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attentat à la bombe du 3 octobre 1980 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’attentat de la rue Copernic est un attentat à la bombe dirigé contre la synagogue de l'Union libérale israélite de France et qui a été perpétré dans le XVIe arrondissement de Paris le vendredi , soir du shabbat et jour de la fête juive de Sim'hat Torah amenant un grand nombre de fidèles dans cette synagogue. C'est le premier attentat contre les juifs en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale[1].
Attentat de la rue Copernic | |
La synagogue de la rue Copernic. | |
Localisation | Rue Copernic, Paris, France |
---|---|
Cible | synagogue de l'Union libérale israélite de France |
Coordonnées | 48° 52′ nord, 2° 17′ est |
Date | 18h38 |
Type | attentat à la bombe |
Armes | pentrite |
Morts | 4 |
Blessés | quarantaine |
Auteurs présumés | Hassan Diab |
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Trente-quatre ans plus tard, Hassan Diab, un Canadien d'origine libanaise a été extradé le 15 novembre 2014, vers la France où il est en détention provisoire jusqu'au prononcé d'un non-lieu, le 12 janvier 2018 — infirmé en 2021 par la cour d'appel de Paris, qui renvoie l'affaire devant la cour d'assises.
Hassan Diab est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité le 21 avril 2023.
Cet attentat antisémite à la bombe du 3 octobre 1980, à 18h38, dirigé contre la synagogue de l'Union libérale israélite de France, rue Copernic dans le XVIe arrondissement de Paris, fait quatre morts et quarante-six blessés[2]. La verrière de la synagogue s'effondre sur les fidèles, une des portes est soufflée. Des voitures dans la rue sont projetées sur la chaussée, les devantures de magasin sont soufflées sur 150 mètres[3].
Philippe Bouissou (22 ans) qui passait à moto est tué sur le coup. Aliza Shagrir (42 ans), présentatrice de télévision israélienne en vacances en France, est également tuée sur le coup alors qu'elle marchait sur le trottoir, tout comme Jean Michel Barbé, chauffeur d'une famille qui fréquente la synagogue. Hilario Lopes-Fernandes, le concierge portugais de l'hôtel Victor Hugo, situé presque en face du temple, est grièvement blessé et meurt deux jours plus tard[4].
La plaque commémorative apposée sur la façade indique : « À la mémoire de Jean Michel Barbé, Philippe Bouissou, Hilario Lopez Fernandez, Aliza Shagrir tués lors de l'odieux attentat perpétré contre cette synagogue le 3 octobre 1980 ».
Le mécanisme de minutage de l'explosif d'une dizaine de kilos de pentrite[5], dans les sacoches d'une moto Suzuki TS 125 bleue garée à une dizaine de mètres de la synagogue, était prévu pour que la bombe explose à la sortie des fidèles : en cette veille de shabbat, la synagogue était pleine de 323 personnes venues fêter les Bar Mitzvah de trois garçons et Bat Mitsva de deux jeunes filles. Le rabbin Michael Williams avait pris un quart d'heure de retard dans la cérémonie, ces quelques minutes épargnant la vie de centaines de membres de l'assemblée[6].
Le lendemain, une manifestation spontanée de plusieurs milliers de personnes se tient devant la synagogue, puis part sur les Champs-Élysées, tandis que d'autres manifestations de protestation ont lieu dans des villes de province. Le 7 octobre 1980, une manifestation voit défiler 200 000 personnes entre Nation et République. Plusieurs députés s'y joignent, tous partis confondus[7].
Le Premier ministre, Raymond Barre, choque le 3 octobre en déclarant sur TF1 : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic »[8], lapsus allégué que ses propos du 8 octobre à l'Assemblée nationale, assurant ses « compatriotes juifs » de la « sympathie de l'ensemble de la nation », n'effaceront pas des mémoires. Peu avant sa mort en août 2007, Raymond Barre a nié le lapsus et imputé cette campagne de protestations au « lobby juif le plus lié à la gauche » qu'il tient « capable de monter des opérations qui sont indignes »[9].
Tout de suite après l'attentat, le rabbin Michael Williams déclare, face aux caméras : « Il s'agit d'une bombe plantée par nos amis les antisémites et les nazis de France, mais nous n'avons pas peur ». Le porte-parole du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), Albert Lévy, le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA), Jean Pierre-Bloch, et le président de la section française du Congrès juif mondial accusent « l'internationale néo-nazie »[10].
