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famille de petite noblesse corse puis dynastie impériale française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La maison impériale de France désigne la dynastie impériale française et ses branches collatérales. Elle est issue de la famille Bonaparte, une famille patricienne corse originaire d'Italie, reconnue noble en France sous l'Ancien Régime et devenue maison impériale à la suite de l'élévation de Napoléon Bonaparte à la dignité d'empereur des Français le . Trois de ses membres ont régné sur la France :
Type | Maison impériale |
---|---|
Pays |
France Royaume d'Italie Royaume d'Espagne Pays-Bas Royaume de Naples Royaume de Westphalie Grand-duché de Toscane |
Titres |
Empereur des Français Roi d'Italie Roi d'Espagne Roi de Naples Roi de Hollande Roi de Westphalie Grande-duchesse de Toscane |
Chef actuel | Jean-Christophe Napoléon |
Fondation |
Proclamation du premier Empire Napoléon Ier |
Déposition |
[1] Proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870 Napoléon III |
Ethnicité | Italiens et Corses |
La maison Bonaparte a également régné sur plusieurs pays européens au cours du Premier Empire, dans le cadre de la politique familiale de Napoléon Ier :
D'après une analyse génétique du docteur Gérard Lucotte, l'haplogroupe du chromosome Y (ADN-Y) de Napoléon Bonaparte est E1b1b1c (E-M34). Le chromosome Y se transmet uniquement par la lignée masculine : un père le transmet à ses fils[2]. Cet haplogroupe, rare en Europe, est surtout présent en Éthiopie et au Moyen-Orient (Jordaniens, Yéménites, Éthiopiens, etc.)[3]. Le résultat de cette analyse ouvre de nouvelles hypothèses concernant l'origine de la famille Bonaparte, dont de lointains ancêtres pourraient être natifs du Proche-Orient ou du Caucase[4].
Gustave Chaix d'Est-Ange écrit en 1906 : « La famille Bonaparte, anciennement Buonaparte, appartenait avant la Révolution à la noblesse de l'île de Corse où elle vint des environs de Gênes s'établir vers la fin du XVe siècle. Il est peu de familles sur l'origine desquelles les historiens soient moins d'accord ; […]. Comme le fait remarquer le comte Colonna de Cesari-Rocca dans son Armorial Corse, les noms de Bonaparte, Buonaparte, etc., furent portés en Italie au Moyen Âge par un grand nombre de familles appartenant aux situations sociales les plus variées[5]. » Trois principales familles originaires respectivement de San Miniato, Sarzana et Trévise[Notes 1],[6] ont porté ce nom mais il n'est pas possible de prouver un lien généalogique entre elles.
Gustave Chaix d'Est-Ange précise que, par un acte du 28 juin 1759, les Bonaparte de Corse se firent reconnaître officiellement parents par les Bonaparte de Florence, issus de ceux de San Miniato[5] : « Cette reconnaissance, étant antérieure à la grande fortune des Bonaparte de Corse, était assurément bien désintéressée de la part de ceux de Toscane. Toutefois, on ne doit y attacher qu'une importance relative ; on sait, en effet, combien les actes de ce genre, dictés uniquement d'ordinaire par la complaisance ou par la courtoisie, ont peu de valeur en matière généalogique quand ils ne sont pas appuyés sur des preuves sérieuses[5] ». Il précise : « Toutefois, leur point de jonction avec ceux de Toscane n'a pu encore être établi[5]. » Cette famille eut pour dernier représentant l'abbé Grégoire Bonaparte qui mourut en 1803 après avoir rencontré Napoléon Bonaparte et tenté en vain de convaincre ce dernier de favoriser la canonisation de son parent l'abbé Bonaventure Bonaparte[Notes 2],[7].
Gustave Chaix d'Est-Ange établit cependant un lien entre les Bonaparte de Corse et ceux de Sarzana, à la suite notamment des travaux du comte Colonna de Cesari-Rocca ; l'histoire des Bonaparte de Corse a ainsi pu être reconstituée et la filiation à peu près suivie depuis le XIIIe siècle à Sarzane, près de Gênes, et peut-être originaire du village de San Stefano où il existait une famille de notaires du nom Bonaparte[5].
Sur la famille Bonaparte, de Sarzane, il écrit : « La descendance de Janfald [Bonaparte] occupa à Sarzana un rang distingué sans que l'on puisse affirmer toutefois qu'elle ait appartenu à la noblesse ; le nom des Bonaparte de Sarzane ne figure pas, en tout cas, au Livre d'Or de Gênes[5]. »
Selon la généalogie de la famille Bonaparte, de Sarzane (1200-1567), donnée par Napoléon III aux Archives nationales le 13 septembre 1861, c'est de cette famille remontant à la fin du XIIe siècle que sont issus les Bonaparte de Corse[8],[Notes 3]. Le membre le plus ancien de la lignée est Gianfaldo, patricien de Sarzane, qui a vécu dans cette ville entre 1180 et 1200 et a prêté serment à l'évêque de Luni en 1219 ou 1229[9]. Le , Giovanni Bonaparte, notaire, maire de Sarzane, commissaire de Giovanni Maria Visconti en 1408 pour la Lunigiana, épouse à Lucques Isabella Calandrini, fille de Federico Calandrini, Officiale della Porta San Donato, et de Maddalena de Griffi. Isabella Calandrini est la cousine du cardinal Filippo Calandrini[10], demi-frère du pape Nicolas V[Notes 4].
Avec Francesco Bonaparte, la famille s'implante dès la fin du XVe siècle en Corse et plus précisément à Ajaccio[5],[11]. Francesco Bonaparte, dit « Moro ou encore Moro de Sarzane »[5] (« le Maure »), soldat dans la cavalerie génoise, et arrière-petit-fils de Giovanni Bonaparte et d'Isabella Calandrini, est mentionné dans cette ville dès 1490 comme arbalétrier[5]. Les Bonaparte, citadins et membres du conseil des Anciens d'Ajaccio à partir de 1616, exercent principalement des fonctions de juristes et d'administrateurs pour la république de Gênes ou pour les seigneurs locaux[5]. On comptera parmi eux des notaires, des hommes de loi, des greffiers, des militaires (mercenaires, arbalétrier, soldat)[5]. Ils siégeront au conseil des Anciens d'Ajaccio[5]. Ils s'allieront à des familles occupant des charges similaires (de Castelletto, Lubera)[5].
