Cet article propose un panorama et une liste des monnaies locales et complémentaires (MLC) lancées en France au XXIe siècle.

Ces monnaies sont convertibles en euros uniquement pour les professionnels et d'un usage légal pour tout adhérent à l'association organisant leur émission et leur circulation.

Alors que plusieurs centaines existent dans le monde, il y en a environ quatre-vingt (en 2022) en circulation en France (78 recensées dans le tableau plus bas) et quelques autres en projet. À l'exception notable de l'eusko (Pays basque) et, dans une moindre mesure, de la gonette à Lyon, ou de moneko à Nantes, leur importance dans la vie économique locale est modeste[1].

Un usage dans un cadre public est envisagé par la CAF de la Savoie, dans un projet de sécurité sociale familiale de l'alimentation[2].

Cadre légal et réglementaire

En France, les monnaies locales sont reconnues légalement dans la loi Économie sociale et solidaire (ESS), à l'article 16[3]. Présentée en Conseil des Ministres le , adoptée le à l’Assemblée nationale, la loi Économie sociale et solidaire (ESS) a été promulguée par le président de la République le et publiée au Journal officiel le [4].

« Art. L. 311-5.-Les titres de monnaies locales complémentaires peuvent être émis et gérés par une des personnes mentionnées à l'article 1er de la loi no 2014-856 du relative à l'économie sociale et solidaire dont c'est l'unique objet social.

« Art. L. 311-6.-Les émetteurs et gestionnaires de titres de monnaies locales complémentaires sont soumis au titre Ier du livre V lorsque l'émission ou la gestion de ces titres relèvent des services bancaires de paiement mentionnés à l'article L. 311-1, ou au titre II du même livre lorsqu'elles relèvent des services de paiement au sens du II de l'article L. 314-1 ou de la monnaie électronique au sens de l'article L. 315-1. »

Par ailleurs les monnaies locales sont tenues de respecter certaines règles de fonctionnement édictées par l'ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) de la Banque de France : constitution d'un compte de réserve, interdiction de rachat de MLC en euros (sauf professionnels), pas de rendu de monnaie en euros, tenue à jour de la liste des utilisateurs.

Réseaux de monnaies locales

Historiquement deux réseaux distincts se sont constitués en France entre les associations porteuses de monnaies locales : Le Mouvement Sol et le Réseau des monnaies locales complémentaires et citoyennes (MLCC). Le Mouvement Sol regroupe en une fédération une quarantaine de monnaies. Le Réseau des MLCC, association non déclarée jusqu'en 2021, s'est scindé à cette date en deux entités aux analyses divergentes, mais revendiquant toutes les deux le titre de « Réseau MLCC ». Ces deux réseaux regroupent environ 75 associations de MLC (l'adhésion étant automatique pour toutes les MLCC).

Ces réseaux fournissent à leurs membres, et au delà à l'ensemble des mouvements agissant dans la sphère des monnaies alternatives, un cadre d'information, de formation, de partage d'expérience, et se veulent être aussi les interlocuteurs privilégiés des instances nationales (Parlement, ACPR de la Banque de France, etc.).

Dans certains régions les associations de MLC se sont regroupées en réseau local ou en fédération afin de mutualiser leurs expériences et leur communication face aux collectivités locales. Par exemple en Occitanie, Moned'Òc.

Monnaies en circulation

Remarque : les indications ci-dessous, en particulier les chiffres, nombre de prestataires, d'utilisateurs, unités en circulation sont à interpréter avec prudence, car bien souvent ils ne sont plus d'actualité.

Davantage d’informations Nom, Lieu ...
NomLieuRégionNombre de prestatairesUnités de monnaie en circulationUtilisateurs (hors prestataires)Date de lancement
Abeille[5],[6] Villeneuve-sur-Lot Nouvelle-Aquitaine 100 14 000 (2012)[5] 100 2010 (janvier) (ou )
Agnel[7],[8] Rouen, Elbeuf et leurs environs Normandie 630 60 000 (2017) 2500 2015 ()
Aïga[9],[10] Alès Occitanie 2019
Aqui[11],[12] Sarlat, Terrasson, Montignac et Bergerac (Pays Perigord Noir) Nouvelle-Aquitaine 2018 (20 avril)
Babet Massif du Pilat Auvergne-Rhône-Alpes 2018
Bersak La Réunion La Réunion 2022 (février)
Beunèze[13],[14],[15] Saintes, Royan et son agglomération (Territoire de la Saintonge) Nouvelle-Aquitaine 2015 (mai)
Bizh[16],[17] 34 communes de l'intercommunalité Golfe du Morbihan - Vannes Agglomération Bretagne 58 2018 (27 janvier)
Bulle[18] Angoulême et toute la Charente Nouvelle-Aquitaine 89 (2020)

