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Le Lockheed F-104 Starfighter est un chasseur à réaction américain, monoréacteur et supersonique qui a été construit à plus de 2 500 exemplaires à partir de 1954.
Un XF-104 de l’USAF en vol | ||
Constructeur | Lockheed Corporation | |
---|---|---|
Rôle | avion d'interception. | |
Statut | Retiré du service | |
Premier vol | ||
Mise en service | ||
Date de retrait | 1969 (États-Unis) 1983 (Belgique) 1986 (Canada) 1986 (Japon) 1987 (Allemagne) 2004 (Italie) |
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Nombre construits | 2 578 | |
Équipage | ||
1 pilote | ||
Motorisation | ||
Moteur | General Electric J79-GE-11A | |
Nombre | 1 | |
Type | Turboréacteur | |
Poussée unitaire | 7 076 kg de poussée avec postcombustion | |
Dimensions | ||
Envergure | 6,68 m | |
Longueur | 16,69 m | |
Hauteur | 4,09 m | |
Surface alaire | 18,22 m2 | |
Masses | ||
À vide | 6 348 kg | |
Maximale | 13 170 kg | |
Performances | ||
Vitesse maximale | 2 125 km/h | |
Plafond | 15 240 m | |
Vitesse ascensionnelle | 14 630 m/min | |
Rayon d'action | 672 km | |
Armement | ||
Interne | 1 canon M61 Vulcan de 20 mm | |
Externe | 1 814 kg de charge | |
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Il fut utilisé par les États-Unis dans l'USAF (en anglais : United States Air Force) de 1958 à 1969, puis par la garde nationale de Porto Rico jusqu'à ce qu'il soit abandonné en 1975. La NASA utilisait une petite flotte de F-104 de divers types pour des essais en vol supersonique et l'entraînement des astronautes, jusqu'à leur retrait en 1994.
Les F-104C de l'USAF entrèrent en service durant la guerre du Viêt Nam, et des F-104 furent déployés par le Pakistan durant les guerres indo-pakistanaises de 1965 et de 1971. En 1967, un MiG-19 de la Force aérienne chinoise (RPL) a été abattu par des F-104G de la force aérienne de la République de Chine (Taïwan) au-dessus de l'île disputée de Jinmen. La version finale de la production de ce chasseur basique fut le F-104S, intercepteur tous-temps construit par Aeritalia (Fiat) pour l'Aeronautica Militare Italiana (force aérienne), équipé avec des missiles AIM-7 Sparrow guidés par radar. Un F-104 perfectionné avec une aile surélevée, connu sous le nom de CL-1200 Lancer, ne dépassa pas le stade de maquette.
Le modèle F-104G, doté d'un ensemble de modifications, gagna une compétition de l'OTAN pour un nouveau chasseur-bombardier. Plusieurs versions biplaces d'entraînement furent aussi produites, dont le plus grand nombre sont des TF-104G. Au total, 2 578 Starfighter furent finalement produits, principalement par des membres de l'OTAN. Le F-104 fut utilisé par les forces d'une douzaine de nations. Le service opérationnel du Starfighter finit par son retrait de l'Aeronautica militare italiana en , soit 46 ans après sa mise en service en par l'USAF.
La fiabilité du Starfighter fut critiquée par le public, en particulier dans les services de la Luftwaffe. Les scandales de corruption subséquente aux contrats d'achat originaux de Lockheed ont suscité une controverse politique en Europe et au Japon. En dehors de son nom officiel, il portait aussi les sobriquets de « faiseur de veuves », « cercueil volant » ou « Fallfighter » qui faisaient allusion à son taux de pannes et d'accidents élevé. Le chasseur était conçu comme intercepteur diurne, optimisé pour une grande vitesse.
Le Starfighter est issu d'un projet lancé par Lockheed sur ses fonds propres en , et accepté par l'Armée de l'air américaine en . Le premier vol du premier prototype (XF-104) a eu lieu le , réalisé par Charles « Chuck » Yeager. Après 2 prototypes et 17 avions de pré-production, le F-104A est mis en service en . Sa silhouette unique et ses performances sans égales pour l'époque suscitent alors l'enthousiasme.