Jean Tulard et Joseph Valynseele écrivent qu'à partir de la fin du XVIe siècle, les Bonaparte tissent des parentés avec les familles seigneuriales du sud de la Corse[11],[12] dont ils revendiqueront systématiquement l'ascendance lors de leurs demandes de reconnaissance de noblesse[13].
Gustave Chaix d'Est-Ange fait débuter en 1682 les parentés avec la vieille noblesse de l'île, il écrit : « Giuseppe Bonaparte s'apparenta à toute la vieille noblesse de l'île par le mariage qu'il contracta en 1682 avec Maria, fille de Guglielmo, coseigneur de Bozzi »[5]. Il cite également les principales alliances de la famille Bonaparte sous l'Ancien Régime, à savoir : Colonna de Bozzi (1682), d'Ornano, Ramolino di Coll'Alto (1767)[5].
L'arbre généalogique de la famille Bonaparte est bien fourni en figures de l'histoire de la Corse : par les alliances et parentés de sa famille Napoléon Bonaparte est ainsi un descendant de :
Les Bonaparte sont alliés à la famille d'Ornano[14], à laquelle se rattache Sampiero Corso, grande figure nationaliste mort en 1567, et marié à Vannina d'Ornano : leur fils, Alphonse d'Ornano a été maréchal de France. Sampiero Corso est connu pour avoir conquis la Corse (reprise à la république de Gênes) avec l'aide du roi Henri II de France, ouvrant ainsi la première période française de l'Histoire corse, de 1553 à 1559.
Napoléon Bonaparte, de surcroît, cousine avec Sebastiano Costa, petit-fils d'une Bonaparte, filleul d'une Bonaparte et surtout chancelier de Théodore de Neuhoff (roi de Corse pendant sept mois en 1736) et créateur des premiers textes constitutionnels corses en 1735-1736.
À la suite d'une ordonnance royale du , est créée une chancellerie près le conseil supérieur de la Corse, qui a pour mission de vérifier la noblesse des familles corses. Les familles souhaitant obtenir cette reconnaissance doivent fournir des pièces prouvant deux cents ans de patriciat. La famille Bonaparte remet une série de documents à cette fin, et, par un arrêt du conseil supérieur de la Corse, se voit reconnaître sa noblesse prouvée au-delà de deux cents ans[15],[16]. L'acte de reconnaissance de noblesse a été donné par le roi Louis XV le avec l'appui du comte de Marbeuf qui obtint ensuite les introductions de Napoléon et de Lucien au Collège militaire et d'Élisa et Pauline à Saint-Cyr. En outre, un ancêtre[Lequel ?] de la famille Bonaparte fut reconnu noble par un commissaire de la république de Gênes en 1661[17].
La famille « de Bonaparte » n'est pas une obscure famille corse mais une famille bien implantée dans les réseaux complexes de l'île écrit Raphaël Lahlou[14].
Charles-Marie Bonaparte, père de Napoléon Bonaparte et descendant de Francesco Bonaparte, dit « Moro », à la neuvième génération, est à l'origine de la lignée impériale des Bonaparte.
Son héritage corse et ses ascendants nobles n'intéressent guère Napoléon Bonaparte, qui affirme ainsi dans le Moniteur du :
« On a mis dans les journaux une généalogie aussi ridicule que plate de la maison Bonaparte. Ces recherches sont bien puériles. À tous ceux qui demanderaient de quel temps date la maison Bonaparte, la réponse est bien facile : elle date du 18 brumaire[18]. »
Devenue maison impériale de France à partir du , la famille Bonaparte ne puise pas sa légitimité dynastique dans ses origines et son ascendance mais dans le sénatus-consulte, le plébiscite qui s'ensuit et le sacre[19], ainsi que dans toute une mythologie reconstruite qui en appelle à la Révolution comme à Charlemagne, sur le tombeau duquel Napoléon Bonaparte se recueille le [20], et enfin en grande partie sur l'aura du premier empereur[19].
Après la chute du Premier Empire, on choisit d'abord des alliances entre les Bonaparte, envisagées par Napoléon Bonaparte lui-même, avant sa chute. On marie ainsi, en 1822, la princesse Zénaïde Bonaparte, fille de Joseph Bonaparte, avec son cousin germain Charles-Lucien Bonaparte, 2e prince de Canino et fils de Lucien Bonaparte. On réitère l'expérience matrimoniale quatre ans plus tard, en 1826, avec la sœur de Zénaïde, la princesse Charlotte Bonaparte, qui épouse également un de ses cousins germains, le prince Napoléon-Louis Bonaparte, fils de Louis Bonaparte et d'Hortense de Beauharnais. Enfin, on cherche à marier l'autre fils de ces derniers, le futur Napoléon III, avec sa cousine germaine la princesse Mathilde Bonaparte, fille de Jérôme Bonaparte, mais le projet de mariage échoue en 1836 à la suite du coup d'État avorté de Strasbourg et l'incarcération du prince.
