Ange Bastiani est le principal nom de plume de Victor Maurice Élie Jean Le Page, né le à Brest et mort le dans le 5earrondissement de Paris[1],[2], écrivain français, auteur de nombreux polars.
Il a écrit aussi sous les pseudonymes de Ralph Bertis, Zep Cassini, Luigi Da Costa, Ange Gabrielli, Maurice Raphaël, Victor Saint-Victor, Vic Vorlier.
«Fils d'un officier de marine breton, mais né à Toulon»[3], il reste discret sur ses origines et affirmait avoir repris le nom de jeune fille de sa mère, d'origine corse[4]. Une chose est certaine: après la Seconde Guerre mondiale, il se lance dans l'écriture, d'abord sous le nom de plume de Maurice Raphaël. Son premier éditeur est Raymond Guérin qui propose de le faire éditer au Scorpion dirigée par Jean d'Halluin. Ses premiers écrits ne rencontrent pas le succès escompté, bien que salués par André Breton, à qui il envoie d'ailleurs ses ouvrages. Sous le nom de Maurice Raphaël, sa prose s'inscrit dans la lignée de Céline. On y retrouve les mêmes formules argotiques et scabreuses, souvent orientées vers le dégoût de soi-même. L'ensemble est jugé d'un grand pessimisme.
Lepage est, avec Albert Simonin, l'un des maîtres de l'argot du «Milieu». Comme Simonin, il a eu un passé trouble: à ce jour, personne ne peut vraiment savoir ce que furent exactement les années de sa jeunesse[5]. Selon Alfred Eibel[6], entre autres, il aurait été durant la Seconde Guerre mondiale membre actif de la collaboration, «responsable aux questions juives pour les départements de l'Eure et de l'Eure-et-Loir», engagé dans la milice de la rue Lauriston. Ensuite, il n'aurait échappé que de peu à l'épuration. Il fait de la prison au Centre pénitentiaire de Fresnes et à celui de Fontevraud où il est bibliothécaire et y a l'idée d'utiliser sa connaissance très spéciale des truands pour écrire des romans[7].
Il touche ensuite à de nombreux domaines: romans érotiques, pièces de théâtre, guides… Mais il est surtout connu pour ses romans policiers, publiés dans les années 1950 et 1960 en Série noire et dans la collection Un mystère, «la plupart consacrés à la pègrecorse ou marseillaise»[8].
Infatigable piéton de Paris, il meurt rue d'Alésia en 1977.
Après avoir été l'un de ses premiers éditeurs, Éric Losfeld réédite Maurice Raphaël (Le Festival, De deux choses l'une, Ainsi soit-il, Claquemur) fin 1969[9]. Dans les années 1990, les éditions Le Dilettante édite également Maurice Raphaël (Les Yeux de la tête, Les Chevaux de bois sont ivres).
Terminus cimetière, Presses de la Cité, Un mystère no587, 1961; réédition, Eurédif, Atmosphère no48, 1973
Les Souris valseuses, Presses de la Cité, Un mystère no596, 1961; réédition, France Sud publications, Super crime no3, s.d.; réédition, Éditions Cent Pages, 2012
Qui sème le feu, Presses de la Cité, Un mystère no612, 1962
Coquin de fakir, Presses de la Cité, Un mystère no625, 1962
Caltez volaille!, Presses de la Cité, Un mystère no638, 1962; réédition, France Sud publications, Super crime no1, s.d.
Le Coup du Père Noël, Presses de la Cité, Un mystère no645, 1962
Requiem pour un chien, Presses de la Cité, Un mystère no655, 1963
Panique au paradis, Presses de la Cité, Un mystère no673, 1963
Amour, sang et zibeline, Presses de la Cité, Un mystère no681, 1963
Cauchemar en rose, Presses de la Cité, Un mystère no700, 1964
Folle à lier!, Presses de la Cité, Un mystère no710, 1964
Monstres et Merveilles, Presses de la Cité, Un mystère no716, 1964
Un sac de vipères, Presses de la Cité, Un mystère no722, 1964
Retourne en enfer, Presses de la Cité, Un mystère no735, 1965 (Prix du suspense)
Western Party, Presses de la Cité, Un mystère no740, 1965
Cache-cache au purgatoire, Presses de la Cité, Un mystère no754, 1965
Le Bain de minuit, Presses de la Cité, Un mystère no756, 1965
Le Corso des tireurs, Presses de la Cité, Un mystère no759, 1966; réédition, France Sud publications, Super crime no2, s.d.
Un chat dans la gorge, Presses de la Cité, Un mystère, 2esérie, no7, 1966
Bonsoir, tigresse!, Presses de la Cité, Un mystère, 2esérie, no21, 1966
Crocs en jambe, Presses de la Cité, Un mystère, 2esérie, no33, 1966
Du sang dans les voiles, Presses de la Cité, Un mystère, 2esérie, no46, 1967; réédition, Presses de la Cité, Punch no98, 1972
Exquise dans son linceul, Presses de la Cité, Un mystère, 2esérie, no62, 1967
En chair et en or, Presses de la Cité, Un mystère, 2esérie, no96, 1968; réédition, France Sud publications, Le Jaguar rouge no19, 1976
Satan a besoin des femmes, Les Presses noires, 1968; réédition, Eurédif, Atmosphère no1, 1972
Pizza au sang, Les Presses noires, Police no2, 1968; réédition, France Sud publications, Le Jaguar rouge no17, 1976
L'Amour au pluriel, Eurédif, Aphrodite classique no9, 1975; réédition, La Musardine, Lectures amoureuses no86, 2005; Alix, collection Libertine, 2011
Sous le pseudonyme de Maurice Raphaël
Ainsi soit-il, Éditions du Scorpion, 1948; réédition avec Claquemur, J. Losfeld, 1969; réédition, Eurédif, Aphrodite classique no21, 1976; réédition avec Claquemur, La Musardine, Lectures amoureuse no76, 2004
Une nuit d'amour, Eurédif, Collection Aphrodite no2, 1969
Main chaude, Éditions du Phénix, Collection Cupidon no11, 1973
Sous le pseudonyme de Vic Vorlier
Nuages de sang, Arts et création, Le Monde secret no21, 1959; réédition sous le pseudonyme Ange Gabrielli, Les Presses noires, Espionnage no96, 1967
Nous irons en enfer ensemble, Ferenczi, Feux Rouges no14, 1958; réédition sous le pseudonyme Ange Gabrielli, Les Presses noires, Police no4, 1968
Recueil de nouvelles signées Ange Bastiani
Le Bréviaire du crime, comment supprimer son prochain à moindre risque, Solar éditeur, 1968 (Prix de l'humour noir 1968); réédition, l'Arbre vengeur, 2013
Autres publications signées Ange Bastiani
Les Mauvais Lieux de Paris, Balland, 1969; réédition, Presses Pocket no1743, 1979; réédition, l'Éveilleur, 2017 (contient également Les Nouveaux Mauvais Lieux de Paris)
Les Mauvais Lieux de la Côte d'Azur, Balland, 1969
Les Mauvais Lieux des environs de Paris, Balland, 1970
Les Nouveaux Mauvais Lieux de Paris, Balland, 1971
Olivier Maulin, «Maurice Raphaël l’incendiaire», Valeurs actuelles, (consulté le ) : «Sa vie est nimbée de mystères, parasitée par des rumeurs atroces».
Télé 7 Jours n°696 du 25 août 1973, pages 12 et 13, article d'Eric de Goutel: "Ange Bastiani écrivit ses premiers romans policiers en prison" . Extrait: "J'ai l'expérience du milieu. J'ai fait pas mal de taule".