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personnalité politique française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Émile de Marcère, né le à Domfront et mort le à Messei, est un homme politique français.
Naissance | |
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Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Émile Louis Gustave Deshayes de Marcère |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Père |
Louis Émile Deshayes de Marcère (1791-1828) |
Mère |
Renée Françoise de Neufville |
Conjoint |
Charlotte-Louise Simmonneau de Songois (1839-1870) |
Enfant |
Édouard de Marcère (d) |
Partis politiques | |
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Archives conservées par |
Archives nationales (619AP)[1] |
Représentant en 1871, député de 1871 à 1884, plusieurs fois ministre de l'Intérieur entre 1876 et 1879, il est le dernier sénateur inamovible de la IIIe République. Son action parlementaire, marquée par une vive défense des idées républicaines contre les idées monarchistes, a contribué à affermir les institutions et à décentraliser le pouvoir, en donnant notamment plus de libertés aux conseils généraux et municipaux. Il participa également à la rédaction des lois constitutionnelles de 1875.
Fils de Louis Émile Deshayes de Marcère (1791-1828), ancien garde du corps du roi, officier au 8e régiment d'infanterie légère, maire de Banvou (1826-1827), et de Renée Françoise de Neufville[2],[3], Émile de Marcère appartient à une vieille famille de Normandie, les des Hayes, maintenue dans l'élection de Rouen, le . Cette famille possédait les fiefs nobles de Bonneval, Gauvinière et Marcère (ou Marçaire). Ses armes sont : De gueules, à la croix d'argent, chargée d'un croissant de sable en cœur et de quatre merlettes de même[4].
Il est marié à Charlotte-Louise Simmonneau de Songois (1839-1870), avec qui il a quatre enfants :
Lauréat de la faculté de droit de l'université de Caen, il soutient en 1849 une thèse intitulée Des actes juridiques entre époux[7]. Après avoir été attaché quelque temps au ministère de la Justice, il entre ensuite dans la magistrature sous le Second Empire et devient substitut à Soissons le , puis à Arras le , procureur à Saint-Pol-sur-Ternoise en 1861, président du tribunal d'Avesnes-le-Comte, en 1863, et enfin conseiller à la Cour impériale de Douai en 1865.
Il fait son entrée en politique en 1871, en publiant au moment des élections législatives une Lettre aux électeurs à l'occasion des élections pour la Constituante de 1871. Élu député du Nord le [8], il se rallie à l'idée républicaine et siège au Centre gauche, groupe dont il est l'un des fondateurs, et soutient la politique d'Adolphe Thiers. Il se montre attaché aux idées de décentralisation et au maintien des institutions républicaines, idées qu'il défend dans une brochure intitulée La République et les conservateurs. Entre 1871 et 1875, il prononce de nombreux discours portant notamment sur l'organisation des conseils généraux et les élections municipales. Il attaque très habilement la disposition de prorogation des conseils municipaux dans un projet de loi dont le rapport lui avait été confié et qu'il publie à profusion, aux frais des gauches, dans les départements. Le , il réaffirme à la tribune de l'Assemblée Nationale une formelle adhésion à la République, en déclarant : « Dans un pays de démocratie et de suffrage universel, la République est seule possible ». Il vote contre le septennat, considéré comme une manœuvre politique visant à faciliter la venue au pouvoir du comte de Paris, contre la loi des maires et contribua en au renversement du cabinet de l'ordre moral du monarchiste Albert de Broglie.