Sans être des unions strictement endogames comme les précédentes, on peut aussi trouver quelques « unions napoléoniennes » entre Bonaparte et descendants des plus illustres figures du Premier Empire : la princesse Bathilde Bonaparte, petite-fille de Lucien Bonaparte, épouse ainsi Louis de Cambacérès en 1856, à la fois petit-neveu de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès et petit-fils de Nicolas Davout ; la princesse Eugénie Bonaparte, également, arrière-petite-fille de Lucien Bonaparte, épousa Napoléon Ney en 1898, arrière-petit-fils de Michel Ney ; Joachim Murat, 4e prince Murat, petit-fils de Caroline Bonaparte, épouse Malcy Berthier de Wagram en 1854, petite-fille de Louis-Alexandre Berthier, et leur fils Joachim Murat, 5e prince Murat, épouse quant à lui, en 1884, Cécile Ney d'Elchingen, arrière-petite-fille du maréchal Ney. En outre, avant le Premier Empire, Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon Bonaparte, et Jean-Baptiste Bernadotte, futur maréchal d'Empire puis roi de Suède et de Norvège, devinrent beaux-frères par leurs mariages respectifs avec les sœurs Clary, Julie Clary et Désirée Clary.
En dehors de ces « unions napoléoniennes », des membres de la famille Bonaparte consolidant la légende napoléonienne, les alliances contractées par les membres de la Maison impériale sont diverses. Dans la famille civile, on retrouve de manière significative beaucoup d'unions avec la noblesse italienne. Ainsi, au sein de la descendance de la fratrie impériale Bonaparte, on peut constater, hors l'union de Pauline Bonaparte avec le prince Camille Borghèse, dans la descendance de Lucien Bonaparte, les alliances de princesses Bonaparte devenues marquise del Gallo di Roccagiovine, princesse Gabrielli di Prossedi, marquise Honorati, comtesse Valentini di Laviano, comtesse Primoli di Foglia, comtesse Campello della Spina et le prince Napoléon-Charles Bonaparte marié à la fille du prince Ruspoli di Cerveteri. On notera, de plus, la grande notoriété de la psychanalyste Marie Bonaparte, fille de Roland Bonaparte, qui fut disciple de Sigmund Freud et mariée à une altesse royale, le prince Georges de Grèce, fils cadet du roi des Hellènes Georges Ier.
Par ailleurs, la maison impériale de France ne semble pas connaître de règles de « parité nobiliaire » aussi stricte que pouvait en connaître, par exemple, la maison royale de France : on peut voir Napoléon III, empereur des Français, épouser en 1853 Eugénie de Montijo, issue certes d'une famille d'ancienne noblesse espagnole, mais sans le lustre des grandes familles princières[21]. On constate cependant, dans la maison impériale, quelques mariages royaux, que ce soit entre le roi Jérôme et Catherine de Wurtemberg en 1807, le prince Napoléon-Jérôme Bonaparte et Clotilde de Savoie en 1859, ou encore le prince Victor Bonaparte et Clémentine de Belgique. De même, la princesse Lætitia Bonaparte, sœur du prince Victor Bonaparte, épouse en 1888, Amédée de Savoie, duc d'Aoste et éphémère roi d'Espagne entre 1870 et 1873. Cette recherche d'unions prestigieuses remonte aux premières années de l'Empire où Napoléon Ier cherche par l'union et le sang à grandir la légitimité d'une dynastie dont la particularité est d'être assise sur l'élection. Napoléon Ier lui-même épouse en 1810 Marie-Louise d'Autriche, fille de François Ier, empereur d'Autriche, et petite-nièce de la reine Marie-Antoinette de France.
Les alliances princières et aristocratiques contractées dans la maison Bonaparte sont donc[5] : Tascher de la Pagerie (1796), Baciocchi (1797), de Beauharnais (1802), Borghèse (1803), de Wurtemberg (1807), de Habsbourg-Lorraine (1810), Gabrielli di Prossedi (1815), Posse (1818), Wyse (1821), Stuart of Bute (1824), Honorati (1825), Valentini di Laviano (1836), Pecori-Suárez (1840), Demidoff de San Donato (1841), del Gallo di Roccagiovine (1847), Primoli di Foglia (1848), Campello della Spina (1851), de Palafox (1853), de Cambacérès (1856), de Savoie (1859), Ruspoli di Cerveteri (1859), de Villeneuve-Escaplon (1882), de Savoie-Aoste (1888), de Moltke-Huitfeldt (1896), de Grèce et de Danemark (1907), de Belgique (1910), de Witt (1938), de Foresta (1949), San Martino d'Agliè di San Germano e di Fontanetto (1974), de Bourbon des Deux-Siciles (1978), von und zu Arco-Zinneberg (2019).
La maison impériale de France est réglementée par les constitutions impériales (sénatus-consultes du 18 mai 1804 et du 7 novembre 1852) et les statuts de la famille impériale (Premier Empire : [22] / Second Empire : [23]). Elle est composée de deux entités distinctes :
Selon les traditions monarchiques et familiales, ainsi que selon les termes des statuts de 1806 et 1853, les épouses intègrent la maison mais non les époux ; à l'exception notable des maris des trois sœurs de Napoléon Ier.
Tous les membres de la maison impériale portent le patronyme « Bonaparte ». Cependant, les membres de la famille civile issus de Lucien sont les seuls à véritablement le porter. Les autres branches de la famille civile étant d'origine féminine, elles portent les patronymes de Baciocchi, Borghèse ou Murat ; quant à la famille impériale (la descendance agnatique de l'Empereur), elle utilise le patronyme « Napoléon » : celui-ci est le produit d'une tradition à la fois historique et familiale (et non le résultat d'un décret). Dans certaines monarchies, le patronyme originel est abandonné au profit d'un patronyme dynastique (ainsi des Bourbons, utilisant pour leur branche aînée le patronyme « de France » et des Habsbourg, utilisant — même pour leurs infantes d'Espagne — le patronyme « d'Autriche ») et, au sein de l'actuelle famille impériale, descendante du roi Jérôme, l'habitude a été prise d'utiliser « Napoléon » par analogie avec le titre de « prince Napoléon » que porte l'aîné de la famille. Cette substitution a été opérée d'autant plus facilement que, durant les années d'exil, nombre d'actes d'état civil étaient établis sur simple déclaration verbale, mais elle demeure une erreur historique. En effet, si « Napoléon » peut être considéré comme un nom dynastique, le patronyme reste, pour tous les membres de la maison impériale celui de « Bonaparte ». C'est ainsi que la mort du prince Napoléon (Louis) fut annoncée, le , comme le décès de « Son Altesse Impériale » Louis Jérôme Victor-Emmanuel Léopold Marie Bonaparte, prince Napoléon[24].
