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Essai politique de Georges Fontenis De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Manifeste du communisme libertaire est un essai politique écrit en 1953 par Georges Fontenis intégrant la théorie politique et les pratiques révolutionnaires de la Fédération communiste libertaire (FCL).
Manifeste du communisme libertaire | |
Page de garde du manifeste du communisme libertaire, 1953 | |
Auteur | Georges Fontenis |
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Genre | Essai politique |
Éditeur | Éditions Le Libertaire (1953) Éditions "L" (1985) Éditions d'Alternative libertaire (2022) |
Date de parution | Mai 1953 |
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Aujourd'hui ce manifeste peut être vu comme un des textes clés du courant communiste libertaire[1]. Qui s’oppose autant à l'anarchisme individualiste qu’au bolchevisme[2].
En novembre 1952, alors que la Fédération anarchiste (FA) dite « de 1945 » connait une grave opposition interne entre une orientation communiste libertaire plateformiste (porté par Georges Fontenis et l'Organisation Pensée Bataille (OPB)) et une orientation anarchiste synthésiste (porté par Maurice Joyeux)[3], la commission d'édition de la FA décide de publier une brochure qui doit renfermer « en quelques pages l’essentiel de nos conceptions, un résumé à la fois clair et complet de la doctrine du communisme authentique, une plaquette d’un format commode pouvant être mise entre les mains de milliers de sympathisants »[4]. Le groupe de Kronstadt souligne dans son mémorandum que la dite « commission » n'existait pas, ni dans la réalité, ni dans les statuts et qu'ainsi ce manifeste ne reflétait que la position de Fontenis[5].
Cette brochure prend la forme du Manifeste du communisme libertaire, et est d'abord publié dans Le Libertaire dans une série d'articles sous l’intitulé « Problèmes essentiels »[4]. Il est finalement publiée au éditions Le Libertaire en mai 1953, juste avant le congrès de la FA qui donne naissance à la FCL marquant la victoire de l'orientation de Fontenis. Sept militants ont travaillé à la rédaction de cette brochure, dont les membres de l'OPB : Georges Fontenis, Serge Ninn, René Lustre, Roger Caron et André Moine[6]. Ainsi même si le Manifeste est publié sous le seul nom de Fontenis, il s'agit bien d'un travail collectif reflétant l'expression du courant politique de la FA[4].
Il est destiné à séduire l'aile gauche du parti communiste français[7].
Il connait deux republication, une en 1985 aux éditions "L" et une seconde en 2022 dans la collection Idées des éditions d'Alternative libertaire.
Le Manifeste du communisme libertaire est composé de plusieurs parties : « Le Communisme libertaire, doctrine sociale », « Le problème du Programme », « Rapport entre les masses et l'avant-garde révolutionnaire », « Principes internes de l'organisation révolutionnaire du Parti », « Le programme communiste libertaire » et « La morale communiste libertaire ».
Le Manifeste cherche à faire sortir l’anarchisme d'une position « fossilisée, littéraire, vague et sentimentale » afin de le tirer vers une conception communiste et libertaire qui défendrait un modèle de société « sans classes et sans État », une conception qui prendrait sa source au sein du mouvement ouvrier et de la première internationale et qui prend les apports à la fois de Mikhaïl Bakounine et de Karl Marx. Pour Fontenis « l’anarchisme doit être un mouvement politique et non un milieu philosophique et culturel, un mode de vie »[8].
Fontenis y développe sa conception de l'avant-garde en se distinguant de celle des léninistes : « Il nous faut développer, expliquer comment la minorité agissante, l’avant-garde révolutionnaire, est nécessaire sans pour cela devenir un état-major, une dictature sur les masses. En d’autres termes, il nous faut montrer que la conception anarchiste de la minorité agissante n’a rien d’aristocratique, d’oligarchique, de hiérarchique »[8]. Il défend l'implantation de cette minorité agissante au sein des syndicats et autres organisations de masse[2].
L'on retrouve dans le Manifeste un modèle d'organisation plateformiste, ce reposant sur les quatre « principes fondamentaux » : l’« unité théorique », l’« unité tactique », la « responsabilité collective » et le « fédéralisme ».
À la sortie du Manifeste, il reçoit auprès des lecteurs anarchistes un accueil mitigé du fait de l'utilisation de formules souvent plus proche des courants marxistes-léninistes comme : « parti », « dictature du prolétariat », « ligne politique », « discipline », « avant-garde »…
Le vocabulaire employé dans le Manifeste fait que certains de ses détracteurs finissent par qualifier Fontenis de « Lénine du mouvement anarchiste »[8].
Le manifeste est analysé par certains historiens et anarchistes comme léniniste[9] et avant-gardiste[10] ou bolchevisant[11].
Dans sa réédition du 1985, Guy Bourgeois, ancien militant de la FCL, écrit dans sa préface : « Face aux "humanistes" anarchistes que nous nommions entre nous les "vaseux", il y avait une volonté de provocation. Le Manifeste utilise le vocabulaire proscrit en cours chez les marxistes : parti, ligne politique, discipline. On se sert du terme « dictature du prolétariat » pour faire une tête de paragraphe, même si on en nie ensuite le principe dans le texte. On ne craint pas d’affirmer que les autres tendances n’ont qu’un lien vague avec l’anarchisme dont notre courant constitue le seul représentant. […] Les autres tendances de la F.A. ressentaient l'agressivité de nos démarches. Rapidement, on se demanda si nous n'étions point des agents du Bolchevisme infiltrés, on le chuchota, on le dit et bien des années plus tard, on l'écrivit.[…] C'est dans ce contexte qu'il faut juger aujourd'hui les outrances du Manifeste. […] Alors, la F.C.L. risqua de devenir un petit P.C. Bis. Elle a échoué avant, à la grande joie des "Humanistes" de la F.A.[…] Pourtant, le Manifeste du communiste libertaire a été nécessaire. Il a marqué pour la première fois au sein du mouvement libertaire de l’après-guerre une coupure nette avec les tendances humanistes de conciliation »[8].
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