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espèce de plante De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Sapin blanc, sapin pectiné, sapin commun
Règne | Plantae |
---|---|
Division | Pinophyta |
Classe | Pinopsida |
Ordre | Pinales |
Famille | Pinaceae |
Sous-famille | Abietoideae |
Genre | Abies |
Le Sapin blanc, Sapin commun, Sapin pectiné ou plus simplement Sapin (Abies alba Mill.) est un conifère de la famille des Pinacées[1]. Il est localement appelé Sapin de Normandie ou Sapin de l'Aigle (Normandie), Sapin de croix (Bretagne)[1], Sapin des Vosges, Sapin noir, Sapin à feuilles d’if, ainsi que Vuargne, Ouargne ou Warne (Pays de Savoie et Suisse), Sap (Provence, aire vivaro-alpine, Languedoc et Auvergne), Avet ou Aveth (Gascogne et Béarn), Ghjalgu (Corse) et plus rarement Sapin argenté. C'est une essence importante pour la foresterie en Europe.
Le sapin pectiné est l'arbre européen le plus haut, il peut en effet atteindre 60 mètres[1], voire 80 m[2] de hauteur. Il vit jusqu'à 600 ans[3] et le diamètre de son tronc atteint 2 mètres[1]. La cime est d’abord conique, pointue puis ovoïde, et enfin tabulaire (étalée). Le tronc est droit, les branches horizontales.
L'écorce est lisse[1], gris argenté[1], à petites poches de résine (vésicules), puis crevassée à un certain âge. Les rhytidomes présentent des crevasses longitudinales chez l’adulte. L’écorce contient de la résine composée notamment de sesquiterpénoïdes, ainsi que de la cellulose, des sels minéraux, des tanins, des acides gras, des diterpènes (tels que l'acide abiétique, par exemple) et des lectines (de type AAA)[4].
Les rameaux de deux ans sont lisses, beige gris, à pubescence grossière noire ou jaunâtre chez certaines sous-espèces.
Les branches et les rameaux sont en majorité horizontaux. Avec l’âge, les branches latérales prennent un port irrégulier caractéristique, tandis que celles de la cime tendent à dépasser la pousse terminale (cime en nid de cigogne)[1].
Les bourgeons sont assez gros, ovoïdes, lisses. De couleur brun châtain, ils sont luisants et non résineux[1]. Ils contiennent des limonènes, des alpha-pinène[4] et bêta-pinène[5]. Ces bourgeons ont été utilisés pour faire différentes liqueur : la liqueur aux bourgeons de sapin. De plus, en faisant fermenter ses bourgeons, les moines cisterciens au Moyen Âge avaient réussi à créer une bière : la Berthom[réf. nécessaire].
Les feuilles sont des aiguilles persistantes, non piquantes, solitaires, de longueur variable sur un même rameau (15-30 mm)[réf. nécessaire]. Elles sont fixées par une petite ampoule à bords limités laissant une cicatrice ovale, nette après la chute. Elles sont implantées tout autour du rameau et se tordent à la base pour se placer dans un plan comme les dents d’un peigne ; elles paraissent ainsi disposées sur 2 rangs dans un plan sur les rameaux stériles (les rameaux fertiles sont en brosse).
Les aiguilles sont plates, droites, arrondies ou un peu échancrées à l’extrémité. Elles présentent deux bandes blanches de stomates en dessous, mais pas sur le dessus, qui est vert foncé[1]. Elles persistent 6 à 8 ans[6]. Sur les rameaux de cime, les aiguilles sont en brosse et recourbées. Elles contiennent une huile essentielle dont les principaux composants sont le limonène et le phellandrène, deux monoterpènes monocycliques, mais aussi du camphène et de l'alpha-pinène[4].
Le bois est blanc ou un peu jaunâtre, plutôt mat, sans aubier différencié. Il ne contient pas de canaux résinifères. Les cernes sont très visibles. Le bois est d’autant plus tendre et léger que l'arbre a poussé vite. Il a une odeur rance à l'état frais[7]. Le bois d'œuvre dénommé "sapin" vendu dans le commerce peut aussi être du bois d'épicéa (Picea abies) qu'il est difficile de distinguer et dont les caractéristiques sont communes.
