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Le Mitsubishi F-15J/DJ Eagle (en japonais : 三菱重工業 F-15J イーグル) est un chasseur de supériorité aérienne tous-temps biréacteur japonais, en service au sein de la force aérienne d'autodéfense japonaise. Dérivé du F-15C/D Eagle produit par McDonnell Douglas, il a été produit sous licence au Japon par Mitsubishi Heavy Industries, de même que ses évolutions F-15DJ et F-15J Kai.
Un F-15DJ du Tactical Fighter Training Group (JASDF) (en) en vol, en 2018. | |
Constructeur | Mitsubishi Heavy Industries (sous licence) |
---|---|
Rôle | Avion de chasse, de supériorité aérienne |
Statut | En service |
Premier vol | |
Mise en service | |
Date de retrait | Toujours en service |
Nombre construits | 213[1] |
Dérivé de | F-15C/D Eagle |
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Le Japon est le plus gros client à l'achat du F-15, hors États-Unis[2]. En plus des missions de combat, les rôles du F-15DJ incluent l'entraînement des pilotes. Le F-15J Kai est une version modernisée du F-15J initial.
En juin et , l'Agence de défense japonaise — désormais devenue Ministère de la Défense — examina le McDonnell Douglas F-15 Eagle comme l'un des treize candidats potentiels au remplacement des F-104J/DJ Starfighter et F-4EJ Phantom II. Après une première réduction du nombre de participants à seulement sept candidats, parmi lesquels les F-14, F-16, YF-17, Mirage F1, SAAB 37 et TornadoIDS[3], un monoplace F-15C et un biplace F-15D furent évalués sur la base aérienne Edwards et — après une compétition serrée avec le F-14 —, le , le F-15 fut déclaré vainqueur[4], le gouvernement prévoyant alors l'achat de 187 F-15J et F-15DJ, le « J » signifiant « Japan » (« Japon », en français). En , Mitsubishi Heavy Industries fut désigné comme contractant principal et l'achat d'une licence de production du F-15 fut effectué[5],[6],[7].
Après une étude du Congrès des États-Unis, le département de la Défense des États-Unis (USDoD) retira les systèmes de guerre électronique et les moteurs de l'accord de licence. Initialement, les avions étaient produits aux États-Unis puis exportés vers le Japon. Cette production initiale pour l'export contribua au développement de l'Aviation au sein du complexe militaro-industriel japonais, tout en facilitant la production basique d'avions et en atteignant l'objectif de produire un chasseur correspondant aux besoins du Japon[8].
La force aérienne d'autodéfense japonaise (en anglais : Japan Air Self-Defense Force, JASDF) acquit 203 F-15J et 20 F-15DJ[5], chiffres sur lesquels deux F-15J et douze F-15DJ furent produits par McDonnell Douglas à Saint-Louis, dans le Missouri[6]. En , un ingénieur japonais fut envoyé à l’usine de McDonnell Douglas, à Saint-Louis[9]. En juillet, 40 ingénieurs de sociétés américaines furent affectés à la production de pièces autorisées pour la production sur le territoire japonais[9]. Surnommé « Peace Eagle » (en français : « Aigle de la paix ») par le programme Foreign Military Sales (FMS, programme facilitant la ventes d'armes à l'étranger) du département de la Défense américain, le premier F-15J produit à Saint-Louis fut livré à l'US Air Force pour son premier vol le [5],[10]. Après avoir effectué 29 vols d'essai, il fut restitué à l'US Air Force[10], puis effectua un long vol de convoyage vers la base américaine de Kadena, sur l'île d'Okinawa, au Japon, le . Huit autres F-15J furent assemblés en gros ensembles et expédiés vers le Japon pour un assemblage final par Mitsubishi à l'aéroport de Nagoya, le premier de ces appareils (s/n 12-8803) effectuant son vol inaugural le [6],[11]. Les compagnies divisèrent la part restante d'avions à produire et les produisirent à partir de 1981, l'assemblage final étant réalisé par Mitsubishi[6]. Concernant les parts de production, Mitsubishi était responsable de la production des sections avant et centrale, l'assemblage final et les essais en vol. Kawasaki devait produire les ailes, la section arrière, les gouvernes et dérives arrière, tandis que Fuji devait produire la verrière, le train d'atterrissage et les éléments en titane[12].
En 1980, le Gouvernement japonais demanda l'accès à de la technologie avancée, via le forum Japon-États-Unis, mais cette demande fut rejetée. L'Agence de défense japonaise et le département de la Défense américain organisèrent des meetings annuels au sujet de l'assouplissement de la réglementation après qu'un programme fut lancé. Au cours de ces meetings, le représentant du département de la Défense américain donna une réponse qui permit l'accès à des technologies initialement interdites de divers types, incluant les matériaux composites[13].
