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commissaire de police et Résistant français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pierre Fournera, né le à Perpignan, et mort le , fusillé par les Allemands au camp de Souge en Gironde, est un résistant français, membre des services de renseignement militaire français (SSMF-TR[1]) et du réseau Morhange. Commissaire de police judiciaire à Toulouse, il y est arrêté par la Gestapo et déporté à Dachau[2] par le train fantôme. Il meurt à l'âge de 27 ans, fusillé par les nazis à Martignas-sur-Jalle, en tant qu'otage déporté du train fantôme.
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Orphelin de père, Pierre Fournera est né le à Perpignan où il grandit avec sa mère chez son beau-père René Beille.
Après des études de droit à l'université de Montpellier (où il vit chez son oncle Fournera (chef de division), passe son diplôme d Avocat et sera enterré) il s'engage dans l'armée le , en tant qu'élève officier. Il devient alors membre des Services de Renseignement de l'Armée (SR) jusqu'en 1941[3]. Affecté a la Compagnie Radio 75 du 28e Génie de la région méridionale (Toulouse, Perpignan, Montpellier)[4], il rejoint Toulouse en 1940[5]. En , il est nommé commissaire de police stagiaire à la huitième brigade régionale de police mobile de Toulouse, poste auquel il a candidaté, en 1939, au début de la guerre[6]. Il fera toute sa carrière de policier au sein de cette brigade régionale mobile; brigades rendues célèbres par la série Tv "Les Brigades du Tigre"; créées par Georges Clemenceau et considérées comme l’ancêtre de l'actuelle police judiciaire française. Sous l occupation, les "mobilards" de la police judiciaire de Vichy doivent alors faire face à une nouvelle génération de malfaiteurs, dont bon nombre font leurs armes au service de la gestapo[7].
Sous l'Occupation, le commissaire Fournera exerce ses fonctions de policier, dans un premier temps, au sein des services des menées antinationales avec Lucien Cezera[8]. Ces services spéciaux de la Zone libre avaient pour particularité de lutter à la fois contre les espions allemands de l'Abwehr et la Résistance[9]. Dans le cadre de ses fonctions, le commissaire Fournera est ainsi amené à arrêter, en 1942, à Toulouse, Charles Leoni, un des agents travaillant pour les Nazis[10] et des Résistants comme Vincent Auriol[11].
Le Service des Menées Antinationales (MA) est placé directement sous l'autorité du ministère de la Guerre avec la mise en place d'un bureau MA au sein du cabinet du ministre[12].
En 1940, la convention d'armistice stipule la dissolution des services de renseignement et de contre-espionnage, connus sous le nom de Deuxième (et cinquième) Bureau. Le général Weygand (ministre de La Défense) veille cependant, avec Louis Baril, à ce que ces services poursuivent leurs activités[13]. En 1941, la section militaire de centralisation du renseignement devient ainsi service des menées antinationales (MA) et les BCR deviennent Bureaux des menées antinationales (BMA) qui tiennent à jour la liste des arrestations et des condamnations[14] des agents à la solde de l’étranger, le plus souvent travaillant pour le compte de l’Axe[15](637 agents allemands sont arrêtés en zone libre et en Afrique du Nord, donnant lieu à 119 condamnations à mort prononcées par les tribunaux militaires de la zone libre), mais également des Gaullistes et surtout des Communistes contre lesquels ils luttent plus intensément depuis le pacte germano-soviétique[16],[17]. Le gouvernement Daladier interdit ainsi la presse communiste dès le 26 août 39, puis dissout le Parti communiste le 26 septembre 1939, à la suite du pacte germano-soviétique. Dès l'automne 1940, la police française se charge ainsi de la répression des militants communistes, considérés depuis le pacte germano-soviétique d'août 1939 comme des " traîtres " à la patrie.
Les pouvoirs des Bureaux des Menées Antinationales (BMA) sont considérables. Dirigés par le colonel d'Alès, sous l'autorité de Louis Rivet, ces services de Contre Espionnage(CE) défensifs combattent les sabotages, les propagandes de tous bords en délivrant aux policiers des demandes d’enquête[18].
En septembre 1941, les missions de contre-espionnage sont légalement restituées à la police nationale (la police parallèle du Centre d'informations et d'études de Georges Groussard ayant été officiellement dissous par les allemands[19], en décembre 1940) et dirigées par Hernri Rollin[20], sous l'autorité de Pierre Pucheu, qui luttent contre l'occupant en zone libre[21] et font relâcher des résistants, non communistes, comme Marie-Madeleine Fourcade, Bertrande d'Astier de la Vigerie (nièce d'Emmanuel d'Astier de La Vigerie), ou Serge Ravanel[22]. Ayant été arrêté par le Centre d Information et d Études en 1940, Pierre Laval une fois au pouvoir, supprime toutes les polices parallèles dirigées par Pucheu. Le 9 juin 1942, une circulaire crée ainsi, au sein de la Police nationale, une section chargée de la répression des menées antinationales, dans chaque service régional de police judiciaire. À Toulouse, Pierre Fournera est alors considéré comme le commissaire des Menées Antinationales[23].