Le sapin pectiné produit des cônes mâles et femelles en avril et mai[1],[2].
Les cônes mâles sont nombreux, ovoïdes à allongés, globuleux. De couleur jaune, ils sont groupés sous des rameaux de l’année précédente.
Les cônes femelles sont isolés, et mesurent avant maturité de 2 à 10 cm de long. Situés vers le milieu de rameaux de l’année précédente, ils sont orientés vers le haut et plutôt localisés vers le sommet de l’arbre[1]. Ils mesurent de 10 à 20 cm à maturité[1],[2] et ont une forme cylindrique. Des bractées saillantes, triangulaires, dépassent entre les écailles. Ils sont d’abord verts, puis bruns. Ils sont mûrs dans l'année et se désarticulent à maturité (octobre)[1]. L’axe du cône persiste durant 1 ou 2 ans.
Les graines sont de forme subtriangulaires, longues de 8 à 13 mm, de couleur jaune-brun, avec une aile de 2 cm soudée[1]. La fructification a lieu surtout tous les deux ans.
On trouve le sapin blanc principalement dans les bois caducifoliés d'Europe méridionale, occidentale et centrale[1], montagnards, des substrats stabilisés. Son implantation typique est sur les ubacs.
Son aire de répartition est périalpine à tendance méridionale. Elle comprend la Forêt-Noire[1], les montagnes de Bohême[1], des Tatras, des Carpates[1], des Apennins, des Alpes dinariques et du Rhodope. En France, on le trouve en Corse (1000 à 1 700 m), dans les Pyrénées[1] (900 à 1 500 m), le Massif central (700 à 1 500 m), les Alpes (700 à 1 700 m), le Jura[1] (500 à 1 100 m) et les Vosges (400 à 1 100 m). On le trouve généralement à une altitude comprise entre 400 et 1 800 m, de l’étage montagnard à l’étage subalpin inférieur.
Par exception, le sapin de Normandie croît et se reproduit spontanément en plaine dans le pays d'Ouche et le nord du Perche à de faibles altitudes, entre 180 et 310 m[8]. La présence du sapin y est très ancienne, comme l'attestent les toponymes locaux tels que Le Sap-Mèle, Le Sap-André, la Sapaie[9].
Le sapin pectiné a été largement introduit en Europe du Nord-Ouest pour la sylviculture, où il se développe très bien à des altitudes plus basses : dans les îles Britanniques, dans la façade nord-ouest de la France et le Massif central, en Belgique, dans le nord de l'Allemagne, en Scandinavie, etc. Son importance sylvicole tend cependant a y être bien moindre que celle d'autres conifères qui lui ressemblent plus ou moins (sapin de Nordmann, Sapin de Vancouver, épicéa commun, épicéa de Sitka, douglas, pruche de l'Ouest, etc). Il est parfois aussi planté dans les parcs et les jardins à des fins décoratives ou didactiques, mais moins fréquemment que l'épicéa ou les conifères exotiques.
Plusieurs découvertes en palynologie et dendrologie permettent de comprendre qu’Abies alba était une essence beaucoup plus répandue en Europe durant la première moitié de l'Holocène, et que l'espèce avait une bien plus grande amplitude écologique que ce qu'elle semble montrer aujourd'hui[10],[11],[12].
Une étude de sédiments du lac de Massaciuccoli près de Pise en Italie, un site de basse altitude aujourd'hui sous climat nettement méditerranéen, montre que le sapin blanc était très présent autour du lac durant la première partie de l'Holocène, avant 6000 BP. Une découverte semblable avait été faite auparavant dans le Tessin, à une basse altitude à laquelle les chercheurs n'attendait pas cette espèce. Des découvertes similaires ont été faites précédemment dans d'autres régions d'Europe, comme en Provence en France, ce qui corrobore ces résultats. L'évolution du climat, qu'on aurait tendance à imaginer, de ce fait, plus frais à cette époque, n'est pas l'explication, car cette période de présence du sapin correspond en réalité à l'optimum climatique de l'Holocène, une période où le climat européen semble avoir été plus chaud qu'à l'ère moderne. Il faut donc accepter l'idée que le sapin blanc était beaucoup plus répandu qu'aujourd'hui et poussait jusqu'au bord de la Méditerranée il y a plusieurs milliers d'année, sous le climat méditerranéen. Autour du lac de Massaciuccoli le sapin blanc était ainsi codominant avec le chêne vert sempervirent, d'autres chênes et arbres à feuilles caduques et des pins. La disparition du sapin coïncide avec l'enregistrement d'une augmentation de la fréquence des incendies à partir de 6000 avant le présent, ce qui s'explique par la néolithisation, lorsque l'homme a abandonné la chasse et la cueillette en Europe pour se tourner vers l'élevage et l'agriculture, déforestant régulièrement les régions méditerranéennes par des incendies volontaires pour faire place aux pâturages et aux cultures sur brulis.
