Attentat de la rue des Rosiers
attentat antisémite à Paris en 1982 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
attentat antisémite à Paris en 1982 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’attentat de la rue des Rosiers est un attentat terroriste perpétré, le , dans le restaurant de cuisine juive d'Europe centrale tenu par Jo Goldenberg rue des Rosiers dans le quartier juif du Marais, à Paris. Dans le restaurant et dans la rue, six personnes sont mortes et vingt-deux blessées.
Attentat de la rue des Rosiers | |
Le restaurant Jo Goldenberg, lieu de la fusillade. | |
Localisation | 7, rue des Rosiers, Paris |
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Cible | restaurant Goldenberg |
Coordonnées | 48° 51′ 25″ nord, 2° 21′ 35″ est |
Date | 13 h 15 |
Morts | 6 |
Blessés | 22 |
Participants | 2 à 5 personnes |
Organisations | Fatah-Conseil révolutionnaire |
Mouvance | Terrorisme palestinien |
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Les auteurs de l'attentat ont été identifiés comme appartenant au Fatah-Conseil révolutionnaire (FCR) d'Abou Nidal, une organisation terroriste palestinienne violemment opposée à l’OLP et au Fatah. Parmi d'autres crimes, le FCR aurait tué, à Paris, auparavant et après l'attentat de la rue des Rosiers, des musulmans, notamment des directeurs de bibliothèque palestinienne ou représentants de l'OLP, à Beyrouth un ambassadeur de France, des juifs dans des synagogues en Autriche, en Belgique et en Italie. Les auteurs de l'attentat de la rue des Rosiers ont été identifiés et jugés par contumace en raison de leur absence, la France n'étant toujours pas parvenue à obtenir leur extradition de leurs pays de résidence.
Le lundi à 13 h 15, un groupe de deux à cinq personnes (selon des témoignages contradictoires) masquées, en costume gris, sac noir à l'épaule, et armées de pistolets-mitrailleurs, descendent d'une voiture et font irruption dans le restaurant de cuisine juive d'Europe centrale de Jo Goldenberg, au coin de la rue des Rosiers et de la rue Ferdinand-Duval. Une cinquantaine de clients se trouvent à table. Après avoir lancé une grenade, ils mitraillent clients et employés. Puis le commando lance une seconde grenade, ressort du restaurant et s'enfuit à pied en tirant dans la foule[1]. Un policier en civil intervient sur les lieux arme à la main. Dans la panique, tirant depuis sa fenêtre avec un fusil de chasse, en pensant qu'il visait un terroriste, le fils du restaurateur, Marco Goldenberg, blesse grièvement l'inspecteur André Douard (30 ans), lequel, déjeunant à proximité, intervenait revolver au poing en ripostant aux tirs des terroristes[2]. En moins de trois minutes, l’attentat fait six morts et vingt-deux blessés[3].
Une première revendication est faite au nom d'Action directe mais l'organisation anarcho-communiste la réfute et condamne l'acte, qu'il qualifie d'« erreur politique »[4].
L'enquête, fondée sur les douilles et les armes d'origine polonaise fournies à des groupes palestiniens, menée par le juge Jean-Louis Bruguière jusqu'en 2007, incrimine le Fatah-Conseil révolutionnaire d'Abou Nidal — un groupe palestinien dissident et opposé à l’OLP. Les douilles retrouvées sont en effet des munitions de 9 mm court « Makarov » tirées par un PM Wz 63 (1,8 kg et 33 cm) de fabrication polonaise, « signature » de ce groupe[5]. Le , des promeneurs retrouvent, placé en évidence dans le bois de Boulogne, « un sac en plastique contenant un pistolet-mitrailleur WZ 5,56, trois chargeurs et 29 balles de 9 millimètres. Pour les enquêteurs, c’est la signature d’Abou Nidal. Le Fatah-Conseil Révolutionnaire ou FCR (nommé également Organisation Abou Nidal, Conseil révolutionnaire arabe, Brigades révolutionnaires arabes ou encore Organisation révolutionnaire des musulmans socialistes) est un mouvement palestinien de tendance dure, formé en 1974 par Sabri al Banna, connu sous le nom de guerre Abou Nidal. Il exécute des actions terroristes à l'international, s'opposant ainsi au Fatah d'Arafat. Après sa tentative d'assassinat avortée contre Yasser Arafat et Mahmoud Abbas, il est condamné à mort par contumace par le conseil de l'OLP. Soutenu à ses débuts par Saddam Hussein en Irak, le FCR est basé à Bagdad de 1974 à 1983.
