Si Claude-Jean Darmon peint dès son adolescence en Algérie, ce dont son exposition personnelle chez Robert Martin (la Galerie Colline) en 1958 à Oran porte témoignage, il s'exprime ensuite exclusivement par le dessin et la gravure, ses expositions de la décennie 1960 attestant d'un glissement de la figuration vers l'abstraction.
Sur sa démarche artistique, Claude-Jean Darmon s'explique ainsi: «Sismographe hyper-sensible, la pointe-sèche enregistre et inscrit instantanément dans le cuivre toutes les variations de la pensée en autant de ponctuations signographiques densifiées ou modulations. Cet outil, révélé à la fin du XVe siècle par les soixante-douze séquences gravées du Maître du Livre de Raison, est celui que j'ai le plus souvent pris plaisir à apprivoiser. Je l'utilise, même sur de vastes surfaces, sans accompagnement d'acide ou de résine. Je crois que la réduction des manipulations techniques peut dans certains cas favoriser plus de réflexion. Parfois, ma pointe laboure plus ou moins profondément sur presque toute l'étendue de la plaque, scandant les noirs jamais ébarbés, modulant les demi-teintes dans une tessiture bien tempérée, épargnant pauses et ponctuations blanches, attentes silencieuses et sources de lumière. Ailleurs, le discours graphique s'épure et se resserre en écritures circonscrites sur un fond presque immaculé, articulant trois micro-structures principales de gris timbré comparables aux trois voix d'une fugue. Deux conceptions de l'espace qui préludent en alternance à la réalisation de mes estampes, à partir d'une esquisse initiale spontanée et en un mouvement progressif de densification des valeurs. Leur intensité, intuitivement conçue et tactilement pressentie avant d'être visuellement perçue, est en quelque sorte proportionnelle au degré de pénétration de l'outil dans le cuivre. Chaque poussée de l'outil dans le cuivre est une décharge émotive apte à vaincre sa résistance»[1].
Claude-Jean Darmon, «La gravure au Salon d'automne 2006», dans Nouvelles de l'estampe, no207, juillet-.
Claude-Jean Darmon, «Cuivres et cordes», dans Nouvelles de l'estampe, no208, octobre-.
Claude-Jean Darmon, «La gravure au Salon d'automne 2007», dans Nouvelles de l'estampe, no213, juillet-.
Claude-Jean Darmon, Résonance du burin créateur de Dürer à nos jours, conférence prononcée à l'Académie des beaux-arts le [2], au musée Bernard-d'Agesci, Niort, le [3].
Écrit collectif des membres du conseil d'administration du Salon d'automne, Manifeste du Salon d'automne contre le pompiérisme d'état, 2008[4].
Claude-Jean Darmon, «Mantegna et la taille-douce italienne au quattrocento et au cinquecento», dans Azart Magazine, no36, janvier-.
Claude-Jean Darmon, «La pointe sèche et l'eau-forte en Italie du Maître de 1615 à Castiglione», dans Azart Magazine, no38, mai-.
Claude-Jean Darmon, «Henri Rivière, graveur et lithographe», dans Azart Magazine, no40, septembre-.
Claude-Jean Darmon, «Henri Rivière: les eaux-fortes et gravures sur bois», dans Azart Magazine, no41, novembre-.
Claude-Jean Darmon, «Bois de fil, bois de Bout», dans Azart Magazine, no43, mars-.
Claude-Jean Darmon, «Un original issu d'un originel», dans Azart Magazine, no45, juillet-.
Claude-Jean Darmon, «Les débuts de l'estampe occidentale», dans Azart Magazine, no50, mai- (Part.I) et no51, juillet- (Part.II).
Claude-Jean Darmon, «La gravure en mouvement du XVIe au XXIe siècle», dans Azart Magazine, no57, juillet-.
Claude-Jean Darmon, Le visage dans l'œuvre gravé de Rembrandt, Académie des beaux-arts, conférence prononcée le [5],[6].
Salon Le signe et la marge - Estampes contemporaines, Paris, à partir de 1984.
Quatorze graveurs contemporains - Louis-René Berge, Devorah Boxer, Hélène Csech, Claude-Jean Darmon, Yves Doare, Jean Dometti, Jean-Gérard Gwezenneg, Yves Jobert, Roland de Laforcade, Étienne Lodého, Francis Mockel, Jean-Marc Reymond, Marie-Antoinette Roully Le Chevallier, José San Martin, Musée du Vieux-Lisieux, , et Musée Eugène-Boudin, Honfleur, juin-[11].
