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écrivaine, poétesse, dramaturge et scénariste canadienne du Québec De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Anne Hébert, née le à Sainte-Catherine de-la-Jacques-Cartier et morte le à Montréal, est une écrivaine, poétesse, dramaturge et scénariste québécoise. Reconnue pour sa plume féministe, elle est l'autrice du recueil de nouvelles Le Torrent ainsi que des romans Kamouraska et Les Fous de Bassan, pour lesquels elle remporte de nombreux prix, dont le Prix du Gouverneur général et le Prix Femina.
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Fille du fonctionnaire et écrivain Maurice Hébert et de Marguerite Taché, Anne Hébert naît dans le village de Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier (alors appelé Sainte-Catherine-de-Fossambault) le [2],[3],[4]. Sa famille compte de très nombreux notables, dont ses arrière-grands-pères les hommes politiques Jean-Baptiste Hébert (en), sir Étienne-Paschal Taché et Édouard-Louis-Antoine-Charles Juchereau Duchesnay (en), noble canadien-français également seigneur de Fossambault et de Gaudarville, ainsi que son grand-père l'architecte Eugène-Étienne Taché. Sa parenté a aussi produit plusieurs écrivains, parmi eux son cousin le poète Hector de Saint-Denys Garneau, dont l'œuvre et la mort, ainsi que les décès de son père et sa sœur[5], auront une profonde influence sur elle[2]. C'est à travers lui qu'elle découvre les paysages de Saint-Catherine-de-Fossambault : « qu'elle appelait sa "terre originelle". Ce paysage a laissé une impression profonde chez elle et a nourri abondamment son imaginaire poétique et romanesque »[4]. Elle est également influencée par Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud[4]. Enfant, elle étudie chez les Sœurs du Bon-Pasteur et fait ses études secondaires au collège Notre-Dame-de-Bellevue et au collège Mérici à Québec[6].
L'écrivaine est recluse une partie de son enfance et de son adolescence à cause d'un diagnostic de tuberculose, qui s'est finalement révélé être faux. Son isolement, qui dure cinq ans et qui se termine vers 1946[7], inspire la chambre au début de son roman Kamouraska. C'est dans cette chambre, d'ailleurs, que se développe son goût pour la lecture[5]. Selon Marie-Andrée Lamontagne, l'écriture est un exutoire pour l'écrivaine qui a perdu cinq ans de sa vie[7].
Elle vit à Québec, chez ses parents jusqu'à l'âge de trente-cinq ans puis part s'établir à Paris pour près de quarante ans, ce qui lui fut reproché par certains comme une forme de distanciation face à la politique québécoise[2],[8]. Hébert ne prit jamais la nationalité française[8].
Au cours de sa carrière, elle se lie d'amitié avec la nouvelliste Mavis Gallant[9], et avec l'intellectuelle Jeanne Lapointe qui lui dédie de nombreux articles lorsqu'elle est rédactrice pour Cité libre, en plus de lui faire de la promotion lors d'entrevues[10].
Elle décède le à l'hôpital Notre-Dame de Montréal, à l'âge de 83 ans[2],[11].
Elle publie en 1942 un premier recueil de poèmes, Les Songes en équilibre aux Éditions de l'Arbre. Il faudra attendre quarante ans pour une réédition: « Les poèmes inspirés par le catholicisme ambiant ont été jugés trop naïfs par l'auteure elle-même, qui a refusé qu'on réédite le recueil »[4]. Malgré les critiques de l'auteure, son recueil lui vaut le prix David[12]. Sa deuxième œuvre, publiée en 1950, est le recueil de nouvelles Le Torrent, qu'elle publie d'abord par-elle même car jugé trop violent par les éditeurs[13]. Ce récit donne le ton de ses œuvres romanesques à venir, et provoque une onde de choc chez son lectorat[2].
À ce moment de sa carrière littéraire, Anne Hébert demeure toutefois attachée à la poésie. Un nouveau recueil de poèmes sur lequel elle a travaillé pendant dix ans, Le Tombeau des rois paraît en 1953, également à compte d'auteure, grâce à l'aide de l'écrivain Roger Hamelin comme tous les éditeurs ont refusé de le publier[4].
La même année, elle est embauchée comme scriptrice par l'Office national du film et y travaille en 1953 et 1954[14]. Son premier roman, Les Chambres de bois, reçoit le prix France-Canada 1957 pour son manuscrit non publié, il est publié aux Éditions du Seuil en 1958[15]. La même année, elle reçoit le prix Ludger-Duvernay pour son œuvre poétique[16].
En 1960, elle publie Poèmes aux Éditions du Seuil, qui lui vaudra le prix du Gouverneur général[17]. La même année, elle est élue membre de la Société royale du Canada[6]. Ces grandes joies sont assombries par le décès de son père. À partir de ce moment, elle commence à séjourner à Paris[15]. En 1963, après un refus de ses éditeurs, sa pièce de théâtre Le temps sauvage parait dans les Écrits du Canada français[15]. Après le décès de sa mère, en 1965, elle s'installe alors définitivement à Paris. Elle reçoit en 1968 le prix Desbordes-Valmore décerné par la Société des poètes français[18].
