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militaire français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Étienne Godefroy Timoléon de Villaret, né le à Saint-Laurent-Lolmie dans le Lot et mort le à Angers, est un officier général de l'armée française.
Étienne de Villaret | ||
Le général de Villaret en 1912. | ||
Naissance | Saint-Laurent-Lolmie, France |
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Décès | (à 76 ans) Angers, France |
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Origine | France | |
Arme | Infanterie | |
Grade | Général de division | |
Années de service | 1873 – 1917 | |
Commandement | 1897 : chef d'état-major de la 30e division. 1908 : 88e régiment d'infanterie 1911 : 43e brigade d'infanterie 1912 : 79e brigade d'infanterie 1914 : Mission militaire française en Grèce 1914 : 1er corps de l'Armée grecque 1914 : 14e division 1914 : 7e corps d'armée. 1915-1916 : VIIe Armée |
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Conflits | Première Guerre mondiale | |
Faits d'armes | Marne Ourcq Aisne Champagne Hartmannswillerkopf |
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Distinctions | Grand officier de la Légion d'honneur Croix de guerre 1914-1918 Médaille coloniale, agrafe Algérie Grand commandeur de l'ordre du Sauveur Ordre du Soleil levant Grand cordon de l'ordre du Bain |
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Famille | Famille de Villaret | |
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Le général Étienne de Villaret a été présenté comme « appartenant à une des plus anciennes et des plus illustres familles de la chevalerie gévaudanaise, qui a donné à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, deux de ses grands maîtres les plus célèbres : Guillaume de Villaret, qui occupa le magistère de 1296 à 1305, et Foulques de Villaret, son neveu, qui l'occupa de 1305 à 1319 »[1]. Cette noble ascendance, apparemment basée sur une simple homonymie, est parfois discutée[2].
La famille Villaret, dont est issu le général, demeurait au début du XIVe siècle dans le Quercy, comme l'attestent les registres paroissiaux des archives départementales de Tarn-et-Garonne. S'y trouve également l’acte de mariage de Louis de Villaret, son arrière-grand-père, à Lafrançaise le .
Étienne Godefroy Timoléon de Villaret est né le au château de Floyras, à Saint-Laurent-Lolmie dans le Lot. Après des premières études suivies à Toulouse, il se prépara à Saint-Cyr et y entra le . Il y fut rapidement gradé et en sortit avec le no 20, choisissant l'infanterie et plus spécifiquement les chasseurs à pied.
Nommé sous-lieutenant le , il est affecté au 17e bataillon de chasseurs à pied alors en garnison à Alençon. Pendant ses premières années d'initiation militaire, il passe par l'école de tir du Ruchard où il enlève le premier prix d'ensemble, et par l'école de gymnastique de Joinville où il reçoit le prix unique d'escrimes diverses. Entre-temps, il est détaché à des travaux de révision de la carte, dans la Sarthe d'abord, en 1875 et 1876, puis l'année suivante en Eure-et-Loir.
Dans le courant de 1877, le 17e bataillon est avisé qu'il irait en Algérie, tenir garnison à Batna, dans la province de Constantine. À ses moments de loisirs, Villaret se consacrait à l'étude de la nature dans les forêts qui entourent Batna : entomologie, botanique, géologie où il pratiquait le dessin et la topographie. Il reçut son baptême du feu en pendant l'insurrection de l'Aurès. Lieutenant le , Étienne de Villaret revint en France quelques mois après pour suivre à Paris, de 1880 à 1882, les cours de l'École supérieure de guerre où il venait d'être admis. Il en sortit neuvième, obtenant la mention très bien. Dans ce grade, et pourvu du brevet d'état-major, il accomplit, de 1883 à 1884, une mission scientifique en Algérie et Tunisie.