De Bonnard à Baselitz - Dix ans d'enrichissements du Cabinet des estampes, Bibliothèque nationale de France, Paris, 1992[12].
Ici & Là - Exposition d'estampes contemporaines éditées par les associations membres de Manifestampe, Centre culturel L'Atelier, Montfort-L'Amaury, mars-[16].
Sortir de la réserve, Artothèque Antonin-Artaud, Marseille, novembre-.
Pareidolie - Salon international du dessin contemporain, Artothèque Antonin-Artaud, Marseille, .
Claude Abeille (sculptures), Patrick Devreux (peintures), Claude-Jean Darmon, Yvonne Alexieff, Carlos Lopez et Safet Zec, gravures (présentation de Claude-Jean Darmon), Galerie Thomé, 19 rue Mazarine, Paris, septembre-.
«Darmon n'expose que des dessins, mais quels dessins! On se demande comment il s'y prend pour nous transmettre, à l'aide d'une simple plume et de l'encre noire, ces impressions de fluidité extra-terrestre. On ne sait si ces paysages sont inondés de blonde lumière ou recouverts de neige immaculée, c'est la suprême pureté de l'art. Il a créé un monde bien à lui de calme féerie, où rien ne pèse, où tintent seulement des menuets de Mozart ou des valses de Chopin.» - Henri Héraut[8]
«Aux hasards de l'aquatinte, Claude-Jean Darmon préfère l'aiguille qui pénètre et effleure le cuivre, à volonté. Il maîtrise ainsi les gris nuancés par d'innombrables tailles serrées, dépassant de cette façon la tradition linéaire de la pointe sèche.» - Claude Bouret[17]
«Ses gravures abstraites, exécutées à la pointe sèche, modulent le gris tantôt par un labourage serré du cuivre qui mène à des noirs veloutés, tantôt par un effleurement qui donne des graduations plus ténues, "l'intensité des valeurs étant en quelque sorte proportionnelle au degré de pénétration de l'outil dans le métal", selon l'explication de Darmon.» - Dictionnaire Bénézit[18]
Claude-Jean Darmon, cité par André Laurencin et Claude Laurencin-Nicolas, George Ball, Claude-Jean Darmon, Roger Vieillard - Gravures, Éditions du Musée Vivant-Denon, 1993.
Claude Bouret, cité par Marie-Jeanne Solvit, in La gravure contemporaine, Éditions Le Temps apprivoisé, 1996. Voir chapitre IV, La pointe sèche, page 115.
Michel Péricard, René Drouin, Cécile Vincent (préface de Jacques Lassaigne), Éloge du petit format - La collection Pierre Bourut, Éditions du Musée de Saint-Germain-en-Laye, 1978.
Kapandji Morhange, commissaires-priseurs à Paris, Catalogue de la collection Robert Martin, 9 juin 2016.
Bibliographie
Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.
Françoise Woimant, Marie Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, Éditions B.N.F., 1992.
Jean Rudel, Les Apocalypses, Éditions Espace européen, 1992.
Lucien Curzi, Gravures de Claude-Jean Darmon, Éditions de la Galerie Mozart, Prague, 1992.
André Laurencin et Claude Laurencin-Nicolas, André Jacquemin, Yvon Taillandier, George Ball, Claude-Jean Darmon, Roger Vieillard - Gravures, Éditions du Musée Vivant-Denon, Chalon-sur-Saône, 1993.
Marie-Janine Solvit, La gravure contemporaine, Éditions Le Temps apprivoisé, 1996.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Jean Rudel, Audrey Bouriot et Élisabeth Brit, Les techniques de l'art, collection Tout l'art, Éditions Flammarion, 1999.
Élisabeth Cazenave, Les artistes de l'Algérie, 1830-1962, Éditions Bernard Giovanangeli, 2001.
Adrian M. Darmon, Autour de l'art juif - Encyclopédie des peintres, photographes et sculpteurs, Éditions Carnot, 2003.
Noël Coret, L'art en effervescence - Cent ans de Salon d'automne, 1903-2003 (3 tomes), Éditions du Salon d'automne, 2003.
Aude de Kerros, L'art caché - Les dissidents de l'art contemporain, Éditions Eyrolles, 2013.