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peintre français (1617-1655) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Eustache Le Sueur, ou Lesueur, né à Paris le et mort dans la même ville le est un peintre et dessinateur français.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Eustache Lesueur |
Nationalité | |
Formation |
Atelier du premier peintre du Roi |
Activité | |
Parentèle |
Thomas Goussé (beau-frère) |
Membre de | |
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Mouvement | |
Maître | |
Élève |
Claude Lefèbvre, Jean Clermont |
Genres artistiques | |
Influencé par |
Cycle de la Vie de Saint-Bruno |
Artiste de style classique, il est considéré comme l'un des fondateurs de la peinture française classique et parfois surnommé « le Raphaël français ». Le compositeur Jean-François Le Sueur (1760-1837) passe pour être son petit-neveu[1].
Eustache Le Sueur naît à Paris le . Fils d'un tourneur sur bois nommé Cathelin Le Sueur, il devient, à partir de 1632, élève de Simon Vouet, premier peintre du Roi, le plus réputé et apprécié des peintres parisiens de l'époque. Au cours de la dizaine d'années qu'il passe dans l'atelier de Vouet — où sont également élèves Charles Le Brun et Pierre Mignard —, il apprend le métier de peintre et de décorateur.
Contrairement à ses condisciples, il n'a pas l'opportunité de se rendre en Italie pour parfaire sa formation, comme c'était alors la coutume pour les peintres qui entendaient acquérir un solide métier et faire carrière. C'est donc par la fréquentation des grands palais royaux tels que Fontainebleau et de collections privées parisiennes riches en peintures italiennes du XVIe siècle que le jeune Le Sueur a l'occasion d'étudier les grands peintres de la Renaissance et du début du XVIIe siècle.
Ses premiers tableaux sont exécutés d'après des dessins de son maître Simon Vouet et sous sa direction. On y décèle déjà son talent et l'élaboration d'un style personnel : il peint avec une facilité empreinte de lyrisme des compositions caractérisées par une rigueur et un dépouillement toujours plus marqués au fur et à mesure qu'il se détache de l'influence de son maître. À cet égard, si les premiers tableaux du cycle qu'il a peint sur le thème du Songe de Polyphile (cinq sont aujourd'hui conservés dans des musées) se caractérisent par une accumulation de figures et par l'absence d'un véritable souci de composition, les derniers sont moins opulents et plus équilibrés et manifestent une plus grande maîtrise de son art de la part de l'artiste. Cela ne l'empêche pas pour autant de réutiliser des compositions mises au point par Vouet, et qui ont fait sa célébrité, tels que des Vierges à l'enfant et des Saintes Familles, qu'il traite cependant avec plus de sobriété et de retenue.
En 1645, il entreprit son premier ouvrage conséquent, le cycle de la Vie de saint Bruno, commande de 22 tableaux sur la vie du saint destinés à décorer le cloître de la chartreuse de Paris. Ces œuvres, achetées par Louis XVI, firent leur entrée dans les collections royales en 1776 et sont aujourd'hui conservées à Paris au musée du Louvre. Cette grande commande l'occupa, lui et quelques aides, pendant trois années. C'est avec ce cycle religieux que son style évolue vers plus de sévérité, les personnages de ses tableaux adoptant des attitudes nobles dans des scènes aux compositions très calculées. Les coloris s'éclaircissent et la perspective est particulièrement travaillée. C'est cette orientation, inspirée de l'exemple classique de Poussin (qui a travaillé à Paris de 1640 à 1642, avant de regagner Rome), qui se retrouve dans sa production ultérieure.
Dans les années 1640-1650, Le Sueur fut l'un des membres fondateurs ainsi que l'un des premiers professeurs de l'Académie royale de peinture et de sculpture, alors que le nouveau style classique s'impose dans la peinture parisienne de l'époque — les historiens parlent à cet égard d'un atticisme parisien, un style sobre et équilibré empreint de références à l'antique. Au même moment, Le Sueur travaille également pour la riche clientèle parisienne privée, décorant plusieurs hôtels particuliers de la capitale. Les sujets qu'il traite sont le plus souvent issus du grand genre, la peinture d'histoire, qu'elle soit antique ou biblique. Artiste très apprécié, il est notamment retenu pour la décoration de l'hôtel Lambert, sur l'île Saint-Louis, où il avait déjà eu l'occasion de travailler quelques années auparavant. Il peint en particulier cinq tableaux représentant les neuf Muses et un plafond, Phaëton demande à Apollon de conduire son char, pour la chambre des Muses. Toutes ces œuvres sont aujourd'hui conservées au Louvre. Il réalise également la décoration du cabinet des Bains, conservée in situ jusqu'à sa destruction lors d'un incendie qui ravage l'hôtel Lambert dans la nuit du 9 au [2]. Avec la fin de la Fronde en 1653 et le retour de l'ordre, les commandes royales reprennent et Le Sueur participe à la rénovation du palais du Louvre. Il travaille dans l'appartement des bains d'Anne d'Autriche et à la chambre de Louis XIV, alors tout jeune roi de France. Des allégories à caractère politique qu'il réalise pour ces décors, il ne reste que quelques tableaux, dispersés entre divers musées. On conserve néanmoins plusieurs dessins préparatoires pour ces décors perdus. Le Sueur reçoit également des commandes de la part d'ordres religieux : en 1654 par exemple, il peint quatre tableaux pour l'abbaye bénédictine de Marmoutier-lès-Tours (aujourd'hui répartis entre le musée des Beaux-Arts de Tours et le musée du Louvre).
Son art reflète une volonté de dépouillement fort rare pour l'époque, afin, sans doute, de marquer la différence entre peinture décorative et académisante de ses contemporains. On le comparait parfois aux primitifs italiens. Il est aujourd'hui considéré comme un des peintres les plus personnels du XVIIe siècle, un de ceux qui surent échapper, du moins en partie, à l'empire de l'académisme issu du baroque italien.
On lui attribuait auparavant le décor des murs et de la voûte de l'église de Pont-sur-Seine dans l'Aube d'après de cartons de Philippe de Champaigne, mais les spécialistes de la peinture du XVIIe siècle, à commencer par Pierre Rosenberg, attribuent désormais le décor à Champaigne lui-même, avec une très forte certitude[3]. En tant que dessinateur, il est connu entre autres pour ses illustrations du Songe de Polyphile. Il est le grand-oncle du peintre Pierre Le Sueur (Paris, XVIIIe siècle-Bordeaux, 1786).
Considéré comme l'un des fondateurs du classicisme français, aux côtés de Poussin et de Le Brun, celui que l'on surnommait le « Raphaël français » a été critiqué dès le XIXe siècle, où il passait pour un peintre pieux, mièvre et académique. Théophile Gautier, par exemple, n'appréciait pas vraiment Lesueur. Il le cite dans un poème dédié au peintre espagnol Francisco de Zurbarán[4] :
Tes moines, Lesueur, près de ceux-là sont fades.
Zurbaran de Séville a mieux rendu que toi
Leurs yeux plombés d'extase et leurs têtes malades […]
La redécouverte par les historiens de l'art du XVIIe siècle français au XXe siècle a permis de rendre sa juste place à Le Sueur parmi les peintres majeurs de cette époque en montrant la variété de son art, toujours très réfléchi et en constante évolution.
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