Selon l'article 9 du sénatus-consulte du 18 mai 1804[Notes 5] et l'article 6 du sénatus-consulte du 7 novembre 1852[Notes 6], confirmé par l'article 8 de la constitution de 1870[Notes 7], les membres de la famille impériale portent le titre de « prince français », et le fils aîné de l'Empereur le titre de « prince impérial ». Ils reçoivent traitement d'« Altesse Impériale ». Quant aux membres de la famille civile, ils portent le titre de « prince » sans prédicat, excepté pour ceux ayant rang à la Cour et pour les aînés, titrés « Altesses »[24].
Joseph, Louis et Jérôme Bonaparte portent le titre de « roi », charge qu'ils exercent sous le règne de leur frère Napoléon Ier. C'est ainsi qu'on parle par exemple de la « reine Hortense » (Hortense de Beauharnais, épouse de Louis Bonaparte).
Les actuels chefs de famille portent le titre de « prince Napoléon » par tradition familiale remontant au prince Napoléon-Jérôme Bonaparte, titre qu'il a adopté avec l'accord de Napoléon III pour ne pas abandonner son prénom (Napoléon) et souligner sa qualité de « premier prince du sang »[24].
Les titres de courtoisies impériaux sont quant à eux inexistants, les rares pouvant être portés par les princes de la maison impériale étant d'origine étrangère : « prince de Montfort » (titre wurtembergeois, Jérôme Bonaparte), « comte de Moncalieri » (titre italien, prince Napoléon (Jérôme)), « prince de Canino et Musignano » (titre romain, Lucien Bonaparte, porté par l'aîné de sa branche). Le titre de « prince Murat » est une institution héritée du maréchal Joachim Murat, titré « prince français » par Napoléon Ier ; celui de « prince de Pontecorvo » est repris d'un titre souverain donné par Napoléon Ier au fils aîné de Joachim Murat et qui désigne aujourd'hui l'aîné (et héritier) du « prince Murat »[24].
Sous la Révolution française, la famille Bonaparte abandonne ses armes traditionnelles (qui sont : de gueules à deux barres d'or accompagnées de deux étoiles du même, une en chef, une en pointe). Avec la proclamation de l'Empire, Napoléon Ier choisit de nouvelles armoiries, reprenant les couleurs des armes de France (azur et or), mais en substituant aux trois fleurs de lis une aigle contournée[25], c'est-à-dire tournant la tête à gauche (ou senestre en héraldique), ce qui la différencie de la plupart des aigles des autres états européens, et empiétant un foudre.
Les princes de la famille impériale adoptent ensuite pour la plupart ces nouvelles armes, mais en ajoutant leurs chiffres personnels, c'est-à-dire l'initiale de leurs prénoms sur le foudre. Puis, ils portent les armes des états sur lesquels ils sont appelés à régner. Lucien Bonaparte et sa descendance conservent quant à eux les anciennes armes traditionnelles de la famille Bonaparte.
Sous le Second Empire, les armoiries de l'empereur des Français, Napoléon III, chef de la famille Bonaparte, sont dans un premier temps semblables à celles du Premier Empire selon un décret du , seul change le collier de grand maître de la Légion d'honneur. Puis apparaît dans le Bulletin des lois de juin 1853 une composition similaire à la précédente mais sans le heaume[26].
Le nom de la famille vient du fils du membre le plus ancien de la lignée, Guglielmo, notaire et fils de Gianfaldo, qui reçut le surnom de Pace Bonaparte et transmit ce dernier à sa descendance[27]. Dans les actes anciens qui furent recensés et mis en avant par les Bonaparte pour prouver leur noblesse, le nom de la famille était presque systématiquement Bonaparte, sans u avant le o, ni particule[28]. Sur l'acte de mariage de Charles-Marie Bonaparte, celui-ci est mentionné sous le nom de Carlo de Bonaparte (avec la particule mais sans le u avant le o). La plupart des familles nobles portant une particule en France ; même si la particule ne prouve pas la noblesse et que des familles nobles n'en portent pas, Charles-Marie Bonaparte préféra la porter et il fit donc enregistrer le nom de sa famille avec une particule puis il introduit le u devant le o afin de faire coïncider le nom de sa famille avec celui des Buonaparte de Florence. Ainsi, Napoléon, ses frères et sœurs, entrèrent dans les écoles de la noblesse française avec le nom de famille de Buonaparte. Le 8 mars 1779, alors qu'il était député de la noblesse de Corse à Versailles, Charles-Marie Bonaparte reçut une lettre avec un questionnaire de la part du juge d'armes Antoine-Marie d'Hozier de Serigny qui l'interrogeait sur son nom et à laquelle il répondit le jour même[29]. Pour justifier la particule et le u avant le o absents de la très grande majorité des actes anciens qu'il avait récupérés pour prouver sa noblesse, Charles-Marie Bonaparte pouvait mettre en avant deux faits : d'une part, un de ses ancêtres est cité sous le nom de Hieronimus de Buonaparte dans un des actes qu'il avait recensés pour faire reconnaître sa noblesse[30] ; d'autre part, les Bonaparte de Corse ayant cherché à se faire reconnaître comme parents par la famille « de Buonaparte » de Florence, censée être issue des Bonaparte de San Miniato, ils obtinrent cette reconnaissance de parenté (bien que celle-ci soit non prouvée jusqu'à ce jour) le 28 juin 1759[31],[Notes 8]. En abandonnant sous la Révolution la particule puis le u avant le o, les Bonaparte ne faisaient que reprendre l'orthographe traditionnelle du nom de la famille Bonaparte en Corse.
