17 février: Conti, qui loge au baigneur Prudhomme pendant les quatre jours qui précèdent son mariage, mène Cosnac chez la reine. Première entrevue de Mlle Martinozzi et de Cosnac. Très froide[2].
22 février: mariage du prince de Conti avec Mlle Anne Marie Martinozzi par l’archevêque de Bourges, Anne de Lévis de Ventadour[3]. On joue Le Cid au souper. Puis bal. Quatre jours de cérémonies. Anne Marie Martinozzi, avec le prince de Conti. Cette cérémonie est un gage de loyauté réciproque entre le prince de Conti et le cardinal Mazarin, après les troubles de la Fronde.
20 mars: réponse à la Lettre d’une personne de condition, touchant les règles de la conduite des Saints Pères dans la composition de leurs ouvrages pour la défense des vérités combattues et de l’innocence calomniée, d’Antoine Arnauld[5].
à quatre heures et demie du matin, Jean-François de Gondi, oncle du cardinal de Retz, archevêque de Paris meurt. À 5 heures, le chapitre s’assemble. Retz n’a pas prêté serment, s’il ne le fait pas promptement l’archevêché est mis en régale. Un notaire apostolique, déguisé en garçon tapissier, pénètre au château de Vincennes et fait signer à Retz une procuration donnée à un prêtre, Pierre Labeur, pour que ce dernier puisse prendre en son nom possession de l’archevêché. Pierre Labeur, introduit, prête serment et prend possession de la cathédrale au nom de Retz; le théologal proclame le nom du nouvel archevêque du haut du jubé. À 10 heures, le secrétaire d’État, Le Tellier, arrive à son tour. Il veut signifier au chapitre que, Retz n’ayant pas prêté le serment de fidélité requis, le siège est considéré comme vacant et le diocèse mis en régale. Apprenant ce qui vient de se passer, il ne peut que se retirer. Un exempt et des archers occupent l’archevêché. Le même soir, le chapitre fait une démarche infructueuse au Louvre en faveur de Retz[3].
27 mars: un arrêt du Conseil interdit de reconnaître l’autorité des chanoines Chevalier et Lavocat, vicaires généraux désignés par Retz pour administrer le diocèse[8].
en présence du roi et des pairs de France, les chambres du Parlement assemblées condamnent le prince de Condé, qui est déchu du nom de Bourbon, à la peine capitale pour haute trahison[3]. Viole, Lenet, de Persan, Marsin sont convaincus de lèse-majesté et de félonie et condamnés à avoir la tête tranchée. En attendant, ils sont exécutés en effigie, place de Grève. Lenet, secrètement à Paris, a trouvé que son effigie n’était pas trop ressemblante[2].
abattu par quinze mois de détention et découragé par l’hostilité persistante du pouvoir royal à son égard, Retz signe sa démission d’archevêque de Paris et la remet entre les mains du premier président Pomponne de Bellièvre[9]. En échange de son siège, il obtient les revenus de sept abbayes pour pouvoir vivre à Rome selon son rang. Après avoir signé sa démission, Retz est transféré le 30 mars de Vincennes à Nantes sous bonne garde[3]. Il donne à La Meilleraie sa parole de ne pas s’échapper[8]. Selon lui, cette promesse n’est valable que pour la durée du voyage. Pour La Meilleraie la promesse couvre la totalité du séjour à Nantes. D’avril à juillet, Retz réside au château de Nantes, sous la surveillance du maréchal de La Meilleraie, en attendant la confirmation de son successeur par le pape. Il dispose d’un appartement dans le château, utilise les services d’un nombreux personnel, peut se promener sur les remparts et recevoir des visites. Mais le pape Innocent X refuse d’entériner sa démission de l’archevêché de Paris. Mazarin, persuadé que la résistance du pape ne peut s’expliquer que par les intrigues des agents de Retz, à Rome, l’abbé Charrier, dit Charrier le Diable, et l’écuyer Malclerc, envisage le transfert du prisonnier à Brest ou à Brouage[10]. Les amis de Retz lui conseillent de s’évader. Son secrétaire, Guy Joly, imagine le scénario de la fuite[11].
trente-huit évêques sont réunis à Paris pour examiner la distinction du droit et du fait, formulée par Antoine Arnauld, sur la condamnation des cinq propositions par le pape. Ils déclarent que la bulle d’Innocent X a condamné les cinq propositions comme étant dans l’Augustinus et au sens donné par Jansenius. Le pape confirme cette décision par un bref du 29 septembre[13].
27 avril: émeutes à Bourges dirigées par le couvreur Crochet contre la maison du lieutenant-général du Berry Claude Biet et celle du receveur des tailles Chenu. Le maire et les échevins parviennent à calmer la sédition. Crochet est arrêté[17].
