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personnage de la légende arthurienne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La fée Morgane est un personnage du cycle arthurien, dans lequel elle est la demi-sœur magicienne du roi Arthur. Personnage positif à l'origine, elle est présentée ensuite comme une adversaire du roi, de sa femme Guenièvre et des chevaliers de la Table ronde.
Morgane | |
Personnage de fiction apparaissant dans la Légende arthurienne. |
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Morgan Le Fay, tableau de Anthony Frederick Augustus Sandys (1864). | |
Nom original | Morgane |
---|---|
Alias | Morgue |
Origine | Probablement diverses mythologies |
Sexe | Féminin |
Famille | Fille d'Ygerne et du roi de Cornouaille, demi-sœur d'Arthur, femme du roi Urien et mère d'Yvain et Morfydd |
Entourage | Gorlois, Urien, Accolon, le roi Arthur |
Première apparition | Geoffrey de Monmouth, Vita Merlini |
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Chez Geoffroy de Monmouth, c’est la principale des neuf enchanteresses qui accueillent Arthur à Avalon après la bataille de Camlann ; chez Chrétien de Troyes, elle est une sœur d’Arthur, magicienne et guérisseuse coopérant avec son frère. C’est à partir du Lancelot-Graal que son personnage se précise. Elle devient l’adversaire d’Arthur, fille d’Ygraine (Ygerne ou Igerne en ancien français) et de Gorlois, sœur d’Élaine et de Morgause, demi-sœur — par sa mère — d’Arthur et femme — souvent infidèle — du roi Urien avec qui elle ne s’entend pas et dont elle a un fils, Yvain. Merlin est son maître de magie.
Dans les adaptations modernes de la légende arthurienne, elle remplace quelquefois Morgause, beaucoup moins connue qu’elle, comme mère de Mordred, fils incestueux d’Arthur. Elle y est présentée comme une séductrice maléfique, mais aussi parfois comme un personnage positif incarnant un pouvoir féminin désapprouvé par la société médiévale.
Morgane est un prénom féminin. Il semble y avoir une similitude entre branches celtiques.
La branche gaëlique de muir est l'équivalent du gallois môr, du cornique et du breton mor, apparenté au gaulois mori (attesté sous la forme more dans le Glossaire de Vienne, glosé par le latin mare) et signifiant tous « mer »[1].
On retrouve en gallois Muirgenet, de l’irlandais Muirgen[2].
C'est un composé des éléments muir « mer » et gen « née de »[2], d'où le sens global de « née de la mer »[3],[2].
Mais on retrouve encore le nom commun matin en Allemagne avec Morgen. Des vestiges celtes y sont d'ailleurs retrouvés.
L'élément -gen est un proche parent du gaulois genos « lignée, famille », mais comme deuxième élément d'un composé anthroponymique, il exprime une filiation et dans de nombreux exemples, il semble devoir se traduire par « née, née de » ou l'aube, le jour qui se lève (exemple : Samogenus « né l'été, fils de l'été », au féminin Nemetogena « née (près) du sanctuaire, fille du sanctuaire »)[3]. Muirgen doit remonter à un composé proto-celtique non attesté *Morigenos[3]. L'ancien gallois Morgen (attesté pour la première fois dans la Vita Merlini de Geoffroy de Monmouth, vers no 920), puis Morgan sont des formes rajeunies[4] d'après le gallois môr « mer ».
Dans une série d'anthroponymes en -gen, exemple : Catgen « fils du combat » ; Festgen ; Mategen (correspondant du vieil irlandais Mathgen et au gaulois Matugenus)[5]. Le vieux breton possédait la même racine gen qui avait pris le sens de « païen »[5] semble-t-il. Le sens de -gen s'étant perdu, il est tombé dans l'attraction analogique des noms de personnes celtiques en -an très nombreux. Le nom de personne moderne Morgan qui en est issu, est particulièrement bien représenté en Bretagne, aussi bien comme élément de toponymes datant de l'époque médiévale (ex. : la ville Morgan à Plouguenast-Langast, Côtes d'armor) que comme nom de famille[6]. La forme féminine française Morgane est issue du latin Morgana, formé avec la désinence féminine -a.
Jean Markale est quant à lui « certain que Morgane est le même personnage que la déesse irlandaise Morrigane », dont le nom en gaélique signifie « grande reine »[7]. Morgane est présentée comme la reine des fées et la maîtresse de l'île d'Avalon, chez Geoffroy de Monmouth[8].