202 (2023)

15 000 (2020)

222000 (2023)

492 (2020)

4478 (2023)

2019 ()
Buzuk[19] Pays de Morlaix Bretagne 123 100 000 (2023) 453 2016 ()
Cagnole[20],[21] Auxerre et tout le département de l'Yonne Bourgogne-Franche-Comté 130 (2019) 42 000 () 720 2018 (avril)
Cairn[22],[23] Grenoble, Trièves, Vercors, Chartreuse, Valbonnais, Matheysine, le Sud Grésivaudan, la Bièvre, le pays Voironnais et l'Oisans Auvergne-Rhône-Alpes 330 103 000 (Août 2020) 2017 (septembre ou octobre)
Céou[24],[25] Bouriane (Lot) Occitanie 2014 (mars)
Cep[26] Nord-Tarn (Tarn) Occitanie 2017
Cers Le Grand Narbonne Occitanie 20 000 (2014) [27] 2014 (juillet)
Chouette[28],[29] Dijon, bassin de vie dijonnais Bourgogne-Franche-Comté 25 8 000 (2022) 40 2021 (27 mars)
Cigalonde La Londe-les-Maures Provence-Alpes-Côte d'Azur 2012 ()
Cigogne[30] Mulhouse, sud Alsace Grand Est 32 120 000 2 340 2017 (13 octobre), en gestation depuis 2014[31]
Commune[32] Roanne, bassin de vie du Roannais, Loire Auvergne-Rhône-Alpes 15 8 600 30 2010
Doume[33] Clermont-Ferrand et le reste du Puy-de-Dôme Auvergne-Rhône-Alpes 291[34] 224 075 () 1114 2015 ()
Éco Annemasse, Haute-Savoie Auvergne-Rhône-Alpes 2014 (septembre)
Élef[35],[36] Chambéry Auvergne-Rhône-Alpes 180 100 000 800 2014 ()
Épi Lorrain[37]Lorraine Belgique Luxembourg Grand Est 111 40 000 240 2012
Euroblochon[38] Val d'Arly Auvergne-Rhône-Alpes 2014
Eusko[39],[40] Pays basque Nouvelle-Aquitaine 550 2 000 000 (2021)[41] 2 700[42] 2013 ()
Flamant[43] Aigues-Mortes Occitanie 55[44] 2017 (mai)[45]
Florain Bassin de vie de Nancy Grand Est 170[46] 105 000 (fin 2019)[47] 2017 ()
Gabare[48],[49],[50] Tours et bassin de Touraine et Orléans depuis 2023[51] Centre-Val de Loire 233[52] 36 000 () 520 2016 ()
Galais[53] Pays de Ploërmel dans le Morbihan Bretagne 150 34 000 () 400 2015 (novembre)
Galléco Ille-et-Vilaine Bretagne 500 (2022)[54] 2013 ()
Gemme[55],[56] Gironde Nouvelle-Aquitaine plus de 250 2022 (juillet)
Gentiane Annecy Auvergne-Rhône-Alpes 72 18 000 300 2018 ()
Gonette[57] Métropole de Lyon et environs Auvergne-Rhône-Alpes 280[58],[40] 251 000 (2020)[41] 1 600[58] 2015 ()
Grain Région havraise Normandie 40 7 500 () 220 2015 ()
Graine[59] Montpellier et Hérault Occitanie 92 50 000 (mai 2020) 400 2018 (septembre)
Héol (ou Heol)[60],[61],[62] Pays de Brest Bretagne 64 8 000 (2012)[5] 380 2012 ()
Kwak[63] Guyane Française Guyane 2018 (mars)
I Soldi Corsi[64] Corse Corse 2017 (3e trimestre pour l'ensemble de l'île, expérimentation préalable dans la région bastiaise lors du 2e trimestre)
Léman Communes françaises et suisses autour du lac Léman Auvergne-Rhône-Alpes 2015 (septembre)
Lien [65] Bassin Ligérien Auvergne-Rhône-Alpes 106 140 000 200 2016 ()
Lou pelou Limousin Nouvelle-Aquitaine 120 10 000 () 450 2015 ()
Luciole Sud de l'Ardèche et Ardèche Méridionale Auvergne-Rhône-Alpes 2011 (avril)