Depuis, bien que, comme cela se pratique dans les maisons souveraines régnantes, les actes d'état civil concernant les princes et princesses dynastes de la famille impériale ne comportèrent plus jusqu'en 1870 que les prénoms précédés du prédicat d'altesse impériale, à l'exclusion du nom patronymique, celui-ci n'en fut pas moins constamment revendiqué[32],[Notes 9] :
Deux branches non dynastes et extérieures à la maison impériale (la première est une branche illégitime, la seconde une branche féminine) ont conservé le patronyme Bonaparte : les Bonaparte-Patterson et les Bonaparte-Wyse.
Le point de convergence dans les ascendants de la maison impériale se trouve dans le mariage (07/06/1764 à Ajaccio) de Charles Marie Bonaparte (27/03/1746 à Ajaccio – 24/02/1785 à Montpellier) et de Maria Letizia Ramolino (24/08/1750 à Ajaccio – 02/02/1836 à Rome)[33], connue sous son titre semi-officiel de « Madame, Mère de l'Empereur[35] », abrégé en « Madame Mère ».
Parmi leurs enfants, les huit survivants (cinq garçons et trois filles) donnent naissance aux huit branches de la maison impériale :
Cette branche fondatrice est à la fois la plus prestigieuse, avec deux empereurs et deux impératrices, et à la fois la plus courte des branches dynastes, avec seulement quatre membres.
Cette branche naît avec Napoléon Bonaparte (15/08/1769 à Ajaccio – 05/05/1821 à Jamestown)[33], général de la République, Premier consul de la République, puis empereur des Français proclamé le . Il perd le pouvoir en , le retrouve brièvement en mars 1815 avant de le perdre définitivement en juin suivant.
Napoléon Bonaparte épouse le à Paris Joséphine de Beauharnais (23/06/1763 aux Trois-Îlets – 29/05/1814 à Rueil-Malmaison) qui devient impératrice à l'avènement de son mari. Le mariage de Napoléon et de Joséphine demeure stérile, cause de leur divorce le ; Joséphine devient alors impératrice douairière.
Napoléon Bonaparte se remarie le à Saint-Cloud avec Marie-Louise d'Autriche (12/12/1791 à Vienne – 18/12/1847 à Vienne), impératrice des Français jusqu'à la chute de l'Empire[33].
Il s'agit en fait de la branche aînée de la famille Bonaparte, rétrogradée cadette à la suite de l'avènement de Napoléon Ier, puis (de nouveau) branche aînée de 1832 à 1844. Elle se compose de cinq membres, Joseph Bonaparte, son épouse et ses trois filles. Éteinte en 1844 avec la mort de son seul représentant mâle, elle survit dans la branche non dynaste de Lucien grâce au mariage de la fille aînée avec un de ses cousins germains.
Cette branche commence (et se termine, dans les mâles) avec Joseph Bonaparte (07/01/1768 à Corte – 28/07/1844 à Florence), roi de Naples de 1806 à 1808 et roi d'Espagne de 1808 à 1813.
Il épouse Julie Clary (26/12/1771 à Marseille – 07/04/1845 à Florence) le à Cuges-les-Pins[33]. À la mort de Napoléon II en 1832, Joseph (re)devient l'aîné des Bonaparte et le chef de la famille impériale.
Du mariage de Joseph Bonaparte et Julie Clary naissent trois filles :
À la mort de Joseph Bonaparte en 1844, la branche s'éteint dans les mâles, mais le sang de ce dernier continue à couler dans les veines des enfants issus du mariage de Zénaïde Bonaparte. La branche de Louis Bonaparte lui succède à la tête de la famille impériale. Quant à celle de Joseph, elle s'éteint définitivement (dans les femmes) en 1854 avec la mort de la princesse Zénaïde Bonaparte en 1854.
Cette branche fournit à la France son troisième et dernier empereur avec Napoléon III. Comportant six membres, elle est l'aînée des branches de la famille impériale de 1844 à 1879.
Louis Bonaparte (02/09/1778 à Ajaccio – 25/07/1846 à Livourne) est le troisième frère de Napoléon Ier et le second dynaste ; il devient roi de Hollande de 1806 à 1810.
En 1802, Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, le pousse à se marier avec la fille de Joséphine de Beauharnais : Hortense de Beauharnais (10/04/1783 à Paris – 05/08/1837 à Salenstein)[33], ce qu'il fait le à Paris. À la mort de son frère aîné Joseph en 1844, Louis Bonaparte devient chef de la famille impériale pendant deux ans.
Le mariage forcé, et sans amour[36], de Louis Bonaparte et Hortense de Beauharnais donne trois fils :
Initialement privé de droits héréditaires par les articles 5[Notes 10], 6[40] et 7[Notes 11] du sénatus-consulte du 18 mai 1804[41], Jérôme Bonaparte, dernier frère de Napoléon Ier, et ses descendants sont réhabilités dans l'ordre dynastique par le sénatus-consulte du [42] : la branche de Jérôme Bonaparte devient ainsi branche aînée (et dernière survivante des branches dynastes), le ; la famille impériale actuelle en est issue.
Le troisième et dernier frère dynaste de Napoléon Bonaparte est Jérôme Bonaparte (15/11/1784 à Ajaccio – 24/06/1860 à Massy), qui devient roi de Westphalie de 1807 à 1813 et est titré prince de Montfort en 1816 par son beau-père le roi Frédéric Ier de Wurtemberg.
Jérôme Bonaparte se marie une première fois le à Baltimore à une Américaine, Elizabeth Patterson (06/11/1783 à Baltimore – 04/04/1879 à Baltimore), dont il a un fils :
Une fois le mariage de Jérôme Bonaparte et Elizabeth Patterson invalidé par Napoléon Ier, Jérôme Bonaparte est marié le à Paris à Catherine de Wurtemberg (21/11/1785 à Saint-Pétersbourg – 29/11/1835 à Lausanne). Il finira sa vie gouverneur des Invalides (à partir de 1848), maréchal de France (à partir de 1850) et président du Sénat en 1852[33].