Les premiers appareils de ce quatrième modèle des Century Series Fighters souffrent cependant de plusieurs défauts majeurs : le turboréacteur est peu fiable et le canon dangereux (fortes vibrations, obus qui explosent dans la soute). De plus, la faible surface alaire de l'avion le rend peu manœuvrable à basse vitesse, donc surtout à l'atterrissage et au décollage, sachant que le siège éjectable vers le bas ne laisse aucune chance au pilote de s'en sortir en cas d'urgence. En plus de ces défauts, l'Armée de l'air américaine se rend compte que le F-104 n'est finalement pas adapté à ses besoins (autonomie trop faible, pas de capacité « tous temps ») et abandonne le Starfighter après avoir reçu environ 300 avions. Ceux-ci sont transférés vers des unités de seconde ligne dès 1960 et retirés du service en 1969, après avoir cependant servi au Viêt Nam entre 1965 et 1967.
Parallèlement, à la fin des années 1950, l'OTAN émet un appel d'offres pour un avion de combat supersonique et le F-104G remporte le marché en . C'est une version nettement améliorée avec, en particulier, une électronique de bord permettant un emploi « tous temps », une structure renforcée pour supporter les vols à basse altitude et augmenter la capacité d'emport de charge, et des réservoirs de carburant plus importants. Des accords de production sous licence sont signés, entre autres avec l'Allemagne de l'Ouest et le Canada, et le premier F-104G entre en service en 1961.
Le taux d'accidents élevé des F-104 ouest-allemands a provoqué une vive polémique au milieu des années 1960, et coûtera sa place au général commandant la Luftwaffe. Lockeed perdra un procès retentissant et indemnisera les veuves des pilotes allemands décédés sur cette machine (l'équivalent d'1,6 million d'euros). Les Allemands ont perdu environ 30 % de leurs F-104 (916 achetés et 262 perdus entre 1962 et 1981. 115 pilotes tués), soit un peu moins que les Canadiens (46 %) ou que les Belges et les Néerlandais (36 %) . La Norvège et le Japon parviendront à un pourcentage plus faible (15 %), ce nombre étant de zéro pour la force aérienne espagnole (qui ne possédait que 21 F-104). Le taux élevé de pertes de F-104 allemands est très probablement dû à la transformation de ces derniers de chasseur intercepteur en bombardier, rôle pour lequel cet avion ne semble pas avoir été conçu.
Au total, 2 578 exemplaires du F-104 ont été construits pour 15 pays, dont plus de 900 destinés à l'Allemagne de l'Ouest. À partir de 1969, l'Italie produit une version F-104S encore améliorée (réacteur plus puissant, meilleur radar, électronique de bord modifiée). Les Starfighters italiens furent les derniers F-104 à rester en service : ils ne seront retirés qu'en 2004, alors que les F-104 allemands et canadiens avaient cessé de voler au milieu des années 1980.
Le Starfighter a établi les records officiels suivants :
Un total de 2 578 F-104 aura été produit par Lockheed et sous licence par les différents constructeurs étrangers qui en construisirent plus de 1 500. Les principales versions étaient :
Le F-104A fut utilisé pendant quelque temps en tant qu'intercepteur par l'Air Defense Command/Aerospace Defense Command de l'USAF, bien que l'armement et le rayon d'action du Starfighter ne soient guère adaptés à cette mission. Le , le 83 rd Fighter Interceptor Squadron de Hamilton AFB fut la première unité à être opérationnelle sur F-104A. Après une série d'accidents dus aux moteurs de ses F-104A, l'unité fut interdite de vol après seulement trois mois d'activité. Les vols ne reprirent qu'une fois que les réacteurs aient été remplacés par des J79-3B, et trois nouvelles unités de l'ADC furent transformées sur F-104A. En même temps, l'USAF réduisit sa commande initiale de 722 Starfighters à 155[5].
Les Starfighters de l'ADC furent retirés des unités d'active après un an de service et transférés vers des unités de l'Air National Guard. Il faut cependant rappeler que le F-104 avait été conçu comme une solution d'attente avant la livraison des F-106 Delta Dart[6].
La version suivante, F-104C, entra en service avec le Tactical Air Command en tant que chasseur-bombardier multirôle. Le 479th Tactical Fighter Wing[7] de George Air Force Base fut la première unité à voler sur cet appareil, à partir de . Bien qu'il ne soit guère adapté au théâtre d'opérations, le F-104 fut utilisé pour quelques missions pendant la Guerre du Viêt Nam. En 1967, les Starfighters du TAC sont transférés à l'Air National Guard.