Chaque Bureau officiel Menées Antinationales camoufle enfin des postes clandestins de services de renseignements[24], œuvrant pour la Résistance, dissimulés sous le nom de société des Travaux Ruraux dirigée par Paul Paillole et Roger Lafont; considérés comme des services de contre espionnage (CE) offensifs[25],[26]; les autres opérations clandestines étant conduites par le réseau Kléber du lieutenant Perruche.
Les relations entre ces services spéciaux de l'armée et la police sont cependant relativement complexes, comme le démontre le cas de Jean Bernolle. Cet ancien policier, qui travaille désormais pour les allemands, est ainsi arrêté, en 1942, à Toulouse par le commissaire Robert Blémant (alors esponsable du service action des travaux ruraux (Service de renseignement)). En tant qu indicateur du ministère de l intérieur, Jean Bernollle est toutefois relâché, à la demande de René Bousquet, responsable de la police de Vichy, et contre l avis de Paul Paillole et du général Georges Revers, responsables des travaux ruraux, sous les ordres de qui il a été arrêté.
En février 1943, à la suite de la dissolution des Bureaux des menées antinationales par les allemands en 1942 (BMA)[27] et l'invasion de la zone libre, les demandes de mutation du commissaire Fournera au sein des Renseignements généraux de Montpellier, puis de Pau lui sont refusées par le régime de Vichy.
Avant qu’il ne soit nommé, en 1944, responsable local de la police judiciaire et chef de la sûreté du territoire de la région de Toulouse, Pierre Fournera entre alors, en juin 1943, grâce à Louis Pélissier, dans le service action du réseau Morhange. Créé par Marcel Taillandier, ce réseau est considéré comme GiraudisteHenri Giraud. Depuis l Opération Torch, il est en partie financé par l Office of Strategic Services et dirigé depuis Alger par Paul Paillole[28], devenu responsable du bureau de renseignements et d'action d'Alger (BRAA), sous l'autorité du général Giraud[29].
L'historien de la Police, Luc Rudolph (officier de la Légion d'honneur) précise cependant qu'avant d'appartenir au réseau Morhange, Pierre Fournera s'est engagé dans la résistance au sein du réseau Seigle, avec notamment les inspecteurs Beringuier et Rieutord qui travaillent avec lui au commissariat rempart Saint Étienne[30], ainsi que certains gendarmes de Samatan qui rejoindront plus tard le Maquis de la Grésigne, du groupe Vendôme, en relation avec le réseau morhange. Le réseau Seigle est créé par lui-même Heutebize(qui sera déporté), François Bistos (le fondateur du réseau Andalousie) et l'inspecteur René Schaeffer qui travaille avec les BMA et fait partie du réseau Andalousie de la Confrérie Notre-Dame[31]. Ce sous-réseau de renseignement, composé uniquement de policiers, travaille également avec le réseau Morhange. Il appartient au réseau Andalousie créé par François Bistos de la Confrérie Notre-Dame qui est appelé Réseau CND Andalousie. Le réseau a aussi une grosse activité de contre-espionnage, d'identification des agents allemands (Abwehr et Sicherheitdienst). D'une part pour protéger les maquis et d'autre part pour former des organisation de résistance, capables en cas de départ des allemands de s'attaquer aux réseaux allemands sur le territoire français. La détection des hommes à la solde de l'ennemi, se fait par enquête policière et filatures. Les résultats sont compulsés dans un fichier avec, si possible, adresse et photos. Le réseau reçoit également des parachutages et est ainsi en mesure d'armer des groupes de destruction, dont le réseau Morhange.
Selon Luc Rudolph, le réseau Seigle sera dissout à la suite de l'arrestation d'une partie de ses membres par la Gestapo(en juin 1944?)[32]. Dans une déposition de 1948, François Bistos précise cependant que ce réseau rattaché au réseau Andalousie, aurait permis de détecter la présence de la 2e division SS Das Reich dans le sud ouest de la France. Sitôt les blindés découverts à la gare de Montauban, un câble, daté du 1er avril 1944 est adressé à Londres.
Outre son activité de renseignement, le réseau dispose d'un service de faux-papiers des plus perfectionnés grâce à la collaboration d'imprimeurs toulousains dont les frères Lion[31].
En novembre 1943, après l'arrestation du capitaine Gaston de Bonneval[33] du poste toulousain des Travaux Ruraux (TR117[34]), le réseau Morhange remplace le Service clandestin de Renseignement (SR "Rose" du réseau des Fleurs créé par Pierre Fourcaud) qui lutte contre l'Occupant, avec les moyens des services des Menées Antinationales(MA), sous le nom de société des Travaux Ruraux (TR)[35]. Le groupe Morhange est alors considéré comme un réseau appartenant aux Services de sécurité militaire (SSMF-Travaux Ruraux)[36] de la Direction générale des services spéciaux de Georges Ronin, qui remplace les Bureaux des Menées Antinationales (BMA) après leur dissolution par les Allemands[37],[38]. Son siège est situé au château de Brax, en Haute-Garonne, où les archives des Services de renseignements (SR) de l'armée ont été transférées après la défaite de 1940[39].
