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encyclopédie en ligne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Wikipédia Écouter est une encyclopédie en ligne collaborative et multilingue créée par Jimmy Wales et Larry Sanger le . Il s'agit d'une œuvre libre, c'est-à-dire que chacun est libre de l'amender et de la rediffuser. Gérée en wiki dans le site web wikipedia.org grâce au logiciel MediaWiki, elle permet à tous les internautes d'écrire et de modifier des articles, ce qui lui vaut d'être qualifiée d'« encyclopédie participative ». En quelques années, elle est devenue la plus importante encyclopédie disponible dans le monde et la plus consultée.
Wikipédia | ||
Le logo de Wikipédia représente un globe incomplet composé de pièces de puzzle sur lesquelles sont inscrits des glyphes issus de différents systèmes d'écriture ; la plupart correspondent à la lettre W ou aux sons « wi », « wo » ou « wa ». | ||
Détail du portail multilingue wikipedia.org, montrant les éditions de Wikipédia les plus fournies. | ||
Adresse | www.wikipedia.org | |
---|---|---|
Slogan | L'encyclopédie libre | |
Commercial | Non | |
Publicité | Non | |
Type de site | Encyclopédie en ligne | |
Langue | 338 langues (sans compter l'anglais simple)[1] | |
Inscription | Gratuite et optionnelle | |
Propriétaire | Fondation Wikimédia | |
Directeur de la publication | Gestion collaborative | |
Créé par | Jimmy Wales et Larry Sanger | |
Lancement | ||
État actuel | En activité | |
modifier |
La Fondation Wikimédia, organisation à but non lucratif américaine sise à San Francisco, est dépositaire de la marque Wikipedia, héberge le site associé, fournit le logiciel MediaWiki et la direction stratégique du projet, et soutient les contributeurs par des formations, un support juridique et une assistance technique.
L'anglais a été la première langue utilisée et Wikipédia en anglais compte 6,9 millions d'articles en 2024. Wikipédia en français compte 2,6 millions d'articles la même année. Wikipédia est déclinée en 338 langues, dans une apparence unie, mais avec de grandes variations de contenus.
En [2], dans le cadre des activités de la société Bomis, dont il est l'actionnaire majoritaire[3], Jimmy Wales met en ligne l'encyclopédie Nupedia[4], dont le contenu est placé sous une licence Nupedia Open Content qui permet à Bomis de rester détenteur du copyright[5]. Larry Sanger est engagé dans cette société comme rédacteur en chef. Comme Nupedia fonctionne avec un comité scientifique, la progression du nombre d'articles est très lente[6]. Le , Larry Sanger discute avec le programmeur Ben Kovitz, qui lui explique le concept du wiki. Vu la frustration occasionnée par la lenteur des progrès de Nupedia, Larry Sanger propose à Jimmy Wales de créer un wiki sous licence publique générale GNU afin d'accélérer le développement des articles, ce qui aboutit au lancement formel de Wikipédia le [2],[7].
Le nom Wikipédia est un mot-valise issu de la fusion de deux termes : wiki, type de site Web collaboratif (d'après le mot hawaïen wikiwiki qui signifie « rapide »[8]), se référant au fait que l'encyclopédie a toujours vocation à s'améliorer rapidement et à être constamment active du fait de son mode de fonctionnement, et -pédia, dérivé du mot grec παιδεία, paideia, « instruction », « éducation ». Ce nouveau projet devait servir à fournir du contenu textuel selon une méthode plus souple, permettant ensuite éventuellement d'alimenter Nupedia, après un passage par le filtre d'un comité d'experts.
La version française de Wikipédia est officiellement créée le . Elle est la première version de Wikipédia dans une langue autre que l'anglais, suivie par les versions en allemand et en catalan[3]. À partir de ce moment, Larry Sanger travaille parallèlement sur Nupedia et Wikipédia. Il participe à l'élaboration de la plupart des règles de fonctionnement de cette dernière[3]. En , la rétribution de son travail pour Nupedia et Wikipédia est supprimée du budget alloué par Bomis, en conséquence de quoi il démissionne officiellement le de ses fonctions sur les deux projets[Note 1]. En 2003, la progression de Nupedia stagne, alors que Wikipédia se développe très rapidement. Le , Nupedia est définitivement fermée et son contenu intégré à Wikipédia, qui poursuit son expansion. Selon Larry Sanger, Nupedia a échoué à cause d'une chaîne éditoriale trop lourde et de la difficulté à trouver des rédacteurs bénévoles[3].
Le , la Fondation Wikimédia est créée pour financer le soutien technique de Wikipédia[9].
Jimmy Wales intervient fin 2005 sur l'article « Wikipedia » de Wikipédia en anglais, pour retirer l'information selon laquelle Larry Sanger en était cofondateur, puisque Sanger a toujours été un salarié. Cet événement donne lieu à de nombreux articles dans la presse anglophone, ainsi qu'à des images humoristiques sur le sujet[Note 2].
En 2004, lors du 5e symposium international sur le journalisme en ligne, Jonathan Dee (du New York Times[10]) et Andrew Lih mentionnent l'importance de Wikipédia, non seulement comme une encyclopédie de référence mais aussi comme une ressource d'actualités très fréquemment mise à jour[11].
L'attention a cependant été attirée à de nombreuses reprises sur des problèmes éditoriaux internes à l'encyclopédie[12].
Lorsque le magazine Time a reconnu « Vous » (« You ») comme personnalité de l'année 2006, en reconnaissant l'accélération de la collaboration en ligne et l'interaction de millions d'utilisateurs dans le monde, il a cité Wikipédia comme l'un des trois exemples de services Web 2.0, aux côtés de YouTube et de Myspace[13] (un portail de blogs).
En 2017, la Fondation Wikimédia, qui héberge les données des Wikipédia sur ses serveurs, lance une initiative de « durabilité » afin de réduire les effets environnementaux de ses activités[14].
L'encyclopédie est éditée sur le site wikipedia.org, qui est devenu en quelques années l'un des plus consultés au monde. Les serveurs hébergeant le site sont financés par une fondation américaine, la Fondation Wikimédia . Depuis son lancement officiel, Wikipédia est en grande partie modifiable par la plupart de ses lecteurs. Les mêmes principes fondateurs de rédaction sont partagés par les différentes versions linguistiques, mais les pratiques d'écriture sont convenues indépendamment par les internautes pour chacune d'elles.
Plusieurs autres moyens de consulter l'encyclopédie avec internet ont vu le jour, tels que des sites web miroirs[15], un appareil électronique dédié, le WikiReader, ou des applications pour smartphone.
De 2012 à , le programme Wikipedia Zero a permis une diffusion gratuite de l'encyclopédie et des projets annexes dans les pays émergents. Grâce à un partenariat avec des opérateurs de téléphonie mobile, l'accès à Wikipédia sur téléphone portable n'était pas décompté du forfait. Ce programme a été arrêté du fait de la faible audience de Wikipédia pour les pays concernés et de l'inadéquation aux nouveaux types d'appareils téléphoniques[16].
Le projet de distribution sur papier était destiné en particulier aux personnes n'ayant pas les moyens de se raccorder à Internet. La réalisation d'une version de Wikipédia en anglais sur papier, CD-ROM ou DVD fut initiée[Note 3] en août 2003 par Jimmy Wales. Jusqu'en 2014, il était possible de commander une sélection d'articles de Wikipédia appelée « Livres »[Note 4], imprimée et reliée (pour laquelle la Fondation Wikimédia percevait 10 % sur les ventes brutes des ouvrages[17]). Courant 2015, l'artiste Michael Mandiberg imprima 106 des 7 473 volumes correspondant à la version anglophone de l'encyclopédie dans le cadre d'un projet intitulé « Print Wikipedia »[18].
La version allemande de Wikipédia fut vendue sur CD-ROM, puis sur DVD à partir du deuxième semestre 2004 : le nombre de 10 000 CD-ROM vendus fut franchi en avril 2005. En avril 2007, une sélection d'environ 2 000 articles de la version anglaise fut éditée sur CD-ROM par la société française Linterweb[19]. À la même époque, le projet moulinWiki, initié par IESC-Geekcorps-Mali, proposa une version intégrale incluant tous les articles, sans les images, réunis sur une image disque de 554 Mo[20]. La diffusion d'un DVD d'une sélection d'articles Wikipédia en français a fait l'objet d'un projet équivalent au projet anglophone, mais il n'a pas abouti. Un projet de diffusion de documents électroniques imprimables sur un sujet donné, Les Cahiers de Wikipédia[Note 5], a lui aussi été abandonné.
