ensemble de textes légendaires du Moyen Âge De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La légende arthurienne, ou cycle arthurien, est un ensemble de textes écrits au Moyen Âge autour du roi Arthur, de son entourage et de la quête du Graal. C'est un thème fort de la matière de Bretagne.
Il n'existe non pas une légende arthurienne, mais plusieurs. Ceci est dû aux nombreux auteurs qui ont assemblé ces traditions au cours des siècles, depuis les premiers moines collecteurs jusqu'aux écrivains qui l'ont enrichie, comme Chrétien de Troyes ou plus récemment Xavier de Langlais. Ainsi, le nom des personnages et les circonstances de leur vie (jeunesse, hauts faits, mort) varient d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre. Il existe cependant une unité de lieu: le royaume de l'île de Bretagne[1], qui recouvre les territoires du centre, du sud et de l'ouest de la Grande-Bretagne actuelle ainsi qu'une partie non définie de la Bretagne continentale, et une unité de temps: la fin du Vesiècle et le début du VIesiècle quand les Romains viennent de quitter l'Île de Bretagne, période des grandes invasions qui précédèrent et suivirent la chute de l'empire romain d'Occident. Il ne s'agit donc pas, à l'origine, de personnages du Moyen Âge central, même si leur popularité en France a été portée par des écrivains de cette période.
Le cycle littéraire de la légende arthurienne est le plus connu des cycles de la matière de Bretagne. Il doit son succès à son statut de double récit, approché par de très nombreux auteurs depuis le XIIesiècle. D'un côté Camelot, utopie chevaleresque, défaite par les conflits entre Arthur, Lancelot du Lac et Mordred, entre autres. De l'autre, la fabuleuse quête du Graal, entreprise par de nombreux chevaliers, dans laquelle beaucoup échouent (comme Lancelot) et de rares élus réussissent (son fils Galahad, notamment aidé de Perceval et de Bohort). Le cycle arthurien est, depuis quelques siècles, centré sur des thèmes du christianisme, tels que le péché, illustré par les actes des héros tour à tour vertueux ou malins, ou la quête de l'absolu, symbolisé par la relique suprême, le saint Graal. Les relations amoureuses, telles que celle de Lancelot et Guenièvre ou de Tristan et Iseut, comportent des éléments inspirés de l'amour courtois[2]. Plus récemment, la tendance est d'établir le lien de ces légendes avec la mythologie celtique, surtout depuis le début du XXesiècle.
L’arthurianisme est la discipline qui étudie la littérature arthurienne.
Les écrivains francs et ceux issus de l'Empire Plantagenêt, notamment, ont considérablement modifié la matière originelle par des ajouts issus de leur propre imagination ou d'autres traditions (comme la tradition chrétienne, par exemple). L'apport principal de ces écrivains de langue française est l'accent mis sur les valeurs chevaleresques propres à la France du nord et les références à l'amour courtois propre à la France du sud (Aliénor d'Aquitaine tenait cour à Poitiers, mais aussi à Domfront en marge de Petite Bretagne). Cela a eu pour conséquence d'atténuer considérablement ses origines celtiques et bretonnes.
Thèmes celtiques et bretons
Thomas Green[4] distingue trois traitements du personnage d’Arthur dans les sources bretonnes: guerrier terrassant les menaces humaines et surnaturelles, figure folklorique au centre de légendes restées locales liées à la toponymie, chef d’une troupe comprenant peut-être d’anciens dieux celtes, doté d’une femme dont le nom la relie à l’Autre Monde où il se rend pour en rapporter des trésors[4],[5].
Plusieurs personnages du cycle arthurien apparaissent dans la littérature galloise comme des personnages caractéristiques de la société bretonne, chefs (Uther Pendragon, Yvain, Urien etc.) ou bardes (Merlin, plus tard renommé Merlin l'Enchanteur). D’autres ont une nature mythologique pré-chrétienne, comme la fée Morgane et la Dame du Lac, ou la femme d’Arthur portant un nom de fée. Morgane a été rapprochée de Modron qui, dans les Triades galloises, a comme elle Urien pour mari et Yvain pour fils. Uther Pendragon est, selon les Triades galloises, outre un chef de guerre, l’auteur d’enchantements.
Le thème du Graal, parallèlement à son interprétation chrétienne explicitée pour la première fois par Robert de Boron, rappelle aussi la quête du chaudron magique qui nourrit les héros ou ressuscite les guerriers morts au combat évoquée dans Preiddeu Annwn (le héros est ici Arthur) et dans la légende de Bran le Béni.