Jérôme Bonaparte et Catherine de Wurtemberg donnent naissance à trois enfants :
Le prince Lucien Bonaparte (21/05/1775 à Ajaccio – 29/06/1840 à Viterbe) est le fondateur de la principale branche non dynaste ; il est tardivement (et de fait brièvement, en 1815) réintégré à la famille impériale par son frère, Napoléon Ier, sans pour autant retrouver sa place dans la succession impériale. Cette disgrâce dynastique est due à son deuxième mariage, en 1803, avec une veuve, Alexandrine de Bleschamp (23/02/1778 à Calais – 12/07/1855 à Senigallia), fortement critiqué par Napoléon Ier ; il avait d'abord été marié, en 1794, avec « Christine » Catherine Éléonore Boyer (03/07/1771 à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume – 14/05/1800 à Paris). Il reçoit en 1814 le titre de prince romain de Canino et de Musignano, titre pontifical, qui demeurera le titre de l'aîné de cette branche.
De son premier mariage (04/05/1794 à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume) avec « Christine » Catherine Éléonore Boyer (03/07/1771 à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume – 14/05/1800 à Paris), Lucien Bonaparte a quatre enfants :
Le second mariage (25/05/1803 à Paris) du prince Lucien Bonaparte avec Alexandrine Jacob de Bleschamp, mariage qui lui attire la colère de son frère Napoléon Ier, lui donne dix enfants :
Cette branche est issue de la princesse Élisa Bonaparte, la seule des sœurs de Napoléon qui exerça un réel pouvoir politique ; elle s'éteint à la deuxième génération.
Élisa Bonaparte (03/01/1777 à Ajaccio – 07/08/1820 à Trieste), première sœur de Napoléon Ier, faite princesse de Lucques et de Piombino en 1805 puis grande-duchesse de Toscane en 1809 (titre honorifique[45]). Elle épouse (01/05/1797 à Marseille) Félix Baciocchi (18/05/1762 à Ajaccio – 27/04/1841 à Bologne), prince de Lucques et de Piombino en 1805, général d'Empire, homme politique et sénateur, dont elle a cinq enfants :
Cette branche est la plus courte de toutes puisqu'elle s'éteint dès la première génération.
Pauline Bonaparte (20/10/1780 à Ajaccio – 09/06/1825 à Florence), deuxième des trois sœurs de Napoléon Ier, et préférée de celui-ci, épouse (14/06/1797 à Mombello) en premières noces le général Charles Victoire Emmanuel Leclerc (17/03/1772 à Pontoise – 02/11/1802 à Cap-Haïtien), mort en 1802 à la tête de l'expédition de Saint-Domingue, destinée à rétablir l'ordre et la souveraineté de la France sur Haïti en étouffant par les armes les esclaves révoltés, menés notamment par Toussaint Louverture.
De ce premier mariage, elle a un fils :
Veuve, Pauline Bonaparte se remarie (06/11/1803 à Mortefontaine) avec le prince romain Camille Borghèse (15/07/1775 à Rome – 10/04/1832 à Florence), sans postérité. Pauline obtient de son frère Napoléon Ier la principauté de Guastalla. Pauline disparaît en 1825, suivie sept ans plus tard par son mari, dont la mort entérine l'extinction de cette branche.
Cette branche donne naissance à la lignée des princes Murat et des princes de Pontecorvo.
Tout commence avec le mariage le à Mortefontaine de la princesse Caroline Bonaparte (25/03/1782 à Ajaccio – 18/05/1839 à Florence) avec le général Joachim Murat (25/03/1767 à Labastide-Murat – 13/10/1815 à Pizzo), maréchal de France dès 1804. Ils forment de 1806 à 1808 le couple grand-ducal de Berg et de Clèves avant de devenir le couple royal de Naples de 1808 à 1815.
Ensemble, ils ont quatre enfants, qui leur donnent une descendance très nombreuse (plus de 600 personnes) :
La sixième génération, qui descend au cinquième degré de la princesse Caroline Bonaparte, est la dernière appartenant à la maison impériale selon le statut de 1806. À la mort de son dernier représentant, la branche Murat de la maison impériale sera éteinte ; cependant, la famille Murat, se réclamant Altesse royale de par sa qualité de maison royale de Naples, a une existence tout à fait indépendante de son appartenance statutaire à la maison impériale.
La première querelle dynastique éclate à la suite de la mort du prince impérial Louis-Napoléon Bonaparte, fils unique de Napoléon III, le . Par un codicille ajouté à son testament, daté du [46], l'héritier du dernier empereur à avoir régné sur la France désigne pour lui succéder le prince Victor Napoléon (1862-1926), son cousin au 6e degré, petit-fils de son grand-oncle, le roi Jérôme Bonaparte :
« Les devoirs de notre maison envers le pays ne s'éteignent pas avec ma vie ; moi mort, la tâche de continuer l'œuvre de Napoléon Ier et de Napoléon III incombe au fils aîné du prince Napoléon [...][47]. »
Par ce document, l'héritier légitime (selon la constitution de l'Empire), le prince Napoléon-Jérôme, fils du roi Jérôme Bonaparte et cousin au 5e degré du prince impérial Louis-Napoléon Bonaparte, est privé de facto de ses droits dynastiques au profit de son fils, Victor Napoléon, alors âgé de 17 ans. Cette mise à l'écart est due aux convictions radicales trop souvent exprimées par le prince Napoléon-Jérôme sous le règne de son cousin germain, Napoléon III, mais aussi à son outrancière opposition à l'impératrice Eugénie, à ses déplaisantes manœuvres après la mort de l'Empereur et à son incapacité, selon le prince impérial, à rassembler les bonapartistes autour de son nom[48].
