Loading AI tools
politologue, historienne et féministe française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Françoise Vergès, née le dans le 11e arrondissement de Paris, est une politologue et militante féministe décoloniale française.
Présidente Comité pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage | |
---|---|
depuis le |
Naissance | |
---|---|
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Famille | |
Père | |
Mère |
Laurence Derouin |
Fratrie | |
Parentèle |
Jacques Vergès (oncle paternel) Raymond Vergès (grand-père paternel) |
A travaillé pour | |
---|---|
Mouvements |
Françoise Vergès, née le dans le 11e arrondissement de Paris, est la deuxième fille de Laurence Deroin et de l'homme politique Paul Vergès. Elle est de ce fait la nièce de l'avocat Jacques Vergès, qui aura une certaine influence sur elle, à travers ses combats.
Son père, fils d'un médecin et consul de l'ère coloniale[1], a été successivement ou simultanément député, député européen, sénateur, président du conseil régional de La Réunion et maire du Port.
Son arrière-arrière-grand-mère, Marie Hermelinde Million des Marquets, épouse Vergès, est issue d’une famille propriétaire d'esclaves à La Réunion. Propriétaire d'une plantation d'une vingtaine d'hectares, la famille était, d’après un acte de 1848, propriétaire de « 121 esclaves dont 66 créoles, 12 malgaches, 39 mozambiques et 4 indiens ou malais »[2].
Sa mère, Laurence Deroin, est une zorey née le 22 septembre 1924 à Ivry-sur-Seine et morte le 3 novembre 2012 à son domicile de La Possession. Militante et salariée au Parti communiste français (PCF), elle a notamment travaillé au ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme à l’époque dirigé par Raymond Aubrac, jusqu’au départ des communistes du gouvernement, ou encore pour Laurent Casanova. Le couple Deroin-Vergès s’est rencontré en 1947 à la section coloniale du PCF à Paris et s'est marié en 1949[3]. Laurence Deroin arrive pour la première fois à l’île de La Réunion, à l’âge de 30 ans en 1954, lorsque son beau-père Raymond Vergès souhaite que son époux Paul prenne la relève au sein de fédération réunionnaise du PCF[3]. Elle était militante au sein de l’Union des femmes françaises, et a été l’une des fondatrices de l’Union des femmes de La Réunion (UFR) en 1958. Après avoir tenu une librairie à Saint-Denis (La Librairie des Mascareignes) quelques années, Laurence Deroin a travaillé au journal Témoignages, où elle tenait une rubrique sur la condition féminine. Elle a aussi été candidate à diverses élections pour le Parti communiste réunionnais (PCR)[4],[5].
Françoise a une sœur aînée qui est médecin, Claude, née le 1er août 1949, mariée au docteur Edmundo Lopez Caizadilla ; elle habite au Panama depuis 1974, et elle a une fille, Sandra Lopez[6]. Françoise Vergès a aussi deux frères, personnalités de premier plan au sein du PCR : Pierre et Laurent.
Membres notables de la famille Vergès
Raymond Vergès 1882 – 1957 | |||||||||||||||||||||||
Jacques Vergès 1924 – 2013 | Paul Vergès 1925 – 2016 | ||||||||||||||||||||||
Françoise Vergès 1952 | Laurent Vergès 1955 – 1988 | Pierre Vergès 1958 | |||||||||||||||||||||
Selon le linguiste Robert Chaudenson, le grand-père paternel de Françoise Vergès, Raymond Vergès (1882-1957), est le « fondateur de cette dynastie politique communiste réunionnaise » et « avait été élevé surtout par sa grand-mère Marie Hermelinde Million des Marquets, née en 1832 et qui avait épousé, en 1855, un modeste commis de marine, Adolphe Vergès. En 1848, la famille Million des Marquets possédait, comme le montre le détail de ce recensement, 121 esclaves (dont 66 créoles, 12 malgaches, 39 mozambiques et 4 indiens ou malais)[7] ».
Arrivée à l'âge de 2 ans à l'île de La Réunion, Françoise Vergès y passe son enfance, marquée par les combats politiques menés par ses parents[8].
À l'âge de 16 ans ses parents la laissent quitter La Réunion pour aller passer son année de terminale et donc son baccalauréat en Algérie. Elle va étudier en octobre 1970 au lycée Descartes d'Alger. Elle est logée chez son oncle, l'avocat Jacques Vergès, qui vit et défend en justice la militante du FLN Djamila Bouhired. Françoise Vergès déclare vouer une admiration pour le combat de libération mené en Algérie à cette époque. Au lycée, elle se lie d'amitié avec d'autres enfants d'indépendantistes ou encore d'artistes. Elle obtient son baccalauréat de justesse, en passant l'oral du second tour, grâce à l'épreuve de géographie. Pendant la disparition de Jacques Vergès, elle va habiter chez un ami de son oncle : Georges Arnaud[9]. Après son bac, elle va très brièvement étudier le chinois et l'arabe à Aix-en-Provence, puis retourne trois mois plus tard étudier à Sciences Po Alger. Elle arrête vite les études pour se consacrer au militantisme[10].
En 1983 elle part aux États-Unis où elle vit illégalement de petits boulots[11], après avoir travaillé en tant qu'éditrice et journaliste dans le milieu féministe français. Elle quittera le pays vers le Mexique pour revenir aux États-Unis de façon légale et reprendre ses études en 1987 à l'université de Californie à San Diego, où elle suit des cours de sciences politiques et d'études féministes, afin de pouvoir s'inscrire en thèse par la suite[12]. En 1989, elle part à l'université de Californie à Berkeley en thèse de sciences politiques sous la direction de Michael Paul Rogin. Elle soutient son doctorat en mai 1995 et rentre en France. Sa thèse est publiée sous le titre Monsters and revolutionaries. Colonial family romance and metissage[13]. Elle prend pour trame l'histoire politique de La Réunion depuis son origine jusqu'à nos jours, pour retracer le parcours de sa famille engagée en politique depuis 1930[14].