Le FCR aurait déjà frappé la France, à Paris et dans d'autres pays, depuis des années et peu avant l'attentat. Notamment, à Paris : le 5 septembre 1973, en occupant l'ambassade d'Arabie saoudite, afin d'obtenir la libération d'Abu Daoud, alors emprisonné en Jordanie ; le 15 novembre 1977, en assassinant le directeur de la Bibliothèque arabe ; le 3 août 1978, en assassinant le représentant de l'OLP en France ; le 17 janvier 1980, en assassinant le directeur de la bibliothèque-boutique palestinienne à Paris ; le 1er août 1981, à Beyrouth des attentats à la bombe endommagent plusieurs banques et entreprises françaises et le bureau d'Air France ; le 29 août de la même année, à Vienne, en Autriche, attaque d'une synagogue (deux tués et 23 blessés, dont 3 policiers ; les assaillants ont été arrêtés et emprisonnés) ; le 4 septembre de la même année, l'ambassadeur de France au Liban, Louis Delamare était assassiné à Beyrouth. En 1982 : le 3 juin, tentative d'assassinat à Londres de l'ambassadeur d'Israël au Royaume-Uni, rendu définitivement invalide (le gouvernement israélien blâma l'OLP pour l'attaque, l'un des incidents qui a provoqué son invasion du Liban le 6 juin) ; le 4 juin, un diplomate koweïtien est assassiné devant son domicile à New Delhi, en Inde ; le 7 juillet, un diplomate jordanien est assassiné et un autre grièvement blessé à Athènes en Grèce. Le 9 août, contrairement à ce que seraient ses habitudes, le FCR ne revendique pas expressément l’attentat de la rue des Rosiers[6] ».
Les précédents ci-dessus mentionnés et les attaques suivantes, la même année, le 18 septembre, d'une synagogue à Bruxelles, avec la même pratique du «shoot and run» (littéralement en anglais : tire et cours), puis le , l'attaque de la Grande Synagogue de Rome (cinq attaquants lancent au moins trois grenades et mitraillent un enfant de 2 ans, tué, et 37 blessés), indiquaient clairement la piste FCR.
Cependant, en 2008, un journaliste lance une piste « néonazie »[7] : selon un ancien officier des renseignements généraux, Odfried Hepp et Walter Kexel, néo nazis proches de la Wehrsportgruppe Hoffmann, dirigée par Karl-Heinz Hoffmann,[réf. souhaitée] recherchés par la police allemande pour de multiples attentats, sont arrivés à Paris la veille de l'attentat de la rue des Rosiers en provenance d'Allemagne (via Metz, où ils ont été identifiés chez un militant nazi notoire le au soir). Hepp, qui a suivi des entraînements para-militaires dans des camps radicaux palestiniens et qui travaille activement depuis le mois d' pour la Stasi[8], reconnaît que son acolyte (suicidé depuis) aurait très bien pu en être l'auteur[9],[10]. Les portraits-robots correspondrait à la description des témoins (le type européen, l'âge, etc.). Mais en 2011, la piste néo-nazie est provisoirement abandonnée par le juge Marc Trévidic qui aurait identifié les auteurs de la fusillade grâce à des témoignages d'anciens membres du Fatah[11] obtenus grâce à une procédure « sous X » (dans les procès-verbaux, les témoins sont identifiés uniquement par des numéros).