La participation du Starfighter commença lors de l'opération Rolling Thunder en 1965. Bien qu'ils aient été utilisés dans le cadre de missions de supériorité aérienne et de support aérien, les F-104C basés à Da Nang ne connurent que peu d'engagements avec des appareils ennemis et aucune victoire, mais eurent un important rôle de dissuasion contre les MiG[8].
Le premier des deux déploiements de Starfighters au Viêt Nam eut lieu entre et avec un total de 2 937 sorties de combat. Pendant ce déploiement, deux F-104 furent abattus par des tirs venant du sol, un autre abattu par un Shenyang J-6 (version chinoise du MiG-19) de la marine chinoise le alors qu'il entrait dans l'espace aérien de l'île d'Hainan[9], et deux autres enfin perdus à la suite d'une collision en plein vol le même jour lors d'un engagement de combat[10].
Le 476th Tactical Fighter Squadron fut déployé d' à , perdant un Starfighter. Le 436th TFS, quant à lui, perdit quatre appareils pendant son déploiement de à [11].
Les Starfighters connurent leur deuxième déploiement au Viêt Nam quand le 435th TFS y séjourna de à juillet 1967, accomplissant 2 269 sorties de combat. Neuf F-104 furent perdus : deux victimes de tirs venant du sol, trois abattus par des missiles sol-air et quatre à la suite d'incidents mécaniques (problèmes de réacteurs).
Alors qu'ils étaient remplacés par des F-4 Phantom II en , un total de quatorze F-104 avait été perdu au Viêt Nam[12].
Les F-104 en service au Viêt Nam furent modernisés avec des récepteurs radar d'alerte APR-25/26, l'un d'entre eux étant toujours exposé à l'Air Zoo de Kalamazoo (Michigan)[13].
L'USAF ne fut pas très satisfaite du Starfighter et n'en commanda que 296 exemplaires monoplaces et biplaces, toutes versions confondues. À cette époque, la doctrine de l'USAF ne laissait que peu de place à la supériorité aérienne (les « vraies » missions de chasse), et le Starfighter ne sembla pas répondre aux besoins en termes d'intercepteur ou de chasseur-bombardier tactique, car il manquait à la fois la capacité d'emport et la capacité de survie des autres chasseurs de l'époque en service dans l'USAF.
Son utilisation dans l'USAF déclina dès la fin de 1965, les derniers Starfighters en service actif quittant l'USAF en 1969. Le F-104 resta néanmoins dans les rangs de la Garde nationale de Porto Rico jusqu'en 1975[13].
Les derniers Starfighters à voler sous les couleurs américaines furent les F-104G et TF-104G de la Luftwaffe, basés à Luke Air Force Base (Arizona) pour l'entraînement des pilotes allemands. Malgré leurs cocardes de l'USAF, ces Starfighters (dont certains construits en Allemagne) appartenaient en fait à l'Allemagne de l'Ouest. Ils continuèrent à voler jusqu'en 1983[14]. C'est un de ces avions qui fut utilisé lors du tournage du film L'Etoffe des héros.
Le , quatre F-104G de la Force aérienne de la République de Chine engagent le combat contre une formation de douze MiG-19 de la Force aérienne chinoise au-dessus de l'ile de Kinmen. Un MiG-19 fut abattu, ainsi qu'un F-104[15].
Au petit matin du , le Flight Lieutenant pakistanais Aftab Alam Khan marqua le début des combats aériens pendant la guerre entre l'Inde et le Pakistan de 1965, en revendiquant une victoire aérienne à bord de son F-104 contre un Mystère IV indien. Cette victoire, contestée par les Indiens, serait la première victoire aérienne d'un appareil capable d'atteindre Mach 2 et la première victoire par missile de la force aérienne pakistanaise (Pakistan Air Force ou PAF)[16].
La PAF perdit un F-104 pendant les opérations de 1965 tout en revendiquant deux victoires sur des avions indiens.