Dans un premier temps, le testament du prince impérial Louis-Napoléon Bonaparte est ignoré, et le mouvement bonapartiste se range derrière l'héritier légitime mais les dissensions ne s'effacent pas pour autant. D'un côté, les chefs politiques du bonapartisme ont fait le choix de l'alliance avec les royalistes et les cléricaux dans une union conservatrice clairement ancrée à droite ; de l'autre côté, le nouveau chef de la famille impériale défend des convictions avancées, prônant un bonapartisme plus populaire, plus à gauche, proche du républicanisme. Ainsi, en novembre 1879, aux élections sénatoriales en Charente, le Prince Napoléon-Jérôme soutient le candidat Raoul-Duval (bonapartisme populaire) face au maréchal François Certain de Canrobert (bonapartisme clérical), ce dernier l'emportant. Une fronde commence dès lors à s'esquisser, notamment initiée par Paul de Cassagnac et Jules Amigues, bientôt rejoint par le cardinal Henri de Bonnechose (bonapartistes catholiques) et Eugène Rouher[49].
Dès 1880, la désintégration du parti est consommée à la suite des propos du prince Napoléon-Jérôme se déclarant favorable à l'expulsion des Jésuites, et opposé à l'alliance avec les monarchistes et les conservateurs. Tandis que la fronde menée par Paul de Cassagnac et Jules Amigues s'amplifie, l'aile gauche du bonapartisme se rallie à la Troisième République et l'aile droite au royalisme[49]. Très rapidement abandonné par les grandes figures du mouvement, l'héritier légitime se retrouve minoritaire. Le bonapartisme se divise dès lors entre jérômistes (minoritaires, bonapartistes républicains et sociaux) et victoriens (majoritaires, bonapartistes dynastiques et conservateurs). L'unité a tenu à peine une année.
Le prince Napoléon-Jérôme et le prince Victor Napoléon s'opposent alors, parfois violemment[50], jusqu'à la mort du premier, le . Par son testament, il déshérite son fils :
« Je ne laisse rien à Victor, mon fils aîné, c'est un traître et un rebelle, sa conduite me cause une grande douleur et un profond mécontentement. Je ne veux pas qu'il assiste à mes obsèques[51]. »
Il fait ainsi de son fils cadet, Louis Bonaparte (1864-1932), « le représentant de la cause des Napoléon […] ». Cependant, Louis, officier en Russie, ne désirant pas cette charge, et le testament étant contraire à la loi française, celui-ci est annulé. Avec le soutien de son frère, Louis, de sa sœur, Lætitia Bonaparte (également déshéritée), et de sa mère, la princesse Clotilde de Savoie (elle aussi écartée de la succession), Victor Napoléon, désormais « prince Napoléon », devient le chef légitime et incontesté de la famille impériale et l'unique incarnation du bonapartisme, un mouvement en partie désintégré à cause de cette querelle dynastique doublée d'un différend idéologique[52].
La seconde querelle dynastique s'est ouverte en 1997 et n'est pas encore résolue. Elle se déclenche après la mort du prince Louis Napoléon (1914-1997), fils du prince Victor Napoléon, le , et l'ouverture de son testament par Me Jean-Marc Varaut, le 2 décembre suivant[53]. En effet, tout comme le prince impérial Louis-Napoléon Bonaparte avait déshérité en 1879 le prince Napoléon-Jérôme, grand-père de Louis, ce dernier déshérite également, par voie testamentaire et uniquement en ce qui concerne la succession dynastique, l'héritier légitime de la famille impériale, en l'occurrence son fils, le prince Charles Napoléon, dont il désapprouvait à la fois le divorce en 1989, le remariage en 1996 et les convictions politiques : républicain, étiqueté à gauche et autonomiste corse[54]. Louis, prince Napoléon, désigne pour lui succéder son petit-fils, Jean-Christophe Napoléon, le fils de Charles Napoléon, alors âgé de 11 ans.
Pour accomplir cet acte, le prince Louis s'appuie sur plusieurs sources juridiques du droit impérial :
« [Le chef de famille est] autorisé par le Sénatus-consulte du 7 novembre 1852, le Statut de la famille impériale du 21 juin 1853[55] et la Tradition à désigner dans certaines hypothèses, notamment par application de l'article 4 du Statut, l'héritier dynaste dans la famille impériale pour succéder à la dignité impériale [...][56]. »
Il invoque ici l'article 6 du Sénatus-consulte de 1852 qui stipule que :
« [les membres de la famille impériale] ne peuvent se marier sans l'autorisation de l'empereur. Leur mariage fait sans cette autorisation emporte privation de tout droit à l'hérédité [...][57]. »
Ainsi que l'article 4 du statut de 1853 qui ajoute que :
« Le mariage des membres de la famille impériale […] sera nul de plein droit, et sans qu'il soit besoin de jugement, toutes les fois qu'il aura été contracté sans le consentement formel de l'Empereur[58]. »
Enfin, il fait référence à la Tradition, rappelant ici le précédent de 1879 où le testament du prince impérial Louis-Napoléon Bonaparte avait été majoritairement approuvé et considéré comme valide (une fois l'union autour du prince Napoléon-Jérôme consommée)[49]. Mais cette invocation de l'Histoire de la dynastie ne doit pas occulter que le prince Louis fonde la légalité de son acte sur l'application des dispositions constitutionnelles relatives au mariage des membres de la famille impériale.
Bien que républicain et donc étranger aux querelles dynastiques (selon ses propres termes), le prince Charles Napoléon conteste le testament de son père Louis et estime être le chef légitime de la famille impériale, invoquant les lois actuelles de la République française concernant le divorce pour invalider un testament bâti sur les lois et statuts de l'ère impériale[53]. Charles Napoléon a également toujours affirmé que cette querelle ne troublerait en aucun cas ses relations avec son fils, Jean-Christophe Napoléon, chef de famille désigné. Cette querelle ne divise pas profondément les bonapartistes, devenus très minoritaires dans le paysage politique français : les bonapartistes dynastiques, ultra-minoritaires, reconnaissent Jean-Christophe Napoléon comme prétendant au trône, Charles Napoléon déclarant de toute manière ne pas l'être ; quant aux bonapartistes républicains, ils se désintéressent d'une question de droit héréditaire et de l'identité du chef de famille[59].