En 2015, la justice française émet des mandats d'arrêts internationaux contre trois membres présumés du Fatah-Conseil révolutionnaire, ou groupe Abou Nidal[12]. Ces trois hommes vivent en Cisjordanie, en Jordanie et en Norvège[13],[14], formellement identifiés par les témoins numéros 93 et 107. Le premier est Mouhamad Souhair Al-Abassi, alias « Amjad Atta » : chef des opérations en Europe, il aurait monté l’opération, choisi la cible, géré l’argent et livré les armes aux tueurs au dernier moment. Le deuxième est Mahmoud Khader Abed Adra, alias « Hicham Harb » : instructeur de tir dans les camps d’entraînement syriens d'Abou Nidal, responsable de l’armement pour l’Europe et l’Asie, il aurait effectué le repérage un mois avant la tuerie avec Atta, sous une fausse identité, comme étudiant ; puis il aurait récupéré les armes dans une cache secrète, désigné la cible aux autres, leur aurait indiqué comment s’enfuir, où et comment se débarrasser des armes ; il a été reconnu sur photo par Guy Benarousse, l’un des survivants de l’attentat. Le troisième est Walid Abdulrahman Abou Zayed[15], alias « Osman », un des tueurs chevronnés du groupe Abou Nidal : il aurait été le second tueur ; en 1991, il a émigré en Norvège avec sa femme et ses enfants.
Entre 1982 et 2015, il y a 32 ans, soit davantage que le délai de prescription ; mais cette dernière court à partir du dernier acte d’enquête, et l'audition des témoins a relancé d’autant la procédure judiciaire[14]. Le , le cerveau présumé de ces attentats, Zouhair Mouhamad Hassan Khalid al-Abassi, alias « Amjad Atta », âgé de 62 ans[16], est interpellé en Jordanie mais relâché, sous caution avec interdiction de quitter le territoire jordanien, en attendant une décision quant à son extradition[17] ; le , la justice jordanienne rejette son extradition (ainsi que celle d'un autre suspect, Nizar Tawfiq Mussa Hamada) en raison du dépassement du délai de prescription[18] ; le procureur général de Jordanie fait appel de cette décision[19], appel rejeté par la Cour de cassation jordanienne en [20].
Le juge Trévidic obtient du témoin no 93 des détails d'importance[6] : l’attentat a été supervisé au plus haut niveau par le bras droit d’Abou Nidal, Abou Nizar, chef des « opérations spéciales » ; le commanditaire serait Hafez el-Assad, président de la République arabe syrienne, en lutte contre la France qui soutient Yasser Arafat, le leader de l’OLP, alors encerclé à Beyrouth par les forces israéliennes et qui sera évacué sous protection militaire française et américaine le 30 août, trois semaines après l'attentat de la rue des Rosiers ; enfin, Abou Nidal n'aurait pas été inquiété sur le sol français avant sa mort en 2002 grâce à un accord secret avec le futur général Philippe Rondot, agent de la DGSE et parfait arabisant, qui prévoyait qu'Abou Nidal ne frapperait plus en France en échange de quoi ses hommes pouvaient y circuler sans être inquiétés.
En 2018, Yves Bonnet, directeur de la DST à l'époque de l'attentat, révèle qu’un « marché non écrit » a été conclu avec le groupe d’Abou Nidal, en 1982 après son identification comme l'auteur de l'attentat. Le groupe s’était engagé à ne plus commettre d’attentats en France, en échange de quoi ses membres pouvaient continuer de venir dans le pays[21],[22].
La police norvégienne annonce le l’arrestation d’un homme soupçonné d’être l’un des auteurs de l’attentat[23]. Le , la justice norvégienne estime que l’extradition du suspect, Walid Abdulrahman Abou Zayed serait légale[24]. Le , le suspect est extradé, arrive sur le sol français et est mis en examen pour "assassinats" et "tentatives d'assassinats". Dans l'attente de son procès, il est placé en détention provisoire[25].
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