Fils du sculpteur Augustin Pajou et d'Angélique Roumier, Jacques Pajou est baptisé le mercredi à la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris. Le , il est un des témoins au mariage de sa sœur Catherine-Flore avec le sculpteur Claude Michel, dit Clodion.
En 1784, il est élève de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il tente à quatre reprises de remporter le prix de Rome de peinture, en vain, bien qu'il soit admis à concourir à chaque fois après les épreuves éliminatoires. Une lettre de Girodet à François Gérard éclaire sur ces échecs: «Pourquoi donc Pajou s'est-il encore retiré ayant des espérances?», ce qui sous-entend que Pajou n'aurait pas participé aux épreuves finales sans que les raisons soient connues.
En 1792, l'artiste s'engage pour défendre la patrie dans la Compagnie des Arts de Paris[2]. Cette compagnie sera amalgamée dans la 9ebataillonbis de volontaires de Paris également appelé bataillon de l'Arsenal. Aux armées, près de Sedan, il correspond avec son ami François Gérard. Ces lettres [3] témoignent de la mentalité d'un conscrit, flambant d'enthousiasme au début, puis las de ces campagnes: «Il faudra bien rester ici parce que je ne veux pas me déshonorer aux yeux de mes concitoyens, si toutefois mon physique peut supporter les maux que nous allons souffrir […]»[4]
Le , il se marie avec Marie-Marguerite Thibault (1764-1827). Son ami François Gérard est son témoin. Sous l'Empire, il reçoit la commande du portrait du Maréchal Berthier (château de Versailles), et il réalise en 1812 un tableau représentant la Clémence de Napoléon envers Mademoiselle de Saint-Simon, pour cette évocation d'un acte politique envers les royalistes français en Espagne, Pajou reçoit la médaille d'or. Par son inventaire après décès, en 1828, il est mentionné qu'elle pesait 141 grammes et qu'elle fut prisée 439 francs.
En 1811, à l'instigation de François-Guillaume Ménageot qui connaissait la situation précaire du sculpteur David d'Angers, Jacques Pajou écrit une lettre au maire d'Angers[5] en demandant une aide matérielle pour cet Angevin. Ce document[6] que l'on a longtemps cru signé d'Augustin Pajou est en fait signé «Pajou peintre d'histoire[7]». L'aide est accordée et elle est considérée comme essentielle [8] pour la réussite professionnelle du sculpteur.
En 1814, il peint trois tableaux qui célèbrent le retour des Bourbons: Tête d'étude représentant la Paix avec les attributs de l'Abondance, Composition allégorique sur la régénération opérée en France par le retour du souverain légitime, Le Retour de Louis XVIII, tableau allégorique. Cette dernière œuvre est exposée au Salon de 1814[9]. En 1823, il démissionne de l'association Les Enfants d'Apollon en raison de son état de santé; il est en effet «cruellement tourmenté depuis une année par un tremblement continuel[10]».
La Mort de Géta dans les bras de sa mère par ordre de Caracalla son frère, 1788, Salon de 1791, n° 29, tableau provenant du château de la Frémoire à Vertou (vendu 360 000 francs en 1992, déposé à la Staatsgalerie de Stuttgart, un dessin préparatoire est conservé à Cambridge, Fitzwilliam Museum, donné par le peintre britannique Sir Frank Brangwyn en 1943).
Le Départ de Régulus pour Carthage, Salon de 1793, n° 388 bis, Paris, musée du Louvre, don, en 1964, de Mesdames Solvay et Petit-Collot en souvenir de leur mère Thérèse Vaillant.
La Clémence de Napoléon envers Mllede Saint-Simon, Salon de 1812, n° 692, localisation inconnue. La composition est connue par une gravure au trait de Charles Normand publiée par Charles Paul Landon dans les Annales du musée, 1812. Parmi les officiers auprès de Napoléon, on reconnait Roustam Raza et un cavalier polonais. Ce tableau fut commenté par le critique René-Jean Durdent dans la Galerie des peintres français du Salon de 1812, p.68: «D'autres encore font preuve de talens héréditaires: M.Pajou a peint, dans un grand tableau, le trait de clémence de S. M. l'Empereur et Roi envers M. de Saint-Simon. L'ordonnance en est belle, et plusieurs figures ont beaucoup d'expression».
Portrait de deux sœurs, 1814, MllesDuval[14], filles de l'auteur dramatique Alexandre Duval. Provenance d'Hortense Berthoulat née Sintôt, directrice des Cantines de l'Union des femmes de France, chevalier de la Légion d'honneur, de sa vente du , Paris, hôtel Drouot, n° 21, planche II. Ce tableau retrouvé en Allemagne, après 1945, fut attribué au musée du Louvre par l'Office des biens et intérêts privés.