Maillette[66] Pays de la Rance et pays de Dinan Bretagne 55 3 700 (2015) 59 2014 ( ou )
Marcassol[67] Ardennes Grand Est 2017 (novembre)
Méreau[68]Montargis (Loiret) Centre-Val de Loire 20 50 2016
Mige Creuse Nouvelle-Aquitaine 2017 ()
Moneko[69] Nantes et département de la Loire-Atlantique Pays de la Loire 328 (2022) 329 715 (2022) 1989 (2022) 2020 ()
Muse[70] Angers (Maine-et-Loire) Pays de la Loire 2012 ()
Nissart[71] Nice Provence-Alpes-Côte d'Azur 19 2017 (décembre)
Ourse Cc Questembert 56 et Arc Sud Bretagne Bretagne 58 180 2018 (septembre)
Pêche[72] Montreuil, puis Paris Île-de-France 30 90 000 280 2014 () , 2018 () à Paris
Pezh[73],[74] Trégor-Goëlo Bretagne 2021
Pive[75] Franche-Comté Bourgogne-Franche-Comté 350[76] 100 000[76] 1 200[76] 2017
Plume Gers (département) Occitanie 2022 (22 février)
Pois[77] Poitiers et département de la Vienne Nouvelle-Aquitaine 2018 (octobre)
Pyrène[78] Ariège Occitanie 709 000 230 2014 (4 ou )
Racine (la) [79],[80] Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, Yvelines, Essonne (département) Île-de-France 95 74 000 508 ([79]) 2018 (juin)
Radis (Radig en alsacien) Ungersheim (Alsace) Grand Est 15[81] 2013 ()
Renoir[82] Cagnes-sur-Mer Provence-Alpes-Côte d'Azur 2016 (septembre)
Rollon[83] Normandie Normandie 2018 (juin)
Roue[84] Vaucluse , Bouches-du-Rhône (Marseille, pays salonais, pays d'Aix[85] et pays d'Arles[86]), Alpes-de-Haute-Provence[87] et Hautes-Alpes. Provence-Alpes-Côte d'Azur 700 160 510 ()[88] 2 500 2012 (janvier) ou
Rozo St Nazaire, Brière, Presqu'île guérandaise Pays de la Loire 80 10 000 300 2016 (avril)
Segal[89] Pays de Lorient Bretagne 80 15 000 300 2018 (janvier)
Sezu[90] Uzès et communes environnantes (Gard) Occitanie 2019
Sol-Olympe Tarn-et-Garonne Occitanie 2014 (8 mars)
Sol-violette[91],[40] Bassin toulousain Occitanie 194 63 000 (2013)[92] 1 850 2011 ()
Sonnante Hautes-Pyrénées Occitanie 2017
Soudaqui[93] Pyrénées-Orientales Occitanie 2018 ()
Soudicy[94],[95] Allier Auvergne-Rhône-Alpes 964 55 092 964 2020 ()[96]
Stück[97],[98],[99] Strasbourg Grand Est 200 2 000 2015 ()
Tinda[100],[101] Béarn (Pyrénées-Atlantiques) Nouvelle-Aquitaine 230 (2018) 33 000 (2018) 500 (2018) 2015 ( lors de l'événement Alternatiba Billère)
Tiok ThoiryAin Auvergne-Rhône-Alpes 1 (fonctionne exclusivement au sein de l’association Objectif Gaïa) 2011
Tissou Nord-Isère Auvergne-Rhône-Alpes 2022 (10 février)
Tookets Pau Nouvelle-Aquitaine 2011 (1er avril, réservé aux associations)
Touselle[102] Saint-Gaudens et Comminges (sud de la Haute-Garonne) Occitanie 60 7 000 250 2013 ()
Trèfle[103] Périgord (Dordogne) Nouvelle-Aquitaine 15 2 500 (exclusivement sous forme électronique) 70 2016 ()
Vendéo[104],[105] Département de la Vendée Pays de la Loire 120[106] 25 000 50 2017 ()[107]
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Projets