Selon Wace, le premier à la mentionner, la table ronde serait à l’origine un thème breton et pourrait selon certains[6] rappeler le cercle des guerriers autour du chef évoqué dans des mythes celtes.
Le thème du retour possible d’Arthur qui serait en dormance à Avalon ou sous un tumulus, mentionné pour la première fois par Guillaume de Malmesbury, peut être interprété comme une expression du patriotisme breton.
La magie observée dans la légende arthurienne est druidique et liée à la nature avec une confrontation entre la magie blanche de Merlin et la magie noire de Morgane. Cette magie évolue par la retranscription chrétienne de l'histoire vers une observation sacrée et divine de cette magie comme avec l'exemple du Graal relique judéo-chrétienne et objet de la quête menée parles chevaliers de la table ronde[7].
Dans leur roman De Scythie à Camelot[8], Covington Scott Littleton, professeur d'anthropologie à Los Angeles, et Linda Ann Malcor, docteur en folklore et mythologie, ont remis en cause l'origine celtique du cycle arthurien en imaginant une autre explication. Pour eux, le cœur de cet ensemble fut apporté entre le IIeet leVesiècle par des cavaliers alains et sarmates. Ces peuples barbares, enrôlés dans les légions romaines, auraient répandu leurs récits mythologiques dans les régions où ils s'étaient installés, l'Angleterre et la Gaule principalement. Ces récits se nourriraient d'un terreau commun: l'ancienne Scythie (région de steppes au sud de la Russie et de l'Ukraine actuelles), région d'origine des descendants des Alains et des Sarmates.
La thèse de Littleton et de Malcor se fonde sur trois principaux arguments: La culture des Ossètes (qui vivent aujourd'hui dans le Caucase), les cousins contemporains des Alains, possède des récits qui ressembleraient aux aventures d'Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Il y est notamment raconté la saga du héros Batraz et de sa bande, les Narts. Dans cette histoire, il est, entre autres, question d'épée magique (Excalibur?) et de coupe sacrée (le Graal?). L'histoire des Sarmates et des Alains confirmerait leur rôle décisif dans la naissance du cycle arthurien. À partir du IIesiècle, ces peuples se sont installés, en tant que soldats de l'armée romaine, dans plusieurs régions de l'Empire Romain: le nord de l'Angleterre puis la Gaule. Or, ces régions ont vu ensuite naître la légende arthurienne. De plus, Sarmates et Alains auraient été en contact avec des événements ou des personnages inspirateurs de cette légende. Selon eux, des Sarmates d'Angleterre étaient commandés à la fin du IIesiècle par Lucius Artorius Castus, un officier romain qui serait le Arthur historique —cette interprétation de la carrière d'Artorius Castus n'est toutefois plus retenue par les spécialistes de l'histoire romaine[9]. D'autre part, les Alains ont participé au sac de Rome en 410 avec les Wisigoths d'Alaric et auraient dérobé, à cette occasion, des objets religieux chrétiens, point de départ à la légende du Graal.
Ces thèses n'ont cependant pas la valeur d'une étude scientifique et ne sont pas reprises par les philologues, les historiens et les spécialistes de la mythologie. Elles sont en revanche l'inspiration majeure du film Le Roi Arthur d'Antoine Fuqua.
Merlin: magicien ayant porté Arthur sur le trône de Bretagne
Mordred: fils incestueux de Morgane (ou Morgause selon les sources) et d'Arthur qu'il tuera
Morgane: grande prêtresse de l’Ancienne Religion et sœur d'Arthur, contre lequel elle se retourne. Elle l’emmène, cependant, en Avalon après la bataille de Camlann.
Annur: Puissante magicienne d'une contrée lointaine qui a tenté d'emprisonner le roi Arthur alors que celui-ci traversait ses bois enchantés. c'est l'une des premières aventures. Celui-ci, insouciant dans ses premières années de règne, voyageait seul sans ses chevaliers. Arthur perdit son épée lors d'un duel avec le chevalier noir gardien des terres d'Annur et il dut sa seule survie à l'intervention de Merlin. c'est aussi à ce moment-là qu'il obtient Excalibur des mains de la dame du lac, Nimue (ref du cycle breton).