Portrait de Jules Belin de Launay et de sa sœur aînée, 1819, dessin, 56,4 × 42,2 cm. Selon une inscription, les fleurs en médaillons sont de «Magni d'après Bessa», Dijon, musée Magnin.
Née en 1764[15], la sœur de Jacques Augustin Catherine Pajou se marie en 1781 avec le sculpteur Clodion, plus âgé qu'elle. Cette union n'est pas heureuse et se termine par un divorce. De Montpellier, chez son ami Riban, où il se rend en l'an III, Augustin Pajou écrit à son fils[16]: «Ce bon captif t'embrasse, ainsi que ta sœur qui ne mérite guère cette marque de ton amitié par sa négligence. Je n'en dit pas d'avantages sur cet article, car une rame de papier ne suffiroit pas pour décrire toutes les plintes que nous avons à faire contre elle, et si elle à un consciance, elle doit sentir que nous avons grandement raison.»
Elle divorce en pluviôse an II. En [17], elle se remarie avec Louis Pierre Martin dit Saint-Martin (1753-1819)[18], ancien conseiller clerc au Châtelet (de 1781 à 1790), fils de Pierre Henri Martin dit de Saint-Martin (1714-1778), architecte, juré expert des bâtiments à partir de 1743, contrôleur des bâtiments du roi à sa mort[19], et de Marie Françoise Vassé (morte en 1754, à 33 ans). Par sa mère, Louis Pierre Martin est le neveu du sculpteur Louis Claude Vassé et de l'architecte Claude Bacarit[20]. Il est portraituré par Philippe-Auguste Hennequin[21].
Aux côtés du capitaine Jacques Lemercier (sculpteur), du sous-lieutenant Jean-Baptiste Francesqui (sculpteur, connu sous le nom de Franceschi-Delonne), du sous-officier Louis-François Lejeune (peintre), mais aussi du futur économiste Jean-Baptiste Say.
cf. Baron Gérard, Lettres autographes adressées au baron François Gérard publiées par le baron Gérard, son neveu, Paris, 1883.et Philippe Nusbaumer,Jacques-Augustin-Catherine Pajou, peintre d'histoire et de portraits, Le Pecq-sur-Seine, 1997, page 121-129.
Patrick Le Nouëne, Dresser un monument aux sculpteurs, David d'Angers et l'histoire de la statuaire, catalogue d'exposition La Roche-sur-Yon, musée, L'artiste en représentation, 2013, p.195.
P. Le Nouënne, op. cit., , p.196.: «Les secours que lui avait accordés la ville d'Angers lui permirent de réussir le concours pour le Grand Prix de sculpture en 1811, puis de séjourner plusieurs années à l'Académie de France à Rome.»
Cf. Procès-verbaux de la Commission municipale du Vieux Paris, 9 décembre 1905, , d'après cette publication le portrait fut photographié par Michel Manzi
Le peintre Henri Regnault représentera bien plus tard, en 1866, une de ces demoiselles, sa grand-tante Madame Mazois sur son lit de mort (Paris, musée d’Orsay).
Il est l'auteur des Réflexions en réponse de M.l’abbé d’Espagnac, touchant l’abbé Suger,etc.,; Les établissemens de St. Louis, Roi de france, suivant le texte original et rendus dans le langage actuel avec des Notes, suivi du Panégyrique de St. Louis, 1784; Panégyrique de St Vincent de Paul, inst. de la Congr. de la Mission et des Filles de la Charité...1787. Après divers métiers, il finit sa vie à Liège comme conseiller à la Cour d'appel. «Saint-Martin (Louis-Pierre)», dans M. Pérennès, Biographie universelle, tome XI, Paris, Gauthier frères, 1834, p.219. En ligne. L'Ami de la religion et du roi, tome 21, Paris, Adrien Le Clere, 1819, pp.91-96 (). En ligne. Amateur d'art et collectionneur, il légua plusieurs tableaux à la ville.
«Saint-Martin (Pierre Henri Martin dit de) 1710-1780», Philippe Béchu, Christian Taillard, Les hôtels de Soubise et de Rohan-Strasbourg: marchés de construction et de décor, Paris, Somogy – Centre historique des Archives nationales, 2004, p.460. Il est mort en 1778 et non en 1780. Annonces, affiches et avis divers, 20 août 1778, p. 1247. Revue numérisée sur gallica.
Œuvre cataloguée par Jérémie Benoit, p.47 de son catalogue.
Bibliographie
Baron Gérard, Lettres autographes adressées au baron François Gérard publiées par le baron Gérard, son neveu, Paris, 1883.
Philippe Nusbaumer, Jacques-Augustin-Catherine Pajou, peintre d'histoire et de portraits, Le Pecq-sur-Seine, 1997.
Philippe Nusbaumer, Le Peintre Jacques Pajou, fils du sculpteur. De la difficulté de se faire un prénom, actes du colloque Augustin Pajou et ses contemporains, La Documentation française, pages 559-577, Paris, 1999.