Le réseau Morhange est notamment composé de policiers qui, comme Fournera, jouent double rôle[40]. Ils ont pour mission de faire du contre-espionnage en éliminant les traîtres, tout en infiltrant les organes de la Collaboration[41]. Au total, 93 agents de l'Abwehr, de la Gestapo et des « traîtres » sont exécutés par le groupe. En relation directe avec le poste TR 125 de BARCELONE, le réseau organise également un véritable système afin de cacher les personnes recherchées et leur faire traverser les Pyrénées pour se rendre en Espagne.
Plusieurs membres du réseau morhange travaillent avec Fournera, à la 8e Brigade régionale de Toulouse. Son chef, le commissaire divisionnaire germain Subra, est déporté avec Fournera, par le train fantôme (il meurt au camp de concentration de Dachau). L inspecteur Léo Hamard est arrêté, torturé et tué par les nazis. L inspecteur Jacques Combatalde parvient à s évader de la prison Saint Michel de Toulouse. Les inspecteurs Beringuier et Rieutord rejoignent le maquis de morhange à Querigut en juin 1944.
Pierre Fournera est alors décrit comme un élément intelligent, au jugement sain et faisant preuve d'allant dans ses actions[4]. Il se jette à corps perdu dans la Résistance[42] en rendant des services importants au réseau Morhange[43]. Il est relation directe avec le Noyautage des administrations publiques(réseau NAP[44]), André Poniatowski du bureau de renseignements et d'action d'Alger (BRAA) et le réseau Kléber. Le 22 novembre 1943, avec les inspecteurs de police Beringuier et Rieutord (des réseaux Seigle et Morhange) qui travaillent directement sous ses ordres au commissariat du Rempart Saint-Étienne de Toulouse, il élimine Senac, après l'avoir arrêté et incarcéré sous un faux prétexte (lettre de dénonciation fictive de détention de poste-émetteur)[45]. Agent infiltré dans le service de renseignement des Mouvements unis de la Résistance, Senac est à l'origine de l'arrestation du chef de résistance toulousaine François Verdier[46].
Extrait du rapport sur l'affaire Senac envoyé à Alger : « Nous avons vu Senac sortir de l'auto qui l'avait amené avec Fournera et trois inspecteurs, enchaîné à l'un de ceux-ci avec une paire de menottes. Nous sommes immédiatement allés à leur rencontre, braquant sur eux nos mitraillettes, et X-1 a ordonné: « Haut les mains! Police allemande!» Ainsi que « Sénac », les inspecteurs ont obéi, et selon ce qui était convenu, Fournera a discuté avec X-1 pour donner le change, mais X-9 a poussé « Sénac » et l'inspecteur auquel il était lié dans l'intérieur de la voiture. Dès qu'ils ont été embarqués, nous avons démarré en vitesse devant des gens qui se sont affolés en nous entendant tirer des rafales de mitraillette qui ne pouvaient faire de mal qu'aux nuages, tandis que Fournera et les deux autres inspecteurs ouvraient le feu sur nous pour la frime. Afin de leur permettre de prétendre qu'ils avaient blessé l'un des nôtres, nous avons balancé sur la chaussée du sang de poulet. Une fois à bonne distance, nous avons libéré l'inspecteur des menottes qui l'attachaient à « Sénac » et l'avons abandonné sur la route, étant entendu qu'il prétendrait avoir été chloroformé. Nous avons poursuivi notre chemin jusqu'au P.C., où « Sénac » a été interrogé, passant rapidement aux aveux devant les preuves que nous détenions. Ses déclarations nous ont confirmé qu'il s'agissait d'une grosse prise, et la mesure D lui a été appliquée »[47].
Le 2 janvier 1944, dans l'affaire des courriers de Nice, Pierre Fournera fait également partie, avec sa Peugeot 202, de l'équipe Morhange qui élimine, à Deyme, au carrefour des Monges, l’Obersturmführer Messak. Les documents saisis dans la serviette de Messak contiennent un organigramme de la Gestapo de Toulouse, ainsi que la liste des Français travaillant pour les Allemands qui seront transmis à Alger au colonel Paillole[48]. En 1944, Fournera remplace enfin le policier Pierre Salettes de l'Armée Secrète, X14 dans le réseau Morhange, qui est contraint d'entrer en clandestinité et de rejoindre le Maquis de la Grésigne, du groupe Vendôme, en relation avec le réseau morhange
En juin 1944, les Nazis découvrent le double jeu que mène le commissaire Fournera[49]. Arrêté par la Gestapo, il est incarcéré à la prison Saint-Michel le 5 juin 1944[50] avec notamment le colonel Joseph Guillot (chef R3 de l'ORA), qui fut fusillé par les Allemands dans le bois de la Reulle, avec ses camarades de l’ORA des Pyrénées-Orientales Noël Pruneta et Pierre Cartelet, après avoir été arrêté le 11 mai 1944 lors d’une réunion avec André Barbier ou André Champagne, évadé du train Fantôme le 18 août 1944[51].
Le 30 mai 1944, dix résistants du groupe Vira (de Raymond et Achille Viadieu) sont arrêtés au café de la Poste (rue de Rémusat) à Toulouse. Ils seront tous déportés par le train fantôme avec Fournera.