Kiwix est l'un des principaux logiciels libres permettant de consulter Wikipédia à partir d'un ordinateur personnel sous Windows, MacOS, GNU/Linux, iOS ou Android en mode hors connexion[21]. Il permet de lire un fichier au format ZIM contenant n'importe quelle version linguistique de Wikipédia et de la plupart de ses projets annexes (Wikiquote, Wikivoyage, etc.), textes et illustrations compris (la taille du fichier correspondant variant selon la version linguistique utilisée).
Le projet Afripédia avait notamment fait usage de ce logiciel : dans les campus universitaires d'Afrique dont la liaison internet ne disposait pas d'un débit suffisant pour permettre de consulter Wikipédia en ligne, le projet visait à la mise à disposition d'ordinateurs plug équipés de bornes Wi-Fi et d'une copie locale de Wikipédia. Kiwix est également utilisé par la Human Rights Foundation en Corée du Nord, où la version coréenne de l'encyclopédie est introduite en contrebande par des dissidents[22].
Depuis 2016, des applications mobiles contenant le corpus médical de l'encyclopédie ont également fait leur apparition sous Android, toujours grâce à Kiwix, sous le nom de WikiMed.
Une autre manière de consulter Wikipédia hors ligne est d'utiliser les dumps (sauvegardes), qui sont disponibles en ligne et téléchargeables[23]. Ils sont cependant particulièrement encombrants, dépassant souvent plusieurs dizaines, voire centaines de gigaoctets, et nécessitent pour être utilisés une certaine compétence technique.
La majorité des lecteurs accèdent à Wikipédia depuis un dispositif mobile[24]. La version mobile d'une page Wikipédia se charge automatiquement sur les plateformes nomades iPhone, Android, WebOS, Opera Mini, NetFront (Sony Mobile, PlayStation) ou Wii, un bouton situé en bas de toutes les pages permettant ensuite de basculer entre les versions pour mobile et pour ordinateur.
Des logiciels permettent de transformer le contenu de Wikipédia sous forme de fichiers consultables sur des assistants personnels, comme Webaroo avec Plucker. L'appareil électronique WikiReader permet également la consultation hors-ligne de Wikipédia (en 2012, cet appareil n'est plus commercialisé en France[25]).
Wikipédia peut aussi être consultée sur l'application officielle pour Android[26], disponible sur Google Play, et sur celle pour iPhone[27], disponible sur l'App Store.
Wikipédia est produite collaborativement sur Internet par un réseau décentralisé et auto-organisé de contributeurs volontaires[28], sans structure hiérarchique formelle, ce mode d'organisation étant souvent qualifié de « production participative » ou « production par les pairs »[29].
Le système wiki de Wikipédia permet la création et la modification immédiates des pages par tous les visiteurs, même sans inscription. Wikipédia fut la première encyclopédie généraliste à ouvrir, grâce à ce système, la modification de ses articles à tous les internautes. Aucun article n'est considéré comme achevé, et Wikipédia se présente comme une encyclopédie en amélioration continue. La constante surveillance des modifications est également ouverte à tous à travers le système wiki. Du fait de l'absence de système hiérarchique de validation de son contenu, l'encyclopédie a été l'objet de nombreuses incompréhensions et critiques quant à la qualité et à la fiabilité de son contenu[30]. Cependant, la littérature scientifique a largement documenté la fiabilité de Wikipédia pour ce qui est des sujets scientifiques[31] et des sujets polémiques populaires[32]. Seuls les articles polémiques n'attirant que peu d'attention feraient l'objet de biais systématiques[32].
Wikipédia a pour slogan : « Le projet d'encyclopédie librement distribuable que chacun peut améliorer ». Ce projet est décrit par son cofondateur Jimmy Wales comme « un effort pour créer et distribuer une encyclopédie libre de la meilleure qualité possible à chaque personne sur la planète dans sa propre langue ». Ainsi, Jimmy Wales proposa comme objectif que Wikipédia puisse atteindre un niveau de qualité au moins équivalent à celui de l'Encyclopædia Britannica. C'est un exemple de collaboration massive à but non lucratif[33].
En revanche, Wikipédia n'a pas pour but de présenter des informations inédites ; elle ne vise donc qu'à exposer des connaissances déjà établies et reconnues, s'appuyant sur des sources secondaires de qualité[34].
Le projet Wikipédia se veut universel, traitant tous les domaines de la connaissance, y compris la culture populaire[35]. Il se veut aussi multilingue[36] et gratuit[37] dans sa version en ligne, afin de favoriser l'accès du plus grand nombre à la connaissance.
Wikipédia est disponible sous licence libre, ce qui signifie que chacun est libre de la recopier, de la modifier[Note 6] et de la redistribuer gratuitement et onéreusement. Cette notion de contenu libre découle de celle de logiciel libre, formulée avant Wikipédia par la Free Software Foundation. Jusqu'en 2009, le contenu textuel de Wikipédia était publié sous la Licence de documentation libre GNU (GFDL). À partir de 2009, il est principalement publié sous licence Creative Commons paternité-partage des conditions initiales à l'identique 3.0 (CC BY-SA 3.0[38]), la GFDL devenant une licence secondaire disponible sous certaines conditions. Les modifications apportées par les utilisateurs sont publiées sous les deux licences, et l'import de contenu uniquement sous licence Creative Commons BY-SA 3.0 est autorisé, mais il entraîne l'impossibilité de réutiliser globalement les pages concernées sous licence GFDL[Note 7]. Les autres médias (images, sons, vidéos, etc.) sont disponibles sous diverses licences[Note 8].
Toutes langues confondues, des centaines de sites web reprennent tout ou partie du contenu de Wikipédia[Note 9]. Chaque site qui héberge une copie de Wikipédia a sa propre politique éditoriale ; dans Wikipédia, les contributeurs ont développé de nombreuses règles et recommandations pour viser la qualité[Note 10].
Le contenu encyclopédique se veut respectueux de la « neutralité de point de vue », définie par Jimmy Wales comme le fait de « décrire le débat plutôt que d'y participer[39] ». Tout contributeur à un article de Wikipédia doit s'efforcer de ne jamais prendre parti dans une discussion argumentée qu'il rapporte. La neutralité de point de vue consiste à présenter objectivement les idées et les faits rapportés par des sources extérieures vérifiables et notoires, indépendamment des préjugés des rédacteurs des articles. Sur Wikipédia, les règles d'écriture visent à convenir aux personnes rationnelles, même si celles-ci ne sont pas toujours du même avis. La politique de neutralité de Wikipédia stipule que les articles doivent évoquer toutes les facettes d'une question controversée, et ne pas déclarer ni insinuer que l'un ou l'autre des points de vue est a priori le bon. La neutralité de point de vue n'implique pas cependant une représentation égalitaire de toutes les opinions, Wikipédia accordant plus de place aux opinions les plus largement acceptées.
Par ses objectifs et son fonctionnement, le projet Wikipédia s'inscrit dans une série de filiations culturelles[3] :
En revanche, Wikipédia est assez éloignée de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers par sa volonté de présenter des informations neutres, alors que l'ouvrage conçu par Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert se caractérisait au contraire par son fort engagement contre l'obscurantisme[43]. L'historien du livre Roger Chartier souligne cependant que Wikipédia « repose sur les contributions multiples d'une sorte de société de gens de lettres invisibles » tout en observant que « Diderot n'aurait sûrement pas accepté la simple juxtaposition des articles, sans arbre des connaissances ni ordre raisonné, qui [la] caractérise »[44].
Wikipédia est organisée afin de regrouper les articles rédigés dans la même langue, qui forment la version de Wikipédia dans cette langue. La présente version est ainsi Wikipédia en français.
Les pages de Wikipédia sont regroupées dans des espaces de noms, tels que « Principal », « Discussion », « Aide » ou « Utilisateur »[Note 11]. L'espace « Principal » contient les articles encyclopédiques, qui peuvent être rangés dans une ou plusieurs catégories, lesquelles peuvent être organisées selon une hiérarchisation arborescente et thématique (par exemple « Pays d'Europe », puis « Italie », puis « Ville d'Italie »)[Note 12].