Lorsqu'elle apparaît dans le roman de Monmouth, Morgane vit sur l'île d'Avalon avec ses huit sœurs. Grâce à des charmes, elle guérit le roi Arthur blessé lors de la bataille de Camlann. Si elle n'est pas présente dans les romans de Wace et de Layamon, intitulés tous deux Brut, elle apparaît dans les romans de Chrétien de Troyes, Erec et Yvain en tant que sœur d'Arthur. Morgane apparaît aussi dans l'ouvrage d'Étienne de Rouen, Draco Normannicus. Dans tous ces textes le rôle de Morgane est positif : chez Chrétien de Troyes (Érec et Énide, Yvain ou le Chevalier au lion), elle guérit son frère ainsi qu'Yvain et Lancelot.
Envoyée dans un couvent lorsqu’Uther Pendragon tue son père et épouse sa mère, elle reçoit une éducation complète puis est acceptée par Merlin comme élève dans les arts magiques. Uther lui fait épouser Urien qu’elle n’aime pas. Femme luxurieuse[7], elle tombe amoureuse, à Camelot, d'un chevalier, Guiomart, cousin de la reine Guenièvre. Cette dernière rompt leur relation et, dès lors, Morgane déteste son frère et Guenièvre. Cette haine s'accentue après que Lancelot a rejeté ses avances[9].
Dans certains contes Morgane va chercher à se venger de Guenièvre, en la prenant en défaut, par exemple en portant à la cour une coupe magique qui révèle l’infidélité (Tristan en prose). Dans Sire Gauvain et le chevalier vert, Morgane est la complice de la belle dame de Haut-Désert, toutes deux recherchant la mort de Gauvain par des actes fourbes et traîtres.
Dans certains récits, elle s’empare du fourreau — dans lequel réside, selon certains, le pouvoir protecteur de l’épée — et le jette dans un lac. Dans d'autres récits, Morgane initie son neveu (ou fils, cela varie selon les récits) Mordred pour qu'il puisse tuer Arthur. Mordred réussit à tuer Arthur et cela marque la fin d'Albion. Le corps d'Arthur est transporté dans un bateau par trois femmes : Ygraine, la Dame du Lac et Morgane[9].
Le personnage de Morgane se caractérise par sa complexité. Selon les auteurs, elle est une fée ou une humaine, bénéfique ou maléfique ; sœur, demi-sœur ou sans lien de parenté avec Arthur. Dès lors, les significations que l'on peut y voir sont multiples, elles s'opposent parfois ou se complètent.
Capable de guérir ou de tuer, Morgane rappelle la personnalité de déesses qui ont pu inspirer les auteurs médiévaux. Morrigan, déesse celtique, mais aussi Sirona et les déesses celtiques Sulis et Sequana (les deux dernières étant de plus liées à l'eau comme Morgan) ont pu servir de modèles pour la création de Morgane[H 1]. Le personnage pourrait avoir l'une de ses sources dans la déesse Morrigan, une Tuatha Dé Danann inspirée de la Dea Matrona gauloise, telle qu'elle apparaît dans la littérature galloise médiévale[10]. Fille d’Avallach ou du roi d’Avallach (Avalon ?), dans les Triades galloises, elle est, comme dans le cycle arthurien, liée au roi Urien. Elle en a deux enfants, un fils nommé Owain et une fille nommée Morfydd[11].
C'est dans le Lancelot-Graal qu'est détaillée la filiation de Morgane. Elle y est la fille d'Ygraine et de Gorlois, duc de Cornouailles, sœur d'Élaine et de Morgause et demi-sœur d'Arthur.
Selon le Lancelot-Graal, Morgane apprend les secrets de magie de Merlin, et les emploie pour contrarier les desseins du roi Arthur et de Lancelot[12].
Dans le roman de Monmouth, elle est dépeinte comme une magicienne experte dans l'art de guérir, connaissant les plantes, capable de changer de forme et d'aller d'un lieu à l'autre en volant[13]. Ce pouvoir la relierait, selon Jill Marie Hebert, à Morrigan[H 2].
Dans le roman de Hartmann von Aue, Erec, Morgane est décrite comme capable de changer les personnes en animaux[H 3]. Cela la rapproche de la magicienne Circé qui apparaît dans l’Odyssée[H 4].
Dans l'ouvrage d'Étienne de Rouen, elle est une nymphe immortelle capable de conférer l'immortalité à d'autres personnes et en particulier Arthur qui est décrit comme son frère[H 5].
Morgane est présentée comme une femme luxurieuse, ayant de nombreux amants, le plus connu et probablement son favori étant Accolon, la fée semblant éprouver un amour véritable à son égard. Contrairement à Viviane, elle n'a pas de relation amoureuse avec Merlin[Note 1].