Il vote l'amendement Wallon sur les lois constitutionnelles de 1875 et se retrouve ensuite membre de la commission des Trente, chargée d'élaborer les lois constitutionnelles complémentaires. Le , il est élu député du centre gauche de la 2e circonscription d'Avesnes[9]. Il indique dans sa profession de foi : « Aujourd’hui, la République est fondée ; il faut la garder. Tout changement serait une cause de révolutions nouvelles et successives. »
Il entre au gouvernement présidé par Jules Dufaure le comme sous-secrétaire d'État à l'Intérieur puis comme ministre de l'Intérieur () à la mort d'Amable Ricard. Il tente alors, malgré les difficultés venues en partie de l'entourage du maréchal de Mac-Mahon, quelques modifications dans le personnel de l'administration départementale et évoqua souvent l'intention du gouvernement de laisser plus de liberté dans les élections et sur la nomination de certains maires. Le , lors du débat sur le mode de nomination des maires, il s’oppose à Léon Gambetta. Marcère défend la position conservatrice, celle de la nomination par le gouvernement, héritée du Second Empire. Son argument consiste à expliquer que les conseils municipaux ne sont pas encore entièrement acquis à la cause de la République. Léon Gambetta, quant à lui, juge ce procédé incompatible avec un régime républicain. Lors du vote, l’Assemblée soutient Marcère[10]. Léon Gambetta, ayant voté contre, lui aurait alors dit : « Vous l'avez emporté, mais c'est une victoire à la Pyrrhus, et vous vous en souviendrez[11] ! »
En butte aux attaques des monarchistes pour ses idées républicaines, il doit donner avec le gouvernement dont il fait partie sa démission en . Jules Simon succède à Jules Dufaure comme président du Conseil. Il devient alors président du parti de Centre gauche à l'Assemblée et remet en avant ses idées républicaines. En ralliant les Républicains à sa cause, de Philippe Devoucoux à Louis Blanc, il obtient la dissolution de la Chambre, à la suite de l'ordre du jour de défiance qui est voté par le célèbre manifeste des 363 et qui demande le la démission du gouvernement d’Albert de Broglie formé le « contrairement à la loi des majorités[12] ».
Marcère parvient à se faire réélire le dans sa circonscription d'Avesnes[13]. Nommé au comité directeur des gauches (comité des dix-huit), il forme, le une commission d'enquête parlementaire sur les agissements de l'administration née de la crise du 16 mai 1877. Devant la formation d'un nouveau gouvernement présidé par Gaétan de Rochebouët, franchement antiparlementaire, et dont les membres sont choisis en dehors de la majorité parlementaire, Marcère dépose une motion par 315 voix contre 204 dans laquelle la Chambre déclare refuser d'entrer en rapport avec lui et se décider à « ne reconnaître qu'un ministère formé selon les règles parlementaires et respectueux des droits du suffrage universel »[14].
Le maréchal de Mac Mahon, pliant devant l'attaque, se soumet et accepte de modifier sa politique, Marcère revient aux affaires le avec le portefeuille de l'Intérieur dans le nouveau cabinet Dufaure. Il remplace, dès le , 83 préfets installés par le gouvernement d'Albert de Broglie en et montre un esprit très libéral pour toutes les élections en modifiant notamment le personnel des maires, dans un sens républicain. Il nomme ainsi un jeune sous-préfet, Paul Deschanel, qui a été son secrétaire au ministère de l’Intérieur et qui deviendra président de la République[15]. Il déclare à cette occasion qu'il ira « non jusqu'au bout de la légalité, mais jusqu'au bout de la liberté. »
Il conserve son portefeuille dans le cabinet de William Henry Waddington () mais doit démissionner, le , à la suite d'un scandale à la préfecture de police dévoilé par le journal La Lanterne, au sujet d'abus graves commis par la police. Marcère est en réalité soupçonné d'avoir couvert les agissements du Préfet de police, Albert Gigot, et ne pas avoir procédé à l'épuration des cadres de la Préfecture de police hérités du Second Empire. Interpellé par le radical Georges Clemenceau qui le somme de s'expliquer, il défend le même jour, à la tribune, la nécessité d'une police politique pour protéger la République de ceux qui ont encore l'espoir de la renverser :
« Est-ce qu'il n'y a plus de partis adversaires de la République ? Certes ces partis sont impuissants, ils le savent bien, mais vous admettrez bien avec moi qu'il est utile qu'on les surveille et qu'on sache ce qu'ils font[16]. »
En réalité, Marcère fait les frais de pressions exercées par Léon Gambetta, qui juge le gouvernement trop ressemblant à ceux de la monarchie de Juillet[17], en particulier dans ses aspects les plus conservateurs et autoritaires. Ne trouvant aucun appui dans les rangs du gouvernement et de l'assemblée, Marcère présente sa démission. Il est alors remplacé par Charles Lepère, précédemment ministre de l'Agriculture et du commerce. Cette chute devait entraîner le déclin du centre gauche, qui tenait le gouvernement depuis [18], et amorce l'avènement de la Gauche républicaine de Jules Grévy et Jules Ferry[19].
