«De la peur, liée au péché, vous avez trouvé et, avec les générations antérieures, éprouvé comme nous tous la prégnance, entretenue par une éducation incitant au scrupule. Vous y voyez, non sans raison, une des racines de la déchristianisation contemporaine. Cependant, votre propre anxiété désamorçait déjà le découragement. Alors, répondant à une attente, l’un de vos derniers livres, Rassurer et protéger, présente tout grand l’abri tutélaire du manteau de la Vierge intercédante.»
—Mollat du Jourdin
«Je suis fier et heureux, cher Philippe Wolff, de recevoir de vos mains cette épée que mes enfants ont choisie du début du XIXesiècle afin de l'accorder au costume dessiné par David. Dans la ligne de ce qui vient d'être dit, je veux délibérément placer mon intervention et mes remerciements sous le signe de l'amitié. (…). L'épée fine, élégante et chronologiquement bien datée que je porterai désormais grâce à vous sous la coupole additionne à mes yeux trois significations. D'abord, elle me rappellera jusqu'en bout de carrière la chaleureuse sympathie dont vous m'avez entouré ce soir; elle symbolise ensuite un attachement à l'histoire que j'ai manifesté dès l'enfance; elle exprime enfin une sobriété de style dont j'aimerais faire passer quelque chose dans mon écriture[15]»
Jean Delumeau est membre d'honneur de l'Observatoire du patrimoine religieux (OPR), une association multiconfessionnelle qui œuvre à la préservation et au rayonnement du patrimoine culturel français[16]. Il est également membre du comité de parrainage de la Coordination pour l'éducation à la non-violence et à la paix[17].
Le , il fait partie des signataires d'une tribune de chercheurs et d'universitaires annonçant avoir voté Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle française de 2017 et appelant à voter pour lui au second, en raison notamment de son projet pour l'enseignement supérieur et la recherche[18].
Décès
Le 13 janvier 2020, Jean Delumeau décède à 96 ans à Brest dans la maison de retraite où il vivait depuis peu. Il est enterré au cimetière de Cesson-Sévigné, ville où il a vécu de longues années, auprès de sa défunte épouse[19].
Il habite à Rennes avec sa famille, ville où il avait été nommé professeur de lycée en 1950[21].
Catholique engagé, il soutient une régénération de l'Église, en phase avec son siècle[22].
Les ouvrages majeurs sur les thèmes qu'il travaille particulièrement concernent:
les pulsions avec en 1978: La Peur en Occident, XIVe-XVIIIes[23],[24] et en 1983: Le Péché, la Peur, la culpabilisation en Occident[25],[26];
les institutions avec en 1990: L'Aveu et le Pardon, XIIIe-XVIIIes[27];
les représentations avec en 1992: Le Jardin des Délices[28],[29].
Les ouvrages de Jean Delumeau ont été traduits dans de nombreuses langues dont le japonais, le portugais, le tchèque, le roumain, l'hongrois et l'italien[30],[31].
Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du XVIesiècle, Paris, De Boccard, 1957[32].
L’Alun de Rome, XVe – XVIIIesiècles, Paris, École Pratique des Hautes Études, 1962[33].
Naissance et affirmation de la Réforme, Paris, PUF. Coll. «Nouvelle Clio», 1965.
Le Mouvement du port de Saint-Malo, 1681-1720 [sous la dir. de], Paris, Klincksieck, 1966.
La Civilisation de la Renaissance, Paris, Arthur. Coll. «Les grandes civilisations», 1967[34].
Histoire de la Bretagne [sous la dir. de], Toulouse, Privat, 1969.
Le Catholicisme de Luther à Voltaire, Paris, PUF. Coll. «Nouvelle Clio», 1971[35].
L’Italie de Botticelli à Bonaparte, Paris, Armand Colin, 1974, (réédité en 1991 chez Armand Colin sous le titre L'Italie de la Renaissance à la fin du XVIIIesiècle).
Rome au XVIesiècle, Paris, Hachette, 1975.
La Mort des pays de Cocagne. Comportements collectifs de la Renaissance à l’âge classique, Paris, Publications de la Sorbonne, 1976[36].
