résistante française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Yvonne Baratte, née le dans le 16e arrondissement de Paris et morte le au camp de concentration nazi de Ravensbrück[5], est une résistante française de la Seconde Guerre mondiale.
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Nom de naissance |
Yvonne Marie-Louise Baratte |
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Peintre et graveur, infirmière, résistante |
Père | |
Mère |
Madeleine Tenting |
Fratrie |
Françoise Baratte Jacques Baratte |
Parentèle |
Henri Tenting (oncle) Émile Baratte (cousin) Jacques Sevestre (cousin) |
Religion | |
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Lieu de détention | |
Distinctions | Liste détaillée |
Archives conservées par |
Service historique de la Défense (AC 21 P 421016)[1] Archives nationales (72AJ/3645)[2] La Contemporaine (F/DELTA//RES/0797/51, OBJ 3452/21/1-2)[3],[4] |
Yvonne Marie-Louise Baratte naît le dans le 16e arrondissement de Paris.
Elle est la fille de Paul Baratte (1860-1928), inspecteur général des ponts et chaussées[6], et de Madeleine Tenting (1873-1952)[7],[8].
Originaire de Lorraine[9], son père s’est établi dans la capitale française à la fin du XIXe siècle et dirige le service des eaux et de l’assainissement de la ville de Paris dans les années 1920[10].
Elle est la benjamine d'une fratrie de 3 enfants : une grande sœur, Françoise Baratte (1896-1954), épouse Dupuis, et un grand frère, Jacques Baratte (1898-1989), la précèdent.
Par ailleurs, elle est la nièce d'Henri Tenting (1851-1919), député de la Côte-d'Or, et est apparentée à Jacques Sevestre (1908-1940), compagnon de la Libération[11], ainsi qu'à Émile Baratte (1859-1928), général médecin.
Yvonne Baratte grandit à Paris et réside au 34 rue Copernic puis à compter d' au 31 avenue Henri-Martin devenue aujourd'hui avenue Georges-Mandel[12].
Dans le cadre familial, elle connaît une enfance heureuse, marquée cependant de l'empreinte sévère de la Première Guerre mondiale[10].
Passionnée d'arts (peinture, dessin, gravure sur bois, décoration)[13],[14], elle se forme à l'École nationale supérieure des arts décoratifs, puis à l'École des Beaux-Arts de Paris (1929)[15],[16].
Yvonne devient peintre et graveur[17],[15]. Elle participe notamment à l'Exposition universelle de 1937 à Paris dans la catégorie consacrée à l'illustration, aux livres illustrés et aux livres d'art[18],[16].
En parallèle de son métier, très tournée vers les autres, elle donne de son temps libre auprès de groupes d’enfants (chorale, théâtre, travaux manuels, découverte de la nature)[19],[20],[21],[6].
À la déclaration de guerre en 1939, elle rejoint son poste de mobilisation comme infirmière volontaire de la Croix-Rouge française[22],[23] au H.O.E. No 20 (Hôpital d'Observation et d’Évacuation), hôpital de l'avant situé à Saint-Dizier[24]. Puis, face à l'inaction de la drôle de guerre, elle se consacre au développement des foyers militaires[24].
Durant l'été 1940, elle est transférée à l'hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce[22] et dirige, à la caserne des Tourelles[22], transformée en centre de passage de réfugiés, un centre de 300 hommes[20],[25]. Elle s'emploie à provoquer des évasions[23], à établir des fausses identités[23], à organiser des passages en zone libre[11],[25].
En 1941, elle crée et dirige le Service des bibliothèques des prisonniers civils de la Croix-Rouge française, pour distribuer des livres dans les prisons allemandes[26],[27],[28],[29],[30],[31],[22],[23].