21 juin: Jean-Dominique Ithier moine Cordelier, ami de Cosnac, qui a échappé de peu à une condamnation à mort à Bordeaux un an plus tôt, est évêque de Glandèves[2].
24 juin: Cosnac prêche à l’église des Minimes à Rethel (où est la cour) devant le roi, pour montrer que l’on donne un évêché au mérite. Mazarin lui remet son brevet d’évêque de Valence: «le roi vous fait maréchal de France sur la brèche»[2].
8 août: peu après cinq heures de l’après-midi, Retz réussit à s’enfuir du château de Nantes[3]. Pendant que ses valets font boire les gardes, il enfourche un palonnier de carrosse fixé à une corde et se fait descendre le long de la muraille. Des complices l’attendent, qui le font monter à cheval et l’entraînent. Mais il fait une chute et se brise l’épaule. Vers 7 heures, il franchit la Loire près d’Oudon. Il passe la nuit couché dans une meule de foin, puis caché dans une grange[24].
9 août: Retz arrive à Beaupréau, duché apporté par sa cousine, chez son cousin par alliance, le duc de Brissac. Il y dicte trois lettres, l’une révoquant sa démission d’archevêque de Paris, les deux autres au chapitre de Notre-Dame et aux curés de la capitale. Il affirme que sa démission d’archevêque lui a été extorquée par la force[24].
11 août: Retz, escorté par les fidèles du duc de Brissac et par ceux de son frère aîné Pierre de Gondi, duc de Retz, il arrive à Machecoul[25]. Le vieux duc de Retz, le chef de la branche aînée, craint les représailles de La Meilleraie et lui conseille de ne pas révoquer sa démission. Ses arguments ne sont pas attendus[26]. (Il y a deux ducs de Retz de 1633 à 1659: Henri de Gondi , cousin du cardinal, et Pierre de Gondi, son frère aîné. En effet, par privilège spécial, le chef de chacune des deux branches de la maison de Gondi peut porter le titre ducal.)
13 août: retour de la cour vers Péronne après être allée assister à la prise de Stenay[7].
14 août: à Péronne, Mazarin apprend l’évasion de Retz, tandis qu’à Paris le chapitre de Notre-Dame se félicite de l’événement et fait chanter un Te Deum[26].
Nuit du 14 au 15 août: Retz, accompagné d’une trentaine de fidèles, s’embarque sur une chaloupe, à l’embouchure du Falleron et va mouiller au Croisic[25].
17 août: vers 11 heures du matin, Retz aborde à Belle-Île, fief de sa famille[26]. Île qui sera aussi le fief d’un autre proscrit, Fouquet. Pendant ce temps, les soldats de La Meilleraie occupent Machecoul, la terre du frère aîné du fugitif.
22 août: arrêt du Conseil déclarant vacant l’archevêché de Paris et ordonnant au chapitre de désigner quatre nouveaux vicaires généraux (les chanoines s’exécuteront le 28 août)[27]. Exil du père de Retz en Auvergne.
25 août: le siège d’Arras par les Espagnols assistés de Condé est levé, le roi de France y a concentré de nombreuses troupes (Maréchaux de La Ferté, Turenne, d’Hocquincourt) pour secourir la forteresse. C’est le moment fort de cette campagne. Turenne a battu les Espagnols et Condé qui assiégeaient la ville[3].
26 août: un arrêt du parlement ordonne que Mademoiselle « rentre dans sa terre de Champigny, et rende à M. de RichelieuBois-le-Vicomte et la Vernalière »... «mais que M. de Richelieu aurait en définitive son recours contre M. Gaston d’Orléans, tuteur de Mademoiselle, qui, dans l’échange fait avec feu le cardinal de Richelieu, s’était engagé à la garantie en son propre et privé nom». Gaston d’Orléans, qui avait fait l’échange avec le cardinal de Richelieu en pendant la minorité de sa fille, fait appel et l’arrêt est annulé grâce au plaidoyer de l’avocat Denis Talon[28].
29 août: les chanoines de Paris, attachés à Retz, exécutent l’ordre royal et désignent quatre nouveaux vicaires généraux[27].
Septembre
9-12 septembre: Retz quitte Belle-Île, avec quatre compagnons, dans une barque de pêcheurs, puis débarque à Saint-Sébastien. Il rencontre le baron de Vatteville, gouverneur de Guipuzcoa, informée de son arrivée par une lettre du 4 septembre. Vatteville avertit aussitôt le gouvernement de Madrid. Retz passe le reste du mois de septembre à Saint-Sébastien. Il soigne son épaule, refuse de se rendre à Madrid ou de rejoindre Condé aux Pays-Bas espagnols. Il demande seulement l’autorisation de traverser l’Espagne pour se rendre à Rome[29].
21 septembre: Mazarin ordonne au Parlement de faire le procès de Retz comme criminel de lèse-majesté[31].
