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ancienne voie romaine reliant l’Italie à la péninsule Ibérique en traversant la Gaule narbonnaise De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La voie Domitienne (Via Domitia) est une voie romaine construite à partir de 118 av. J.-C. pour relier l'Italie à la péninsule Ibérique en traversant la Gaule narbonnaise.
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La dénomination via Domitia n'est attestée dans l'Antiquité que pour le tronçon entre le Rhône et les Pyrénées, même s'il est probable qu'entre le Rhône et la frontière de la Narbonnaise (vers Chorges[pas clair], près de l'actuel lac de Serre-Ponçon), la voie était aussi appelée via Domitia. On sait que la partie allant de Gap (Vapincum) à Suse (Segusium) à travers la province des Alpes cottiennes était appelée via Cottia per Alpem.
Cet itinéraire entre l'Italie et l'Hispanie avait une variante importante par le littoral ; mais le passage par le col de Montgenèvre a longtemps été plus sûr et plus rapide[1], jusqu'à la construction sous le règne d'Auguste de la via Julia Augusta (par Vintimille), prolongement vers la Narbonnaise de la via Aurelia.
Selon certaines légendes, la voie Domitienne reprendrait un itinéraire créé par Héraclès (Hercule), la voie Héracléenne[2].
Première route construite par les Romains en Gaule, elle est créée à la suite de la conquête, achevée vers -120, de sa partie sud-est, qui va devenir la province romaine de Gaule narbonnaise. La construction commence dès 118 av. J.-C. à l'instigation du proconsul Cneus Domitius Ahenobarbus, dont elle porte le nom.
Cette route doit assurer les communications avec Rome et permettre la circulation des troupes affectées à la nouvelle province. Il s'agit aussi de rendre cohérent le réseau des voies existantes[2], en reliant le réseau des voies italiennes partant de Rome à celles d'Hispanie, où les Romains sont implantés depuis plusieurs décennies.
Une ville à statut de colonie romaine (c'est-à-dire que ses citoyens sont citoyens romains de plein droit[3]) est créée sur son parcours, Narbo Martius (Narbonne), qui devient la ville la plus importante du sud de la Gaule.
L'itinéraire de l'Anonyme de Bordeaux passe dans la région et suggère un passage par ce site.[pas clair]
Elle est destinée en premier lieu à la circulation des légions et des représentants de la République puis de l'Empire (elle sera jalonnée par les relais de la poste impériale, le cursus publicus).
Mais elle est aussi rapidement empruntée par les marchands. La construction de cette voie est bénéfique à l'économie locale grâce aux échanges qu'elle facilite entre les cités[réf. nécessaire].
Le tracé de la Via Domitia est connu assez précisément grâce à plusieurs sources : les gobelets de Vicarello, la table de Peutinger et l'itinéraire d'Antonin, mais aussi grâce à des traces archéologiques ou toponymiques. L'observation des cartes topographiques actuelles montre souvent le parcours qu'elle empruntait. Quelques routes actuelles suivent encore souvent le tracé de la Via Domitia (N85, N100, A9, etc.).
Elle franchit les Alpes au col de Montgenèvre (1 850 m), suit la vallée de la Durance, longe le Luberon par le nord, franchit le Rhône à Beaucaire, passe par Nîmes (Nemausus) et suit la côte du golfe du Lion jusqu'à l'Espagne, en reliant sur son chemin les principales villes romaines (Ugernum/Beaucaire, Nemausus/Nîmes, Baeterrae/Béziers, Narbo/Narbonne, Ruscino)[4]. Elle contourne[pas clair] donc le territoire de la cité grecque Marseille indépendante jusqu'en -48 (Massalia en grec, Massilia en latin).
La voie était ponctuée de bornes milliaires, qui correspondent plus ou moins à nos actuels panneaux indicateurs, indiquant les distances entre la borne et les villes voisines. Sur le tracé de la Via Domitia ont été recensées plus de 90 bornes[5] de ce type.
Quand la voie entre dans une ville, elle traverse généralement une enceinte par une porte ou un arc de triomphe, comme à Nîmes (porte d'Auguste) ou à Glanum (Saint-Rémy-de-Provence) (arc de triomphe).
Elle est construite de façon aussi rectiligne que possible sur des terrains solides.
Dans les villes qu'elle traverse, elle est pavée ou dallée, mais la plupart du temps, c'est un chemin de terre battue sur des couches stratifiées de gravier et de cailloutis[6].