Les pages sont en outre reliées les unes aux autres par des hyperliens internes permettant au lecteur de se déplacer à travers l'encyclopédie[Note 13]. D'autres hyperliens permettent de naviguer entre les différentes versions linguistiques ou de conduire vers ses projets frères, par exemple pour fournir une définition d'un mot sur le Wiktionnaire ou une galerie d'images sur Wikimedia Commons[Note 14]. Un clic de souris sur les illustrations de Wikipédia conduit à une page de description du fichier multimédia indiquant notamment le nom de l'auteur et la licence sous laquelle il est publié.
Des hyperliens externes mènent aux sources d'information en ligne venant à l'appui de l'article[Note 15]. Les articles proposent aussi souvent des liens externes vers les références ou la documentation en ligne permettant d'approfondir le sujet. Ces liens sont classés en nofollow (« ne pas suivre ») pour les robots d'indexation des moteurs de recherche, afin de décourager l'insertion de liens dans un but publicitaire[45]. Afin d'assurer la pérennité des liens vers ces sources, Internet Archive a réparé en 2018 près de neuf millions de liens brisés[46].
Sur chaque page, des onglets permettent d'accéder aux fonctions de modification, soit par l'intermédiaire d'un éditeur visuel, soit par l'intermédiaire du code source, le wikicode[Note 16]. Un historique permet de lister les auteurs et de consulter les modifications successives de l'article par ses rédacteurs. Ces modifications sont identifiées par l'adresse IP du rédacteur ou par son pseudonyme s'il s'est préalablement identifié[47].
À chaque article est rattachée une page de discussion permettant aux rédacteurs et lecteurs de discuter et de débattre de la rédaction de l'article[Note 17].
Les différentes communautés linguistiques de rédacteurs de Wikipédia ont élaboré des règles, des conventions et des principes guidant la rédaction des articles qui leur sont propres[Note 18]. Mais elles respectent toutes les principes fondateurs de l'encyclopédie[Note 19]
Des analyses statistiques menées par des chercheurs de l'université Carnegie-Mellon et du Palo Alto Research Center étudient l'état de la couverture thématique de Wikipédia en anglais en [48]. La répartition montre une nette prédominance des articles culturels. Les pourcentages qui suivent sont ceux de janvier 2008, les variations entre parenthèses représentent leur évolution depuis juillet 2006. Dans l'intervalle, le nombre de pages et de catégories a plus que doublé :
La Fondation Wikimédia permet aux différentes versions linguistiques de Wikipédia d'héberger directement du contenu multimédia (images, vidéo, cartes, plans, sons, etc.). Elle incite néanmoins les différentes communautés à déplacer le contenu libre vers une plate-forme multimédia commune à l'ensemble des 338 éditions actives de Wikipédia : Wikimedia Commons. Sont exceptées les nombreuses images dont le statut vis-à-vis du droit d'auteur varie selon les pays, ou celles qui sont protégées par des copyrights incompatibles avec un téléversement sous licence ouverte. Chaque version linguistique s'est dotée de critères spécifiques et d'une doctrine réglementant l'hébergement de contenu non libre, comme des illustrations protégées par le droit d'auteur mais publiées grâce à des exceptions présentes dans certaines législations[Note 20]. Par exemple, Wikipédia en anglais a adopté le principe américain du fair use[49] (« usage raisonnable », en français), contrairement à Wikipédia en français[50].
Depuis sa création, le contenu de l'encyclopédie Wikipédia n'a cessé de grandir, en quantité, dans des proportions difficilement imaginables à ses débuts. Au départ comparable aux autres encyclopédies existantes, elle les a rapidement dépassées en taille et en couverture[51]. Wikipédia est l'un des sites les plus fréquentés au monde, recevant plus de 700 millions de visites quotidiennes à la fin 2022[52]. Il constitue le plus grand et le plus populaire des ouvrages de références générales d'Internet, comptabilisant 190 millions de pages disponibles fin 2022[53].
À la fin 2009, Wikipédia contenait déjà 28,5 millions d'articles, auxquels il convenait d'ajouter les documents de la médiathèque Wikimedia Commons, contenant 56 millions de fichiers. Ces documents étaient chaque mois consultés par 346 millions de visiteurs uniques[54]. Le dessin en 3D ci-dessous illustre cette volumétrie.
En 2015, une image 3D de la volumétrie de 2009, reprenant une étude menée par Jacopo Farina et ses collègues[55], est réalisée à l'aide du jeu vidéo Minecraft[51].
Wikipédia est un projet multilingue composé de près de 300 projets linguistiques distincts[56]. Chaque version linguistique est gérée par des communautés de bénévoles différentes et bénéficie d'une certaine autonomie de fonctionnement. Les règles d'édition peuvent par exemple varier d'une version linguistique à l'autre. Au total, l'ensemble des versions linguistiques représente des milliards de modifications sur des dizaines de millions de pages encyclopédiques, construites par des centaines de milliers de contributeurs.
Articles encyclopédiques | Toutes pages confondues | Modifications | Administrateurs | Contributeurs enregistrés | Contributeurs actifs | Images |
---|---|---|---|---|---|---|
63 905 682 | 266 358 069 | 3 609 505 089 | 3 506 | 116 292 675 | 283 963 | 2 828 301 |
Une liste des Wikipédias actualisée régulièrement est disponible sur le site Méta-Wiki.
Langue | Nombre d'articles | Moyenne d'articles par jour depuis le 06/09/24 | Nombre de pages | Nombre de modifications | Nombre de contributeurs enregistrés |
---|---|---|---|---|---|
allemande | 2 949 212 | 264,5 | 8 126 965 | 247 857 088 | 4 452 602 |
anglaise | 6 893 859 | 421,9 | 61 661 648 | 1 246 948 159 | 48 124 295 |
anglaise simple | 258 166 | 53 | 848 410 | 9 808 011 | 1 512 448 |
arabe | 1 242 658 | 61,6 | 8 529 422 | 67 983 982 | 2 638 737 |
arabe égyptien | 1 625 157 | 14,4 | 2 133 501 | 10 613 703 | 248 429 |
arménienne | 313 136 | 9,2 | 1 155 629 | 10 120 629 | 147 914 |
azéri du Sud | 243 728 | 1,5 | 578 054 | 1 565 372 | 52 537 |
basque | 445 436 | 65,5 | 964 549 | 9 922 789 | 166 177 |
biélorusse | 247 315 | 32,3 | 700 868 | 4 849 818 | 146 169 |
bulgare | 300 800 | 12,3 | 678 127 | 12 366 142 | 350 435 |
catalane | 760 956 | 58,6 | 1 902 995 | 34 069 484 | 495 261 |
cebuano | 6 116 916 | − | 111 229 263 | 35 051 150 | 120 818 |
chinoise | 1 446 024 | 158,9 | 7 840 166 | 84 311 368 | 3 601 296 |
coréenne | 687 431 | 112,1 | 3 295 770 | 37 946 167 | 863 155 |
croate | 222 651 | 18,9 | 473 625 | 7 024 964 | 319 767 |
danoise | 302 576 | 17,9 | 954 052 | 11 853 615 | 490 677 |
espagnole | 1 983 292 | 179 | 8 275 910 | 162 611 537 | 7 255 979 |
espéranto | 359 638 | 37 | 809 911 | 8 868 340 | 228 996 |
estonienne | 248 034 | 19 | 584 682 | 6 736 573 | 198 089 |
finnoise | 581 508 | 54,5 | 1 510 564 | 222 660 450 | 586 628 |
française | 2 640 544 | 190 | 13 242 404 | 219 062 033 | 5 029 924 |
galicienne | 214 621 | 40,7 | 528 327 | 6 856 066 | 149 163 |
galloise | 281 218 | 5,5 | 498 900 | 13 236 427 | 93 005 |
grecque | 240 767 | 37,7 | 697 166 | 10 774 705 | 434 430 |
hébreue | 363 471 | 55,8 | 1 542 862 | 39 742 987 | 1 180 244 |
hongroise | 548 575 | 77,3 | 1 566 222 | 27 466 441 | 573 317 |
indonésienne | 706 973 | 94,9 | 3 914 080 | 26 400 218 | 1 506 166 |
italienne | 1 885 642 | 140,7 | 8 111 081 | 141 369 549 | 2 563 301 |
