Edme Jeaurat, né en 1688 à Vermenton et mort en 1738 à Paris, est un graveur et marchand d'estampes français qui appartient à une dynastie d'artistes et de scientifiques.
Edme est le fils de Nicolas Jeaurat, bourgeois de Paris, et de son épouse née Marie Bourdillat. C'est en fait quelques années après son mariage à Vermenton que «Nicolas veut faire fortune à Paris et que nous le retrouvons dans cette ville, exerçant son commerce de vins dans le quartier de Saint-Victor»[1]. Edme est le frère aîné d'Étienne Jeaurat, qui deviendra peintre. Son père l'emmène en apprentissage à Paris chez le graveur Bernard Picart auquel il emprunte sa technique du pointillé pour le rendu des chairs. Il part ensuite aux Pays-Bas et se met à copier les grands maîtres de la peinture hollandaise, étudiant tout particulièrement Lucas Vorsterman et Pieter de Jode le Jeune[2].
Il revient à Paris en 1721, y étant toujours situé rue des Fossés-Saint-Victor. Lui et son frère commencent à travailler ensemble, Edme gravant les toiles d’Étienne, ce qui lui vaut une belle réputation. Ils disposent d'un atelier-boutique rue Saint-Jacques appelé «Chez les frères Jeaurat». Le financier Pierre Crozat le contacte pour qu'il grave les tableaux de sa collection. Le , il épouse Marie-Charlotte, fille de l'artiste Sébastien Leclerc et sœur d'une fratrie de peintres. Le couple, installé rue Saint-Jacques, «vis-à-vis des Mathurins» (paroisse Saint-Benoît-le-Bétourné), aura trois fils dont Edme-Sébastien, astronome, et Nicolas-Henri, peintre[3].
Étienne Jeaurat, huit fables de Jean de La Fontaine: L'enfant et le maître d'école; L'astrologue qui se laisse tomber dans un puits; La femme noyée; La montagne qui accouche; La fortune et le jeune enfant; L'âne portant des reliques; L'huître et les plaideurs; L'amour et la folie, 1730-1736.
Charles Le Brun, Le corps de Jésus sur les genoux de la Vierge; d'après les tapisseries des Rois de France: Réduction de la ville de Marsal; L'entrevue de Louis XIV et de Philippe IV dans l'île des Faisans en 1660, 1728; Suite des Scènes de la vie de Louis XIV, dont Cérémonie du mariage de Louis XIV et de la sérénissime infante Marie-Thérèse d'Autriche[7].
Sébastien Leclerc le Jeune, Les Mathématiques; L'Histoire; La Géographie; La Musique, 1734; La Danse; Les cinq sens (suite de cinq gravures)[8]; Mardochée mené en triomphe; Achille reconnu par Ulysse au milieu des filles de Lycomède, 1713; Jupiter amoureux d'une nymphe; L'enfant Jésus dans le temple parmi les docteurs.
Jean-Baptiste Pater, Pyramide d'ailes et de cuisses de poulets élevés sur l'assiette du Destin par Mademoiselle Bouvillon; Bataille dans le tripot qui trouble la comédie; Le poète Koquebrune rompt la ceinture de sa culotte (Le Roman comique de Paul Scarron, 1733[9])[8].
Nicolas Vleughels, Thétis plonge Achille dans les eaux du Styx[12]; Le printemps[13], L'été, L'automne (Bacchus et Ariane), L'hiver, 1712; L'adoration des mages; La résurrection du Sauveur, 1718; Le roi Salomon; La rencontre d'Abigaïl et de David, 1720[14]. Télémaque dans l'île de Calypso, 1724; La forge de Vulcain, 1726; Apollon, Clio, Melpomène et Calliope; Thalie et Terpsichore; Fille de Rome dotée pour être mariée ou religieuse, 1734; Femme grecque en pèlerinage à Rome, 1734; Chant neuvième de "La Henriade", 1728.