Alors qu'il parvient à prendre la fuite, le 1er juin à 10 heures, Pierre Fournera demande à son chauffeur, François Gaubert, de prendre en voiture son épouse qui sera arrêtée, sur la route, avec sa femme de ménage[52]. Se sachant recherché, depuis le 26 mai 1944, date de l'arrestation des membres du groupe franc du mouvement Combat de Jacques Renouvin, dirigé par Claude Charvet de l Armée Secrète et Marcel Joyeux (Joly[53]) des GF (groupes francs) et du réseau morhange[54], il tente de se réfugier en Espagne, via Portbou; pendant que ses camarades, les inspecteurs Beringuier et Rieutord parviennent à rejoindre le maquis du réseau Morhange à Quérigut[55], le .
Personne ne sait exactement qui l'a dénoncé. Certains historiens considèrent qu'il s'agit du policier de Montauban, Pujol[56], un résistant retourné par la Gestapo (le 26 mai 1944) à l'origine de plusieurs arrestations[57], qu'Achille Viadieu (X2 du réseau Morhange) tenta d'éliminer, avec Jacques Combatalade (x5), lors d'une opération qui lui coûta la vie le 2 (ou 3) juin 1944 (légende de Jacques Combatalade)[58]; d'autres évoquent le nom de Sicard: commissaire à la DST qui a séjourné à la rue Lauriston, il est condamné à 3 ans de prison par le TGI de Millau pour trafic d or, puis relaxé; ou encore Heim, un secrétaire de l'intendant de police Danglade[59]. Incarcéré à la prison saint Michel, Heim sera par la suite torturé et reconnu invalide à 106%[60]. Les intendants de police constituent un corps nouveau dont la création s’accompagne d’une lutte entre le corps préfectoral et les commissaires de police, chacun estimant que cette nouvelle fonction lui revient de droit[61]. Pierre Marty, comme Hornus, seront condamnés a mort et exécutés à la Libération. Quant au colonel Danglade il travaille directement sous les ordres de René Bousquet (originaire de Toulouse, également épargné à la Libération). Il est qualifié de "salopard de collabo" par Robert Terres du poste des TR 117 de Toulouse[62]. Pierre Saint-Laurent (x16 du réseau morhange) explique même que Danglade lui demande de l'exécuter à la Libération[63].
Des doutes subsistent enfin quant à la voiture utilisée lors de l'élimination en 1943 de Barthelet, l’intendant de police de la région de Toulouse, du même modèle que celle de Fournera (une Peugeot 202, immatriculée 3556 FS 6)[64]. Il convient cependant de préciser à ce sujet que selon le résistant Claude Levy, ce n'est pas le réseau Morhange, mais les résistants FTP-MOI qui ont éliminé l'intendant de police Barthelet[65]. Le résistant communiste précise par ailleurs qu'en décembre 1943, il est interrogé violemment dans les locaux de l'intendance de police de Toulouse, non pas par Heim, mais par Fournera[66], avec qui il sera déporté par le train fantôme[67]; convoi dont il parvient à s'évader comme Heim (et/ou Raymond Renard); et contrairement à Pierre Fournera que les Nazis fusilleront avant leur "évasion". A Toulouse, des attentats commis par les ftp moi communistes, comme celui organisé le 2 mars 1944 par Wiktor Bardach dans un cinéma, sont à l'origine de victimes uniquement civiles.
Selon d'autres historiens[68], Pierre Fournera est arrêté par les Nazis car il est chargé par Marcel Taillandier de jouer les intermédiaires entre le réseau Morhange et le commissaire divisionnaire toulousain Germain Subra (arrêté dans un train vers Perpignan le 6 juin)[69]. Il faut dire qu au commissariat saint Etienne de Toulouse, c'est Pierre Fournera qui est considéré comme l émissaire du réseau morhange [70] Pressentant son destin tragique, le beau-père de Fournera, le lieutenant René Beille (officier de la Légion d'honneur et croix de guerre avec sept citations) se résout à tenter de le libérer de la prison Saint-Michel, en écrivant à Joseph Darnand[71] qui avait servi sous ses ordres au 366e régiment d'infanterie, pendant la Première Guerre mondiale, avant qu’il ne soit grièvement blessé et qu'il n'avait pas revu depuis[72]. Dans ces courriers datés du 15 et 17 juin, on découvre que, probablement pour justifier sa demande de libération, Fournera aurait été incarcéré, à l'issue d'une vague d'arrestations de notables toulousains (comme Mgr Saliège ou Jean Baylet, membre du jury qui acquitte René Bousquet en 1949[73])[74] effectuées par les Allemands le 9 juin, après le débarquement de Normandie[75].
Les rapports de police du Commissaire Llaury, le remplaçant de Fournera, datent cependant son arrestation au 1er juin, le jour de sa disparition.
Plusieurs membres du réseau Morhange seront incarcérés avec Fournera à la prison Saint-Michel. De la 8e brigade Mobile de Toulouse (ou travaille le commissaire Fournera) L'inspecteur Jacques Combatalade parviendra a s'évader de prison et le commissaire divisionnaire Germain Subra sera déporté avec Fournera à Dachau, par le train fantôme. Quant aux autres policiers Marcel Mercier et Marcel Joyeux, ils seront fusillés par les allemands, dans le bois de la Ruelle, peu avant le départ du train fantôme.
