de religion ? J’en ai dix-sept… au moins. »
Nerval vit ses dernières années dans la détresse matérielle et morale. C'est à cette période qu'il achève ses principaux chefs-d’œuvre, réalisés pour se purger de ses émotions sur les conseils du docteur Émile Blanche pour le premier, pour la dimension cathartique du rêve et contre l'avis du docteur Blanche pour le second : Les Filles du feu, Aurélia ou le Rêve et la Vie (1853-1854).
Le , on le trouve pendu aux barreaux d'une grille qui ferme un égout de la rue de la Vieille-Lanterne (voie aujourd'hui disparue, qui était parallèle au quai de Gesvres et aboutissait place du Châtelet. Le lieu de son suicide se trouverait probablement à l'emplacement du théâtre de la Ville), pour « délier son âme dans la rue la plus noire qu’il pût trouver[24] », selon la formule de Baudelaire, lequel demeura persuadé que la version du meurtre était la seule possible. (Cf. Le 19e siècle à travers les âges de Philippe Muray).
Parmi ses amis, certains comme Arsène Houssaye émirent l'hypothèse d'un assassinat perpétré par des rôdeurs[25], au cours d'une de ses promenades habituelles dans des lieux mal famés. D'autres, comme Théophile Gautier ou Nadar, furent convaincus qu'il s'agissait d'un suicide[26],[27]. Certains pensèrent à un crime rituel maçonnique : Gérard aurait dévoilé des secrets maçonniques dans L'Histoire de la reine du matin et de Soliman prince des génies, de son Voyage en Orient[réf. nécessaire]. Depuis lors, la question a fait l'objet de nombreux débats[28]. Le doute concernant un assassinat subsiste car il fut retrouvé avec son bolivar sur la tête alors que celui-ci aurait normalement dû tomber du fait de l'agitation provoquée par la strangulation[29].
On retrouva une lettre dans laquelle il demandait 300 francs, somme qui, selon lui, aurait suffi pour survivre durant l'hiver.
Le 30 janvier 1855, la cérémonie funéraire eut lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris, cérémonie religieuse accordée du fait de son état mental, malgré son suicide présumé, avec, entre autres, Alexandre Dumas, Auguste Maquet, le bibliophile Jacob, Henri Delaage, Nadar. Théophile Gautier et Arsène Houssaye payèrent pour lui une concession au cimetière du Père-Lachaise.
C'est auprès des symbolistes à la fin de son siècle, puis auprès des surréalistes que l'œuvre de Nerval trouvera le plus d'écho. André Breton, dans le premier Manifeste du Surréalisme, écrira : « Nerval possède à merveille l'esprit dont nous nous réclamons ». Il ajoute qu'à la place du mot surréalisme, lui et ses compagnons auraient pu tout aussi bien élire le mot supernaturalisme employé par Nerval à propos des Chimères.
Fichiers audio | |
Gérard de Nerval - Poésie 1830/1835 | |
Lecture audio de l'intégrale des poèmes 1830/1835 de Gérard de Nerval. | |
Fantaisie | |
Lecture audio d'un poème écrit par Gérard de Nerval. | |
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modifier |
Nerval a écrit deux romans :
N'ont été publiées au XIXe siècle que sept pièces personnelles de Nerval. Les titres, voire le texte, d'autres pièces non publiées, nous sont également parvenus.
Les deux plus anciens titres sont parus sous la forme de plaquettes :
Les quatre titres suivants sont issus de la collaboration entre Alexandre Dumas père et Nerval :
Nerval publia ensuite :
Il subsiste des fragments ou des indications, sous forme de manuscrit, des pièces suivantes (toutes ces pièces n'ont pas été forcément achevées) :
Des titres suivants, évoqués à certains moments par Nerval, il ne reste rien, et certains n'ont probablement jamais été écrits :
Nerval a également écrit les adaptations suivantes :
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