Un Starfighter serait à l'origine de l'interception d'un Gnat de la Force aérienne indienne le . Des F-104 ont été dirigés vers le Gnat qui volait au-dessus du Pakistan alors qu'il retournait vers sa base d'origine. Les passages supersoniques très rapprochés des F-104 forcèrent le pilote du Gnat à se rendre, puis descendre son train d'atterrissage et atterrir sur un terrain pakistanais désaffecté. Les Indiens prétendent que le Squadron Leader Brij Pal Singh fit une erreur de navigation qui l'obligea à se poser sur ce terrain pakistanais. Il fut retenu comme prisonnier de guerre avant d'être relâché (il termina sa carrière avec le rang d'Air Marshall)[17]. Le Gnat indien est aujourd'hui exposé au Musée de la PAF à Karachi.
Pendant la guerre de 1971, et notamment après l'introduction du MiG-21 en Inde, le Starfighter n'était plus guère considéré comme une véritable menace. Quatre F-104 ont été perdus lors de combats avec des MiG-21. L'un des pilotes réussit à s'éjecter au-dessus de la mer, mais les secours indiens ne réussirent pas à retrouver le pilote dans les eaux infestées de requins[18]. Un Alizé de la marine indienne fut néanmoins abattu par un F-104 pakistanais de retour d'une mission annulée[17].
Le , lors de l'invasion turque de Chypre, une flottille de trois destroyers de la marine turque est attaquée par erreur par des F-104 de l'aviation turque la prenant pour une force grecque. Le TCG Kocatepe (D 354), de la classe Gearing, est coulé, faisant 67 morts, et les deux autres navires gravement endommagés[19].
Au moment même où le F-104 tombait en disgrâce aux États-Unis, la Luftwaffe allemande s'intéressait de très près au chasseur multirôle. Le F-104G fut présenté comme une conversion d'un chasseur temps clair en un chasseur tous temps spécialisé dans l'attaque au sol, la reconnaissance et l'interception. L'appareil trouva un marché additionnel avec les autres pays de l'OTAN, conduisant finalement à la production de 2 578 appareils de toutes versions aux États-Unis, mais aussi et surtout sous licence dans d'autres pays. Sept pays reçurent leurs Starfighters dans le cadre du plan d'aide américain du Military Assistance Program (MAP). Les réacteurs américains furent retenus et construits sous licence en Europe, au Canada et au Japon. Le siège éjectable Lockheed initialement choisi fut remplacé plus tard dans certains pays par des Martin-Baker zéro-zéro réputés plus sûrs.
Le F-104 était en service dans les forces aériennes des pays suivants :
Les 916 F-104 reçus par l'Allemagne de l'Ouest (soit 749 R/F-104G, 137 TF-104G et 30 F-104F[20]) formaient le principal appareil de combat de la Luftwaffe et de la composante aérienne de sa marine, le Marineflieger. Au pic de son utilisation, la Luftwaffe avait cinq escadres (ou Geschwader) d'attaque au sol, deux escadres d'interception et deux escadres de reconnaissance équipées de F-104. Deux escadres supplémentaires de la marine fédérale avaient des missions d'attaque anti-surface et de reconnaissance maritime[21].
Le Starfighter entra en service dans la Luftwaffe en [22], avec des livraisons continuant jusqu'au mois de [23]. Les derniers F-104 de la Luftwaffe quittèrent les unités de première ligne le [4] tout en continuant d'être utilisés dans des unités de tests jusqu'au .
Les deux escadres sur RF-104G firent leur transition sur RF-4E Phantom au début des années 1970.
Le Marineflieger commencèrent à utiliser des missiles AS.30 dans le cadre de leurs missions anti-navires avant de les remplacer par des AS.34 Kormoran plus modernes[24].
Les Starfighters allemands avaient un taux d'attrition alarmant (ce qui mena les pilotes de la Bundesmarine et de la Luftwaffe à donner à l'appareil les surnoms de « Faiseur de veuves »[25], « Cercueil volant » ou « Fallfighter ») bien qu'équivalent aux pertes d'avions comme le Mirage III et le Vought F-8 Crusader[26], mais dans une période plus courte. Entre 1961 et 1989, 292 des 916 F-104 allemands s'écrasèrent, occasionnant la mort de 115 pilotes[25],[27]. En 1962, lors d'une répétition pour l'inauguration du F-104F à la Luftwaffe, un accident provoquant la mort des quatre pilotes (dont un américain)[28], attribué à une erreur de pilotage du leader[29], poussa la Luftwaffe à interdire les vols acrobatiques en formation. Un tiers des accidents de cet appareil monomoteur ont été imputés à l'arrêt du moteur en cours de vol, ce qui a conduit la Luftwaffe à ne sélectionner, par la suite, que des biréacteurs pour le renouvellement de sa flotte.