L'aire de répartition actuelle du sapin blanc, confiné aux montagnes humides, ne correspond donc pas au potentiel écologique de l'espèce : cette aire actuelle correspond plutôt aux régions refuges où des populations relictuelles de sapins blancs sont restées relativement protégées des incendies du fait du climat plus humide. Les incendies allumés par l'homme y ont été moins fréquents et moins généralisés dans le passé. Ce n'est que depuis moins de deux siècles que le sapin se répand à nouveau, dans les régions montagnardes principalement, du fait du recul du pastoralisme et des reboisements, cette essence y étant désormais favorisée par les sylviculteurs. Le sapin blanc est un arbre adapté à des climats variés y compris méditerranéen, et il n'est pas originellement inféodé à la montagne. Mais il se régénère difficilement par lui-même après un incendie ou autre déboisement, contrairement aux essences de plaine et aux essences méditerranéennes classiques actuelles, d'où sa disparition d'une grande partie de son aire potentielle depuis plusieurs millénaires. C'est une essence de fin de succession, favorisée par la stabilité du milieu à très long terme, qui était de ce fait très présente, parfois dominante, dans les anciennes forêts primaires européennes qui s'étaient installées après la fin de la dernière glaciation, durant la première moitié de l'Holocène. Mais, hormis en montagne, cette essence a disparu dans la majorité des forêts secondaires qui constituent la presque totalité des forêts européennes actuelles.
Chaque essence connaît différentes adversités.
La résistance du sapin pectiné à la plupart des ravageurs et pathogènes est d’abord déterminée :
Le sapin est très abrouti par les cervidés (beaucoup plus en hiver qu’en été) et pendant de longues années (de 12 à 16 ans dans le massif vosgien). Il est également frotté, mais avec moins d’acharnement. De plus les lièvres et les lapins peuvent provoquer des dégâts au niveau des pousses et cela entraîne des fourches.
Le Sapin pectiné est très sensible au fluor, avec des mortalités fréquentes.
Il existe différentes altérations dues à l’action des champignons pathogènes :
Divers insectes sévissent et occasionnent des dégradations au niveau du bois, des aiguilles ou des cônes et graines.
La seule technique de lutte véritablement efficace consiste en une exploitation et une extraction rapides hors des forêts des sapins attaqués. Les écorces et rémanents d’exploitation doivent être incinérés ou éventuellement traités à l’insecticide de type Deltaméthrine, sauf à proximité des ruisseaux ou points d’eau.
Le gui (Viscum album) est un hémiparasite qui s’accroche aux branches grâce à un disque adhésif pourvu en son centre d’un suçoir. Il s’enfonce dans le cortex du Sapin jusqu’aux tissus conducteurs avec lesquels il assure une efficace connexion pour dériver une partie de la sève de sa victime. Le gui prélève essentiellement de l’eau et des sels minéraux car c’est une plante chlorophyllienne. L’extension des suçoirs peut se faire sous l’écorce et peut conduire au développement de plusieurs touffes de Gui à partir d’une seule graine.
Cette espèce a été scientifiquement décrite pour la première fois en 1759 par le botaniste écossais Philip Miller dans la 7e édition de The Gardeners Dictionary[16].
Cette espèce est, en 2012, classée en catégorie « LC » (préoccupation mineure) sur la liste rouge de l'UICN, mais l'Union internationale pour la conservation de la nature reconnaît que ce classement, qui date de 1998, mériterait d’être ré-évalué[17].
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