  • Monnaie Locale Complémentaire Environnementale pour la Guadeloupe portée par l'association Gwada MLCE (Guadeloupe), en collaboration avec la communauté d'agglomération du Nord Basse-Terre. Lancement prévu début 2025[108].

Projets arrêtés et anciennes MLC

  • Le Sol Alpin, à Grenoble par carte à puce de 2007 à 2012[109].
  • La Bogue, à Aubenas : lancée au printemps 2011, a fusionné avec la Luciole en 2014.
  • La Sardine, à Concarneau : mise en circulation fin 2012 et arrêt en 2014[110].
  • Le Déodat, à Saint-Dié-des-Vosges, projet arrêté. Le lancement a été effectué en et la monnaie a été utilisé pendant une année par une quarantaine de personnes[111].
  • La Mesure, à Romans-sur-Isère et Bourg-de-Péage (Drôme) : mise en circulation le [112],[113] et arrêtée le 29/05/2017.
  • La Seine (nom provisoire avant la transformation du projet), à Paris[114]. L'association « Une monnaie pour Paris ! » avait pour objectif de lancer une MLC à Paris en 2018 (le projet prévoyait initialement un lancement fin 2016[115], puis à l'automne 2017[116]). Finalement, les membres de l’association décident d’abandonner l’idée d’une nouvelle monnaie locale, et lancent officiellement la Pêche de Montreuil dans la capitale le [117].
  • La BEL Monnaie, sur l'Agglo de Valence Romans, mise en circulation en , et arrêtée le [118].
  • Le Louis, autour de Poissy et Carrières-sous-Poissy (Yvelines) a été lancé le 18 février 2017 sous la forme inédite de pièces mais la monnaie n'a jamais été véritablement circulé et rien ne s'est passé depuis 2017[119].
  • SoNantes[120], lancé le 2015[121],[122] pour Nantes et sa région sous la forme d'une monnaie complémentaire non reconvertible (supports électroniques uniquement). Cette monnaie a eu environ 160 prestataires, 910 utilisateurs pour 56 000 unités de monnaie en circulation[123]. Elle a fusionné avec Le Retz'L en 2020 pour créer Moneko[124].
  • Retz'L[125], lancé le 2013 dans le Sud de Nantes et Pays de Retz. Cette monnaie a eu environ 170 prestataires, 200 utilisateurs pour 22 000 unités de monnaie en circulation (en 2016). Elle a fusionné avec SoNantes en 2020 pour créer Moneko.
  • Bou'Sol[126], lancée le à Boulogne-sur-Mer et dans le Boulonnais (Pas-de-Calais) et arrêtée le 30 novembre 2020 (concernait 132 utilisateurs et 40 prestataires)[127].
  • L'Occitan (Pézenas, Occitanie), lancée en janvier 2010, mise en sommeil à une date indéterminée.
  • Le Krôcô[128] (Nîmes et sa région)[129], lancé le 24 mars 2018 et arrêté le 23 mars 2022. A concerné environ 330 utilisateurs, 77 prestataires et 11 000 unités de monnaie en circulation.
  • La Trémière, à La Rochelle et en Aunis (Charente-Maritime). Le site de l'association existe toujours[130], mais il n'y a aucune nouvelle depuis 2020, on peut donc considérer que ce projet est arrêté.
  • La Miel[131], lancée en janvier 2013 sur Bordeaux, Libourne, l'Entre-deux-Mers et le Sud-Gironde, ayant eu 171 prestataires et 500 utilisateurs, et l'Ostréa lancée en 2017 sur le Bassin d'Arcachon et le Val de l'Eyre, ont fusionné en juillet 2022 pour former la Gemme.

Notes et références

Voir aussi

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