Le , Pierre Fournera est déporté par le train fantôme avec plusieurs membres des Travaux Ruraux[76] et environ 50 prisonniers politiques de la prison Saint Michel[77]. Son nom figure pourtant sur une liste de personnes à déporter, non pas à Compiègne, mais au Fort de Romainville pour le fusiller[78], ce qui fera dire à certains que Fournera a volontairement pris le train fantôme pour s évader[79]. En route vers le camp de Dachau, en Allemagne, ce convoi de déportés mettra deux mois pour arriver à sa destination. Ce sont des centaines d’hommes qu’on amène sur des quais et qu’on charge dans des wagons à bestiaux, debout les uns contre les autres[80], comme Francesco Fausto Nitti, Alice Bessou Kokine, Christian de Roquemaurel du maquis Bir-Hakein ou Germain Subra, le commissaire toulousain arrêté en même temps que Fournera[81].
Le 19 juillet 1944, Fournera est alors remplacé par Llaoury à son poste de commissaire, par les autorités de Vichy qui pensent qu'il a été déporté à Compiègne, le 4 juillet 1944. Ce même Llaoury sera chargé d'enquêter sur son arrestation et sa déportation, sans résultat: on ne sait pas pourquoi Fournera a été arrêté (rapport du 3 juin 44), ni déporté et fusillé par les Allemands (rapport du 3 avril 45).
Le 9 juillet 1944, après avoir été attaqué par la Résistance, le Train Fantôme s'arrête à Bordeaux[82].
Le , les déportés sont alors transférés à la synagogue de Bordeaux[83], transformée par les autorités allemandes en annexe de la prison du Fort du Hâ.
Après leur incarcération dans la synagogue, un des chefs de l’escorte allemande, assisté par un interprète, se présente et lit à haute voix une liste de seulement huit à douze noms, selon les sources[84], parmi lesquels se trouvent Fournera et notamment le philosophe résistant Albert Lautman (du réseau Pat O'Leary dont certains membres, comme Francisco Ponzán Vidal, seront massacrés le 17 août 1944 dans des circonstances non élucidées)[85] ainsi que le gendarme Robert Borios[86].
La famille Borios s'est rendue à la prison du fort du Hâ pour essayer de faire libérer leur fils[87]. Le commissaire bordelais Chiron téléphone alors au responsable de la police allemande, le Kommando der Sipo und der SD (Kds) de Bordeaux Friedrich-Wilhem Dohse, en présence même de Mme Borios. Dohse, qui traque notamment les résistants du réseau Andalousie, lui aurait reproché qu'un bon Français se permette de demander une faveur pour de pareils "terroristes qui ne méritent que la mort". En 1953, lors de son procès[88], le Kds bordelais confirme cet épisode en soulignant que la décision de fusiller les déportés du train fantôme a été prise en accord avec le Kds Shur, chef de la police allemande de Toulouse[89]. Une enquête menée en 1949, parviendra cependant à la conclusion que c'est Dhose qui sélectionna les dossiers des fusillés du train fantôme en fonction de leurs "situations précaires". (Légende des fusillés du train fantôme)
Autrement dit, Shur, le chef de la Gestapo toulousaine ayant décidé de déporter Fournera en juin, ne pouvait se déjuger en demandant à ce qu'on le fusille en juillet. Il convient enfin de préciser à ce sujet, que le 12 juillet 1944, avec Léo Hamard (X6, policier avec Fournera au commissariat rempart Saint Étienne de Toulouse) Marcel Taillandier, le chef du réseau Morhange, est arrêté, puis torturé, tué et enterré à Toulouse par les nazis[90]. Auparavant, une semaine avant le départ du train fantôme, Marcel Joyeux et Marcel Mercier, emprisonnés à Toulouse en même temps que Fournera, sont fusillés comme lui, dans le plus grand secret, dans le bois de la Reulle, à une quinzaine de kilomètres de Toulouse, par un peloton de la compagnie de réserve de la division SS Das Reich[91]. Comme Pierre Fournera, certains fusillés du bois de la Reulle étaient membres du réseau morhange, mais aussi de l'Armée Secrète. Vraisemblablement dénoncés par le traitre Pujol (un policier de montauban retourné par la Gestapo le 26 mai 44), l'identité de tous les fusillés du bois de la Reulle n est à ce jour toujours pas connue.
Le à 16 h, les détenus de la synagogue assistent ainsi au départ de leurs dix camarades, dont l'un avait à peine 17 ans. Ils rejoignent un groupe de résistants girondins, détenus au fort du Hâ. Les sentiments de pessimisme et d'étonnement assaillent alors les déportés FTP-MOI de voir le commissaire Fournera laisser ses bagages dans la synagogue. Depuis leur incarcération dans la prison Saint-Michel de Toulouse, ils ne savent que trop bien ce que cela veut dire[92].
Il ne fut pas de jeu plus dangereux, ni plus ingrat, exigeant de ses participants une abnégation des plus rares puisqu'il les exposait au mépris de leurs propres frères d'armes qu'il n'était pas possible d'informer sans risquer de porter atteinte à leur sécurité[93].