En 1970, Hébert connait un succès retentissant avec la publication du roman Kamouraska, pour lequel elle reçoit le prix des Libraires de France[19]. Le livre est adapté au grand écran par Claude Jutra l'année suivante et sort dans les salles en 1972[15]. Dans les années suivantes, elle fait des recherches pour l'écriture de son troisième roman, Les Enfants du sabbat, qui parait en 1975[15]. Les honneurs pleuvent : ainsi, elle reçoit le prix Roland de Jouvenel de l’Académie française et le prix du Gouverneur général pour Les Enfants du sabbat[20],[13]. Elle reçoit également le prix Athanase-David et le prix Prince-Pierre-de-Monaco pour l'ensemble de son œuvre[13]. En 1978, le premier ministre René Lévesque l’invite à occuper le poste de lieutenant-gouverneur du Québec, mais elle décline cette offre[11].
En 1980, elle publie un court roman, Héloïse donc l'action se situe à Paris : « récit elliptique sur le fantastique des coins de rues. Il diffère à première vue de ses autres œuvres en prose (...) dont l'action se passe au Québec.»[21] Hébert était d'ailleurs inquiète de la réaction du public québécois face à ce changement de territoire[21]. Avec le roman suivant, Les Fous de Bassan, en 1982, elle devient la quatrième Canadienne française et la deuxième Québécoise à obtenir un grand prix littéraire français. En effet, elle décroche pour ce cinquième roman le prix Femina : seules Gabrielle Roy, elle aussi avec le Femina ; Marie-Claire Blais, avec le Médicis et Antonine Maillet avec le Goncourt l'ont précédée comme lauréates d'un des grands prix littéraires français[11].
Elle fait partie des invités de Bernard Pivot lors de son émission télévisée Apostrophes le [22]. En 1983, un doctorat honoris causa lui est remis par l'Université Laval. Il s'ajoute aux précédents : Université de Toronto en 1969, Université de Guelph en 1970, UQAM en 1979 et McGill en 1980[15].
En 1988, son sixième roman, Le Premier Jardin, rend hommage à ses ancêtres Louis Hébert et Marie Rollet, ainsi qu'aux femmes qui ont fondé la Nouvelle-France : « Dans le roman d'Anne Hébert, les noms égrenés des Filles du Roy appelées en renfort pour peupler la colonie font entendre une cantilène émue aux accents féministes.»[11] Un septième roman, L’Enfant chargé de songes, paraît en 1992, ainsi que la pièce de théâtre Le Temps sauvage, suivi de La Mercière assassinée et Les Invités au procès en format de poche dans Bibliothèque québécoise[15]. En 1995, âgée de 79 ans, elle publie Aurélien, Clara, Mademoiselle et le Lieutenant anglais, une histoire à mi-chemin entre la poésie et la prose. Son cinquième et dernier recueil Poèmes pour la main gauche est publié deux ans plus tard. Au début de 1998, elle revient vivre à Montréal après avoir passé plus de trente ans à Paris. L'année suivante, paraît son dernier roman, Un habit de lumière, qui lui vaut le prix littéraire France-Québec/Jean Hamelin[23].
Elle est membre d'honneur de l'Union des écrivaines et des écrivains québécois[24].
Anne Hébert est une pionnière de la littérature féministe au Québec. Écrivaine à une époque où il est difficile de se tailler une place en tant que femme[25], célibataire et sans enfant[7], elle aborde en plus, dans ses livres, des thèmes tels que « l'enfance tourmentée, l'étau familial et social, la figure maternelle ambiguë, les références au catholicisme [et] l'étouffement[26] ». À travers son œuvre, Anne Hébert invente des personnages, surtout des femmes, « porté[e]s par une intense volonté de libération, qui cherchent à s'extraire d'un univers clos et d'une société tricotée serré[26]. » Son engagement littéraire ne l'empêche pas de rester à l'écart des débats à propos de l'écriture féminine et du féminisme qui ont lieu au Québec durant les années 1970[7].
En 1996, l'ensemble de son œuvre est consacrée dans le cadre d'un colloque international[27].
La plus importante masse documentaire sur l'écrivaine est conservée au Centre Anne-Hébert de l'Université de Sherbrooke, où se trouvent près de 6 000 documents relatifs à Anne Hébert, dont l'intégralité des œuvres hébertiennes. En effet, « La romancière et poète Anne Hébert a fait don à l'Université de Sherbrooke des manuscrits, tapuscrits et documents sonores qui représentent l'essentiel de l'œuvre écrite au Québec, avant son établissement en France dans les années soixante[28]. » De plus, le fonds d'archives d'Anne Hébert est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[29].
En 1995 et en 2006, un parc-école et une avenue ont été nommés en son nom dans la ville de Québec.
Des rues ont été baptisés en son honneur dans les municipalités de :
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