La princesse Alix de Foresta, veuve du prince Louis est la principale représentante de la famille impériale[60], ayant exercé comme une sorte de régence durant la minorité de son petit-fils Jean-Christophe Napoléon. Depuis quelques années maintenant, on voit le prince Jean-Christophe dans la plupart des commémorations napoléoniennes[61],[62],[63],[64], en qualité de prince Napoléon, en application des dispositions testamentaires de son grand-père. Charles Napoléon, quant à lui, publie régulièrement des ouvrages sur son illustre ancêtre.
L'ordre de succession au trône impérial de France se résume aujourd'hui à seulement deux personnes : Louis Napoléon, né en 2022, fils de Jean-Christophe Napoléon, actuel chef de famille, et Jérôme Napoléon, né en 1957, grand-oncle du précédent.
Les chefs de famille ayant régné sur la France sont indiqués en gras alors que ceux qui n'ont pas prétendu au rétablissement du trône impérial sont indiqués en italique.
Les titres portés actuellement par les membres de la famille Bonaparte sont des titres de courtoisie. Ils sont traditionnellement admis mais n’ont aucune existence juridique, le « chef de la maison impériale » n’ayant pas, au regard des lois de la République, la faculté d’octroyer des marques d’honneur et de distinction ou des titres.
Portrait | Nom | Période | Notes |
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Napoléon Ier Napoléon Bonaparte (15/08/1769-05/05/1821) | 1804 – 1821 | Proclamé empereur des Français le , il abdique une première fois le avant de revenir sur le trône, le ; il est de nouveau contraint d'abdiquer le . Il finit sa vie en exil, sur l'île de Sainte-Hélène. | |
Napoléon II Napoléon François Joseph Charles Bonaparte (20/03/1811-22/07/1832) | 1821 – 1832 | Brièvement proclamé empereur des Français après chaque abdication de son père, il doit laisser le trône à Louis XVIII. Il finit ses jours en Autriche, sous le titre de duc de Reichstadt, sans jamais avoir pris la tête du mouvement bonapartiste. | |
Joseph Bonaparte Joseph Napoléon Bonaparte (07/01/1768-28/07/1844) | 1832 – 1844 | Frère aîné de Napoléon Ier, il devient, à la mort de son neveu, l'Aiglon, le chef légitime de la famille impériale. Cependant, il ne revendique pas le trône et ne prend pas la tête du mouvement bonapartiste. | |
Louis Bonaparte Louis Napoléon Bonaparte (02/09/1778-25/07/1846) | 1844 – 1846 | Frère cadet de Napoléon Ier, il devient, à la mort de son frère, Joseph, le chef légitime de la famille impériale. Tout comme son prédécesseur, il ne revendique pas le trône et ne prend pas la tête du mouvement bonapartiste. | |
Napoléon III Charles Louis-Napoléon Bonaparte (20/04/1808-09/01/1873) | 1846 – 1873 | Fils de Louis Bonaparte, il est élu président de la République le puis mène un coup d'État en 1851, rétablissant l'Empire l'année suivante. Son pouvoir s'écroule après la défaite de Sedan face à la Prusse en 1870. | |
Louis-Napoléon Bonaparte Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte (16/03/1856-01/06/1879) | 1873 – 1879 | Prince impérial, fils de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, il succède à son père en 1873 avant de mourir six ans plus tard, en Afrique du Sud ; les bonapartistes le reconnaissaient sous le nom de Napoléon IV. | |
Napoléon-Jérôme Bonaparte Napoléon Joseph Charles Paul Bonaparte (09/09/1822-17/03/1891) | Querelle dynastique 1879 – 1891 | Fils de Jérôme, dernier frère de Napoléon Ier, le testament du prince impérial le prive de ses droits héréditaires, mais, aîné des Bonaparte et prince Napoléon, il s'estime chef légitime de la famille impériale. Ses quelques partisans monarchistes le reconnaissent comme Napoléon V. | |
Victor Bonaparte Napoléon Victor Jérôme Frédéric Bonaparte (18/07/1862-03/05/1926) | Fils du prince Napoléon (Jérôme) et de la princesse Clotilde, il est désigné par le testament du prince impérial pour lui succéder. Il se réclame activement chef de la Maison impériale de France à partir de mai 1884, après avoir rompu avec son père. Ses partisans, majoritaires parmi les bonapartistes, le reconnaissent alors comme Napoléon V. | ||
Victor Napoléon Napoléon Victor Jérôme Frédéric Bonaparte (18/07/1862-03/05/1926) | 1891 – 1926 | À la mort de son père, il devient le chef légitime et incontesté de la famille impériale, héritant du titre de prince Napoléon. | |
Louis Napoléon Louis Jérôme Victor Emmanuel Léopold Marie Bonaparte (23/01/1914-03/05/1997) | 1926 – 1997 | Fils du prince Victor et de la princesse Clémentine, il succède à son père en 1926 et préside aux destinées de la famille impériale pendant 71 ans. Certains bonapartistes dynastiques peuvent le considérer comme Napoléon VI. | |
Charles Napoléon Charles Marie Jérôme Victor Napoléon Bonaparte (19/10/1950) | « Querelle dynastique » depuis 1997 | Fils du prince Louis, le testament de son père le prive de ses droits dynastiques ; il se considère comme l'aîné des Bonaparte, sans être toutefois prétendant au trône par conviction républicaine. Il reconnaît son fils comme légitime chef de la Maison impériale, sans jamais l'avoir cependant déclaré par acte officiel. | |
Jean-Christophe Napoléon Jean-Christophe Louis Ferdinand Albéric Napoléon Bonaparte (11/07/1986) | Petit-fils du prince Louis et fils du prince Charles, il devient chef de la famille impériale en 1997 par le testament de son grand-père. Les bonapartistes dynastiques le reconnaissent comme Napoléon VII, ou Napoléon VIII voire Napoléon IX si Napoléon-Jérôme et Charles sont intégrés dans le décompte. |
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