À la fin de l'année 1981, les premiers exemplaires de F-15J et DJ furent envoyés au 202nd Tactical Fighter Squadron (en) sur la base aérienne de Nyutabaru, qui fut alors réorganisé en escadron de formation sur Eagle et renommé 23 Flying Training Squadron le . La Force aérienne japonaise développa un plan pour former un premier escadron après la destruction tragique du Boeing 747 du vol 007 Korean Air Lines par un Su-15 soviétique, le . En , les nouveaux F-15J commencèrent à remplacer les F-104J du 203rd Tactical Fighter Squadron (en) sur la base aérienne de Chitose, située sur le Détroit de La Pérouse en face de la base aérienne soviétique de Dolinsk-Sokol, cette dernière étant positionnée sur l'île de Sakhaline[6],[14].
Le , il fut annoncé que Tokyo envisageait sérieusement la vente de ses F-15 à Washington afin de récolter des fonds pour l'achat futur d'exemplaires du F-35[15]. De son côté, Washington envisagerait de revendre les F-15 à des nations alliées n'ayant que des forces aériennes limitées[15].
Le Japon est le plus gros client étranger à l'achat du F-15, avec un nombre d'exemplaires commandés représentant 60 % du nombre total d'appareils vendus hors États-Unis (365 exemplaires)[16]. Au , 201 exemplaires étaient en service[17], avec un taux de disponibilité de plus de 90 %. Le prix d'achat de chaque exemplaire était d'environ 12 milliards de yens. Il a toutefois diminué avec le temps, le prix d'un exemplaire étant de 8,6 milliards de yens en 1990[18].
Les F-15J et DJ sont identiques aux F-15C et D, à l'exception des contremesures électroniques, du système d'alerte radar et de la capacité nucléaire. Le système de contremesures interne AN/ALQ-135 (en) est remplacé par le système de conception locale J/ALQ-8 et le récepteur d'alerte radar AN/ALR-56 est remplacé par le J/APR-4. Le moteur est le turbofan Pratt & Whitney F100, produit sous licence par IHI Corporation. Quelques exemplaires possèdent toujours une unité de mesure inertielle, une version ancienne du système de navigation inertielle actuel. Tous les F-15J et DJ possèdent deux radios UHF, qui sont également capables de fonctionner dans la bande VHF[19].
Le , le F-15J immatriculé 72-8884 devint incontrôlable pendant un vol d'entraînement et le pilote dut s'éjecter. Cependant, au moment de l'éjection, sa tête vint frapper la verrière et il fut tué. Une correction fut appliquée sur tous les appareils de la flotte en leur ajoutant un brise-vitre permettant de casser la verrière pendant l'éjection.
Le F-15J est caractérisé par une liaison de données tactiques conçue localement, mais il n'est pas compatible avec le système Liaison 16 dont dispose le F-15C de l'US Air Force. Elle fonctionne comme une liaison bidirectionnelle basique avec le réseau terrestre d'interception japonais, et il est limité car il ne s'agit en fait pas d'un véritable réseau[19]. Extérieurement parlant, les autres caractéristiques notables sont les marquages de nationalité et le camouflage, qui emploient des couleurs généralement plus prononcées que celles des avions américains.
Mitsubishi reçut le programme J-MSIP (en anglais : Japan-Multi-Stage Improvement Program, programme d'amélioration en plusieurs étapes du Japon) et, en 1987, commença à faire évoluer les F-15J et DJ. Les améliorations incluaient un ordinateur central, des moteurs plus fiables et à la maintenance plus facile, un système de contrôle d'armement plus performant, ainsi que l'ajout d'un système de contremesures J/APQ-1[20],[21]. Le F100-PW-220 (IHI-220) fut remplacé par la version plus puissante F100-PW-220E (IHI-220E) avec un réaménagement incluant l'installation d'un système FADEC[22].
Les différences esthétiques avec les F-15J initiaux — aussi parfois désignés « pré-MSIP » — incluent un système d'intercommunication aéroporté (ICS) J-ALQ-8, avec son antenne installée sous l'entrée d'air d'un des turboréacteurs. La position de l'antenne du récepteur d'alerte radar J/APQ-4 sur les F-15J et DJ est la même que sur les F-15C et D, mais le carénage les recouvrant sur les F-15J et DJ MSIP sont noirs, alors qu'ils sont blancs sur les F-15J et DJ[19]. Sur la version biplace à double commande F-15DJ, étant principalement destinée à l'entraînement des pilotes, certains équipements sont démontés, tels le J/ALQ-8 normalement installé à l'arrière du cockpit. Cette version dispose donc d'un AN/ALQ-31 — de conception allemande — et est équipée d'un pod de guerre électronique installé à l'extérieur de l'avion[23].
