Loading AI tools
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La rumeur du 9-3, parfois appelée rumeur de Niort[1],[2],[3],[4], est une série d'allégations prétendant que des maires de certaines villes françaises de province feraient venir des personnes originaires de la Seine-Saint-Denis, le « 9-3 », dans leur ville, contre de l'argent[5],[6],[7]. Ces rumeurs, notamment à Niort, prétendent d'après le texte de la plainte du maire de Niort « que des personnes de couleur noire, originaires de Seine-Saint-Denis ou d'ailleurs mais, en tout cas, « d'origine non niortaise », sont réputées faire courir à la population un risque d'augmentation de la délinquance »[8]. Cette rumeur a été qualifiée de raciste par de nombreux médias et personnalités politiques[9],[10],[11],[12],[13].
Cette rumeur aurait commencé un peu avant 2010, peut-être dès 2008 au Mans[14].
À Vitry-le-François, en , les bruits de comptoir voulaient qu'une centaine de logements sociaux soient construits pour désengorger la Seine-Saint-Denis. Le centre communal d'action sociale, lui, était soupçonné de distribuer généreusement des bons d'achat à ces nouveaux venus, pour les aider à acheter réfrigérateurs, téléviseurs, paraboles[15].
De même, début 2011, à Châlons-en-Champagne, l'adjoint au maire, Benoist Apparu, est accusé de « faire venir des trains spécialement d'Île-de-France, de voter des subventions en faveur de ces populations, d'octroyer la gratuité du permis de conduire, ou encore de percevoir 6 000 euros par personne accueillie ». Cette rumeur avait resurgi au moment des législatives de 2012, puis s'était ensuite un peu calmée[16]. À la même époque, la ville de Niort commence à frémir des premiers bruits. Le journal local, La Nouvelle République publie régulièrement des démentis à partir de 2011[17],[18],[19] pour couper court aux fantasmes. Mais des courriers de lecteurs continuent d’arriver. La rumeur se développe au début de l'année 2013.
En 2013, des maires décident de porter plainte contre X pour diffamation, assertions mensongères ou encore provocation non publique à la discrimination et à la haine. Le maire de Poitiers, Alain Claeys, porte plainte en juillet[6], suivi par le maire de Niort[20], Geneviève Gaillard[11], le maire adjoint de Châlons-en-Champagne, Benoist Apparu[21] le maire de Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne[22], le maire de Limoges[23],[24].
Outre ces villes, d'autres villes comme Le Mans, Reims, Saint-Quentin[12], Soissons, Vitry-le-François[15], Vichy[10], Nevers[25], Limoges[26], Guéret, La Souterraine, Montluçon[27] ou même Tulle, le fief de François Hollande[15], sont concernées par ces accusations[28].
Cette rumeur date en fait des années 1980, les habitants concernés étant alors des Maghrébins[29].
La presse quotidienne régionale (PQR) en parle avec parcimonie jusqu'à mi-2013 afin de ne pas lui donner de consistance. La presse nationale commence les premiers articles à la suite des plaintes des élus en . L'émission C dans l'air lui consacre un numéro entier le : « La rumeur du 9-3 se propage »[30].
L'aire urbaine de Niort, qui inclut 77 communes, a gagné 10 % de population en dix ans (1999 - 2009), soit près de 14 000 habitants (1 150 nouveaux habitants à Niort entre 1999 et 2011) et les deux tiers de cette augmentation sont dus à de nouveaux arrivants, très qualifiés, qui viennent d’Île-de-France et d’aires voisines, y compris La Rochelle[31].
À partir de ces faits objectifs, dans cette ville qui selon un observateur anonyme interrogé par Le Monde « est en train d'acquérir une population de petite métropole »[6], la part de rumeur consiste à expliquer ce changement et la présence accrue de Noirs par le fait « que le maire les a fait venir »[6].
L'adjoint au maire de Châlons-en-Champagne et député de la Marne Benoist Apparu, avance dans une lettre ouverte que la démographie de sa ville a pu changer mais affirme solennellement ne pas être et n'avoir jamais été à l’origine de ces arrivées[32].
Une enquête de Rue89 parmi les populations « non niortaises » conclut à la présence de population de couleur, mais qui viendrait de Bretagne, de Laval ou de Rennes. La seule personne originaire de Seine-Saint-Denis rencontrée est blanche[5].
L'affaire touche alors la vie privée de la maire de Niort, qui raconte : « Trois personnes sont venues me féliciter pour mon mariage avec une personne de couleur noire, qui s'est, selon elles, déroulé à 150 kilomètres de Niort. “Évidemment”, avec un Noir, il y a eu un “problème” lors de la cérémonie. Une main courante a été déposée, et c'est ainsi que ça s'est su… » Mais cette rumeur est infondée et l'élue précise : « Je ne suis pas mariée avec un Noir ; je ne vois pas où serait le problème si je l'étais. Mais, à devoir se justifier, on peut passer pour le premier raciste… »[33]
La prétendue explosion du taux de criminalité colportée dans la rumeur n'existe pas. Si les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont augmenté de 12 % (324 faits) durant les huit premiers mois de 2013 par rapport à 2012, les autorités parlent de « tendance baissière » sur les autres faits de violence[5]. Les villes incriminées sont même parmi les plus sûres de France.[réf. souhaitée]
Le , la présidente du Front national, Marine Le Pen, en visite dans la Sarthe, déclare que c'est « bien » d'en parler « Si [la rumeur] est vraie, c'est bien... Oui c'est bien... parce que si on ne le fait pas vous ne le feriez pas... Voilà la réalité... vous voyez à quoi on sert. Nous, c'est notre rôle. » Elle poursuit assurant qu'il s'agit d'une « réalité »[40]. Il est constaté que, dans des villes colportant la rumeur et où le Front national n’avait jamais dépassé 10 %, celui-ci améliore son score lors des élections municipales de 2014 : Poitiers (12 %), Limoges (17 %), Le Mans (15 %), Saint-Quentin (20 %), Reims (16 %)[41].
Les rumeurs de ce type sont récurrentes.
Il n'y a pas de méthode simple d’éradication ; chaque solution a des effets pervers.
Les spécialistes en légendes urbaines sont quasiment unanimes : en restant muets, les élus prennent le risque que la rumeur leur échappe et leur fasse du tort. Lors de la rumeur d'Orléans, les autorités ne s’exprimaient pas, ce qui alimentait les fantasmes. « Dans la plupart des cas de silence prolongé, la personnalité ou l’organisation visée par une rumeur doit finalement prendre position afin de limiter les dégâts, mais elle a alors perdu un temps précieux. »[43]
« Le démenti ne fonctionne que rarement, car il représente la parole des personnes incriminées, qui s’opposera à celles des adhérents à la rumeur, plus nombreux, qui ne s’attendent pas à ce que les autorités reconnaissent un tel complot. »[43].
Dans le cas de propos publics, la plainte permet de contrer son côté symbolique : « Une stratégie qui peut se révéler payante même si les instigateurs de la rumeur ne sont pas connus. La justice est censée être une autorité distincte qui va juger de la véracité et enquêter, à moins qu'elle ne soit englobée dans cette théorie du complot. »[43]
Il y a plusieurs motifs de plainte possible :
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.