Au mois d', le gouvernement japonais, qui s'occupait déjà de réorganiser son armée à l'européenne, demanda à la France quelques officiers instructeurs. Le lieutenant de Villaret fut désigné pour faire partie de la mission militaire. Il s'embarqua au Havre et, après quelques jours passés à New York, il traversa les États-Unis pour atteindre San Francisco, d'où il partit pour Yokohama. Peu après, il rejoignit Tokyo. Parti comme lieutenant, il fut nommé capitaine le et, le , il recevait du gouvernement japonais la décoration de l'ordre du Soleil levant. Pendant les trois ans qu'il vécut au Japon, il s'intéressa au pays et tenta, à la suite de voyages assez nombreux et méthodiques, une description de l'Empire du Soleil levant. Dans un volume très documenté, il indique la physionomie générale de cet État, l'histoire du développement de la nation, en ajoutant quelques indications succinctes sur la religion, la langue, les mœurs, l'organisation politique et l'armée.
Plus tard, en 1892, il fit paraître un autre ouvrage accompagné de 166 dessins de monnaies qu'il intitula Numismatique japonaise et qui reproduit scrupuleusement la plupart de celles dont se composait sa collection que, par la suite, il devait céder au Cabinet des médailles de la Ville de Paris.
Revenu d'Extrême-Orient par l'Indochine, les Indes et Ceylan, il fut dès son retour en France en 1887 nommé au ministère de la Guerre, où il s'occupa particulièrement des armées étrangères. Le , à Toulouse, il épousa Gabrielle Marie Madeleine Laffont et demanda peu après à rentrer dans la troupe où il exerça successivement divers commandements alternant avec le service dans les états-majors. Le , il fut nommé au 83e régiment d'infanterie à Saint-Gaudens puis, le , à l'état-major de la 33e division à Montauban. Il y prit une part active aux travaux de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne.
Le , il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur ; le , il obtint la médaille coloniale, agrafe Algérie ; le , il fut promu chef de bataillon au 54e RI à Avignon et, le , mis hors cadre et nommé à l'emploi de chef d'état-major de la 30e division. Le , le commandant de Villaret fut promu lieutenant-colonel et maintenu provisoirement à Avignon à la tête de l'état-major de la 30e division. Comme à Montauban, il se mêla à l'élite cultivée de la ville, l'Académie de Vaucluse.
Le , il fut affecté au 138e régiment d'infanterie à Bellac, puis, après un stage de six mois au 20e régiment de dragons à Limoges, il fut nommé le sous-chef d'état-major du 15e corps d'armée à Marseille. Il revenait en Provence où ses supérieurs le connaissaient. Il s'y était spécialisé dans les questions ayant trait à la guerre de montagne. Promu colonel le , il fut d'abord maintenu dans les fonctions de chef d'état-major du 15e corps qu'il remplissait déjà comme lieutenant-colonel depuis plus d'un an et, le , il fut affecté au 88e régiment à Auch.
Le , il fut promu officier de la Légion d'honneur. Le , le colonel de Villaret fut nommé au commandement par intérim de la 43e brigade à Vannes, jusqu'au où il fut promu général de brigade et mis à la tête de la 79e brigade d'infanterie à Commercy.
En , le général de Villaret devint chef de la Mission militaire française en Grèce, en remplacement du général Eydoux. Le général de Villaret quittait Commercy où il avait fondé une filiale de la Société des sciences, lettres et arts de Bar-le-Duc. C'est à Marseille que, le , il s'embarqua à bord de l'Équateur. Dès son arrivée à Athènes, il fut nommé au commandement effectif du 1er corps de l'Armée grecque. Au commencement de juillet, ses troupes avaient acquis un entraînement qui leur valait les félicitations officielles du roi Constantin et le , il recevait la croix de grand commandeur de l'Ordre du Sauveur.
Les événements se précipitant, il dut rentrer en France avec tous les officiers qui l'accompagnaient pour participer aux premiers combats de la guerre mondiale qui venait de s'ouvrir. C'est au milieu de la nuit du 8 au que la mission quitta la Grèce et fit route pour Marseille. Le 12, à onze heures, elle était au quai. Le matin du , il lui fut présenté, par le général commandant la XVe région, un ordre du général en chef lui prescrivant, sans autre détail, de partir d'urgence et en automobile pour Belfort pour s'y mettre à la disposition du général Pau. Le au soir, le général de Villaret arrivait à Belfort et apprenait le 16 qu'il était placé à la tête de la 14e division. Il prit son commandement le jour même. Ainsi s'ouvrait pour lui la période des hostilités.