La Belgique utilisa 101 F-104G construits sous licence par SABCA et 12 TF-104G biplaces construits par Lockheed, un F-104G s'étant écrasé avant sa livraison. Le Starfighter servit avec la Force aérienne belge pendant un peu plus de vingt ans, entre le et le , avant d'être remplacés par le F-16. 23 restants furent vendus à Taïwan, et 18 à la Turquie. 38 F-104G et 3 TF-104G furent perdus dans des accidents.
Plusieurs d´entre eux restent visibles en Belgique, dont à l´entrée du zoning industriel de Milmort.
La RCAF, unifiée en 1968 avec les trois autres armes dans les Forces canadiennes, utilisa entre 1962 et 1986 un total de 200 CF-104 construits par Canadair à l'usine de Cartierville et 38 biplaces CF-104D construits par Lockheed. Près de 110 appareils s'écrasèrent en Europe : son usage intensif, surtout dans des missions d'attaque et de reconnaissance à très basse altitude, ainsi que les mauvaises conditions météo, furent la cause de près de 50 % des pertes. Les appareils canadiens avaient une moyenne de 6 000 heures de vol au compteur à leur retrait, soit le triple des Starfighters allemands. Des CF-104 en surplus furent transférés au Danemark, à la Norvège et à la Turquie[31].
Le Danemark reçut initialement 25 F-104G construits sous licence par Canadair et 4 TF-104G de Lockheed dans le cadre du programme d'assistance Military Assistance Program (MAP). Des avions canadiens en surplus furent transférés plus tard, entre 1972 et 1974 (15 CF-104 et 7 CF-104D). 51 Starfighters en tout ont donc été utilisés par la Force aérienne du Danemark, avant leur retrait du service en 1986. 15 F-104G et 3 TF-104G furent transférés vers Taïwan en 1987.
La Force aérienne espagnole a également reçu des F-104 dans le cadre du programme Military Assistance Program : 18 F-104G construits par Canadair (C.8) et 3 TF-104G construits par Lockheed (CE.8) furent livrés à l'Ejercito del Aire en 1965[32].
Lors de leur remplacement par des F-4C Phantom II en 1972, ces Starfighters ont été transférés à la Grèce et à la Turquie. Il est utile de noter qu'aucun Starfighter espagnol ne fut perdu malgré plus de 17 000 heures de vol. Il est vrai que l'Espagne n'utilisa le Starfighter que dans son rôle initial d'intercepteur et sous un climat la plupart du temps excellent[33].
La Grèce a reçu 45 F-104G et 6 TF-104G de première main dans le cadre des accords MAP. Cette livraison initiale fut complétée plus tard par de nombreux F-104 de seconde main d'autres pays de l'OTAN, dont 79 de l'Allemagne, 7 des Pays-Bas et 9 d'Espagne. Entrés en service en Grèce en , les derniers Starfighters grecs quittèrent le service actif en , après avoir équipé deux escadrons[34].
Le F-104 a été un élément clé de l'Aeronautica militare (Force aérienne italienne) depuis le début des années 1960 jusqu'à la fin du XXe siècle. MM6501, le premier F-104G italien, fut construit par Lockheed ; le premier Starfighter construit par Fiat/Aeritalia volant deux ans plus tard, le . L'Italie reçut une livraison initiale de 105 F-104G, 24 TF-104G et 20 RF-104G, opérationnels en . 205 F-104S et 6 TF-104G ayant appartenu à la Luftwaffe complétèrent ultérieurement cette flotte, amenant le total à 360 Starfighters. En 1986, l'Aeronautica militare (AMI) était le plus gros utilisateur de F-104 avec onze unités opérationnelles. Jusqu'en 1997, l'AMI perd 137 de ses F-104 (soit 38 % du total) en 928 000 heures de vols (soit 14,7 appareils pour 100 000 heures). Le F-104 fut officiellement retiré du service en 2004 lors d'une cérémonie à Pratica de Mare.