Au printemps 1942, avec Marie-Hélène Lefaucheux, elle fonde l'Œuvre Sainte-Foy (service social de la Résistance) pour aider les détenus résistants des prisons franciliennes de l'occupant allemand[32],[33],[34],[35],[36],[37],[38],[22],[39],[40],[41]. De manière concrète, l'association confectionne et fournit des colis aux prisonniers[42],[43],[44],[45],[46],[47],[35],[48]. Entre 1942 et 1944 cette œuvre de charité chrétienne distribue un total de 11 000 colis anonymes aux prisons franciliennes tenues par les Allemands (Fresnes, la Santé, Romainville, Cherche-Midi)[35],[43] et va jusqu'à livrer plus de 1 000 colis anonymes par mois en 1944[49],[20]. Par ces actions officielles, elles établissent un système de communication entre les détenus des prisons parisiennes et l'extérieur[22]. Ce système, en liaison avec le service social des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) de la zone Sud, donnera naissance plus tard au COSOR (Comité des œuvres Sociales de la Résistance)[45],[33],[50].
Malgré les risques qui se multiplient, elle s’engage dans les activités clandestines de la Résistance : soutien aux prisonniers et fusillés, fourniture de faux papiers, hébergement de clandestins, recueil et transmission de renseignements[20],[12].
Elle n'appartient pas formellement à un réseau ou mouvement de Résistance, mais est proche du mouvement Organisation Civile et Militaire (OCM)[12], auquel appartient son frère Jacques[51] et de nombreux responsables et bénévoles de l’Œuvre Sainte-Foy.
En 1944 en vue de l'imminente Libération de Paris, elle est désignée comme chef de l’équipe de liaison féminine des Forces françaises de l'intérieur (FFI) pour le 16e arrondissement de Paris[52],[12],[22].
En juillet 1944 les Allemands sont sur la défensive depuis le débarquement de Normandie mais n’en redoublent pas moins d’efforts pour démanteler les réseaux de Résistance et arrêter leurs responsables. Du fait de son rôle, Yvonne Baratte est de plus en plus exposée[53].
Sur le vu d'une lettre suspecte, elle est arrêtée à son domicile familial du 31 avenue Henri-Martin (16e arrondissement) le [23] par la Gestapo (Friedrich Berger et 5 hommes de son équipe)[53],[54],[55],[22],[6]. Elle leur tient tête et réussit en leur présence à faire disparaître tous les documents compromettants qu’elle détient et à prévenir plusieurs membres de son réseau[53],[54],[55].
Emmenée dans l'antenne de la Gestapo du 180 rue de la Pompe (16e arrondissement), elle est horriblement torturée toute la nuit[53],[54],[42],[55],[56],[9],[29],[36]. Elle est ensuite conduite au siège de la Gestapo du 11 rue des Saussaies (8e arrondissement)[54],[Note 1]. Elle ne parle pas[53],[54],[42],[9].
Internée au centre pénitentiaire de Fresnes[53],[57],[12], elle y reste un peu moins d'un mois sans être jugée[12], puis, le est transférée au fort de Romainville[53],[57],[12],[58],[59],[60],[9].
Dix jours avant la Libération de Paris, l'occupant allemand vide ses prisons et lance un dernier convoi francilien de quelques milliers de résistants français vers les camps du Reich[61]. Ce train de wagons à bestiaux part de la gare de marchandises de Pantin le . Il s'agit du convoi I.264, dit des « 57 000 », nommé ainsi en raison de la série de matricules attribués aux déportées[62]. Yvonne Baratte en fait partie[63],[64],[65],[23],[9] et reçoit le matricule 57 769[66],[67],[Note 2].
Les hommes pénètrent le au camp de concentration de Buchenwald, tandis que les femmes arrivent le au camp de concentration de Ravensbrück[68],[69].
Dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück et les Kommandos de travail forcé, Yvonne Baratte poursuit sa résistance par sa dignité, son optimisme, son énergie et son humanité profonde[70],[71],[72],[73]. Elle puise dans sa foi chrétienne force et courage pour soutenir ses camarades de déportation dans les souffrances quotidiennes[74],[75],[76],[77],[78],[79],[80],[81],[82],[83],[84],[85],[86],[87],[22],[88].