Certaines sources lui attribuent la maternité de Mordred. Dans le Roman de Merlin[Note 2], l'enchanteur apparaît au roi Arthur sous la forme d'un enfant de quatre ans pour lui reprocher d'avoir péché en faisant un enfant avec sa sœur Morgane, puis sous celle d'un vieillard où il annonce qu'un chevalier à naître (Mordred) causera la perte du royaume[14]. Mordred peut-être conçu de façon « fortuite » : Morgane représente la jeune vierge offerte au dieu Cornu qui n'est autre qu'Arthur, lors d'une fête païenne, sans qu'aucun des deux ne le sache. Ce n'est qu'une fois le rite accompli que les deux amants découvrent chacun l'identité de l'autre.
Dans le Lancelot-Graal, Morgane change de personnalité et devient une opposante à Arthur et à la Table ronde. Elle n'est plus le personnage magique qui sauve Arthur mais une figure néfaste qui emprisonne les chevaliers infidèles à leur dame dans le Val sans retour, situé à Brocéliande, et qui essaie de briser l'amour de Lancelot et de la reine Guenièvre[15].
Dans Le Morte d'Arthur, elle s’empare d’Excalibur et pousse son amant Accolon à tuer Arthur, mais le plan échoue.
Elle apparaît aussi dans la Matière de France où elle a pour amant et complice Ogier de Danemarche. Dans Huon de Bordeaux, elle a un fils de Jules César, Obéron, roi de féerie doté de pouvoirs magiques et qui a plusieurs traits communs avec Merlin[16].
Elle est mentionnée dans les Chroniques de Gargantua comme la marraine de ce dernier sous le nom de Morgan-le-Fay, alors que dans Pantagruel, elle est appelée Morgue, fée de l’île d’Avalon.
Morgane, lorsqu'elle est comprise comme une incarnation de la déesse Morrigan, représente le destin. Morrigan est elle-même une forme de la déesse-mère gauloise Matrona, qui donne en gallois Modron. Or la déesse mère accueille les défunts, comme Morgane accueille Arthur, lorsqu'il est grièvement blessé[7]. En revanche, dans les textes de la matière de Bretagne plus tardifs, elle est la magicienne maléfique opposée de la fée Viviane, la fée bénéfique[7].
Le nom de Morgane la lie peut-être aux morgan/morgen, fées des eaux séductrices et dangereuses du folklore brittonique[17].
Morgane a perduré en France sous le nom de fée Margot et l’on trouve un peu partout en France des « Caves à Margot », des « chambres de la fée Margot », des « fuseaux de Margot » ou des « Roche Margot »[18]. Sainte Marguerite, représentée « issourt » du dragon comme à Lucéram, ou avec à ses pieds le dragon-vouivre symbolisant les forces telluriques, pourrait avoir emprunté certaines de ses caractéristiques.
Morgane est la femme de Gargantua dans certains contes populaires, et sa marraine chez Rabelais ; elle porte comme lui un devantiau (sorte de tablier) dans lequel elle transporte des pierres. Selon le folkloriste Henri Dontenville, les sonorités MeReGue de Morgane et GueReGue de Gargantua se répondent. Tout comme il y a de nombreux Monts « Gargan », il y a des monts (Morgon, Margantin, Mercantour…), des rivières (Morgon, Mourgon, Morge, Mourgues…), des fontaines de la Mourgue qui pourraient lui devoir leur nom[18].
Le Morgant Maggiore de Pucci (fin du XVe siècle) conte les exploits d’un géant Morgante, ou Morgant, Morgan. La transcription de son nom en Morgue la lie parfois à la Mort.
Morgane a une place dans les mouvements contemporains de renaissance celtique. Le Manuscrit des Paroles du Druide sans nom et sans visage, de l'auteur Emmanuel-Yves Monin, la dit « Mère Grand, Morgan, Celle-qui-sait-la-vuipre, Bel-Terre, la Noire, la Dame de Sous-Terre, et tant d’autres noms… ».
Comme nombre d'autres personnages de la légende arthurienne, Morgane trouve une place de choix dans la culture populaire moderne, tant littéraire que dans les arts visuels[Note 3].
Le personnage est explicitement représenté dans l'univers de visual novels Fate.
La Fée Morgane apparaît dans le MOBA Smite en tant que personnage jouable.
Dans Le Cycle d'Avalon de Marion Zimmer Bradley, elle joue le rôle de protectrice des traditions religieuses et magiques bretonnes contre l’avancée d'un christianisme présenté comme oppresseur et patriarcal. Elle est disciple de la grande prêtresse Viviane. Dans L'Apprentie de Merlin de Fabien Clavel, Ana, l'élève de Merlin, est en réalité Morgana, demi-sœur et amante d'Arthur, qu'elle a aidé à devenir roi. Dans cette version, Morgane est la fille de Viviane et d'Uther et elle a un don pour la magie noire.
Le groupe de heavy metal Grave Digger a une chanson nommée Morgane La-fay dans leurs album thématique Excalibur.
Morgane est l'un des personnages principaux du téléfilm Les Brumes d'Avalon, où elle est interprétée par Julianna Margulies.
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