La force aérienne d'autodéfense japonaise (JASDF) a utilisé 210 chasseurs F-104J spécialisés dans la supériorité aérienne et 20 biplaces d'entraînement F-104DJ. Surnommés Eiko (« Gloire »), seuls 36 appareils ont été perdus pendant les 24 ans de service au Japon (d'octobre 1962 à 1986). Les F-104 japonais ont souvent eu à faire face aux provocations des bombardiers soviétiques qui volaient à la limite des eaux territoriales japonaises. La plupart des F-104 japonais ont terminé leurs carrières en tant que drones cibles (14 convertis en UF-104J dans les années 1990, tous abattu) et d'autres furent revendus à Taiwan.
La Jordanie a reçu en 1967 29 F-104A et 4 F-104B dans le cadre du Military Assistance Program. Contrôlés par les États-Unis, ces appareils ont été temporairement déplacés en Turquie pendant la Guerre des Six Jours. Remplacés par des F-5 et des Mirage F1 à partir de 1983, les appareils restants servirent de leurres sur les bases aériennes.
La Norvège a reçu dès 1963 19 F-104G construits par Canadair et 4 TF-104G dans le cadre du programme MAP, puis en 1974 18 CF-104 et 4 CF-104D en surplus du Canada. Le dernier F-104 norvégien est retiré du service durant l'hiver de 1982.
Les forces aériennes des Pays-Bas (Koninklijke Luchtmacht ou KLu) ont utilisé 138 Starfighters construits en Europe[35]. De nombreux F-104 néerlandais ont été transférés à la Turquie après leur retrait de la KLu.
Le Pakistan reçut 12 F-104A et 2 F-104B dans le cadre du programme d'aide américain. Entrés en service en 1961, ils continuèrent à voler jusqu'en 1972[36]. Les Starfighters pakistanais connurent le combat lors des Guerres indo-pakistanaises de 1965 et 1971 (cf. ci-dessus dans l'article).
La Force aérienne de Taïwan (ou Republic of China Air Force, RoCAF) utilisa un total de 282 Starfighters, financés par le programme MAP à partir du . Cette flotte incluait des F-104A, F-104B, F-104D, F-104G, F-104J, F-104DJ, RF-104G et TF-104G, neufs ou de seconde main. Les derniers Starfighters taïwanais furent retirés du service le après un total de 380 000 heures de vol[37].
L'Armée de l'air turque a reçu dans le cadre du programme d'assistance MAP 48 nouveaux F-104G et 6 TF-104G de Lockheed et Canadair livrés à partir de 1963, et acheta directement 40 F-104S à Fiat en 1974-1975[38]. Comme la Grèce, la Turquie reçut également dans le courant des années 1970 et 1980 un grand nombre de Starfighters en surplus d'autres nations de l'OTAN, dont 170 appareils allemands, 53 néerlandais et 52 canadiens. La Turquie reçut au total plus de 400 Starfighters, beaucoup d'entre eux ayant été simplement utilisés comme réserve de pièces détachées. Le F-104 fut retiré du service actif de la Force aérienne turque en 1995[39].
La Federal Aviation Administration compte, en , 10 F-104 enregistrés aux États-Unis, nombre devant passer à trois selon elles[40].
Onze F-104 de différentes versions ont été utilisés par la NASA entre 1956 et 1994. La plupart étaient des appareils de seconde main, à l'exception des trois F-104N (N pour NASA). Ils furent utilisés comme support aux essais en vol des programmes X-15 et XB-70, pour la mise au point de systèmes de téléguidage ainsi que pour l'entraînement des astronautes pendant les différents programmes spatiaux. Les Starfighters de la NASA furent également utilisés pour la collecte de données sur le comportement en vol des appareils. Les tuiles de protection thermique de la navette spatiale ont été testées sur un Starfighter monté sur un pylône pour des essais de vol à travers la pluie, tandis que le second XB-70 s'écrasa à cause d'une collision avec un F-104N piloté par Joseph Albert Walker. Neil Armstrong fut notamment l'un des pilotes à avoir piloté un F-104 de la NASA[41].