Le , il entrait à Mulhouse après le combat acharné de Dornach où se cristallisa la résistance allemande avant d'évacuer le 24. La Belgique était envahie, la porte de Paris ouverte. La 14e division transportée vers Amiens eut pour mission de la boucher sans retard. Le , c'était la bataille de Proyart-Vauvillers (Somme) où le 7e corps, et particulièrement la 14e division, furent fortement engagés. Du 6 au , ce fut la bataille de l'Ourcq. La 14e division y joua un rôle important et difficile, toujours sous la conduite du général de Villaret. La 14e division, attaquant et contre-attaquant à plusieurs reprises, tint bon dans la région d'Acy-en-Multien, brisant sur ce point l'élan de l'adversaire. Sa résistance offensive permit d'arrêter le mouvement de retraite. Le , lors de la bataille de l'Aisne, la division du général de Villaret força le passage de l'Aisne à Vic-sur-Aisne.
Ces succès lui valurent d'être nommé général de division le , et de recevoir le le commandement du 7e corps d'armée.
À la suite des directives données par le général de Villaret, six hommes, le caporal Floch et les soldats Blanchard, Durantet, Gay, Pettelet et Quinault, furent exécutés à Vingré dans l'Aisne en . Ces six soldats fusillés pour l'exemple ont été réhabilités en 1921 et un monument a été édifié à leur mémoire sur le lieu de leur exécution.
Après la prise par surprise de leur tranchée de première ligne, les soldats se replient sur la seconde avant peu après de réussir à reprendre aux Allemands la tranchée abandonnée. À la suite des directives données au Conseil de guerre du régiment par le général de Villaret pour « aider les combattants à retrouver le goût de l'obéissance » six hommes de la 19e compagnie du 298e R.I. parmi les vingt-quatre soldats de deux escouades qui se trouvaient dans la première tranchée sont désignés et sont fusillés pour l'exemple pour abandon de poste face à l'ennemi le . Ils n'avaient pourtant fait qu'obéir aux ordres de leur chef, le sous-lieutenant Paulaud. Voici ce qu'écrivit le soldat Quinault à sa femme la veille de son exécution :
« je t'écris mes dernières nouvelles. C'est fini pour moi. J'ai pas le courage. Il nous est arrivé une histoire dans la compagnie. Nous sommes passés 24 au conseil de guerre. Nous sommes 6 condamnés à mort. Moi, je suis dans les 6 et je ne suis pas plus coupable que les camarades, mais notre vie est sacrifiée pour les autres. Dernier adieu, chère petite femme. C'est fini pour moi. Dernière lettre de moi, décédé pour un motif dont je ne sais pas bien la raison. Les officiers ont tous les torts et c'est nous qui sommes condamnés à payer pour eux. Jamais j'aurais cru finir mes jours à Vingré et surtout d'être fusillé pour si peu de chose et n'être pas coupable. Ça ne s'est jamais vu, une affaire comme cela. Je suis enterré à Vingré… »
Des anciens du régiment, dont Claudius Lafloque, vont après guerre agir pour faire réhabiliter les six hommes et l'affaire est médiatisée par la presse. La Cour de cassation casse le jugement du Conseil de guerre le et réhabilite les six fusillés qui sont même décorés à titre posthume et quelques communes en France donneront même le nom de Martyrs de Vingré à une de leurs rues. À la suite de cette décision, le lieutenant Paulaud fut inculpé pour faux témoignage par le ministère de la Guerre et jugé les 4 et devant le conseil de guerre de la 13e région militaire. Le commissaire du gouvernement requit trois ans de prison et sa destitution, mais il fut acquitté. Selon l'historien Nicolas Offenstadt, c'est le seul officier qui passa en jugement pour son rôle dans une exécution[3]. En , Emile Floch, frère du caporal Floch, porta plainte pour forfaiture contre les officiers jugés responsables de la condamnation de 1914 : le général Étienne de Villaret, le colonel Pinoteau et le commandant Guignot, mais cette plainte fut classée sans suite.
