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historien français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Nicolas Offenstadt, né le à Suresnes (Hauts-de-Seine), est un historien français, maître de conférences en histoire du Moyen Âge[1] à l'université Panthéon-Sorbonne.
Naissance | |
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Nationalité | |
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Institut d'études politiques de Paris (jusqu'en ) Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (doctorat) (jusqu'en ) |
Activités |
Maître de conférences (depuis ), historien |
Parentèle |
A travaillé pour |
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (depuis ) |
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Membre de | |
Directrice de thèse |
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Issu de la bourgeoisie, fils de médecins tous deux férus de culture classique, Nicolas Offenstadt passe son enfance à Neuilly-sur-Seine. Son père Georges Offenstadt (1944-2019) était chef de service de réanimation à l'hôpital Saint-Antoine à Paris, et le petit-fils de Georges Ernest Offenstadt, éditeur de presse. Sa mère, Claudine Lévy, est la petite-fille d'Isidore Lévy, professeur au Collège de France[2].
Il effectue une scolarité peu brillante jusqu'à son entrée en histoire à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, où il s'inscrit sans conviction avant de se passionner très vite pour la matière. Il soutient une thèse sur la paix au Moyen Âge sous la direction de Claude Gauvard[3].
Il se dit « passionné par les traces »[4], dès l'enfance, ce qui peut expliquer son intérêt ultérieur pour la Grande Guerre et la postérité de la RDA où il peut régulièrement pratiquer l'urbex[5].
Il est agrégé et docteur en histoire[6], diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris (1989)[7], ancien pensionnaire de la fondation Thiers[8]. Disciple de Claude Gauvard[6], il est maître de conférences d'histoire du Moyen Âge et d'historiographie à l'université Panthéon-Sorbonne. Il travaille sur les pratiques de la guerre et de la paix du Moyen Âge à l'époque contemporaine.
Il collabore régulièrement au Monde des Livres, à L'Histoire et aux activités du Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918 et du CVUH (Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire) à la création duquel il a participé[9].
Nicolas Offenstadt a travaillé sur le Moyen Âge (État, espace public, guerre et paix), la Première Guerre mondiale (conflit, soldats, mutineries) et la RDA (mémoire, ruines urbaines), tout en abordant des questions historiographiques.
En collaboration avec Patrick Boucheron, il a mené des recherches sur la notion d'espace public au Moyen Âge en partant des travaux de Jürgen Habermas portant sur l'Époque moderne. Il s'intéresse notamment à la pratique sonore, comme avec le crieur public du XVe siècle Jean de Gascogne[10].
Il est membre du comité scientifique des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Il a participé à la rédaction d'un rapport sur la réintégration des fusillés de ce conflit dans la mémoire collective, qui a notamment conduit à créer des espaces consacrés aux 639 fusillés à l'hôtel des Invalides[3]. Pendant l'été 2018, il tient une chronique dans La Croix et sur France Inter pour évoquer la "sortie de la guerre" du premier conflit mondial à travers l’Europe[11].
Il a mené une enquête sur l'ex-RDA, au cours d'une exploration urbaine (urbex), visitant plus de 200 sites délaissés et inventoriant divers objets, archives et traces matérielles, notamment des inscriptions, des statues et des mémoriaux[12]. Il avance notamment que la RDA a subi un « écrasement » économique et symbolique depuis la réunification[13]. Dans Urbex RDA. L’Allemagne de l’Est racontée par ses lieux abandonnés (2019), il étudie, photographies à l'appui, des lieux « en déshérence » tels que usines, magasins, maisons de la culture, tours, abattoirs, grâce auxquels l'historien peut « faire parler les ruines ». Au-delà de l'exploration des friches urbaines, l'ouvrage relativise le passage de la RDA à la « démocratie heureuse » au moment de la réunification[14].
Nicolas Offenstadt est décrit par Libération comme ambitieux et travailleur[3]. Claude Gauvard, son ancienne directrice de thèse et actuelle collègue, note qu'« Il a une capacité de travail colossale. Il est brillant, rigoureux, dynamique, mais c’est un électron libre qui manque parfois de modestie, et indispose les universitaires. La jalousie étant ce qu’il reste à l’université, il a beaucoup d’ennemis »[3].
Pour Édouard Lynch, Les fusillés de la grande guerre et la mémoire collective (1914-1999) (2000) a le mérite d'être « toujours attentif à la dimension comparative », qui vient en contrepoint d’une histoire trop souvent franco-française[15]. A contrario, Jean-Jacques Becker, après avoir souligné la qualité des recherches que le livre a supposées, déplore que l'auteur ne fournisse aucun effort pour répondre au titre de l'ouvrage, c'est-à-dire à la place que les fusillés avaient occupé dans la mémoire collective. Pour Becker, si l'ouvrage n'est pas inutile, l'auteur ne traite pas le sujet annoncé et pour la part qu'il traite en déforme « gravement les conclusions »[16].