Avant d’être fusillé le , Fournera sera amené, avec les autres otages, deux fois sur les lieux de l'exécution du camp de Souge et ramené au fort du Hâ. Le colonel Leistikon aurait refusé d'exécuter l'ordre reçu de les abattre[94] car l'autorité dont émane l'ordre n'est pas mentionnée. Ce n'est finalement que le troisième jour qu'ils seront passés par les armes. Les victimes sont ainsi alignées devant un peloton de fortune, composé de volontaires parmi les Feldgendarmes du lieutenant Baumgartner, chargé de convoyer les résistants du train fantôme. Il y a un total de 50 fusillés, 48 otages plus un Allemand et un Français collaborateur. La date du marque ainsi la dernière et la plus complexe des vagues d’exécutions ayant ensanglanté la lande de Souge.
Les archives de la préfecture de la Gironde portent la mention « Otages fusillés clandestinement ». Les autorités ont tenté par tous les moyens de cacher cette fusillade aux pouvoirs publics. De ce fait, aucune démarche n'a été faite par les autorités locales en vue de faire rapporter cette tuerie[95]. Les résistants ont été exécutés, en tant que tels, dans le plus grand secret; contrairement aux autres tueries de masse effectuées, en représailles, par les Allemands afin de terroriser la population française.
Lors de son procès, le SS Rudolf Klumpp devait même déclarer que son collègue Marschner et lui avaient eu quelques doutes sur la légalité de cette exécution collective qui a été effectuée sans le moindre jugement d'un tribunal militaire allemand. Klumpp devait ajouter que Marschner et lui avaient alors fait part de leur dégoût devant cette tuerie. Il précisera enfin qu'il ne pouvait dire à la suite de quelle décision cette fusillade avait eu lieu, mais il supposait que Dhose avait dû y assister.
Il convient enfin de remarquer que malgré ces témoignages, Dohse, lors de son procès qui se tint à Bordeaux, le 5 mai 1953, n'est condamné qu'à sept ans de prison, ce qui fera dire à certains historiens que c'était un agent double[96]. Les fusillés du camp de Souges ne seront même pas évoqués pendant le procès (de peur des révélations explosives sur la résistance que s apprêtait à faire Dhose[97] ? Mais pourquoi alors aurait-il fait fusiller ces résistants, qui ne cessaient de clamer leur innocence[98] ? Lors des interrogatoires qu'elle subit au fort du Ha, la résistante Renée Lacoude se demande même si Dhose, qui semblait avoir viré casaque, n'avait pas des craintes pour son avenir immédiat[99]. De peur d'être inquiété par ses compatriotes, Dhose, qui était au cœur de l'affaire Grandclément, aurait-il alors décidé de faire taire, en les éliminant, des résistants qui, comme le commissaire Fournera, étaient au courant du double rôle qu'il jouait ; ou avait-il tout simplement peur de se faire tuer par la Résistance à quelques jours de la libération de Bordeaux ? Certains historiens[100] parviennent cependant a la conclusion que les résistants ont probablement été exécutés à la suite de l attaque de l'interprète du commandant allemand Machule (chef de Dohse) par Lucien Nouaux, un résistant du Corps Franc girondin Marc; ce qui expliquerait la présence de nombreux résistants appartenant à ce Corps Franc parmi les fusillés du camp de Souge. Dhose aurait alors été contraint de sélectionner des déportés du train fantôme (transportés par les feldgendarmes qui ont exécuté la fusillade du 1er aout 1944) afin d atteindre le nombre de 50 fusillés, exigé par Machule, en représailles de l attaque de son interprète[101]. D autres historiens lient cette exécution à la disparition et la mort de André Grandclément; un résistant bordelais retourné par Dhose. La Gestapo ayant indiqué que 100 résistants seraient fusillés s'il arrivait quelque chose a Grandclément[102]. Mais pourquoi alors les otages ont-ils été fusillés, dans le plus grand secret, s il s agissait d une exécution effectuée par les allemands en représailles des actes réalisés par la Résistance ?
Comme pour les exécutions de Buzet-sur-Tarn effectuées à proximité de Toulouse, dans le plus grand secret, le [103], de nombreuses zones d'ombre existent encore aujourd'hui sur la mort des dix déportés du train fantôme. Cette absence d'explication historique hante les familles des fusillés[104]. Comment ces 10 otages ont ils été sélectionnés, pourquoi ces massacres ont ils été effectués clandestinement, à seulement quelques jours de la libération, alors que la Werhmacht était en pleine débâcle, et que les Allemands ne pensaient qu'à fuir le sud-ouest de la France? Telles sont les questions que se posent encore aujourd'hui les historiens[105]. Certains émettront l'hypothèse que Fournera a été transféré à Bordeaux pour y être assassiné par les Allemands (en raison de sa participation au réseau Jade-Amicol)[49]; tandis que d'autres suggèreront que certains de ces massacres ont été perpétrés, non pas par des Allemands, mais par des policiers français afin de se blanchir de leur passé trouble[106]. A Toulouse, comme a Bordeaux, Les enquêtes menées sur les fusillés du camp de Souge seront confiées aux policiers des services issus de la collaboration[107].
L'historienne Alya Aglan relève cependant que ce type de massacres fut perpétré par les Allemands en pleine débâcle dans plusieurs villes, comme notamment à Lyon, en raison principalement du taux de remplissage élevé des prisons françaises.