Les F-15J furent équipés avec le missile air-air japonais AAM-3, une version dérivée et améliorée de l'AIM-9 Sidewinder dotée d'ailerons avant « acérés ». Le Japon cherchait un chasseur avancé pour remplacer le F-15, pendant que la flotte de F-15J existante fut modernisée à de nombreuses reprises[5]. Le premier F-15J amélioré (no 928) réalisa son premier vol le , puis il fut livré à l'escadron de développement de la JASDF le [24],[25].
Le , le Gouvernement japonais accepta la mise en place du programme MDTP (pour Mid-Term Defense Program, Programme de défense à moyen terme) visant à moderniser les F-15J MSIP sur une durée de cinq ans, en accord avec les nouvelles lignes directives du Programme de défense national japonais (National Defense Program Guidelines)[26]. La mise à jour devait être effectuée par étapes, mais la mise à jour devait finalement inclure un nouveau siège éjectable, des moteurs IHI-220E neufs, un calculateur plus puissant, une génération électrique et des capacités de refroidissement plus élevées, afin de supporter la présence d'une avionique plus importante et l'installation du radar AN/APG-63(V)1[5],[27], qui était produit sous licence par Mitsubishi Electric depuis 1997. Raytheon espérait que le radar soit installé sur 80 F-15J[28]. Le nouveau radar était compatible avec le missile AAM-4 (en), la réponse japonaise au missile américain AMRAAM[5].
En , l’agence de la Défense demanda la modernisation et le déploiement d'avions de reconnaissance et il fut prévu de faire évoluer dix à douze F-15J avec des nacelles contenant des radars à synthèse d'ouverture, développées en collaboration avec Toshiba. Ces appareils remplaceraient alors les RF-4 Phantom II alors en service[29],[30].
Le , la mise à jour de reconnaissance disparut du budget de la Défense, après que le Parti démocrate du Japon prit le pouvoir à la suite des élections législatives de 2009, et la priorité fut à la place donnée à l'amélioration du F-15J et du Mitsubishi F-2. Le contrat avec Toshiba fut officiellement annulé en 2011 — ce qui valut à l'État un procès de la part de Toshiba[31] — et le nombre de mises à jour de F-15J passa de 26 à 48, tandis que le Ministère de la Défense acheta la modernisation partielle de 38 chasseurs. Toutefois le budget pour une modernisation complète était insuffisant. 48 F-15J devaient recevoir une Liaison 16 et un viseur de casque[32]. Le système de viseur intégré au casque est compatible avec le missile AAM-5 (en), qui doit remplacer l'AAM-3[5],[33].
Le , le Gouvernement japonais finança la modernisation de seize F-15J[34], mais le Ministère de la Défense réduisit cette prévision à seulement dix avions[35].
Le Ministère de la Défense n'a pas annoncé de durée de vie ni de date de mise à la retraite des F-15J, mais une fois convertis au dernier standard, il est estimé qu'ils voleront jusqu'en 2025 pour atteindre leur durée de vie initialement prévue de 8 000 heures de vol. Au sein de l'US Air Force, les F-15C et D ont une durée de vie qui a été allongée à 10 000 heures, et une extension à plus du double du potentiel initial, à 18 000 heures, est également envisagée[36]. Des mesures similaires pourraient être envisagées pour le F-15DJ. Toutefois, selon la programmation de la Défense à moyen-terme 2014-2030, les avions antérieurs au programme MSIP n'étant pas éligibles à la modernisation et à la rénovation pourraient être remplacés par de nouveaux chasseurs.
On annonce le 4 février 2022 que 68 F-15J seront porté au standard Japan Super Interceptor; le cout pour une durée de vie de 30 ans est estimé à 646,5 milliards de yens (5,6 milliards de dollars) [37]. Ce standard comprend autre la mise du AN/ALQ-250 Eagle Passive Active Warning Survivability System (EPAWSS)[38], un système de guerre électronique détectant et neutralisant les menaces contre l'avion[39].
La production des F-15J et DJ a été divisée en dix-sept lots, numérotés C1 à C17. Ce seront les derniers F-15 monoplaces construits :
Les F-15J de la Force aérienne d'autodéfense japonaise n'ont jamais été engagés au combat, que ce soit entre le Japon et d'autres pays ou au sein de partenariats avec l'OTAN. Ils réalisent toutefois très régulièrement des missions d'interception et d'escorte d'avions russes[43],[44],[45],[46] ou chinois[47],[48] s'approchant de l'espace aérien japonais.
Données de Federation of American Scientists[49].
Caractéristiques générales
Performances
Armement
Avionique
La Force aérienne d'autodéfense japonaise a perdu treize F-15J/DJ de 1983 à 2022[50],[51],[52] :
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