Balin: le Chevalier aux Deux épées, victime du destin
Joseph d'Arimathie: celui qui a offert une sépulture au Christ et qui selon la tradition recueille son sang dans un récipient qui deviendra le Saint Graal
Abbaye des Blancs Nonnains, Abbaye de la Blanche Lande (déjà présente dans le Tristan de Beroul): deux abbayes pourraient avoir servi de prototype, L'abbaye de Blanchelande (la Haye du Puits, forêt de Limors) et l'Abbaye Blanche à Mortain[11]. L'Abbaye Blanche jouxte la collégiale de Saint-Evroult qui abrite le Chrismale[Note 1], objet unique datant de saint Evroult (VIIe) en rapport avec le calice.
Avalon: île légendaire où réside la fée Morgane et où elle emmène Arthur après sa blessure mortelle lors de la bataille de Camlan. Il y serait en "dormition", c'est-à-dire qu'il ne serait pas mort mais prêt à revenir délivrer le peuple breton de ses adversaires dans un futur indéfini.
Camelot, ou Camaloth: siège de la cour du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde, capitale du royaume d'Arthur (n'apparaît pas dans les sources anciennes). Beaucoup de sites et de villes actuelles sont associés à cette cité légendaire. Parmi ces sites on compte Camaret en Bretagne (qui en langue bretonne se nomme Kameled) ou encore la colonie romaine fortifiée Viroconium (située à l'ouest de l'Angleterre). Pourtant, le principal lieu généralement retenu est le site de Cadbury Hill, un oppidum localisé dans le Somerset soit dans le sud-ouest de l'Angleterre. Fouillé dans les années 60, diverses fortifications ainsi que des aménagements d'habitat et des artefacts datant du Ve – VIesiècle ont été mis au jour sur le site. Ce lieu devait être dirigé par un personnage de grande importance capable d'avoir une emprise sur tout le territoire. Dès lors, on pourrait penser au roi Arthur et associer Cadbury Hill à Camelot mais aucune preuve concrète ne permet de confirmer cette hypothèse. Par ailleurs, Cadbury aurait pour signification «Fort Cado» si l'on prend on compte l'étymologie du terme. Or, d'après des sources historiques et généalogiques, Cado était un prince armoricain et aurait eu une emprise sur le territoire aux alentours du VIesiècle[12].
Campercorentin: lieu où Arthur tient sa cour (ses environs sont réputés pour de nombreuses aventures arthuriennes).
Camlann: lieu de la dernière bataille d'Arthur où il se fait tuer par son fils Mordred.
Caradigan: résidence d'Arthur. C'est là qu'Érec annonce son mariage avec Énide à la cour. Il s'agit de la ville galloise de Cardigan[13].
Carahes: lieu d'une bataille majeure et d'un mariage célèbre dans les Tristan et certains manuscrits arthuriens.
Chapelle noire: chapelle localisée dans les Cornouailles, au bord de la mer. Arthur y fut conduit, mourant, par Lucan et Girflet. Le roi serra tellement le premier d’affection qu’il en mourut. Depuis, il est enterré dans une des tombes situées sur place (une inscription y raconte cette mort). Le souverain serait enterré dans une autre. Des femmes voilées de noir l’y conduisirent en barque. On y trouve l’inscription «Ci-gît le roi Arthur, si valeureux qu’il conquit douze royaumes»[15].
Dimilioc: château situé près de Tintagel, dans lequel se réfugie le duc de CornouaillesGorlois, assiégé par Uther[16]. Dans d'autres versions, ledit château s'appelle Terrabil[17].
Dinas Emrys: butte rocheuse du Pays de Galles, surmontant la Glaslyn, sur laquelle roi Vortigern tenta de bâtir son château, construction perturbée par deux dragons.
Dozmary Pool(en): lac des Cornouailles habité par la fée Viviane, où Arthur reçut Excalibur.
Gaste forêt: forêt galloise où Perceval passe son enfance avec sa mère, associée par certains auteurs à la forêt de la Lande Pourrie proche de Barenton.
Gaunes: région continentale où régnait le seigneur Bohort et où naquirent ses fils Lionel et Bohort l'Essillié. Possiblement inspiré par les paysages normand voire la Neustrie selon JC Payen[11]
Glastonbury: abbaye tardivement identifiée à Avalon. Selon la légende de ce site, des moines auraient trouvé en 1191 dans un cimetière de l'abbaye, une sépulture contenant deux squelettes que l'on aurait identifié comme étant ceux du roi Arthur et de la reine Guenièvre. Une croix en plomb accompagnait la sépulture et aurait porté cette inscription «HIC JACET SEPVLTVS INCLVTVS REX ARTVRIUS IN INSVLA AVALONIA» que l'on pourrait traduire par «Ci-gît le fameux roi Arthur enterré sur l'île d'Avalon». Encore une fois, il est difficile d’affirmer si ce «fameux roi Arthur» est celui de la légende d'autant plus que ce fait aurait peut été une histoire inventée par les moines de l'abbaye afin d'attirer des pèlerins et des fonds monétaires pour reconstruire l'Abbaye[12]. Quant à la croix, il n'en reste aucune trace hormis un relevé tardif effectué par William Camden et dont l'authenticité reste douteuse: après avoir été analysées par les chercheurs, les inscriptions de la croix du relevé ne semblent pas avoir été dessinées avec un style du VeouVIesiècle mais plutôt du Xesiècle[18].