Pierre Fournera meurt ainsi à seulement quelques jours de la libération de Toulouse[108]. Le Kds Shur, chef de la Gestapo toulousaine[109] a demandé aux autorités bordelaises de le fusiller[110], alors même que son nom figurait sur la liste de déportés du train fantôme, ce qui, en soi, constitue un crime de guerre. Son corps est découvert dans une fosse commune du camp de Souge le . Sa famille confirme son identité à l'aide de sa dentition. Lors de l'inhumation, son visage a été recouvert de chaux vive par les Allemands. Son acte de décès a pourtant été dressé le , par le maire de Martignas-sur-Jalle, commune où se situe le camp de Souge. Il date la mort de Fournera au 29 juillet 1944. Le 28 juillet de cette même année, M. Lille, le maire de la commune a été averti par les autorités allemandes qu'il serait fusillé le lendemain et non le , véritable date de sa mort. La liste des 50 fusillés ne sera remise par les Allemands que le , soit une semaine avant leur départ et la libération de Bordeaux.
Quant au train fantôme, il repart de Bordeaux le . Faute de pouvoir continuer vers le nord, après avoir été attaqué par la résistance, le convoi rebrousse finalement chemin et redescend à Toulouse[111].
À la Libération, les autorités de l'époque, dont Vincent Auriol faisait partie, lui refusèrent la mention « Mort pour la France ». Son activité de policier au sein du régime de Vichy, ne lui est pas pardonnée. Tout en émettant des doutes sur l'identité du corps découvert au camp de Souge, l'Armée diligentera une enquête policière à Toulouse qui parviendra à la conclusion que Fournera a été fusillé à la suite "d'arrestations collectives"[4]. Parmi les fusillés du train fantôme, seuls 4 cadavres, dont celui de Fournera, seront pourtant identifiés dans le charnier du camp de Souge[112]. Quant aux arrestations collectives, elles ont eu lieu, à Toulouse, le 9 juin 1944, après le débarquement de Normandie ; et non le 5 juin de la même année, date de l'incarcération de Fournera[75].
En 1945, tandis que le Général Weygan est emprisonné et que 16 000 officiers sont licenciés, comme 30 000 sous-officiers; Vincent Auriol, que Fournera a arrêté en 1942[113], est élu député de Haute-Garonne, puis nommé ministre d'État dans le gouvernement De Gaulle, avec plusieurs communistes, comme le déserteur Maurice Thorez, François Billoux à la Défense ou Charles Tillon à l'Armement, qui couvrira (avec son beau-frère du service B) Lucien Iltis, un agent double de la Gestapo retourné par Klaus Barbie[114].
Dans ses Mémoires de guerre, le Général de Gaulle décrit pourtant Toulouse, à la libération, comme « une ville passablement agitée » où « des chefs de factions armées constituent comme un soviet »[115].
À la demande des Communistes et pour se blanchir de son passé de collaborateur, un policier, prêt à tout pour sa carrière, prétendit ainsi que Fournera (qui venait d'être arrêté, déporté et fusillé par les Nazis) avait dénoncé des membres du réseau Morhange[116]. L Histoire retient qu en realité, sous l'occupation, les nazis fusillaient les résistants qui, après avoir été arrêtés par la Gestapo, refusaient de trahir leur réseau sous la torture, tandis qu'ils libéraient les autres en faisant croire qu ils s étaient évadés après leur trahison (comme par exemple René Hardy)
Faux évadé du train fantôme (il à été transféré au Fort de Romainville[117])[118]; Il use du même procédé (avant de mourir un déporté m a dit que...) à l'encontre de l'inspecteur Jean Pages qu'il traite de collabo, alors que ce dernier a été fusillé par les allemands, le 27 juin 44, avec d autres membres du réseau morhange (Marcel Mercier et Marcel Joueux) dans le Bois de la Reulle[119].
Incarcéré avec Fournera à la Prison Saint-Michel, il tente de se faire passer pour un résistant en prétendant appartenir au groupe morhange[120].Or, à Toulouse, aucun résistant ne se souvient de lui, sauf le membre du réseau Morhange qui a dénoncé ses camarades et le groupe franc Vira, d'Achille et Raymond Viadieu, qui a tenté de l'éliminer lorsqu'il collaborait avec les officiers de la Gestapo, Schweitzer et Stubbe, alors qu'il était en poste à l'intendance de police de Toulouse[121].Dans les archives du BCRA (service de renseignements gaulliste durant la guerre) on trouve son nom sur une liste de suspects avec la mention: « collaborationniste prononcé »[122]. Au SDECE d Alexandre de Marenches[123], il est également signalé comme « collaborateur actif », après avoir, pendant la guerre froide, nommé, à un poste sensible d'outre-mer, un policier communiste au passé trouble[124]. Une fois devenu Chef de la Section Documentation de la Direction Générale de la Sûreté Nationale, il bloque toutes les archives relatives à cette affaire[125].
Dénoncer un mort pour des crimes de trahison qu'il n'avait pas commis, en vue de se disculper, s'avéra être une pratique relativement courante à la Libération.