japonaise | 1 432 836 | 109,2 | 4 211 618 | 102 037 885 | 2 247 951 |
kazakh | 237 718 | 18,1 | 640 784 | 3 387 933 | 160 385 |
lituanienne | 219 456 | 21,9 | 547 247 | 7 398 736 | 191 570 |
malaise | 391 218 | 27,9 | 1 109 137 | 6 328 202 | 343 824 |
minangkabau | 227 821 | 1,6 | 471 644 | 3 156 731 | 20 006 |
minnane | 433 364 | 3,2 | 1 070 836 | 3 216 665 | 64 652 |
néerlandaise | 2 169 131 | 72,2 | 4 659 401 | 68 097 042 | 1 369 239 |
norvégienne | 636 461 | 41,3 | 1 840 213 | 24 697 634 | 620 765 |
ourdoue | 212 830 | 67,3 | 1 110 958 | 6 395 093 | 185 764 |
ouzbek | 298 274 | − | 49,71 095 834 | 5 265 529 | 146 110 |
persane | 1 015 644 | 82 | 5 749 935 | 40 395 949 | 1 344 168 |
polonaise | 1 630 569 | 84,2 | 3 786 779 | 74 775 979 | 1 334 944 |
portugaise | 1 134 768 | 56,1 | 5 776 063 | 68 649 280 | 3 136 539 |
roumaine | 493 758 | 310,2 | 2 841 092 | 16 515 286 | 659 766 |
russe | 2 003 601 | 154,9 | 8 043 389 | 140 554 658 | 3 647 126 |
serbe | 695 515 | 49,4 | 4 171 817 | 28 564 988 | 386 488 |
serbo-croate | 459 999 | 0,2 | 4 627 538 | 42 206 565 | 224 158 |
slovaque | 250 611 | 9,8 | 578 063 | 7 906 749 | 255 576 |
suédoise | 2 595 978 | 57,6 | 6 268 564 | 55 978 488 | 925 845 |
tatare | 502 067 | 5,1 | 829 246 | 4 396 987 | 53 164 |
tchèque | 554 603 | 53,1 | 1 554 038 | 24 285 308 | 675 967 |
tchétchène | 601 396 | 0,2 | 1 190 980 | 10 442 087 | 39 501 |
turque | 622 738 | 87,7 | 3 115 323 | 33 945 210 | 1 617 614 |
ukrainienne | 1 348 379 | 138,3 | 4 782 696 | 43 621 512 | 769 901 |
vietnamienne | 1 295 180 | − | 4,619 487 379 | 71 816 020 | 969 220 |
waray-waray | 1 266 602 | 0 | 2 870 180 | 7 603 499 | 60 999 |
Certaines éditions de Wikipédia, telles que les éditions en cebuano et en waray-waray, ont un nombre d'articles très élevé malgré un nombre limité de contributeurs, en raison de l'utilisation d'un logiciel ou robot pour générer des articles[57]. Il existe également un classement qualitatif fondé sur l'existence et la taille des articles d'une liste arbitraire d'environ 1 000 articles que toute édition de Wikipédia devrait avoir[Note 22].
Le projet Wikipédia ne se limite pas aux langues vivantes comptant un très grand nombre de locuteurs, officielles ou attachées à un pays. En effet, des versions de l'encyclopédie Wikipédia sont rédigées dans les langues corse, occitane, bretonne, picarde, basque, catalane, latine, en espéranto, en anglais simplifié.
Sept versions linguistiques de l'encyclopédie recourent à l'orthographe et à la typographie « Wikipédia » (avec l'accent aigu) pour désigner l'encyclopédie :
Les trois éditions de Wikipédia les plus consultées mi‑2010 sont, d'après le site d'Alexa (Internet), la version en anglais avec 54 % du trafic, la version en japonais avec 10,3 % du trafic et la version en allemand avec 8,1 % du trafic.
Depuis , le projet Abstract Wikipedia de la Fondation Wikimédia vise à créer une version indépendante d'une langue de Wikipédia, en utilisant des données structurées provenant de Wikidata[58].
Tout lecteur de Wikipédia est un rédacteur ou correcteur potentiel. Fin 2008, un sondage est effectué par la Fondation Wikimédia et UNU-MERIT. Environ 130 000 lecteurs et contributeurs de Wikipédia y ont répondu, principalement en langues anglaise, allemande et espagnole. La moyenne d'âge des sondés est environ 26 ans. Une fois les résultats lissés, environ 65 % d'entre eux se déclaraient seulement lecteurs, et 35 % contributeurs. Parmi les contributeurs, 48 % d'entre eux avaient fait des études supérieures, et 20 % obtenu un master ou plus. Ces contributeurs passent en moyenne 4,3 heures par semaine sur Wikipédia, et leurs motivations principales sont de partager le savoir et de corriger les erreurs[59].
Certains comptes utilisateurs sont utilisés par des logiciels, dits « robots » ou « bots », programmés pour assurer la maintenance des articles, par exemple pour corriger des erreurs communes d'orthographe ou de mise en forme, lutter contre les vandalismes ou encore, dans certaines éditions de Wikipédia, créer de nombreux nouveaux articles[57],[60]. En 2014, les robots ont effectué près de 15 % de l'ensemble des contributions[61]. Il leur arrive de mener des « guerres d'édition » entre eux, parfois pendant plusieurs années[62].
Les rédacteurs se répartissent généralement par communauté linguistique concentrée sur la rédaction de la version de Wikipédia correspondante, mais interviennent aussi souvent ponctuellement sur les versions de Wikipédia en d'autres langues, ou les projets frères de la Fondation Wikimédia. Depuis 2008, les comptes enregistrés peuvent être unifiés : un seul compte sert ainsi à identifier l'utilisateur sur tous les projets de la Fondation Wikimédia.
Parmi les contributeurs, il y a toujours eu plus d'hommes que de femmes[63]. En 2010, une étude réalisée à partir d'une enquête auprès des contributeurs et contributrices et des travaux antérieurs sur le genre, l'expérience de l'internet et les compétences à contribuer suggère que ceci est dû en partie au fait que les hommes ont de manière générale plus développé certaines des compétences utiles dans l'Internet pour contribuer à ce type de projet[64],[65].
Un contributeur est classé « actif » tant qu'il fait au moins cinq modifications par mois. Depuis 2007, le nombre de contributeurs actifs sur l'ensemble des versions linguistiques de Wikipédia a presque été divisé par deux[66].
Un rédacteur peut être identifié par son adresse IP, ou par son pseudonyme s'il l'a enregistré sur le site. Plus de 85 millions d'éditeurs ont créé leur compte, 300 000 étant considérés comme actifs[67].
Au sein de Wikipédia, les comptes utilisateurs disposent de différents statuts techniques gérés par le logiciel MediaWiki et contrôlant les actions qui leur sont permises[Note 23]. Les critères pour acquérir un statut et la façon de se servir des capacités fournies sont fixés indépendamment par chaque communauté. Parmi ces statuts, les principaux sont :
La Fondation Wikimédia fournit des statistiques mensuelles sur son site[Note 25]. On trouve notamment la somme des nombres de contributeurs ayant fait au moins 100 modifications pour l'ensemble des éditions[68] :
On trouve également la somme des nombres de contributeurs ayant fait au moins cinq modifications pour l'ensemble des éditions[69] :
On trouve également le nombre de pages vues pour l'ensemble des éditions[70] :
Les modifications apportées aux articles font l'objet de plusieurs niveaux de surveillance a posteriori, qui permettent de corriger les erreurs les plus évidentes. Selon Le Figaro, le cofondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, affirme ainsi qu'« en général, la correction d'une erreur ou d'une information fallacieuse a lieu en quelques heures, voire en quelques minutes »[71]. Une étude de l'université du Minnesota affirme que, jusqu'en 2006, sur deux millions de modifications problématiques, 42 % ont été réparées dans un temps qui rend peu probable leur lecture par un visiteur, alors qu'environ 11 % des vandalismes détectés persistaient après avoir été vus cent fois. De la même manière, la grande majorité des vandalismes détectés ont été corrigés après 15 révisions au plus[72]. En 2009, Dominique Cardon et Julien Levrel attribuent une partie de la réussite du mode de correction et du processus d'amélioration continue de Wikipédia à une gouvernance fondée sur la « vigilance participative »[73].