En parallèle, il ne cesse ses travaux parlementaires. En , il est rapporteur en faveur du projet de rétablissement du divorce. Il appuie également les projets de loi sur les délits de presse et de colportage. Réélu député le [20], il dirige un temps le journal Le Soir (1882). En 1882, il est rapporteur du projet d'organisation municipale. Il ne délaisse pas non plus la vie mondaine. Fréquentant le cercle de Juliette Adam, il estime que son salon « fut le centre du mouvement politique qui se produisait à Paris et dans les groupes parlementaires et son influence se fit sentir soit dans les délibérations de l'assemblée et des Chambres, soit dans la composition des ministères »[21].
Marcère est élu sénateur inamovible le , à la mort de Gauthier de Rumilly, par 130 voix sur 167[22]. Il devient le président du Centre gauche à la Chambre haute et poursuit la même ligne politique qu'à l'Assemblée Nationale. Il rapporte le projet d'augmentation du nombre des conseillers généraux. Farouche défenseur des idées républicaines, il vote toutefois contre l'expulsion des princes. Le , il soutient le rétablissement du scrutin d'arrondissement. Le , il est élu le 6e, par 187 voix, membre de la commission sénatoriale des Neuf, chargée de l'instruction et de la mise en accusation du général Boulanger devant la Haute Cour de justice. Parallèlement, il fonde, la même année, un nouveau parti, « l'Union libérale » qui a pour but de moderniser le vieux Centre gauche[23]. Le , il préside une commission extraparlementaire chargée de « rechercher les moyens propres à assurer une surveillance plus étroite des vagabonds et gens sans aveu, et à faciliter la découverte des auteurs de crimes et délits ». En 1899, en plein cœur de l'affaire Dreyfus, il prend la décision de rompre avec le « consensus républicain » et propose, dans la mouvance idéologique de la Ligue de la patrie française, une révision de la Constitution de 1875 qu'il avait pourtant contribué à rédiger[24]. Comme de nombreux hommes politiques de son temps, Marcère ne reste pas étranger au monde des Affaires ; il est président du Conseil d'administration de la Compagnie des mines de Béthune et administrateur du Crédit foncier[12]. Il siège au Sénat jusqu'à sa mort en 1918. Il est, à ce titre, le dernier sénateur inamovible[25]. Il repose au cimetière de Banvou.
Il est un des fondateurs du Comité antimaçonnique de Paris, qui se transforme, en 1904, en Association antimaçonnique de France[26]. Dans son Histoire de la République, Marcère se montre indulgent envers Mac Mahon, dont il minimise l'opposition aux Républicains en accusant l'influence de son entourage[27], admire le royaliste Albert de Mun, et ne cache pas son aversion pour le républicain Gambetta. Il publie, en 1914, un ouvrage historique, Vision d'un siècle, rassemblant ses opinions sur l'évolution politique de la France au XIXe siècle, ouvrage défendant sa vision d'une république libérale, conservatrice et favorable à la religion catholique, et professant des opinions antimaçonniques et antisémites, déjà très présentes dans son Histoire de la République, publiée de 1904 à 1910 :
« Telle était déjà à cette époque l'action de la Franc-Maçonnerie, qui sut tourner à l'avantage de son œuvre de ténèbres la notion si chère aux Français de la liberté [...] Les ennemis de notre race, qui tendent à la détruire dans ses éléments essentiels [...] ont travaillé dans l'ombre. »
— L'Assemblée nationale de 1871, t. II, p. 174
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