Au Moyen Âge, certains tronçons sont toujours utilisés et forment, en particulier entre Narbonne et le Roussillon, une partie de ce qui est alors appelé Strata francesa ou Caminum Gallicum, le Chemin français[7].
La longueur totale est de 780 kilomètres[8].
Venant d'Italie, précisément de Segusio/Suse, la Via Domitia franchit les Alpes au col de Montgenèvre, à plus de 1 800 mètres. C'est alors le passage le plus facile à travers les Alpes. Une petite agglomération y est présente : Druantium ou Summæ Alpes, avec un sanctuaire des sources de la Durance.
La voie suivait ensuite probablement la rive droite de la Durance pour aboutir à la station de Rama/La Chapelle de Rame, site occupé jusqu'au Moyen Âge.
Jusqu'à Gap, la voie apparait bien sur les cartes IGN car elle correspond aux limites des communes actuelles.
La voie gagnait ensuite Val-Saint-Donat et Ganagobie. Aux pieds du plateau de Ganagobie, elle franchissaitt le Buès sur un pont en arc haut de 10 mètres, appelé pont romain de Lurs. Ce pont, plusieurs fois restauré, porte aujourd'hui la route montant à Lurs.
La voie passait ensuite au centre de la plaine de Mane. Au lieu-dit Tavernoure devait très probablement se trouver un relais (taberna). Au sud de Saint-Michel-l'Observatoire, elle franchisait le Reculon obliquement grâce à un gué encore visible aujourd'hui. Large de six mètres, il était étayé par un mur en moyen appareil couronné par 34 blocs en grand appareil et mesure 25 mètres de long[9]. La voie franchissait ensuite le col des Granons, décrit par le géographe Strabon, qui aurait constitué la limite entre la cité d'Apta Julia (Apt) et le territoire des Voconces.
La voie franchissait ensuite le Calavon grâce au pont Julien, qui est le plus bel ouvrage encore visible sur le trajet de la Via Domitia. C'est le pont le mieux conservé de France datant de cette époque. Il a une longueur de 80 mètres, est large de 6 mètres et haut de 11 mètres, avec trois arches dont celle du centre est plus importante et plus élevée.
Elle rejoignait ensuite le site de la Pierre Plantée, nom qui évoque une borne milliaire, à Plan-d'Orgon, puis se dirigeait vers Saint-Rémy-de-Provence, par l'axe encore emprunté aujourd'hui[pas clair].
La voie quittait Glanum en passant sous l'arc de triomphe des Antiques, à côté du mausolée des Jules.
La voie longeait ensuite les Alpilles et aboutissait au Rhône, probablement franchi par bac entre Tarusco/Tarascon et Ugernum/Beaucaire.
À la sortie de Beaucaire, la Via Domitia existe toujours sous sa forme originale de chemin de terre renforcé. C'est le tronçon qui présente le plus de bornes milliaires, quelquefois deux ou trois au même endroit (au fur et à mesure des réfections de voie, chacun voulant marquer son passage), comme c'est le cas pour les «Colonnes de César» au Clos d'Argence, correspondant au XIIIe mille. À la limite de Redessan et de Jonquières se trouve la borne milliaire IX, connue sous le nom de «Peire di Novi» (pierre des fiancés), qui porte le nom de l'empereur Tibère. Manduel présente également une borne milliaire Borne milliaire de Manduel qui a été déplacée de son emplacement d'origine et qui se situe à présent devant l'hôtel de ville.
Notons qu'à Nîmes, les vestiges de cette époque sont nombreux : la Maison Carrée, l'Amphithéâtre (arènes), la Tour Magne, la porte de France, le sanctuaire de la Fontaine et également le castellum divisorium (château d'eau) distribuant l'eau dans les quartiers, point final d'un aqueduc venant d'Uzès dont le point le plus connu est le Pont du Gard.
La voie repart vers le sud-ouest pour atteindre la station d'Ad Octavum / Uchaud puis Codognan, Vergèze et Gallargues-le-Montueux. De nombreuses bornes milliaires sont visibles sur ce tronçon.
Elle passait ensuite le Vidourle sur le pont Ambroix, dont il reste une arche, avant d'entrer à Ambrussum.
Au-delà d'Ambrussum, la voie marque encore de nos jours la limite entre les communes de Vérargues et celle de Lunel-Viel ainsi qu'entre celle de Saint-Geniès-des-Mourgues et de Saint-Brès.