27 septembre: mort du chevalier de Guise, des suites de la blessure, dont parle Mademoiselle: «M. de Joyeuse fut blessé en une occasion, deux jours avant l’attaque des lignes d’Arras, au bras, qu’il eut cassé. Il servoit à sa charge de colonel de la cavalerie, qu’il avoit eue par la mort de son beau-père. On l’apporta à Paris, où il fut longtemps malade, et mourut sur la fin de septembre en 1654.»[7]. Louis Joseph de Lorraine devient duc de Joyeuse. Sur Louis de Lorraine, duc de Guise (-), Mazarin: «Il est léger et capable de se jeter à tort et à travers dans toute mauvaise affaire.»[32] Il avait épousé Marie de Valois, fille unique et héritière de Louis-Emmanuel, duc d’Angoulême.
14 octobre: Retz arrive à Vinaroz, port situé au sud de l’embouchure de l’Èbre. Il embarque sur une galère de l’escadre espagnole de Naples et appareille vers six heures du soir[34].
23 - 24 novembre: « nuit de feu » de Pascal, qui vit une révélation mystique intense «Depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi». Il rédige un Mémorial, véritable dialogue avec Dieu, qu’il coud dans la doublure de ses vêtements. «Oubli du monde et de tout, hormis Dieu. Il ne se trouve que par les voies enseignées par l’Évangile.» Cette nuit du mémorial marque la «seconde conversion» de Pascal[35].
28 novembre: Retz arrive à Rome et s’installe chez son ami l’abbé Charrier. Le lendemain, le pape Innocent X lui donne audience, l’assure de sa protection et lui accorde de quoi vivre[26]. Mais les cardinaux de la faction de France lui témoignent leur hostilité.
12 décembre: dans une lettre qui énumère les cabales et les crimes politiques de Retz, Louis XIV demande au pape d’instruire le procès du cardinal factieux[30].
14 décembre: Retz riposte par une lettre circulaire aux cardinaux, archevêques et évêques de France, datée de Paris et répandue dans tout le royaume[40]. Dans cette lettre, dont il ne parle pas dans les Mémoires, il proteste contre le traitement qui lui a été infligé et il met en accusation le pouvoir royal. Éloquent et passionné, son texte a profondément blessé Louis XIV et Mazarin qui l’ont fait condamner à être brûlé — le texte — par la main du bourreau[30]. Une fois de plus, Retz est allé trop loin et n’a réussi qu’à aggraver son cas.
Frédéric Schoell, Franz Xaver Freiherr von Zach, Cours d'histoire des états européens: depuis le bouleversement de l'empire romain d'occident jusqu'en 1789, vol.27, de l'imprimerie royale et chez Duncker et Humblot, (présentation en ligne)
Olivier Jouslin, "Rien ne nous plaît que le combat": la campagne des Provinciales de Pascal: étude d'un dialogue polémique, vol.1, Clermont-Ferrand, Presses Univ Blaise Pascal, , 805p. (ISBN978-2-84516-360-7, présentation en ligne)
Roger Marchal et Marie-Thérèse Hipp, Grandeur et servitude au siècle de Louis XIV: journée d'étude à la mémoire de Marie-Thérèse Hipp, 27 novembre 1997, Université Nancy 2, Presses universitaires de Nancy, (ISBN978-2-86480-775-9, présentation en ligne)
Michaud, Poujolat, Nouvelle collection des mémoires pour servir a l'histoire de France: Guy Joly, Claude Joly, Pierre Lenet, vol.2, Paris, Éditeur du commentaire analytique du code civil, (présentation en ligne)
Maximilian Samson Friedrich Schoell, Cours d'histoire des états européens depuis le bouleversement de l'Empire romain d'Occident jusqu'en 1789, Pihan Delaforest, (présentation en ligne)
François-André Abot de Bazinghen, Traité des monnoies, et de la jurisdiction de la Cour des monnoies, en forme de dictionnaire, vol.1, Chez Guillyn, (présentation en ligne)
Joseph Fr. Michaud, Jean-Joseph-François Poujoulat, Nouvelle collection des mémoires relatifs a l'histoire de France, vol.25, Didier, (présentation en ligne)
Joseph Fr. Michaud, Jean-Joseph-François Poujoulat, Nouvelle collection des mémoires relatifs a l'histoire de France, vol.2, Guyot, (présentation en ligne)
Mémoires du P. René Rapin de la Compagnie de Jésus sur l'église et la société, la cour, la ville, et le jansénisme, vol.2, Gaume Frères et J. Duprey, (présentation en ligne)
Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France. Mémoires du cardinal de Retz, vol.3, Éditeur du commentaire analytique du code civil, (présentation en ligne), p.505-508
Pierre Blet, Le Clergé de France et la Monarchie (les assemblées générales du clergé 1615-1666), vol.1, Gregorian Biblical BookShop, (présentation en ligne)