En 1966, Darryl Greenamyer, certain des possibilités quasi-illimitées des Starfighters qu'il avait pu piloter, décida de construire son propre appareil à l'aide de pièces provenant de dizaines d'appareils, dont des bancs de tests qui n'avaient jamais volé, des pièces provenant de F-104A à D crashés ou envoyés à la ferraille, ainsi que le système de contrôle par réaction (RCS) d'un NF-104A. Son moteur, un J79 spécialement modifié pour produire plus de poussée, venait des F4H de l'US Navy. L'appareil, encore incomplet au début de 1976, fut doté d'une peinture rouge vif et blanche et nommé N104RB Red Baron (en). En , Greenamyer battit à ses commandes le record de vitesse avec 1 010 mph (non homologué à cause d'un défaut de caméra) mais réalisa deux semaines après un vol record à la vitesse reconnue de 988,26 mph (1 590,45 km/h). En tentant de battre le record d'altitude alors détenu par un MiG-25 (Greenamyer visait 40 000 pieds atteints grâce à une montée à Mach 2,5), il constata lors d'un vol d'essai une probable défaillance du train d'atterrissage gauche. L'issue (en cas d'atterrissage sur le ventre) risquant d'être fatale, il dut se résoudre à s'éjecter et le Red Baron s'écrasa dans le Désert des Mojaves[42].
La Starfighters F-104 demonstration team est une patrouille aérienne basée à Clearwater (Floride) fondée en 1995. Elle utilise d'abord trois CF-104 construits par Canadair, deux monoplaces (serials 104850 et 104759) et un biplace (serial 104632). Ces avions étaient d'abord utilisés par les Forces canadiennes puis ont servi dans la Luftforsvaret norvégienne avant d'être renvoyés aux États-Unis dans les années 1990. En 2011, Starfighters Inc (en), proposant également de la recherche et développement, à partir de ces F-104 en achète 5 autres, un F-104B ex-USAF, un F-104S italien et 3 TF-104G-M.
Type | Lockheed | Multi-national | Canadair | Fiat | Fokker | MBB [a] | Messerschmitt [a] | Mitsubishi | SABCA | Total |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
XF-104 | 2 | 2 | ||||||||
YF-104A | 17 | 17 | ||||||||
F-104A | 153 | 153 | ||||||||
F-104B | 26 | 26 | ||||||||
F-104C | 77 | 77 | ||||||||
F-104D | 21 | 21 | ||||||||
F-104DJ | 20 | 20 | ||||||||
CF-104 | 200 | 200 | ||||||||
CF-104D | 38 | 38 | ||||||||
F-104F | 30 | 30 | ||||||||
F-104G | 139 | 140 | 164 | 231 | 50 | 210 | 188[b] | 1 122 | ||
RF-104G | 40 | 35 | 119 | 194 | ||||||
TF-104G (583C à F) | 172 | 27 | 199 | |||||||
TF-104G (583G et H) | 21 | 21 | ||||||||
F-104J | 3 | 207 | 210 | |||||||
F-104N | 3 | 3 | ||||||||
F-104S | 245[b] | 245 | ||||||||
Total par constructeur | 741 | 48 | 340 | 444 | 350 | 50 | 210 | 207 | 188 | 2 578 |
Source: Table de données tirée de Bowman, Lockheed F-104 Starfighter[43].
F-104A | F-104B | F-104C | F-104D | F-104G | TF-104G | |
---|---|---|---|---|---|---|
R&D | 189 473 | 189 473 | ||||
Cellule | 1 026 859 | 1 756 388 | 863 235 | 873 952 | ||
Moteur | 624 727 | 336 015 | 473 729 | 271 148 | 169 000 | |
Électronique | 3 419 | 13 258 | 5 219 | 16 210 | ||
Armement | 19 706 | 231 996 | 91 535 | 269 014 | ||
Équipement | 29 517 | 59 473 | 44 684 | 70 067 | ||
Coût unitaire marginal[44] | 1,7 million | 2,4 million | 1,5 million | 1,5 million | 1,42 million | 1,26 million |
Coûts de modification en 1973 | 198 348 | 196 396 | ||||
Coûts par heure de vol | 655 | |||||
Coûts de maintenance par heure de vol | 395 | 544 | 395 | 395 |
Note : coûts approximatifs en dollars américains de 1960 et non réajustés de l'inflation[45].
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