Après la traversée du petit fleuve côtier, le « Lez », la Voie Domitia passait sur la commune de l'actuelle Montpellier (la ville se développera plus tard, bien après la période gallo-romaine, sur une colline à 2 kilomètres au sud de la Via Domitia) sur le tracé de l'actuelle « avenue de la Voie Domitienne », pour rejoindre Forum Domitii / Montbazin, relais routier fondé par Domitius.
La voie arrivait par la rue de Lattre, traversait le forum romain (place Bistan) pour quitter la cité par le pont des Marchands, sur l'Aude. La richesse de Narbo Martius provenait de son activité économique liée au commerce maritime (exportation de céréales, vins, huiles, céramiques, amphores…).
À partir de Salses l'itinéraire d'Antonin contient deux jalonnements différents. Comme la distance totale de Narbonne à Summum Pyrenæum est peu différente entre les deux itinéraires certains auteurs pensent qu'il s'agit de 2 versions différentes de jalonnement d'un même itinéraire ou du remplacement dans le temps d'un itinéraire par un autre. Cependant, il semble plus probable qu'il y a eu deux itinéraires différents simultanés à forte fréquentation. Ceci permet d'avancer l'hypothèse de deux branches qu'il est commun d'appeler aujourd'hui la « voie terrestre » et la « voie côtière ».
Mais là encore les chercheurs font des hypothèses diverses pour ces deux voies. Il est assez difficile aujourd'hui de démêler cet écheveau, car les indices de présence de voies romaines sont extrêmement ténus, et ne permettent pas en général de dire si on a affaire à une voie principale ou à une voie secondaire. De plus, parmi ces voies, certaines peuvent être postérieures à l'époque de Gnaeus Domitius Ahenobarbus (vers -117).
En général, les auteurs font passer les deux voies (côtière et intérieure) par Ruscino[14],[15].
C'est pourquoi il y a toujours eu des chercheurs pour conserver l'hypothèse d'une voie intérieure, romanisant un parcours plus ancien (celte et/ou ibère). Ce parcours non seulement pourrait être plus court, mais surtout il est considéré comme obligatoire en période de hautes eaux et même après lorsque les nouveaux cours et les limons ont détruit les voies à travers les deltas. En effet, les géographes et géologues indiquent qu'il y a 3000 ans les deltas des fleuves Agly, Têt, Réart, et Tech étaient erratiques. Cela incite à chercher le parcours ancien en amont des deltas attestés.
Cette voie intérieure rénovant un parcours préromain reste à identifier précisément. On peut cependant envisager son passage par des gués anciens au niveau de l'église Saint-Martin-de-Tura, ancien village disparu près de Rivesaltes sur l'Agly, à Baho sur la Têt, à Nidolères sur le Tech. Le fait que ce parcours reste à retrouver entre Salses et Nidolères (cf. infra) ne permet pas de l'exclure.
L'endroit marquant la limite entre les provinces de Gaule narbonnaise (Gaule) et d'Hispanie citérieure (Tarraconaise à partir du règne d'Auguste), appelé Summum Pyrenæum, est mentionné dans plusieurs itinéraires.
Il a longtemps été situé au col du Perthus, mais les fouilles menées en 1984 par Georges Castellvi au col de Panissars ont permis d'y dégager des ornières de la Voie Domitienne taillée à même le roc ainsi que les fondations d'un trophée immense dressé à cet endroit en 71 av. J.-C., le Trophée de Pompée, pour célébrer les victoires de Pompée sur les peuples d'Hispanie. Aujourd'hui, Summum Pyrenæum est donc identifié au col de Panissars.
La voie Domitienne entre dans la littérature latine lors d'une plaidoirie de Cicéron, le Pro Fonteio.
Marcus Fonteius avait été propréteur en Gaule transalpine de 76 à 74 av. J.-C. Ses administrés gaulois avaient envoyé à Rome une délégation l'accuseant d'avoir détourné des sommes importantes destinées à l'entretien des routes, notamment la voie Domitienne, mais également d'avoir touché des pots-de-vin d'entrepreneurs responsables de malfaçons lors des travaux routiers.
Pour sa défense, Cicéron le présenta comme un « excellent magistrat » et assura les juges que, « empêché par des affaires plus importantes, M. Fonteius, sachant que la réfection de la voie Domitienne était d'intérêt public, chargea de ce soin deux hommes du premier mérite, ses légats C. Annius Bellienus et C. Fonteius. ».
Certains vestiges de la voie sont protégés au titre des monuments historiques :
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