Michel Fabréguet, professeur à Sciences Po Strasbourg, dans sa réception de l'ouvrage Le pays disparu. Sur les traces de la RDA paru en 2018, juge que Nicolas Offenstadt restitue le passage de la présence de l'ancien État communiste « avec talent » aux détours d’une brocante, par la découverte d’archives dans des friches industrielles isolées et en dénichant les plaques ou les noms de rues disparues en exploitant les vieux guides urbains du temps de la RDA[17]. Pour sa part, l'historien René Schlott du Zentrum für Zeithistorische Forschung estime que l'essai est innovateur sur le plan méthodologique, mais controversé quant au contenu, l'histoire de la RDA par l'historien français se réduisant au « seul récit des pertes ». Aussi « inspirantes » que soient les méthodes de l’exploration urbaine, les conclusions sont, selon lui, « problématiques ». L'auteur utilise à maintes reprises les expressions « pays vaincu » et « le vainqueur », le lecteur ayant « l'impression que Helmut Kohl lui-même avait ravagé "l'est annexé" au bulldozer », en omettant que « tous ces changements sont basés sur des décisions démocratiques majoritaires de la population de l'ex-RDA ». Schlott considère ainsi que « la valeur de la nouveauté de l'essai reste faible malgré la "perspective extérieure" prometteuse »[18].
Pour le journal Le Monde, Urbex RDA apporte « la démonstration de l’intérêt de l’urbex pour la connaissance historique »[19]. Pour Libération, Urbex RDA montre « la violence de la liquidation de l’économie socialiste dans les années 1990 »[14]. L'historienne Sonia Combe souligne que son exploration urbaine en RDA lui fait « enjamber les frontières et délocaliser ses objets de recherche », en tentant de ramener au grand jour tant d'« histoires de vie jetées à la poubelle »[20].
Dans un article consacré à l'historiographie de la RDA en France, l'historien Ulrich Pfeil estime que quand Nicolas Offenstadt se plaint de la double éradication des mémoires de la RDA et des traditions du mouvement ouvrier allemand, il oublie d'une part que la culture historique ouest-allemande a « largement remplacé le culte des héros par l'empathie pour les victimes », de l'autre il omet le fait que la commémoration antifasciste en RDA avait un caractère hagiographique et d'endoctrination[21]. Ulrich Pfeil considère que la méthode d'« exploration urbaine » (urbex) utilisée par Nicolas Offenstadt a un potentiel innovant, mais d'un point de vue historiographique elle devient problématique si elle se limite à un aspect et l'utilise pour expliquer toute l'histoire de la RDA et la manière dont ces régions ont été traitées après 1989-1990[21]. Cette « Ostalgie à la française » correspond, selon lui, à « un courant populiste de gauche dans les études historiques, qui instrumentalise l'histoire de la perte de la RDA et de l'unité allemande dans sa lutte idéologique contre le soi-disant « néolibéralisme », sait la placer habilement dans les médias, la politise et la dogmatise dans le cadre de la politique intérieure française troublée »[21]. Dans un article en réponse, Nicolas Offenstadt critique la présentation que fait Ulrich Pfeil de ses travaux de recherche. Il affirme notamment juger très regrettable qu'« Ulrich Pfeil veuille absolument charger ces livres d'arrière-plans idéologiques », qu'il dit lui-même rejeter. Il se défend de partager l'idée que « la mémoire de la RDA ait été dominée par une lecture politique et répressive de son histoire pour de nombreuses années après 1990 », ni même la moindre « nostalgie » pour le régime de la RDA. Surtout, il estime que le critique n'a manifestement pas lu le livre sérieusement et que son attaque est avant tout une prise de position politique de Pfeil, sans égards pour le contenu du volume[22].
Très présent dans les médias[3], Nicolas Offenstadt prend position régulièrement dans les débats qui traversent la société française. Homme de gauche, il défend la place d'un « historien dans la cité », prônant une histoire « hors les murs », qui s'appuie sur les lieux et vise tous les publics. Il critique régulièrement les journalistes et essayistes historiques Lorànt Deutsch et Stéphane Bern, les considérant comme des « histrions réactionnaires »[3].
Il a créé en 2005, avec Gérard Noiriel et Michèle Riot-Sarcey, le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH)[23].
Pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, dont il critique le « discours identitaire »[3], il déplore les cérémonies officielles visant à faire de Lazare Ponticelli un héros de la nation[24].
Lors du mouvement des enseignants-chercheurs, début 2009, il est particulièrement impliqué, en participant par exemple à l'occupation de la Sorbonne contre la loi Pécresse le jeudi [3].
Pour le second tour de l'élection présidentielle de 2012, il cosigne, avec d'autres intellectuels, une tribune appelant à voter pour François Hollande[25].
En 2015, il défend les projets de programmes d'histoire du collège émanant du Conseil supérieur des programmes en signant avec d'autres historiens une tribune dans Le Monde[26].
En 2018, il s'oppose à l'introduction de la plate-forme d'orientation Parcoursup[27].
En , il commence une chronique historique hebdomadaire dans les colonnes de L'Humanité Magazine[28], notamment consacrée à l'urbex. Il prolonge cette chronique en après avoir fait part d'une interrogation sur sa collaboration[29].
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