À un premier niveau, tous les changements sont accessibles en temps réel sur une page récapitulant les « modifications récentes ». Ce flux est scruté en permanence par des volontaires, ainsi que par quelques automates[74]. Les vandalismes les plus évidents (écrasements de pages entières, messages d'insulte, graffiti) sont généralement détectés à ce stade, et corrigés dans les secondes ou minutes qui suivent par un retour à la version précédente. Ce premier niveau de contrôle porte essentiellement sur la forme. Les surveillants volontaires peuvent également corriger des problèmes évidents d'orthographe ou de style, et éventuellement effectuer un contrôle de cohérence rapide sur un ajout particulièrement suspect. En 2006, 60 % des « vandalismes » étaient détectés facilement par des humains (modifications dénuées de sens, offensantes ou encore suppressions massives), mais certaines catégories de modifications semblaient plus délicates à repérer : désinformation, suppression partielle, spam et autres[72].
Le deuxième niveau de contrôle consiste, pour un rédacteur inscrit, à examiner sur sa « liste de suivi » (liste des pages qu'il a marquées pour les surveiller) les modifications apportées récemment. Cet examen permet de détecter et de corriger assez rapidement les principaux problèmes de fond : erreurs manifestes, ajouts hors sujet, ou manque d'objectivité ou de neutralité dans la formulation. Les coauteurs de l'article peuvent ainsi contrôler de manière plus approfondie les ajouts suspects, si nécessaire en s'appuyant sur des sources de référence.
Quand ces deux premiers niveaux de contrôle conduisent à des corrections, le correcteur volontaire peut examiner ensuite l'ensemble des ajouts effectués par le même contributeur, ce qui peut lui permettre de rattraper des modifications ayant échappé aux deux premiers niveaux de contrôle. Quand il apparaît qu'un contributeur « à problème » a trop souvent une contribution négative sur Wikipédia, il peut se faire interdire d'écriture sur toute l'encyclopédie : « Les administrateurs, élus parmi les contributeurs, ont le pouvoir de supprimer ou de protéger des pages, de bloquer ou d'exclure un contributeur à la suite d'une décision du comité d'arbitrage, lui aussi composé de membres choisis par la communauté »[71].
Les erreurs qui échappent à ces premiers niveaux de contrôle sont des erreurs peu évidentes, ou qui portent sur des articles marginaux, de faible avancement, et peu surveillés. Ces erreurs peuvent rester des mois voire des années dans l'article, et restent d'autant plus longtemps que l'article est peu lu et peu modifié[71]. Elles peuvent être corrigées spontanément par un lecteur. De plus, à la faveur d'une nouvelle modification, l'article repasse par les contrôles précédents, et les correcteurs volontaires peuvent décider à cette occasion de le relire en intégralité pour corriger d'éventuelles erreurs anciennes.
Le dernier niveau de contrôle, collectif, est formé par les projets d'amélioration d'articles rattachés à un thème donné, organisé autour d'un « portail ». Dans ce cadre, les articles sont relus, complétés et corrigés, par des volontaires passionnés par ce thème. Les articles qui bénéficient de ces relectures sont initialement corrigés, et continuent généralement à être suivis par l'équipe du « portail ».[réf. nécessaire]
Chaque communauté établit aussi des procédures pour labelliser les articles en fonction de critères spécifiques, ce processus conduit par exemple à deux catégories d'articles : « bon article »[Note 26] (« good article » sur Wikipédia en anglais) et « article de qualité »[Note 27] (« featured article » sur Wikipédia en anglais).
D'autres procédures sont développées et testées par les différentes communautés de langue, comme le projet WikiTrust, des filtres automatiques contrôlant le texte proposé à la publication, ou des versions de travail nécessitant une relecture avant d'être incorporés à la version publiée (flagged revision)[réf. souhaitée].
L'étude menée par des chercheurs de l'université Carnegie-Mellon et du Palo Alto Research Center sur l'année 2008[48] s'intéresse également à la contribution des différents thèmes de l'encyclopédie aux conflits, en décomptant le nombre d'annulations de modification[Note 28], ramené à la taille de la catégorie correspondant au thème :
Les annulations de modification sont plus nombreuses dans certains articles, dont l'ensemble ou une partie du contenu se trouve particulièrement controversé. Une étude montre que ces articles diffèrent selon les langues de l'encyclopédie[75]. Ces conflits peuvent aussi être vus comme la manifestation de différentes visions des notions de vérité et de connaissance[76].
Le statut de Wikipédia en tant que source de référence est un sujet de controverses, en particulier à cause de son système de rédaction ouvert à tous. L'audience grandissante de Wikipédia a conduit un grand nombre de personnes à formuler des avis critiques sur la fiabilité des informations présentées dans cette encyclopédie. Ces critiques étant récurrentes, une page spéciale de Wikipédia est consacrée aux réponses de participants à Wikipédia aux objections les plus fréquentes[Note 29].
Les principales critiques portent sur :
Les critiques de Wikipédia l'accusent d'incohérences, de partialité systémique et d'une forme d'anti-élitisme[78], et d'avoir une politique favorisant trop le consensus dans son processus éditorial[79]. La fiabilité et la précision de Wikipédia sont aussi des questions débattues[80]. D'autres critiques portent essentiellement sur sa sensibilité au vandalisme et à l'ajout de fausses informations[81], bien que des travaux aient suggéré que le vandalisme est généralement de courte durée[82],[72].
Certaines critiques ne sont pas uniquement d'ordre général et peuvent également concerner des biais, des différences d'interprétation ou des questions d'éthique sur la pratique encyclopédique. Ainsi, parmi les biais les plus fréquemment cités se trouvent :
Depuis les débuts de l'encyclopédie, différentes controverses ont également émaillé sa réputation aux yeux des spécialistes ou de l'opinion publique, notamment à la suite de cas de désinformation ou de diffamation avérés. L'un des cas les plus médiatisés fut la prise de contrôle de l'édition croate de Wikipédia par des révisionnistes d'extrême droite entre 2011 et 2021, ce qui mena à de vives critiques envers la Fondation Wikimédia pour son manque d'action.
D'autres critiques se révèlent plutôt positives. Ainsi, en juin 2009, le philosophe français Bernard Stiegler estime que Wikipédia, « passage obligé pour tout utilisateur d'Internet », est un « exemple frappant d'économie de la contribution » et que l'encyclopédie « a conçu un système d'intelligence collective en réseau »[83].
Des études ont été menées sur la qualité du contenu proposée par Wikipédia, et des comparaisons effectuées avec d'autres encyclopédies. Ces évaluations fournissent généralement des conclusions positives pour Wikipédia, mais ces résultats font aussi l'objet de critiques[84].
Wikipédia et ses projets parallèles sont des wikis libres. Le premier wiki est créé en 1995 par Ward Cunningham, qui l'appelle WikiWikiWeb[Note 30]. Un wiki est un site web dynamique, dont les visiteurs autorisés peuvent modifier les pages qu'ils lisent avec leur navigateur web. Sur Wikipédia, par exemple, la syntaxe utilisée pour modifier une page est beaucoup plus simple que celle du Hypertext Markup Language, et elle est conçue avec l'objectif de permettre un apprentissage rapide.
Le fonctionnement de Wikipédia est assuré par le logiciel libre MediaWiki, une plate-forme wiki adaptée à Wikipédia, écrite en PHP et utilisant une base de données MySQL. MediaWiki est sous licence GNU GPL et est en 2010 utilisé par tous les projets Wikimedia ainsi que par de nombreux autres sites wikis. À l'origine, Wikipédia utilisait le logiciel UseModWiki, développé par Clifford Adams en Perl, et requérant l'usage de la camel case pour la création de liens entre les articles. À partir de janvier 2002, la version en anglais de Wikipédia utilise un logiciel développé par Magnus Manske, écrit en PHP — les versions dans les autres langues étant restées sous le logiciel UseModWiki. À partir de l'été 2002, tous les sites sont progressivement migrés vers MediaWiki.
Les informations contenues dans Wikipédia, toutes langues confondues, sont conservées dans une base de données et peuvent être téléchargées[Note 31].
Le succès croissant de Wikipédia nécessite l'emploi d'un grand nombre de serveurs informatiques qui fonctionnent tous avec un système d'exploitation GNU/Linux (principalement Ubuntu)[85]. Ces installations sont présentes à Tampa en Floride, à Amsterdam aux Pays-Bas, et dans le site sud-coréen d'hébergement de Yahoo! qui accueille 23 serveurs[Quand ?] de la Fondation Wikimédia.