Gorre: royaume maudit où ceux qui y entrent ne ressortent jamais, ayant pour capitale Bade. Lancelot arrivera à déjouer l'enchantement et à libérer ses habitants. Il est accessible uniquement par deux endroits: le Pont-sous-les-eaux et le Pont-de-l'épée. Est rattaché à la ville de Gorron par certains auteurs (voir paragraphe ci dessous).
Le Lac: Pays de la Dame du Lac (Viviane) et château où Lancelot passe sa jeunesse. Est rattaché à la ville de Bagnole par certains auteurs (voir paragraphe ci dessous), ainsi qu'à celle de Saint Fraimbault dont l'église porte une pierre d'angle avec trèfle et calice (Lancelot est le valet de trèfle)
Licat Amr: source dans le Royaume d'Ergyng, avoisinée par une tombe dont les dimensions varient sans cesse. Elle est occupée par Amr(en), fils d'Arthur, que ce dernier a tué et enterré à cet endroit même[14]. Peut-être situé à Wormelow Tump(en), dans le Herefordshire[20].
Linligvam: lac gallois où se forme un mascaret haut comme une montagne, dans l'estuaire de la Severn.
Logres: royaume du roi Arthur. Le nom fait référence aux géants qui y vivaient avant la venue d'Arthur, qui les a vaincus et chassés.
Londres: c'est sur le parvis de la plus grande église de la ville qu'est plantée l'Épée du Rocher (ou Excalibur, selon les versions), qu'Arthur dut retirer[21],[22].
Lyonesse(en) (aussi nommé Léoneis, Léonois ou Loönois): royaume légendaire, terre natale de Tristan.
Pucelles (Château des)(en): Pendant la quête du Graal, il est occupé par sept frères chevaliers. Ils emprisonnent depuis des années toutes les pucelles alentour car, selon une prophétie, une d’entre elles causerait leur perte. Galaad mit les ennemis en fuite et ceux-ci furent tués par Gauvain. Selon un ermite, les frères représentent les sept péchés capitaux, les femmes les âmes prisonnières de l’Enfer avant la venue du Christ, Galaad ledit messie venu les délivrer[15].
Stonehenge: mémorial bâti sur les ordres d'Ambrosius Aurelianus par Merlin, qui déplaça les pierres depuis le mont Killaraus, en Irlande.
Tintagel: château du duc de CornouaillesGorlois et du roi Marc'h, réputé imprenable. Lieu de naissance d'Arthur. Le site existe bel et bien en Cornouailles, au sud-ouest de l'Angleterre. Entre 1990 et 1999, des fouilles archéologiques dirigées par le professeur Christopher Morris ont été entreprises sur le site afin de mieux comprendre sa nature et son rôle durant Haut Moyen-Âge. En 1998, une découverte exceptionnelle est faite à Tintagel: un fragment d'ardoise daté du VIesiècle et mentionnant un certain «Artognov» est mise au jour[12]. L'inscription latine complète révèle: «PATER COLIAVIFICIT ARTOGNOV» que l'on peut traduire par «Artognou, père d'un descendant de Coll, a fait (bâtir ceci)». Dès lors, le mystère plane sur ce personnage nommé Artognou (dont le nom se rapproche phonétiquement d'Arthur) mais rien ne prouve qu'il s'agit du légendaire roi Arthur[23].
Terre Déserte: royaume du Roi Claudas, en France. Dans la toponymie du bocage normand, ce terme indique les défrichements dans la forêt. Ils sont nombreux dans les parages de la forêt d'Andaine (Saint-Maurice du D., Magny le D., Saint-Patrice du D.) et plus vers la Bretagne (Louvigné du Désert). Claudas est celui qui a passé la mer pour conquérir ce qui serait une partie de la "Normandie" aux dépens des deux frères Bohort et Ban, père de Lancelot. les Normands n'arriveront que vers 799 pour s'établir en 911, alors que les Bretons auront dirigé une partie de la région en 867[24].
