La date du combat diffère selon les sources. D'après les mémoires de l'officier royaliste Toussaint du Breil de Pontbriand, l'affrontement a lieu le [3], en revanche le rapport républicain le fixe au [2].
Les sources républicaines ne donnent pas de précision sur les effectifs, mais indiquent que le cantonnement de Pont-Dom-Guérin avait été diminué peu avant les combats[2]. Les registres de la commune du Loroux précisent que sa garnison était constituée de soldats de la 61e demi-brigade[1].
D'après les sources républicaines, le combat s'engage par une attaque des chouans contre Pont-Dom-Guérin, un village de la commune de La Bazouge-du-Désert[2],[5]. Les patriotes parviennent à résister et sont secourus à temps par la garde nationale de Louvigné-du-Désert qui repousse les chouans[2],[5].
Du côté royaliste, Toussaint du Breil de Pontbriand laisse un récit différent. Selon lui, ce sont les chouans, dispersés pour dîner dans les fermes de La Bazouge-du-Désert, qui sont attaqués par les garnisons et les gardes territoriales du Loroux et de Pont-Dom-Guérin[3],[6],[4]. Boisguy parvient cependant à contenir les républicains pendant un quart d'heure avec seulement une soixantaine d'hommes, avant d'être rejoint par le reste de ses forces[3],[6],[4]. Les capitaines François Poirier, dit Sans-Chagrin, et Julien Boismartel dit Joli-Cœur, tournent alors les positions républicaines et donnent l'avantage au camp royaliste[3],[6],[4]. Les gardes territoriaux, puis les soldats des garnisons prennent la fuite et sont poursuivis jusqu'aux abords du bourg du Loroux[3],[6],[4]. Plus tard, dans la soirée, la garnison et la garde territoriale de Louvigné-du-Désert arrivent à leur tour sur les lieux, mais ils tombent dans une embuscade et battent en retraite[3],[6],[4].
Dans ses mémoires[A 1], Toussaint du Breil de Pontbriand affirme que pas moins de 100 patriotes sont tués, dont 60 des garnisons de Pont-Dom-Guérin et du Loroux et 40 de la garnison de Louvigné-du-Désert[3],[6],[4]. Cependant, selon les sources républicaines, les pertes des patriotes sont de treize tués, dont Jean Caillère, âgé de 26 ans, commandant de la garde soldée de Pont-Dom-Guérin, et de nombreux blessés[2],[1],[5]. Les registres du Loroux donnent les noms de huit victimes[A 2]. Pontbriand affirme que le capitaine Caillère, officier des gardes territoriaux, et deux de ses cousins, sont capturés, puis fusillés en raison de leur rôle dans l'arrestation du prince de Talmont, le chef de la cavalerie de l'armée vendéenne, guillotiné à Laval le [3],[4].
«Le jeune du Boisguy était à La Bazouge-du-Désert, avec environ trois cent cinquante hommes, et ses soldats étaient dispersés dans les fermes, pour dîner, lorsqu'il fur surpris par les garnisons de Pont-Dom-Guérin et du Loroux, réunies aux gardes territoriaux de ces deux bourgs, tous ensemble forts d'environ trois cents hommes; il avait peu de monde avec lui dans ce moment, mais il se retira en combattant, du côté où ses soldats étaient logés, et ayant trouvé une position favorable, il y arrêta l'ennemi plus d'un quart d'heure, avec environ soixante hommes; puis, ses soldats, avertis par la fusillade, l'ayant rejoint, il prit l'offensive et attaqua à son tour les Républicains de front, tandis que les capitaines Sans-Chagrin et Joli-Cœur les tournaient avec leurs compagnies, et faisaient d'abord prendre la fuite aux gardes territoriaux. Les soldats des garnisons se voyant ainsi abandonnés, voulurent faire leur retraite en bon ordre, mais ils furent poussés si rudement qu'ils se débandèrent à leur tour, et furent poursuivis jusqu'auprès du Loroux. Ils perdirent soixante hommes dans cette action.
Le nommé Caillère, capitaine de gardes territoriales, et deux de ses cousins du même nom, qui avaient arrêté le prince de Talmont après la défaite de l'armée vendéenne, dans la maison même du Foubert-Grand-Moulin, qui l'avait trahi et livré lorsqu'il était caché chez lui, furent pris tous les trois et fusillés.
Le soir du même jour, la garnison et les gardes territoriaux de Louvigné-du-Désert, qui venaient au secours du Loroux, tombèrent dans une embuscade que du Boisguy, prévenu, venait de leur tendre; ils furent battus et se retirèrent avec une perte de quarante hommes[3].»
«Aujourd'hui 2e jour complémentaire, l'an III de la République française, à neuf heures du matin, Charles-André Thierré, sous-lieutenant de la 2e compagnie du 3e bataillon de la 61e demi-brigade, Joseph Hémon, sergent de la 4e compagnie, même bataillon, en détachement au Pont-Dom-Guérin, Louis Cournée, sergent de la garde soldée, Pierre Quantin de la garde soldée, François-Jean-Pierre Quantin de la garde soldée, François Rouillard de la garde soldée, ont déclaré à moi, officier public soussigné que Jean Caillère, âgé vingt-six ans et commandant de la garde soldée, Pierre Ménager, âgé de quarante-huit ans, demeurant au Pont-Dom-Guérin, de la garde soldée, Michel Pelé, âgé de trente-trois ans, originaire de la commune de La Dorée, district d'Ernée, époux de Thérèse Quantin, capitaine de la garde soldée, Pierre Destais, âgé de quarante ans, demeurant à la Trécolière, époux de Thérèse Bordais, né dans la commune de Saint-Mars-sur-la-Futaie, de la garde soldée, Pierre Martin, âgé de soixante ans, né en la commune de Villechien, district de Mortain, de la garde soldée, fils de Pierre Martin et de feue Françoise Libert et Joseph Lefrançois, âgé de quarante-trois ans, de la commune de Sourdeval, marchand au Pont-Dom-Guérin, de la garde soldée, ont été tués hier à deux heures de l'après-midi, par les brigands connus sous la dénomination de chouans, dans une sortie que partie du détachement de Pont-Dom-Guérin, dans cette commune, a faite sur les dits chouans, les dits témoins soussignés nous ayant déclaré que les morts ci-dessus dénommés ont été inhumés dans les différents endroits où ils ont été trouvés et reconnus. J'en ai dressé, etc...
Jean Phelippeaux, âgé de vingt-trois ans, né à Aussay, district de Gournay, Seine-Inférieure, volontaire de la 2e compagnie, 3e bataillon, 61e demi-brigade, décédé à neuf heures du matin, au Pont-Dom-Guérin, des suites d'une blessure reçue au 1er jour complémentaire[1].»
Christian Le Bouteiller, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, , 839p..
Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, (réimpr.1994), 371p. (ISBN978-2-906064-28-7, lire en ligne).
Paul-Marie du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy: Fougères-Vitré, Basse-Normandie et frontière du Maine, 1793-1800, Paris, Honoré Champion éditeur, (réimpr.La Découvrance, 1994), 509p. (lire en ligne).