Ce policier est couvert par un inspecteur de police qui travaille sous les ordres du commissaire Dedieu (favorable à la collaboration[62])a la huitième brigade régionale de Toulouse avec les commissaires Fournera et Subra. Ce membre du réseau morhange est arrêté le 2 juin 1944, en même temps que Fournera et Subra, tous deux morts après avoir été déportés par le train fantôme. Il parvient à s évader de prison après avoir été décoré par les Allemands à la suite de son engagement avec la Gestapo, dans la "troupe de choc" (Stosstruppmann) du SD allemand (Sicherheitspolizei) de Toulouse
Pourtant, grâce à la complicité du premier policier qui a trahi Fournera; Cet authentique agent de la Gestapo sera alors reconnu comme résistant; tandis que Fournera, qui venait d'être arrêté, déporté et fusillé par les allemands, est traité de Collabo. A la libération, Il est Nommé membre du réseau Andalousie, par son ami[126] François Bistos[127] du SDECE, DGER, qui limogera Bistos pour intelligence avec l'ennemi communiste pendant la guerre froide. En 1946, il est mis en cause dans une grave affaire judiciaire, puis quitte la police[128],[129]. Véritable agent triple, ce membre réseau morhange est aussi, à Toulouse, un des informateurs du Service B, le service de renseignements des FTP communistes[130].
Afin d infiltrer la police, les communistes aux ordres de Moscou blanchissaient ainsi certains policiers de leur passé trouble[131]. Après avoir servi les nazis, ils étaient alors aux ordres des soviétiques, faute de quoi leur passé de collaborateur était alors révélé par les rouges[132].
Avant de se faire tuer par les allemands, Marcel Taillandier avait prédit qu à la libération son réseau morhange devrait lutter contre les communistes[133], mais probablement pas de cette manière. Les principaux membres de son réseau (X1,x2,x6, Joyeux, Fournera, Mercier) ayant été décimés, avec lui, par les nazis, seuls les spécialistes du double jeux survécurent. Interrogé sur ces sujets, Pierre Rous, son successeur controversé[134] à la tête du réseau Morhange, répondra plus tard: "je ne préfère pas en parler, je serais grossier"[135]. Quant à Paul Paillole, étiqueté Giraudiste, il démissionne de ses fonctions, considérant que les services de renseignements ne peuvent être dirigés que par des militaires et non des hommes politiques. Roger Lafont, son successeur refusera d'homologuer les trois-quarts des membres du réseau Morhange, qu'il traitera d'assassins; (en raison du recrutement de Pierrot le fou par le réseau Morhange pour exécuter deux chefs miliciens[136])allant même jusqu'à menacer de faire arrêter Pierre Rous par la DST de Roger Wybot[137].
Après avoir gagné une guerre que nous avions perdu, nous avons finalement perdu une libération que nous avions gagnée, conclut ainsi Elly Rous Serra[138].
Le 17 septembre 1944, à Toulouse, le Général de Gaulle reprochera enfin à Serge Ravanel, qui a libéré la ville rose, de laisser trop d'espace aux Communistes; craignant la création d'une « république rouge », à la suite des « initiatives regrettables » prises par les chefs de la résistance locale.
Les services de renseignement iront même jusqu'à décrire Ravanel, le libérateur de Toulouse, comme un "jouet du PCF"[139]; ce qui conduira Henri Frenay à conclure que la ville rose est victime à la libération d'un complot communiste[140].
Le 24 août 1944, Joe Nordmann, directeur de cabinet du ministre de la justice, le communiste Marcel Willard, déclare ainsi: « Nous ne sommes plus sous le signe du dossier ou de la balance, mais sous celui de la mitraillette "[141] Des résistants, membres du réseau morhange, comme Maurice Picard, sont ainsi exécutés par les communistes FTP MOI[142]. Le noyautage des postes de direction par les Communistes[143], accompagné de leurs horribles exactions[144], sera alors à l'origine du surnom de "Toulouse la Rouge"[145], ville sur laquelle plane encore aujourd'hui l'ombre de René Bousquet. Des individus plus qu'équivoques, y font régner la terreur de leur "justice expéditive". Des résistants comme Raymond Viadieu (du réseau Vira avec son frère Achille Viadieu), traités de Collabo, sont obligés de se cacher. Les milices issues des F.T.P. constituent le fer de lance des communistes qui rêvent de conquérir le pouvoir par n'importe quel moyen. Comme les russes dans les pays de l'Est, les républicains espagnols qui ont fuit leur pays tentent de prendre le pouvoir au bénéfice des communistes. Les rancœurs se déchainent. L'accusation de collaboration, portée à tort et à travers sert, dans trop de cas de paravent aux plus sordides vengeances personnelles, à la conquête des places, enfin et surtout, à la suppression des adversaires politiques du communisme[146]. On assiste à des exécutions sommaires[147]. L'académicien Michel Droit parle d'une "épuration prétexte à des règlements de comptes[148]". L'historien Philippe Erlanger, caché dans la région, y décrit des "tribunaux d'exception aux méthodes expéditives "[149].
La ville rose est devenue rouge, "rouge sang, rouge révolution"[150].
Le , une stèle portant le nom de Pierre Fournera est inaugurée au camp de Souge par Alain Juppé.
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