Le Saint Graal: objet d'une grande richesse spirituelle, but de la quête du roi Arthur. On l'assimile à la coupe dans laquelle but le Christ lors de la Cène, et dans laquelle Joseph d'Arimathie aurait recueilli son sang pendant la Passion.
Frambaldus aurait pour étymologie fram-baldus laceio = porteur de lance du lac = lancelot du lac[25]
La reine Adélaïde d'Aquitaine, épouse d'Hugues Capet, consacra une église (la collégiale royale Saint-Fraimbourg de Senlis) à ce saint en 990, parce qu'il contribuait à la prospérité de la famille royale et à la tranquillité du Royaume. Le corps du saint fut déposé dans une chasse d'argent, hormis le chef demeuré à Lassay. Plus tard, Louis VII lui consacra un plus bel édifice en signe de reconnaissance.
Plus tard, Aliénor d'Aquitaine duchesse de Normandie et reine d'Angleterre a tenu cour à Domfront non loin de Saint-Fraimbault-de-Lassay.
Pour René Bansard, l'estime de la dynastie allait s'exprimer différemment avec l'une de ses filles, Marie de Champagne, qui avait créé une sorte d'académie, où paraissaient les meilleurs écrivains dont Chrétien de Troyes. Favori de la comtesse, il la suivie lors de voyages à cette cour de Domfront, voyageant entre Passais et Mortenais entre Barenton et la Fosse Arthour, Banvou la forêt de la Lande Pourrie et l'Abbaye Blanche[26]. Transforma-t-il en vers courtois l'histoire du saint ainsi que d'autres légendes, la descriptions d'autres lieux de cette région[27] pour étoffer la trame principale venue d'au delà de la mer? C'était l'avis de René Bansard étayé par une toponymie très particulière. Il a été repris et développé depuis 40 ans par une équipe de chercheurs regroupés au sein du CENA[28] arrivé aux mêmes conclusions par d'autres chemins.
Mortain serait aussi selon Jean-Charles Payen le lieu de naissance de Béroul, auteur de Tristan et Iseult qui précéda la matière de Bretagne en France. Wace qui introduisit dans la littérature française le thème de la table ronde et la légende du roi Arthur était quant à lui normand de Jersey et a connu la cour de Domfront sous Aliénor.
La "Normandie" à l'époque d'Arthur n'était qu'une partie sans unité réelle du reliquat romain subissant elle aussi les migrations de l'époque des invasions puis plus tard la pression des Francs Saliens, Francs Rhenans, Alaman, Burgondes à l'est et des Wisigoths au sud de la Loire, alors qu'à l'ouest se tenaient les descendants de leurs ancêtres celtes communs avec les bretons[29]. On doit se rappeler aussi que le Cotentin sera cédé aux bretons en 867[24] et que l'Armorique va de la Loire à la Seine. La Normandie n'apparaitra qu'en 911. Que des rapports puissent être établis entre les faits, les lieux, les hommes et les légendes de cette région et la matière de Bretagne n'est donc pas étonnant.
Un chrismale est un petit coffret qui était suspendu au cou d'un missionnaire itinérant, pour transporter le saint sacrement. Cette coutume existait dans le Northumbrie et en Irlande dans le haut Moyen Âge.
Il est important de noter de noter que l’on parle peut-être un peu hâtivement de ”l’amour courtois“ dans les légendes arthuriennes, où l’on trouve essentiellement mise en œuvre la dimension de “l’amour chevaleresque” (cf René Nelli: «L’Érotique des Troubadours»). De fait, la dimension qui pourrait s’appliquer à ce que l’on appelle depuis le XIXe siècle, «l’amour courtois», c’est-à-dire un amour idéalisé (et non charnel), tourné vers une femme inaccessible, peut se retrouver en partie dans un seul des textes de Chrétien de Troyes: Lancelot ou le chevalier de la charrette.
Concernant le lien de Guenièvre et des possessions d’Arthur avec l’Autre Monde, voir aussi P. K. Ford (1983) On the Significance of some Arthurian Names in Welsh, "Bulletin of the Board of Celtic Studies" (30): 268–73.
