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Le Conseil suprême interallié (en anglais Anglo French Supreme War Council) fut créé à l'été 1939[1] juste avant le début de la Seconde Guerre mondiale dans le but de mettre au point et de coordonner une stratégie militaire commune entre la France et le Royaume-Uni. Il réunissait dirigeants et hauts responsables militaires des deux pays. Les réunions du Conseil se tinrent en Angleterre et en France du 12 septembre 1939 au 13 juin 1940.
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Neuf réunions du Conseil se déroulèrent pendant la drôle de guerre, de septembre 1939 à avril 1940.
La première réunion eut lieu à Abbeville le 12 septembre 1939[2],[3] en présence :
Refus d'aider la Pologne après l'attaque des Allemands, malgré l'accord.
Les Français, dont les troupes étaient alors pratiquement inactives, proposèrent de déployer des troupes à Thessalonique ou à Istanbul mais les Britanniques ne le souhaitaient pas craignant une réaction de Benito Mussolini (l'Italie n'était pas encore entrée en guerre).
La seconde réunion eut lieu à Hove, sur la côte anglaise à côté de Brighton, le 22 septembre 1939[4]. Y participèrent :
Les discussions sur une intervention possible en Grèce ou en Turquie continuèrent sans faire de progrès. On discuta de la production de munitions et du renforcement de la défense aérienne et anti-aérienne en France. Chamberlain y déclara que les Alliés ne pourraient pas empêcher une attaque allemande sur la Yougoslavie. Les Britanniques proposèrent un plan de bombardement de cibles industrielles dans la Ruhr au cas où les Allemands envahiraient la Belgique, mais les Français s'y opposèrent. Selon eux, de tels bombardements n'empêcheraient pas l'occupation de la Belgique et provoqueraient des représailles de la Luftwaffe sur la France et la Grande-Bretagne.
Les troisième et quatrième réunions se déroulèrent le 17 novembre à Londres[5] et le 19 décembre[6] à Paris. Les propositions britanniques de bombardements y furent à nouveau discutées, mais sans arriver à un accord. À cette dernière réunion étaient présents :
La cinquième réunion, à Paris, le 5 février 1940, se tint pour la première fois en présence de Winston Churchill, alors Premier Lord de l'Amirauté (sorte d'équivalent à ministre de la marine militaire). Les Français proposèrent une expédition à Petsamo, alors en Finlande[7], engagée dans la guerre d'Hiver. Les Britanniques s'y opposèrent, par crainte de provoquer Staline, l'allié d'Hitler. Mais ils approuvèrent un autre plan français de débarquement en Norvège, à Narvik, à condition d'obtenir l'approbation de la Norvège et de la Suède. Cependant pour ne pas compromettre leur neutralité, la Norvège et la Suède refusèrent le plan.
La sixième réunion eut lieu à Londres le 28 mars 1940 avec :
Les Français proposèrent de bombarder les champs pétrolifères du Caucase pour couper l'accès des Allemands au pétrole russe mais les Britanniques s'y opposèrent. De leur côté, les Français acceptèrent l'idée de mouiller des mines dans le Rhin, d'y détruire les ponts et de perturber la circulation des péniches. L'opération devait commencer le 4 avril 1940 mais avorta, Paul Reynaud n'ayant pu obtenir l'accord de son gouvernement pour miner le Rhin. Elle sera cependant réalisée à partir de mai 1940 sous le nom d'Operation Royal Marine (en). Dans un communique conjoint, les deux gouvernements prirent l'engagement de ne jamais négocier ni signer un armistice ou un traité sans accord mutuel. Côté français, cet engagement n’aurait pu avoir de valeur juridique et politique que s’il avait été ratifié par le parlement - ce qui ne fut jamais fait - car le Président du Conseil n’avait pas la possibilité d’engager seul la France concernant une décision aussi importante.
Une réunion d’urgence du Conseil eut lieu à Londres le 9 avril 1940, avec Paul Reynaud, Édouard Daladier et l’amiral François Darlan. Il y fut décidé le Plan R 4, l'invasion de la Norvège par une force franco-britannique.
Deux autres réunions eurent lieu à Paris les 22 et 23 avril, puis à Londres le 27.
Les cinq dernières réunions du Conseil eurent lieu entre mi-mai et mi-juin 1940, trois à Paris, et face à l'avancée allemande, les deux dernières dans le Val de Loire. En pleine bataille de France, ces cinq dernières réunions furent organisées dans la précipitation et l'improvisation[1] et leurs comptes rendus dénotent la confusion y régnant[1] et un certain aspect dramatique[1]. Ce ne furent pas les seules rencontres entre dirigeants des deux pays pendant cette période. Outre les échanges téléphoniques et les télégrammes, Reynaud se rendit à Londres le 26 mai, De Gaulle le 9 juin et le général Spears vint rencontrer Reynaud[1].
L'historien François Bédarida découpe ces réunions en 3 phases[1] :
La réunion, dite conférence de Briare, se tint les 11 et 12 juin 1940 au château du Muguet, à Breteau (sud-est du Loiret), non loin de Briare où l'état-major français s'était installé et où l'avion de la délégation britannique avait atterri. Alors que le gouvernement français s'était replié sur Tours et ses environs face à la progression de l'armée allemande, cette réunion marque la première fracture entre les alliés français et britanniques sur la volonté de poursuivre de la guerre.
Sont présents :
Prolongation de la conférence de Briare qui s'était tenu les deux jours précédents et ultime réunion du Conseil, elle se déroula le 13 juin 1940 à la préfecture de Tours. Y sont présents :
La réunion souligna encore plus la fracture entre Britanniques et Français. Les dirigeants britanniques rentrèrent à Londres et le gouvernement français se replia sur Bordeaux où Paul Reynaud démissionna trois jours plus tard. Pétain, nommé nouveau président du Conseil, commença presque immédiatement les négociations d'armistice[11].
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