Elle obtient son habilitation universitaire en 2005, à l'École des hautes études en sciences sociales[15].
En 1996, elle enseigne à l'université du Sussex et, depuis 2000, elle est membre du département politique (sans enseigner) au Center for Cultural Studies du Goldsmiths College de l'université de Londres. Elle s'interroge sur les problématiques de l'esclavage colonial et les phénomènes de créolisation en utilisant des théories politiques insistant sur les logiques postcoloniales[12].
Après en avoir été vice-présidente, Françoise Vergès devient, le , en remplacement de Maryse Condé, présidente du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage[16], par décret du [16] ; elle y reste jusqu'en 2013. Le possible renouvellement de son mandat, a entraîné des polémiques en 2012-2013[17],[18].
En , elle est « experte transversale », dans le cadre des états généraux de l'Outre-mer[19].
Entre 2003 et 2010, elle est la directrice scientifique de la Maison des civilisations et de l'unité réunionnaise (MCUR), qui avait pour projet d'être un musée postcolonial du temps présent, une mission qu'elle menait conjointement avec Jean-Claude Carpanin Marimoutou[20]. Sa nomination, ainsi que le projet lui-même, sont sujets à débats dans la société réunionnaise. Le , le journaliste Pierrot Dupuy dépose plainte avec constitution de partie civile à l'encontre de Paul Vergès pour avoir nommé sa fille à la direction, ce qui constituerait selon lui une prise illégale d'intérêts[21]. Il semblerait que l'appel à candidatures à la tête de la MCUR avait été infructueux[22], et, à ce jour, le caractère illégal de la nomination de Françoise Vergès n'est pas avéré. Concernant le projet scientifique de la MCUR, la commission d'enquête publique rend dans son rapport du 19 février 2010 au préfet Michel Lalande un avis favorable[23]. Le , la victoire de la liste conduite par Didier Robert au conseil régional de La Réunion signe la fin du projet MCUR. Dès son élection, conformément à son programme, Didier Robert annonce la fin du projet MCUR alors que celui-ci était déjà bien engagé depuis 6 ans et avait nécessité d'importants fonds publics.
En 2014 elle a été nommée titulaire de la chaire « Global South(s) » au collège d'études mondial de la Fondation Maison des Sciences de l'homme (jusqu'en 2018). Le 10 mai 2017, Françoise Vergès est nommée au groupement d'intérêt public dénommé « Mission de la mémoire de l'esclavage, des traites et de leurs abolitions »[24].
Après le lycée, Françoise Vergès s’engage dans le Secours rouge, le comité Palestine, le mouvement contre l’installation d’un camp militaire au Larzac, les Groupes d'information Prisons et le Mouvement des femmes[26]. Elle fréquente le Mouvement de libération des femmes à Paris et s'investit dans le groupe « Psy et Po » d'Antoinette Fouque[9]. Elle collabore au journal Des femmes en mouvements, mensuel puis hebdomadaire, publié entre 1978 et 1982 et à la collection « Femmes en lutte de tous les pays », aux Éditions des femmes, de 1981 à 1983. Menant ses luttes féministes et antiracistes de manière globale et locale, elle en vient notamment à collaborer avec l'association Rualité créée par la hip-hoppeuse Bintou Dembélé[27].
Attaquée par les médias après l'affaire Olivier Grenouilleau, elle est membre du collectif de la Marche des femmes pour la dignité (MAFED)[28],[29] — dont elle signe les appels[30] —, un groupe que le journaliste Laurent de Boissieu situe dans le champ politique qualifié de « racialisme » et définit comme proche du Parti des Indigènes de la République[31] (PIR). Le , elle participe au meeting du collectif MTE (Maman toutes égales) contre des mesures prises par des établissements scolaires et par le ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel à l'encontre de mères d’élèves voilées[32].
Elle intervient souvent sur le média Paroles d'honneur[33].
Elle est membre du Collège de la diversité au ministère de la Culture[34] et compte parmi les membres fondateurs du collectif Décoloniser les arts[35],[36],[37].
En mai 2018, elle participe à la conférence internationale « Bandung du Nord », organisée par le Decolonial International Network afin de « questionner la mémoire coloniale »[38], au côté d'autres universitaires et militants célèbres tels qu'Angela Davis, Fred Hampton Jr. (en) ou encore Muntadhar al Zaidi.
Le 3 octobre 2018, elle signe une tribune collective[39] appelant à participer aux deux journées de mobilisation organisées, les et , par des associations se réclamant de l'« antiracisme politique » — groupées sous le nom de « collectif Rosa Parks » —, pour « protester contre les inégalités structurelles, le racisme, la ségrégation et le mépris permanent »[40].
Au début des années 2020, elle fait partie du « conseil scientifique » de l'Institut La Boétie[41],[42],[43].
En octobre 2023, selon Paul Sugy du Figaro, elle légitime l'attaque du Hamas contre Israël, qui fait près de 700 morts du côté israélien, en écrivant sur Twitter : « D'un côté une occupation coloniale avec sa violence systémique, son racisme structurel, son illusion de démocratie, le vol des terres, la torture, de l'autre un combat légitime pour la libération. Rien d'autre. Palestine vaincra ! »[44]. Une prise de position qui s'inscrit selon Philosophie magazine dans le cadre des polémiques qui divisent militantes féministes concernant le conflit entre Israël et le Hamas[45].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.