Les serveurs sont organisés en trois couches :
Plusieurs sites web, comme Ganglia[Note 32], permettent de consulter diverses informations sur le fonctionnement des serveurs, notamment la charge des processeurs, la mémoire occupée…
L'architecture des serveurs change très fréquemment en raison des améliorations régulièrement apportées pour répondre au très fort trafic engendré par la consultation de Wikipédia. Cet aspect de Wikipédia est géré par le personnel technique de la Fondation Wikimédia[Note 33].
La Fondation Wikimédia possède les différentes marques (Wikipedia, Wikimedia…), les serveurs, les sites web, et agit comme hébergeur web. Sur un budget de 177 M$ en 2023, l'hébergement web de l'encyclopédie représente 3,4 M$[87].
Des associations nationales, ayant pour but de promouvoir Wikipédia et le libre partage des connaissances, sont actives dans plusieurs pays. Elles reprennent généralement l'intitulé « Wikimedia » (Wikimédia Belgique, Wikimédia France[Note 34], Wikimédia Suisse[Note 35], etc.). Ces associations sont reconnues comme associations locales par la Fondation Wikimédia, mais n'y sont pas juridiquement liées et n'ont aucune responsabilité sur le contenu de Wikipédia. Elles sont généralement désignées comme le chapter (chapitre) pour un pays donné. Des associations de ce type sont présentes au Royaume-Uni, en Allemagne, en Argentine, en Australie, en Autriche, en France, à Hong Kong, en Israël, en Italie, aux Pays-Bas, en Pologne, en Tchéquie, en Russie, en Serbie, en Suède, en Suisse et à Taïwan[88].
Les différentes communautés linguistiques et la Fondation Wikimédia s'accordent pour publier Wikipédia et ses projets frères sans recourir à un financement publicitaire[réf. souhaitée]. Soutenue uniquement par des dons des lecteurs, de mécènes et de fondations, la Fondation Wikimédia emploie une trentaine de personnes[Note 36] (en septembre 2014, 213 noms constituent l'équipe Wikimédia[89]), principalement des techniciens gérant les serveurs hébergeant les différents sites. Pour l'année fiscale 2007-2008, elle a reçu 6,4 millions de dollars US[Note 37] de dons.
Selon ComScore, Wikipédia a acquis une influence mondiale[90]. Selon ComScore et Alexa (Internet), Wikipédia figure depuis 2007 parmi les dix sites les plus visités dans le monde, et c'est le seul site non-commercial de la liste[91].
La croissance de Wikipédia a été favorisée par son classement dans les résultats d'une recherche sur Google[92], environ 50 % du trafic des moteurs de recherche vers Wikipédia provenant de Google[93], dont une grande partie est liée à la recherche universitaire[94].
Selon Guillaume Sire, maître de conférences en science de l'information à l'université de Toulouse, Google remonte systématiquement Wikipédia en premier sur ses résultats de recherche, d'une part car le contenu gratuit lui est préférable et d'autre part car les hyperliens vers d'autres sites internets y sont proscrits. Ainsi, pour l'algorithme de Google, Wikipédia ne redistribue pas l'autorité (la quantité de liens hypertextes étant un facteur essentiel pour apparaître dans les premiers résultats du moteur de recherche), limite la personnalisation de la recherche et tend à l'égaliser[95].
En avril 2007, le Pew Internet and American Life Project a constaté que le tiers des internautes américains consultaient Wikipédia[96]. En octobre 2006, le site a été estimé à une valeur de marché hypothétique de 580 millions de dollars américains s'il y avait des publicités[97].
En juillet 2007, Wikipédia a fait l'objet d'un documentaire de 30 minutes sur la BBC Radio 4[98], qui affirmait que « Wikipédia » était devenu un terme connu par tout le monde, au même titre que « Google », « Facebook » et « YouTube ». Le cinéaste néerlandais IJsbrand van Veelen a créé un documentaire télévisé de 45 minutes en , The Truth According to Wikipedia[99].
Dans les pays pauvres, là où le livre est rare, l'abonnement internet hors de prix[100], Wikipédia est massivement utilisé par les étudiants, ainsi que comme produit d'appel par les opérateurs[101].
Dans un communiqué de presse du 10 novembre 2009, la Fondation Wikimédia annonce recevoir plus de 320 millions de visiteurs par mois pour Wikipédia et ses projets frères, d'après comScore Media Metrix[102].
De nombreux projets d'encyclopédie existent — ou ont déjà existé — sur Internet. Certains, tels que la Stanford Encyclopedia of Philosophy[Note 38] ou la défunte Nupedia, ont adopté une politique éditoriale traditionnelle, avec par exemple un seul auteur par article. La forte fréquentation de Wikipédia, combinée aux critiques sur son principe de fonctionnement, ont également poussé au développement de projets concurrents. Citizendium est par exemple une encyclopédie en ligne en anglais dirigée par Larry Sanger et publiée sous licence libre. Elle se distingue notamment par l'obligation pour les rédacteurs d'indiquer leur nom et de préciser leurs diplômes. Le , Citizendium propose 12 790 articles, dont 121 ont été approuvés par son système de sélection. À titre de comparaison et à la même date, Wikipédia en anglais propose 3 116 306 articles, dont 2 710 sont présentés comme articles de qualité (featured articles).
L'exemple de Wikipédia a aussi suscité la création de projets plus spécialisés, comme l'encyclopédie thématique Memory Alpha, consacrée à l'univers de Star Trek, ou le site parodique Désencyclopédie. Également inspirées de Wikipédia[103], Wikimini et Vikidia offrent un dessein pédagogique à ces nouveaux wikis en proposant aux enfants et adolescents de construire leur propre encyclopédie en ligne[104]. D'autres, tels que Susning et l'Enciclopedia Libre Universal en Español, sont des wikis dans lesquels les articles sont écrits par divers collaborateurs sans processus formel de révision. Conservapedia est une encyclopédie collaborative en ligne en anglais, conservatrice et créationniste, construite en réaction à la neutralité de point de vue de Wikipédia en anglais, jugée trop « gauchiste » » et « liberal » (au sens américain du terme)[105]. Le projet Wikipédia a aussi influencé la création d'une encyclopédie d'extrême droite qui se dit « encyclopédie alternative », Metapedia, créée le en suédois, puis son pendant slave, Wikislavia. Metapedia existe en suédois, en anglais, en hongrois, en espagnol, en français, en slovaque, en portugais, en tchèque, en roumain, en allemand, en estonien, en norvégien, en croate, en danois, en néerlandais et en grec. Wikislavia existe en russe, en une langue appelée « sibérien », en tchakavien (croate), en kaïkavien (croate), en russe latinisé, en « don-cosaque », en panslavon, en moldave[Quoi ?] [réf. nécessaire] et en ukrainien.
Influencées par le positionnement de Wikipédia sur Internet, les éditions Larousse ont ouvert en mai 2008 leur encyclopédie en ligne à un accès public et gratuit, et développé un espace consacré à des articles rédigés par les internautes[106]. L'Encyclopædia Universalis propose aussi une version consultable en ligne, sur un modèle payant par abonnement et reposant sur l'érudition de ses auteurs assumant un parti pris éclairé dans la rédaction des articles. En octobre 2009, un comparatif du magazine Clubic, portant sur six encyclopédies en ligne francophones, concluait à la prédominance de Wikipédia dans l'exhaustivité et l'actualisation de ses informations, et d'Universalis dans la pertinence. L'encyclopédie Larousse était perçue comme un compromis viable, mais cumulant aussi les défauts des deux autres modèles[107].