Moins d'une heure après l'attentat, un correspondant anonyme téléphone à l'agence France-Presse pour revendiquer l'attentat au nom des Faisceaux nationalistes européens, un groupuscule d'extrême droite, reconstitution de la Fédération d'action nationale et européenne (FANE), organisation dissoute par le gouvernement le 3 septembre[11]. Les défilés prennent prioritairement pour cible le gouvernement de droite alors au pouvoir. Le samedi 4 octobre, le Comité de liaison des étudiants sionistes socialistes (CLESS) organise un défilé aux cris de « Bonnet, Giscard, complices des assassins ! »[10] La campagne présidentielle vient de débuter et Jean-Pierre Chevènement dénonce dans Le Monde la « véritable osmose [qui] s'est créée entre une partie du personnel dirigeant giscardien et l'extrême droite…»[12]. Toutes les manifestations dénoncent la « menace néo-nazie »[3].
Des groupes de militants sionistes décident de passer à l'action directe. Mark Fredriksen, le chef de la FANE, est passé à tabac et s'en sort avec un traumatisme crânien et les poignets fracturés. Des coups de feu sont tirés sur le local de L'Œuvre française. Michel Caignet, cadre de la FANE, a le visage vitriolé. Un commando débarque chez Jean-Yves Pellay, le responsable du service d’ordre de la FANE. Menotté, il subit des injections d’un mélange mi-huile, mi-œstrogènes. Un autre commando projette de l'acide sur le visage d'un retraité, nommé Charles Bousquet, dont le seul tort est de porter le même nom de famille que l'ancien combattant de la Division Charlemagne Pierre Bousquet[13].
La police concentre tous ses efforts sur la piste d'extrême droite, jusqu'à la fin de l'année, lorsque l'auteur du coup de fil anonyme à l'agence France-Presse du 3 octobre est identifié : il s'agit de Jean-Yves Pellay, membre de la FANE[14]. Il reconnaît avoir faussement revendiqué l'attentat et avoue être en fait un militant sioniste qui a infiltré l'organisation[15],[2]. Il déclare au journal le Matin : « On m'a demandé d'infiltrer la FANE. »[16]. Pourtant, la piste d'extrême droite sera encore relancée à plusieurs reprises : on parlera jusqu'en 1983 d'une mystérieuse « piste fasciste espagnole »[2].
Le commissaire de police Jean-Pierre Pochon affirme dans son livre Les Stores rouges, au cœur de l’infiltration d’Action directe[17] que le nouveau pouvoir politique socialiste exerce des pressions pour diriger l'enquête vers les milieux d'extrême droite au détriment de la piste moyen-orientale. En , Gaston Defferre, nouveau ministre de l'Intérieur, exige encore que les policiers orientent leurs recherches vers les milieux d'extrême droite[18].
Mais les écoutes téléphoniques, les perquisitions et les interrogatoires des militants d'extrême droite n'aboutissent à rien. Fin novembre 1980, la Bundeskriminalamt (BKA) allemande livre un élément clé aux Français : le commando de la rue Copernic était composé de 5 personnes, qui, juste après l'attentat, sont reparties dès le 4 octobre d'un aéroport parisien pour Beyrouth. Des indices concernant l'identité de deux de ces personnes sont transmises également[7].
Les auteurs de l'attentat n'ont jamais été retrouvés. La police a pu établir un portrait-robot du poseur de bombe : un homme moustachu, de type arabe, d'une taille d'environ 1,70 m[19]. Cet homme muni d'un passeport jordanien, s'était doté, lors d'une escale à Chypre, d'un permis de conduire et d'un faux passeport chypriote au nom d'Alexander Panadriyu et avait acheté à ce nom la moto utilisée pour l'attentat[5].
En 2007, alors que le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière en disponibilité confie le dossier à son collègue Marc Trévidic, ce dernier délivre une commission rogatoire internationale aux États-Unis pour un suspect du nom d'Hassan Diab ayant vécu aux États-Unis et au Canada. Considéré comme le chef du commando, il est identifié grâce aux archives du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP-OS]) transmises par l'Allemagne à la France et à l'enquête sur la Suzuki qui conduit jusqu'au magasin du vendeur Moto Shopping Étoile, situé sur l'avenue de la Grande-Armée, dont le concessionnaire offre un portrait détaillé de l'acheteur, un certain Alexandre Panadriyu, domicilié au Celtic Hôtel. Ce suspect d'origine palestinienne, âgé de 55 ans en 2007, posséderait la double nationalité libanaise et canadienne. Le , à l'aéroport Léonard-de-Vinci de Rome Fiumicino, la police de l'air et des frontières italienne arrête un groupe de Palestiniens en provenance de Beyrouth et transmet à la justice française un passeport utilisé par Hassan Diab et dont la photo ressemblerait au portrait-robot[20].