En septembre 1944, avec un groupe de 500 Françaises, elle est transférée au Kommando de travail forcé de Torgau[89],[90],[91],[66],[67],[92],[87], dépendant du camp de Buchenwald, où les détenues sont employées à la fabrication de munitions. Avec ses camarades, elle refuse de travailler à l'effort de guerre allemand[89],[93],[94],[95]. Les réfractaires sont ramenées à Ravensbrück, avant d'être envoyées en camp de représailles.
Ainsi, à partir de novembre 1944, elle est transférée à Königsberg-sur-Oder[89],[96],[97]. Là, à peine vêtues, à peine nourries, et par des températures souvent négatives, les déportées sont utilisées à des travaux exténuants : terrassement d'un champ d'aviation et bûcheronnage en forêt[89],[98],[99],[100],[78],[101].
Début février 1945, devant l'avancée des armées soviétiques, les SS abandonnent précipitamment le camp, mais reviennent finalement 3 jours plus tard chercher les déportées pour les emmener à coup de crosse, à pied, à travers la neige, jusqu'à Ravensbrück, où elles parviennent à bout de force, pour celles qui ne sont pas mortes d'épuisement en chemin ou ont été abattues[102],[103].
Le elle est à nouveau transférée, cette fois-ci à Rechlin, camp de travail féminin dépendant de Ravensbrück, hébergeant un Kommando servant à la construction d'un aérodrome[98]. Les déportées y creusent des tranchées mais leur épuisement est tel qu'elles sont finalement enfermées à 800 dans une salle des fêtes avec tout juste 100 grammes de pain par jour[104],[102].
Durant les derniers mois du Troisième Reich la mortalité dans les camps nazis atteint son paroxysme[105].
Le les rescapées de Rechlin, dont elle fait partie, sont ramenées à Ravensbrück, dans un état déplorable[106],[107],[23], comme le raconte Germaine Tillion[98] : « Elles n'étaient plus reconnaissables...chez toutes, ce même regard de bêtes agonisantes. »
La faim, les transferts incessants d’un camp à l’autre, le travail harassant et le froid glacial viennent à bout des dernières forces d'Yvonne Baratte[100],[108]. Elle demande son admission au Revier du camp le [106],[22].
Elle meurt d'une dysenterie aigüe à 34 ans le au Revier de Ravensbrück[Note 3], soit quelques jours avant la libération du camp[12],[109],[110],[111],[112],[113],[114],[23].
Yvonne Baratte est célibataire[115], sans enfant.
Yvonne Baratte est récipiendaire, à titre posthume, des décorations suivantes :
Sa nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur s'accompagne de la citation suivante :
« Entrée dans la Résistance en 1942. A organisé le Service Social clandestin sans prendre aucun repos, avec un dévouement inlassable, apportant ravitaillement et grand réconfort à de nombreux prisonniers et prisonnières de Fresnes et du Cherche-Midi. Arrêtée en juillet 1944, déportée en Allemagne, a continué à donner l'exemple de son dévouement avec un moral qui dominait toutes les épreuves. Est morte d'épuisement au camp de Ravensbrück. »
Son nom a été donné à :
Son nom figure sur la liste des morts pour la France :
Après-guerre elle est choisie comme marraine d'une promotion de l’École Suzanne Pérouse (IFSI de la Croix-Rouge française)[12].
Son parcours et ses dessins en déportation sont exposés de manière permanente au Centre de la Résistance, de la déportation et de la mémoire de Blois[104].
Elle fait partie des 16 femmes dont le parcours est présenté dans le cadre de l'exposition temporaire « Déportées à Ravensbrück, 1942-1945 » organisée par les Archives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine) du au [125],[23].
Plusieurs de ses camarades résistantes et déportées témoignent sur elle après la guerre :
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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