En Chine, le moteur de recherche Baidu a ouvert l'encyclopédie en ligne Baidu Baike le . Le contenu, 1,7 million d'articles en , est rédigé par les internautes sinophones qui cèdent leurs droits d'auteur à Baidu. Baike.com est une autre encyclopédie en ligne en chinois : reposant sur une technologie wiki, elle contient, en , 3,23 millions d'articles placés sous copyright. Des systèmes de contrôle assurent sur ces deux sites que des informations jugées inappropriées par le gouvernement de la république populaire de Chine ne sont pas publiées. À titre de comparaison, Wikipédia en chinois contient 270 000 articles en , et son site web a été fréquemment bloqué en Chine, notamment parce qu'elle présentait des articles sur des sujets sensibles comme les manifestations de la place Tian'anmen, le Falun Gong, ou le dalaï-lama.[réf. nécessaire]
Wikipédia est devenue un sujet d'actualité, de débat et de satire dans de nombreux pays. Certaines sources médiatiques font sa satire en insistant sur le manque de fiabilité de Wikipédia, comme le journal satirique The Onion[108]. D'autres critiquent le fait que tout le monde peut modifier Wikipédia, comme dans un épisode de la série télévisée The Office, où Michael Scott déclare que « Wikipédia est la meilleure chose de tous les temps. N'importe qui dans le monde peut écrire n'importe quoi sur n'importe quel sujet. » Des émissions radiophoniques ou télévisées, comme le The Colbert Report, ont plusieurs fois incité les téléspectateurs à modifier les pages de Wikipédia, parfois pour y inclure des informations volontairement erronées ou fantaisistes. Inversement, l'illustration Protestataire wikipédien de xkcd s'amuse de l'obsession des Wikipédiens à fournir des sources à toutes les affirmations et dénonce la démagogie des politiques.
De nombreux sites internet, comme les blogs, les sites officiels ou journalistiques, peuvent proposer des liens complémentaires vers des articles de Wikipédia pour approfondir un sujet.
En 2015 puis 2017, un Londonien se sert de la base Wikipédia de façon ludique pour faire voyager virtuellement les internautes[109],[110].
En 2017, le compositeur biélorusse Ales Tsurko réalise un album à partir d'articles Wikipédia[111].
Wikipédia et le travail collaboratif qui la produit sont rapidement devenus un objet d'études de la part de chercheurs dont une partie s'est réunie dans un réseau dit Wikimedia Research Network ou travaille avec la Fondation Wikimédia ou les associations locales[112].
Deux études de 2009, traitant des relations entre les scientifiques et Wikipédia tendent à montrer que le sentiment des scientifiques vis-à-vis de Wikipédia est plutôt positif. La première étude est un sondage lancé par la Fondation Wikimédia dans le but de savoir si la communauté scientifique serait favorable à des actions d'incitation à participer à Wikipédia[113]. Elle conclut que 91 % des scientifiques sondés sont favorables à Wikipédia.
La seconde est une étude (conduite par l'institut de recherche STATS, l'université George Mason et la Society of Toxicology (SOT)) sur le sentiment d'experts en chimie vis-à-vis des médias en général[114]. Dans cette étude, 45 % des experts jugent que Wikipédia présente bien leur domaine, alors que ce pourcentage tombe à 15 % pour les médias généralistes, ce qui conduit les auteurs à conclure que ces « scientifiques ont plus foi en Wikipédia qu'en les médias nationaux imprimés ».
Dans le monde universitaire français en sciences humaines et sociales, les citations de pages de Wikipédia sont en augmentation. Sur la période 2004-2018, 1 % des articles publiés sur la plateforme Cairn.info cite Wikipédia[115].
Le contenu de Wikipédia sert de références dans plusieurs articles de la littérature médicale professionnelle. Cette tendance, bien que minoritaire, semble en 2014 en augmentation depuis 2010. La plupart des citations appuie une définition ou une description. Cette situation n'est pas limitée aux journaux à faible facteur d'impact[116].
Le suivi des consultations des articles de Wikipédia aux États-Unis pourrait refléter la situation épidémique américaine de maladies telles que la grippe[117].
En 2017, les archives cantonales du canton de Vaud (Suisse) étudient l'utilisation du vecteur Wikipédia « pour mettre en valeur et vulgariser les travaux des historiens »[118].
Certaines réutilisations ont été jugées inappropriées. Aux États-Unis, deux jugements ont été cassés en appel parce qu'un des partis avait présenté du contenu de l'encyclopédie Wikipédia pour soutenir une information : le contenu des articles a été jugé trop volatil pour servir de référence, sans prévaloir de l'exactitude ou non de l'information présentée[119],[120]. Wikipédia est aussi utilisée comme source pour des articles de presse[121], provoquant des polémiques lorsqu'une information erronée et non supportée par une note de référence indiquant sa source, est reprise sans vérification par les journalistes[122],[123]. Plusieurs journalistes ont été licenciés pour plagiat de Wikipédia[124],[125],[126].
En 2007, le Washington Post déclare que Wikipédia était devenue un point central de la campagne électorale de 2008 des États-Unis, en précisant : « Tapez un nom de candidat sur Google et l'un des premiers résultats est une page de Wikipédia, ce qui rend ces entrées peut-être aussi importantes que les publicités pour définir un candidat. Ces entrées présidentielles sont déjà modifiées, disséquées et débattues de nombreuses fois chaque jour. »[127] Un article d'octobre 2007 de l'agence de presse Reuters indiquait qu'avoir un article sur Wikipédia commençait à prouver la notoriété d'une personne[128].
Lors de la campagne électorale présidentielle française de 2017, Europe 1 analyse le poids de chaque candidat dans Wikipédia, volumes des articles, posts des discussions, etc.[129]. Les médias ont ensuite relevé l'engouement de wikipédiens pour créer les 300 articles consécutifs aux élections législatives[130],[131]. À la suite de l'élection de nombreux nouveaux députés élus pour la première fois à l'Assemblée nationale, des wikipédiens « ont souvent dû créer ex nihilo de nouveaux articles » sur les nouveaux parlementaires. Le Parisien rapporte que « seuls 56 des 309 députés élus d'En Marche ! avaient une page Wikipédia avant le premier tour des législatives »[132]. Selon L'Obs, lors de la création d'articles sur ces personnalités des « tentatives de censure » ont été enregistrées sur les articles concernant Alain Péréa, Buon Tan, Émilie Guerel et Didier Martin qui « ont fait l'objet d'interventions visiblement partisanes »[133].
La volonté de Wikipédia de diffuser du contenu libre, y compris pour nombre de ses illustrations, a eu une petite influence en Italie sur le débat parlementaire relatif aux libertés et à la protection du droit d'auteur. Le 28 septembre 2007, l'homme politique italien Franco Grillini a soulevé une question parlementaire adressée à la ministre des ressources culturelles et des activités, sur la nécessité d'introduire dans la législation italienne la liberté de panorama telle qu'elle existe dans d'autres pays européens. Il a affirmé que l'absence de cette liberté forçait Wikipédia, « le septième site le plus consulté », à interdire toutes les images de bâtiments modernes et d'art moderne italien, et a déclaré que c'était très handicapant pour les recettes touristiques[134].
Le contenu figurant sur Wikipédia a également été cité comme une source de référence dans certains rapports de la communauté du renseignement des États-Unis[135].
Le , l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a déposé une plainte au nom d'Amnesty International États-Unis, de Human Rights Watch (HRW) et de sept autres organisations non-gouvernementales, médiatiques et juridiques, dont la Fondation Wikimédia, à l'encontre de la National Security Agency (NSA), l'accusant d'avoir « dépassé l'autorité que le Congrès lui confère ». La plainte argue que les droits constitutionnels des plaignants sont violés, en particulier le premier amendement qui protège la liberté de parole et de la presse, et le quatrième amendement qui interdit « les fouilles ou saisies sans raison ». Lila Tretikov, directrice de la Fondation Wikimédia , déclare alors « Wikipédia est fondé sur la liberté d'expression, d'enquête et d'information. En violant la vie privée de nos usagers, la NSA menace la liberté intellectuelle qui est centrale pour la capacité à créer et à comprendre des connaissances »[136].
Le , la Fondation Wikimédia annonce l'utilisation du protocole de communication chiffré HTTPS pour tout le trafic Wikimedia, dans l'optique de contrer la surveillance globale exercée par la NSA, qui profite en particulier des insuffisances du protocole de communication HTTP en matière de sécurité[137],[138]. « Aujourd'hui, nous sommes heureux d'annoncer que nous sommes en train de mettre en œuvre le protocole HTTPS pour chiffrer tout le trafic Wikimedia. Nous allons aussi utiliser le mécanisme HTTP Strict Transport Security (HSTS) afin de se prémunir contre les efforts visant à casser le trafic HTTPS pour intercepter ensuite le trafic » annonce la Fondation, via son blog, qui poursuit, en dénonçant la surveillance de l'Internet : « Dans un monde où la surveillance de masse est devenue une menace sérieuse pour la liberté intellectuelle, les connexions sécurisées sont devenues essentielles pour protéger les utilisateurs tout autour du monde[139]. » L'utilisation du protocole HTTPS s'étendra donc à Wikipédia et ses projets frères, afin de garantir un maximum de sécurité aux utilisateurs[137].