Hassan Diab, professeur de sociologie à Ottawa, diplômé de sociologie de l'université de Syracuse (États-Unis), est arrêté le à Gatineau, dans la province de Québec dans le cadre d'un mandat d'arrêt international délivré le 5 novembre 2008 par deux juges antiterroristes parisiens Marc Trévidic et Yves Jannier[1]. Il est soupçonné d'avoir confectionné et posé la bombe de l'attentat de la rue Copernic ainsi que d'avoir participé à l'attentat de 1981 contre une synagogue d'Anvers[21],[22]. Les charges contre lui reposent sur : le portrait-robot établi grâce à une prostituée avec laquelle il a passé la nuit ; une analyse graphologique soulignant que l'écriture de Hassan Diab est similaire à celle d'une fiche d'hôtel[23] ; son vrai passeport retrouvé à Rome sur le neveu de Selim Abou Salem (dirigeant de l’organisation terroriste FPLP-OS), qui montre qu’il est entré en France le 20 septembre et reparti le 7 octobre 1980, comme le commando[1]. La procédure d'extradition lancée par la France est contestée car les procédures d'extradition entre les deux pays ne sont pas réciproques, et que, selon l'avocat de Diab, la France ne semble pas détenir de preuves suffisantes pour engager un procès contre son client[24]. Remis en liberté fin mars 2009 sous de très strictes conditions, Hassan Diab doit notamment porter un bracelet électronique. Le tribunal autorise son extradition en juin 2011 et le ministre de la justice canadien Rob Nicholson signe son ordre d'extradition le [5]. Hassan Diab fait appel de cette décision[25]. La Cour suprême du Canada refuse le 12 novembre 2014 la demande d'autorisation d'appel, ouvrant la voie à sa remise aux autorités françaises[26]. Remis aux autorités françaises, il arrive en France le et est mis en examen pour « assassinats », « tentatives d'assassinats » et « destruction de biens par l'effet d'une substance explosive ou incendiaire commise en bande organisée »[27],[28]. Le 17 mai 2016, sa détention provisoire est interrompue après un témoignage remettant en cause sa participation à l'attentat[29] mais le 24 mai, il est renvoyé en prison par la cour d'appel de Paris[30].
Le juge d'instruction chargé de cette enquête ordonne le , la remise en liberté d'Hassan Diab, avec assignation à résidence et port d'un bracelet électronique. Le parquet de Paris fait immédiatement appel et le , la chambre de l'instruction de la cour d'appel décide de prolonger la détention d'Hassan Diab de 6 mois, invoquant « le risque de fuite » et de « trouble à l'ordre public »[31].
Le , le juge d’instruction ordonne, pour la sixième fois, la remise en liberté de Diab. Le , Amnesty International publie un communiqué de presse qui s’inquiète de « l’emploi présumé, par la France, de preuves anonymes, de sources inconnues, non justifiées, qui ont peut-être été obtenues sous la torture »[32].
Le , « la fin des investigations a été notifiée aux parties »[33]. Le , la justice française prononce un non-lieu et ordonne la libération immédiate d'Hassan Diab. Les charges pesant contre Hassan Diab ne sont pas « suffisamment probantes » et « se heurtent à trop d'éléments à décharge » selon l'ordonnance du juge d'instruction[34]. Le parquet annonce qu'il fera appel[35],[36].
La chambre de l’instruction de la cour d'appel de Paris infirme le non-lieu le et renvoie le dossier aux assises, quarante ans après les faits[37].
Le procès s'ouvre devant la cour d'assises spéciale de Paris le , en l'absence de l'accusé[38],[39],[40].
Le , Hassan Diab est condamné, en son absence, à la réclusion criminelle à perpétuité, et un mandat d’arrêt contre lui, dont l’exécution dépend toujours de la convention d'extradition entre la France et le Canada, est émis[41].
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