Antoine Watteau, Diverses figures chinoises et tartares peintes par Watteau peintre du roy...[15], recueil d'estampes (eau forte et taille douce), Chéreau & Caillou, 1731, dont: Bonze des Tartares Mongous ou Mongols, Femme du pays de Lassa ou Boutan, Mandarin d'armes du Leaotung, Fille du royaume d'Ava, Chef des Samar de Tvelang Raptan, Talegrepat ou religieuse du Pégou, Officier tartare du pays des Kus Kas, Femme du pays des Laos, Tapagrepo ou bonze du Pégou, Huó Nu, ou musicienne, Mou Thon, pâtre chinois, Hia Théo ou esclave chinoise. Pierrot content; Le porte-balle du Savoyard assis[16].
«Il a mis toute la fierté de Mola dans La fuite en Égypte, le pittoresque ragoûtant de Véronèse dans son Moïse sauvé des eaux, l'esprit de Vleughels dans l'estampe d'Achille plongé dans les eaux du Styx, et les grâces que lui a fournies Leclerc dans son tableau représentant Achille reconnu par Ulysse dans le palais de Lycomède.» - Michel-François Dandré-Bardon[18]
«The plates engraved by this artist are superior in merit.» - Joseph Strutt[19]
Musée de la Compagnie des Indes, Lorient, Un gentilhomme enlace une jeune femme, assiette en porcelaine, décor gravé par Edme Jeaurat d'après Bernard Picart.
Musée Médard, Lunel, Portrait de Benoît de Maillet (dans Description de l'Égypte, 1735).
Musée Carnavalet, Paris, Mariage de Louis XIV et de la sérénissime infante Marie Thérèse d'Autriche, d'après Charles Le Brun.
Petit Palais, Paris, Le poète Roquebrune rompt la ceinture de sa culotte, d'après Jean-Baptiste Pater[20].
Musée national du château de Pau, Louis XIII nomme Saint Vincent de Paul aumônier des galères, d'après Jean II Restout[10].
Musée des beaux-arts de Rennes, Les quatre saisons, d'après Nicolas Vleughels, 1712[13]; Les cinq sens, d'après Sébastien Lecjerc le Jeune[8]; gravures d'après Jean-Baptiste Pater pour Le Roman comique de Paul Scarron[8].
Château de Versailles, Louis XIV, Marie-Thérèse d'Autriche, Roi de France, Reine de France; d'après Charles Le Brun (provenance: cabinet de gravures du roi Louis-Philippe)[21].
Espagne
Bibliothèque royale, Madrid, Mariage de Louis XIV et de la sérénissime infante Marie-Thérèse d'Autriche, d'après Charles Le Brun.
Galerie municipale de Bratislava, Saint Jacques le Mineur, d'après François Boucher; L'adoration des mages, d'après Nicolas Vleughels; Talegrepat ou religieuse du Pégou, d'après Antoine Watteau.
Galerie nationale de Bratislava, La Musique et La Danse, d'après Sébastien Leclerc le Jeune; Le roi Salomon et Thalie et Terpsichore d'après Nicolas Vleughels.
Musée d'art et d'histoire de Genève, Mariage de Louis XIV et de la sérénissime infante Marie-Thérèse d'Autriche, d'après Charles Le Brun; Le repos en Égypte d'après Pier Francesco Mola; Savoyard assis d'après Antoine Watteau.
Michael Huber et Carl Christian Rost, Manuel des curieux et des amateurs de l'art, contenant une notice abrégée des principaux graveurs et un catalogue raisonné de leurs meilleurs ouvrages, chez Orell, Fusli et Cie. Voir tome septième contenant l'École de France, pages 24-27.
Michel-François Dandré-Bardon, Traité de peinture, Saillant, Paris, 1765.
Joseph Strutt, A biografical dictionary containing an historical account of all the engravers, Robert Faulder, Londres, 1786.
Michael Huber, Notices générales des graveurs divisés par nations et des peintres rangés par écoles, chez J.G.I. Breitkopf, .
Michel Huber et Carl Christian Heinrich Rost, Manuel des curieux et des amateurs d'art contenant une notice abrégée des principaux graveurs et un catalogue raisonné de leurs meilleurs ouvrages, depuis le commencement de la gravure jusqu'à nos jours, chez Orell, Furli et Compagnie, Zürich, 1804, tome 8.
Louis Dussieux, Les artistes français à l'étranger, recherches sur leurs travaux et leur influence, Didron, Paris, 1852.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
(en) Isabelle Tillerot, «Engraving Watteau in the eighteenth century: order and display in the recueil Julienne», The University of Chicago Press, 2011.