Quelques mois plus tard, le , à 16 heures, le général de Villaret fut grièvement blessé par la même balle qui atteignit son chef direct, le général Maunoury, alors qu'ils observaient ensemble les lignes allemandes à travers le créneau d'une des tranchées avancées. Il se précipite au secours du général Maunoury évanoui dans la tranchée. Comme on voulait le panser lui-même, il refusa les soins et alla rejoindre le poste voisin. Il fut alors constaté que la balle lui avait occasionné une plaie pénétrante de la région frontale au-dessus de l’œil gauche et à l’œil gauche. La trépanation que le général de Villaret dut subir, quelques heures après avoir été frappé, lui évita toute complication cérébrale dangereuse[4]. Le , le ministre de la Guerre se rendit à son chevet pour lui remettre, au nom du président de la République, la croix de commandeur de la Légion d'honneur. C'est sous le libellé suivant qu'il fut inscrit à ce grade : « officier général de haute valeur, joignant à une culture générale des plus étendues, les plus solides qualités de fermeté, de décision et d'énergie ; a brillamment commandé une division à la bataille de la Marne, a montré les plus belles aptitudes au commandement et à la tête d'un corps d'armée. Blessé grièvement en visitant les tranchées occupées par ses troupes ».
Moins d'un mois plus tard, il reprit son commandement. Il imposait à ses subordonnés une discipline stricte. Le , quand furent définitivement closes les opérations d’offensive de Champagne, le 7e corps d'armée fut cité à l'ordre des armées dans les termes suivants : « le 7e corps d'armée comprenant les 14e et 37e divisions, sous l'impulsion énergique de son chef le général de Villaret, a enlevé le 25 septembre, sur tout le front, par un assaut, la première position ennemie composée de 4 à 5 lignes de tranchées, a poursuivi le 26 sa brillante offensive, rejetant partout l'ennemi au-delà de sa 2e position de défense, faisant dans ces deux jours de bataille 3000 prisonniers, enlevant 50 canons et recueillant un butin considérable ».
Le , il devenait chef de la VIIe armée. C'est alors que le prince Arthur de Connaught, cousin et aide de camp personnel du roi Georges V, se rendit sur l'est du front occidental. Il vint à Remiremont où le général de Villaret avait installé son quartier général et lui remit le grand cordon de l'ordre du Bain.
Peu de temps après, en , il participe à la bataille de l’Hartmannswillerkopf (le Vieil Armand). Les troupes françaises y firent là près de 1 400 prisonniers dont 21 officiers.
Le général Étienne de Villaret exerça son commandement jusqu'à la fin de , époque à laquelle il fut élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur pour les motifs suivants : « commandant un Corps d'Armée au cours de la bataille de Champagne (septembre 1915) s'est fait remarquer par la méthode de sa préparation et l'impulsion vigoureuse qu'il a su imprimer à ses attaques. Placé à la tête d'une armée depuis le 3 novembre 1915, a fait preuve de la plus remarquable activité dans un secteur difficile ». Il recevait en même temps du général Joffre une lettre contenant le passage suivant : « je garderai toujours le souvenir de vos belles qualités militaires et vous exprime mes remerciements reconnaissants pour la collaboration dévouée que vous m'avez prêtée pendant 28 mois de guerre ».
C'est à Angers, pendant un séjour chez sa fille aînée, qu'il s'alita après une crise d'angine de poitrine. Vaincu par une pneumonie foudroyante, il mourut le dimanche à sept heures du soir, après avoir reçu dans l'après-midi les secours de la religion de monseigneur Costes, coadjuteur de l'évêque d'Angers, avec lequel il était en relation d'amitié. Selon son vœu, il fut enterré à Saint-Laurent-Lolmie, son village natal.
Antoine de Villaret, son frère aîné, général également.
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