La Turquie bloque l'accès à Wikipédia le 29 avril 2017 en raison de la présence d'articles évoquant la possible collaboration entre le gouvernement turc et des organisations jihadistes actives en Syrie[140]. Le 26 décembre 2019, saisie par la fondation Wikimédia, la Cour constitutionnelle du pays juge que le blocage de Wikipédia constitue une « violation de la liberté d'expression ». Le blocage est levé le 15 janvier 2020, jour de la publication de l'arrêt complet de la cour au Journal officiel, soit 991 jours après le début du blocage. La Turquie était le seul pays avec la Chine où toutes les éditions de Wikipédia étaient bloquées[141],[142],[143].
La Chine bloque l'accès à Wikipédia dans toutes les langues en avril 2019, dans le cadre de la censure d'Internet dans ce pays[144].
En mai 2017, une étude[145] du Berkman Klein Center for Internet & Society relève que contrairement à certaines craintes exprimées lors des débats nourris sur le passage au chiffrement HTTPS en 2015, ce changement a contribué à faire baisser la censure de Wikipédia dans le monde. Le HTTPS empêchant les censeurs de voir quelle page les internautes consultent[145], le risque était que des États comme la Russie et le Royaume-Uni, qui bloquaient l'accès à certaines pages du site uniquement, décident de censurer l'intégralité du site[146].
Le contenu de Wikipédia est utilisé sur des sites webs, dans des devoirs scolaires, dans des études universitaires, des livres, des conférences et des affaires judiciaires[147].
Le développement du numérique a amené des changements et initiatives dans le monde de l'enseignement, notamment avec l'émergence de démarches collaboratives. Certains enseignants, comme Lionel Barbe de l'université Paris-Nanterre, proposent à leurs étudiants des ateliers collaboratifs, notamment sur Wikiversité. Cette plate-forme permet de guider les étudiants dans leurs travaux et leurs contributions sur des pages Wikipédia selon des sujets choisis. Une démarche universitaire qui intéresse de plus en plus le monde de l'enseignement, notamment dans des cours qui mobilisent l'utilisation d'outils propres aux TIC (Technologies de l'information et de la Communication). Le Conseil national du numérique propose une réflexion sur la manière d'inclure la culture numérique dans la vie de tous les citoyens dans leur formation ou leur apprentissage[148]. Wikipédia y est cité en tant que modèle « socio-technique » où les individus peuvent échanger à travers un système de partage de connaissances. Les pouvoirs publics commencent à soutenir ce modèle d'enseignement : des partenariats tels que celui avec le ministère de la Culture donnent lieu à une institutionnalisation progressive de Wikipédia.
D'autres initiatives sont aussi menées afin de développer une culture collaborative dans l'enseignement. Le Wikipedia Education Program[149] permet à de nombreux étudiants dans des universités américaines et canadiennes d'y contribuer dans un cadre précis.
Dans la continuité du modèle du web 2.0, l'enseignement tend à développer du lien plus que du savoir pur, avec un professeur devenu davantage « passeur » qui encourage les élèves à acquérir eux-mêmes une base de savoirs. On passe alors à une diffusion de la connaissance horizontale plutôt que verticale, laissant aux étudiants l'occasion d'être proactifs[150].
L'historien des sciences Alexandre Moatti parle du numérique comme d'un nouveau mode de communication, dans lequel Wikipédia offre un terrain de recherche adéquat pour passer d'un concept à un autre, d'une langue à une autre[151]. En 2009, une étude américaine montre que Wikipédia est une ressource utilisée par 88 % des étudiants, généralement au début de leur processus de recherche[152]. En 2015, une étude sur l'usage de Wikipédia dans l'enseignement français montre une utilisation accrue de l'encyclopédie participative en tant que ressource par les enseignants et les élèves[153],[154]. Lors du Forum du numérique éducatif organisé pour les enseignants dans les locaux de l'Insa de Blois, un intervenant a rappelé la pertinence de Wikipédia à longue échéance dans les établissements scolaires, en particulier en vue de montrer aux élèves comment se construit le savoir[155].
En 2021, des administrateurs et contributeurs de l'encyclopédie en langue chinoise sont bannis de Wikipédia par la Fondation Wikimédia, qui n'a pas pour habitude de s'occuper elle-même de la communauté. Au cours d'une longue enquête de plus d'un an de la fondation, celle-ci a relevé qu'un groupe d'utilisateurs a tenté de prendre le contrôle de l'encyclopédie pour promouvoir et présenter sous un meilleur jour la politique de la Chine, mais également faire pression et identifier les contributeurs de l'encyclopédie, mettant en danger leur sécurité[156],[157].
Wikipédia a reçu de nombreux prix et récompenses[Note 39].
Wikipédia a reçu deux prix en mai 2004. Le premier était un Golden Nica pour les communautés numériques, remis par Ars Electronica avec la somme de 10 000 € et une invitation à se présenter au PAE Cyberarts Festival en Autriche ; le deuxième était un Webby Awards dans la catégorie « communauté », remis par l'International Academy of Digital Arts and Sciences, sise à New York[158]. Wikipédia a également été proposée pour un Webby Award dans la catégorie « meilleures pratiques ». En , la version japonaise de Wikipédia a reçu le Web Creation Award de la part de l'Association des publicitaires japonais. Cette récompense, normalement donnée à des personnes réelles pour de grandes contributions sur le web en japonais, fut acceptée par un contributeur de longue date de Wikipédia en japonais. Le , « Wikipédia » a aussi été nommée quatrième meilleure marque par les lecteurs de brandchannel, recevant 15 % des voix en réponse à la question « Quelle marque a le plus d'impact sur nos vies en 2006[159] ? » En , Wikipédia a reçu le prix Quadriga 2008, également attribué à Boris Tadić, Eckart Höfling (en) et Peter Gabriel. Le prix a été décerné à Jimmy Wales par David Weinberger (en)[160]. En 2009, les Webby Awards classent la création de Wikipédia en 2001 comme l'un des « moments les plus importants de la vie du web ces dix dernières années »[161].
En janvier 2013, l'astéroïde (274301) Wikipedia est nommé en l'honneur de l'encyclopédie[162].
En 2015, Wikipédia reçoit le prix Érasme doté de 150 000 euros « pour son apport particulier à la diffusion des connaissances[163]. »
Wikipédia reçoit le prix Princesse des Asturies de la coopération internationale en juin 2015[164],[165].
En 2019, l'espèce Viola wikipedia est nommée en l'honneur de l'encyclopédie[166].
Wikipédia est financée par les dons d'internautes consultant l'encyclopédie. La Fondation Wikimédia organise une collecte de fonds annuelle, annoncée par des bandeaux présents sur chaque page sous forme d'« appels » de Jimmy Wales ou de divers contributeurs. En 2012, les fonds reçus étaient chaque année plus élevés que l'année précédente[167].
L'argent nécessaire au budget est comblé par les dons de diverses institutions ou entreprises et ceux reçus par des particuliers le reste de l'année[168]. Google puis Amazon, qui exploitent le contenu de l'encyclopédie, sont les deux premiers géants du Web, respectivement en 2017 et 2018, à apporter un don à la Fondation Wikimédia, à chaque fois d'un montant d'un million de dollars[169]. Contrairement à un grand nombre de sites, Wikipédia refuse d'afficher de la publicité pour financer son fonctionnement.
Selon certaines méthodes d'évaluation en 2013, le coût de remplacement de Wikipédia pourrait être estimé à 6,6 milliards de dollars avec 630 millions de dollars de frais de mise à jour par an ; et le bénéfice de Wikipédia pour l'utilisateur serait estimé à des centaines de milliards de dollars[170].
L'utilisation de l'informatique s'accompagne d'une consommation d'énergie grise, et les consultations et modifications concourent à la consommation directe d'énergie.
À la suite de l'accord de Paris sur le climat en 2015, la fondation a décidé de lancer un projet portant sur la durabilité (sustainability initiative) pour réduire les impacts environnementaux de ses activités[Note 40]. La fondation a aussi décidé de réaliser chaque année une étude sur ses impacts environnementaux[171].
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