X. Loriot, «Un mythe historiographique: l'expédition d'Artorius Castus contre les Armoricains», Bulletin de la société Nationale des Antiquaires de France,
Jean-Charles Payen, «Les romans arthuriens et la Basse-Normandie (Benoîc et Gaunes en pays domfrontais)», Annales de Normandie, vol.1, no2, , p.467–488 (lire en ligne, consulté le )
Les Quatre branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen Âge: Traduction du moyen gallois, présenté et annoté par Pierre-Yves Lambert, Paris, Gallimard, coll.«L'aube des peuples», , 419p. (ISBN2-07-073201-0)
Jean-Charles Payen, «Les romans arthuriens et la Basse-Normandie (Benoîc et Gaunes en pays domfrontais)», Hors-série des Annales de Normandie. Recueil d'études offert en hommage au doyen Michel de Boüard, vol.II, , p.467-488 (lire en ligne, consulté le )
Voir La Légende arthurienne et la Normandie, Corlet, 1983. Bertin Georges, La Quête du saint Graal et l'Imaginaire, Corlet, 1998 et le site http://cena12.fr.
Le Graal et la Table Ronde. 'Perceval le Gallois ou le Conte du Graal', par Chrétien de Troyes. 'Perlesvaus, le Haut Livre du Graal'. 'Merlin et Arthur: le Graal et le Royaume', attribué à Robert de Boron. 'Le Livre de Caradoc'. 'Le Chevalier à l'épée'. 'Hunbaut'. 'La Demoiselle à la mûle', attribué à Païen de Masières. 'L'Âtre périlleux'. 'Gliglois'. 'Méraugis de Portlesguez', par Raoul de Houdenc. 'Le Roman de Jaufré'. 'Blandin de Cornouaille'. 'Les Merveilles de Rigomer'. 'Méliador', par Jean Froissard. 'Le Chevalier au Papegau'., Édition établie sous la direction de Danielle Régnier-Bohler, Robert Laffont, collection "Bouquins", 1280 p.
Études
Martin Aurell, La Légende du roi Arthur (550-1250), Paris, Perrin, 2007.
Acher-Ferlampin, Christine, et D. Quérel, Merlin, Paris, Ellipses, 2000.
Bertin Georges, La quête du Saint Graal et l'Imaginaire, préface de Gilbert Durand, Condé sur Noireau, Corlet, 1998.
Bezzola, Reto, Les Origines et la formation de la littérature courtoise en Occident (500-1200), Paris, Champion, 1944-1963, Slatkine Reprints, Genève.
Bruce, James Douglas, The evolution of Arthurian romance from the beginnings down to the year 1300, Gloucester Mass., Peter Smith, 1958, 495 pages.
Aminta Dupuis, L'Initiation de Faust et de Parzival, La quête du Graal, Une voie moderne de connaissance et d'amour (préface de Martin Gray), L'Harmattan, 2005
Frappier, Jean, Chrétien de Troyes et le mythe du Graal, Paris, SEDES, 1968.
Jung, Emma et Marie-Louise von Franz, La légende du Graal, trad. par Marc Hagenburger et Anne Berthoud, Paris, Albin Michel, 1980, 397 pages.
Kahn , «Littérature et alchimie au Moyen Âge: de quelques textes alchimiques attribués à Arthur et Merlin», Le Crise dell’Alchimia / The Crisis of Alchemy (actes du colloque de Lausanne, 8-), dans Micrologus, 3 (1995), p.227-262.
Köhler, Erich, L’Aventure chevaleresque. Idéal et réalité dans le roman courtois, Paris, Gallimard, 1974.
Leupin, Alexandre, Le Graal et la littérature, Lausanne, L’Âge d’homme, 1982, 222 pages.
Markale, Jean, Le roi Arthur et la société celtique, Paris, Payot, 1983, 431 pages.
Marx, Jean, Nouvelles recherches sur la littérature arthurienne, Paris, Klincksieck, 1965, 320 pages.
Peron, Goulven, Dictionnaire des lieux arthuriens, Ar strobineller, 80 pages.
Pickford, Cedric E., L’Évolution du roman arthurien en prose vers la fin du Moyen Âge d’après le manuscrit 112 fr. de la BN, Paris, Nizet, 1960.
«De la tête de Bran à l'hostie du Graal», in Arthurian Tapestry. Essays in Memory of Lewis Thorpe, ed. Kenneth Varty (Glasgow 1981) 275-286
«À propos de deux hypothèses de R.S. Loomis: éléments pour une solution de l’énigme de Graal», Bulletin bibliographique de la Société internationale arthurienne 34 (1982) 207-221
«Recherches sur les origines indo-européennes et ésotériques de la légende du Graal», Cahiers de civilisation médiévale Xe – XIIesiècles 30 (1987) 45-63