Le Christianisme va-t-il mourir?, Paris, Hachette, 1977[37].
La Peur en Occident (XIVe – XVIIIesiècles). Une cité assiégée, Paris, Fayard, 1978[38].
Histoire vécue du peuple chrétien, 2 vols [sous la dir. de], Toulouse, Privat, 1979[39].
Le Péché et la peur: La culpabilisation en Occident (XIIIe – XVIIIesiècles), Paris, Fayard, 1983[40].
Ce que je crois, Paris, Grasset, 1985.
Le cas Luther, Paris, Éditions Desclée de Brouwer, 1986.
Les Malheurs des temps. Histoire des fléaux et des calamités en France [sous la dir. de], Paris, Larousse, 1987.
La Première communion: quatre siècles d'histoire [sous la dir. de], Paris, Éditions Desclée de Brouwer, 1987.
Rassurer et protéger. Le sentiment de sécurité dans l’Occident d’autrefois, Paris, Fayard, 1989[41].
Injures et blasphèmes [sous la dir. de], Paris, Imago, 1989.
L'aveu et le pardon. Les difficultés de la confession. XIIIe – XVIIIesiècle, Paris, Fayard, 1990[42].
Histoire des pères et de la paternité [sous la dir. de], Paris, Larousse, 1990[43].
Une histoire du Paradis. I: Le Jardin des délices, Paris, Fayard, 1992.
Le Fait religieux [sous la dir. de], Paris, Fayard, 1992.
La Religion de ma mère: Le Rôle des femmes dans la transmission de la foi [sous la dir. de], Paris, Éditions du Cerf, 1992[44].
Le Savant et la foi: des scientifiques s'expriment [sous la dir. de], Paris, Flammarion, 1993.
Une histoire du Paradis. II: Mille ans de bonheur, Paris, Fayard, 1995[45].
Histoire artistique de l'Europe: La Renaissance (avec Ronald Lightbown), Paris, Le Seuil, 1996.
L'Historien et la foi [sous la dir. de], Paris, Fayard, 1996.
Des Religions et des Hommes (avec Sabine Melchior-Bonnet), Paris, Éditions Desclée de Brouwer, 1997[46].
Pocquet du Haut-Jussé B. A., «Jean Delumeau, Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du XVIe siècle.», Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol.65, no3, , p.396-399 (lire en ligne)
Jérôme Baschet, «Jean Delumeau, Le péché et la peur. La culpabilisation en Occident, XIIIe – XVIIIesiècles», Médiévales, vol.6, , p.113-116 (lire en ligne)
Serge Chassagne, «Jean Delumeau, Daniel Roche (dirs.), Histoire des pères et de la paternité», Histoire de l'éducation, vol.50, , p.125-129 (lire en ligne)
Catherine Marand-Fouquet, «Jean Delumeau (dir.), La religion de ma mère, le rôle des femmes dans la transmission de la foi», Clio, vol.2, (lire en ligne)
Jean Séguy, «Delumeau (Jean), Mille ans de bonheur. Une histoire du paradis», Archives de Sciences Sociales des Religions, vol.92, , p.101-102 (lire en ligne)
Françoise Hildesheimer, «Jean Delumeau. Le mystère Campanella», Bibliothèque de l'École nationale des chartes, vol.166, no1, , p.293-294 (lire en ligne)
Collectif, Homo Religiosus. Autour de Jean Delumeau, Paris, Fayard, 1997.
(en) Thomas Worcester, «Jean Delumeau (1923-)», dans Philip Daileader et Philip Whalen (dir.), French Historians, 1900-2000: New Historical Writing in Twentieth-Century France, Chichester / Malden (Massachusetts), Wiley-Blackwell, , jusqu'à 610 (ISBN978-1-4051-9867-7, présentation en ligne), p.144-163.
Yves Krumenacker, «In Memoriam Jean Delumeau (1923-2020)», Chrétiens et sociétés. XVIe – XXIesiècles, n° 26, 9 mars 2020, p. 5-7 (ISSN1257-127X).
Guillaume Cuchet: Jean Delumeau, historien de l'Église de France, dans Études, n°4270 (avril 2020), pp.67-78.