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Jaunâtre hxjv De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le tofu fermenté, sufu, furu (chinois : 腐乳, , « lait fermenté », abréviation de doufuru (豆腐乳, , « tofu lacto »)[N 1]) est un condiment se présentant sous forme d'une pâte molle et crémeuse, à forte odeur, obtenu par lacto-fermentation en ensemençant du tofu avec des moisissures de l'ordre des mucorales (appartenant aux genres Actinomucor, Rhizopus, notamment Rhizopus chinensis, ou différentes espèces du genre Mucor : Mucor sufu, Mucor rouxianus, Mucor racemosus), suivi d'un salage et d'un affinage. Originaire de Chine, il est fabriqué suivant diverses méthodes en Asie Orientale[1].
Le terme de sufu est apparu dans un article scientifique en 1970 de Wang et Hesseltine[2] qui citent par ailleurs une dizaine de synonymes, en raison des multiples dialectes chinois. C'est maintenant devenu le terme standard dans la littérature scientifique en anglais. Toutefois le terme de sufu n'est pas familier pour la majorité des Chinois qui emploient actuellement le terme mandarin standard de 腐乳 (pinyin : ) ou 豆腐乳 (pinyin : ).
Au Japon, le produit est connu seulement dans la préfecture d'Okinawa[3], sous influence chinoise, jusqu'aux années 1870 pendant le Royaume de Ryukyu, (sous le nom de tofuyo). Bizarrement, il n'est pas connu dans le reste du Japon ni en Corée. Il est connu aussi aux Philippines comme tao ju, en Thaïlande comme tau-fu yee et au Viêt Nam comme chao ou dau-phu-nyu.
Le tofu fermenté se présente sous forme de petits cubes de 2-3 cm de côté et 1-2 cm d'épaisseur, de texture crémeuse semblable au beurre et d'une odeur allant du fromage bleu au camembert, vendus en pots, dans une marinade de vin de riz, de sauce de sésame ou d'épices. Très salé, le goût évoque la feta ou les anchois marinés.
On trouve du tofu fermenté de différentes couleurs[1]. Le rouge est affiné avec du koji rouge (hongqu) ou du piment doux. Le blanc, commun dans la Chine du Sud, est moins salé et ne contient pas de koji rouge. On en trouve aussi un gris, affiné avec le petit-lait de soja et des épices.
C'est un condiment au goût fort, que l'on peut manger pur mais qui sert généralement à apprêter les plats.
Le processus de fabrication se fait en quatre grandes étapes :
Le tofu subit en principe deux fermentations : à l'étape 2, une incubation de moisissure dans un lieu bien ventilé (aérobie), puis à l'étape 4, une fermentation en milieu fermé (anaérobie). La première fermentation sur substrat solide réclame de l'oxygène et libère un grand nombre d'enzymes qui agiront au début de la phase d'affinage, en milieu liquide. Ces fermentations ne peuvent se produire de manière satisfaisante à température élevée, c'est pourquoi la fabrication de sufu mauvaise qualité est un gros problème pour de nombreuses fabriques de sufu travaillant dans des ateliers à plus de 30 °C durant l'été[4].
La fabrication domestique ou artisanale utilise les ferments sauvages dont les spores sont naturellement présentes sur les claies, la paille de riz utilisée ou dans l'air des bâtiments.
À partir de la fin du XIXe siècle, la découverte des micro-organismes impliqués dans les fermentations a permis de comprendre les processus microbiologiques mis en œuvre et par suite de mieux les contrôler pour pouvoir conduire des productions à grande échelle sans aléas et de qualité constante. La première identification de micro-organismes impliqués dans la préparation du sufu est l’œuvre de Wai[5] en 1929 qui dénomma la moisissure Mucor sufu. Quatre décennies plus tard, il reprit l'investigation avec ses collaborateurs et trouva dans plusieurs ateliers de Taiwan et Hong Kong des souches de Actinomucor elegans. La liste s'est considérablement accrue depuis et comporte plus d'une douzaine de micro-organismes[6].
L'inoculation des cubes de tofu se fait par aspersion (au moyen de vaporisateurs) d'une culture pure préparée par ailleurs. L'incubation se fait dans des pièces maintenues à environ 25–30 °C, à forte humidité (95 – 97 %) et très bonne aération. Rapidement, en 8 à 12 heures, le mycélium recouvre d'un voile blanc les cubes de tofu. On arrête l'incubation au bout de 48 heures. Chaque espèce de moisissure possède des conditions optimum de température, d'humidité et de durée de culture, pour produire un maximum de protéase, lipase, α-amylase et α-galactosidase[7] et de glutaminase et β-galactosidase[4]. Les saveurs et la texture recherchées du sufu qui se développeront durant les phases suivantes de salage et d'affinage sont déterminées par les enzymes produites par les moisissures durant cette phase cruciale d'incubation-fermentation.
Pour fabriquer un sufu rouge, les cubes de soja salés sont mis à macérer dans une solution saline, d'angkak (koji rouge de riz), de farine, d'alcool, de sucre et d'épices. La saumure peut aussi comporter de l'huile de sésame ou des piments. La durée de vieillissement a été ramenée de la durée traditionnelle de 6 mois à 2-3 mois. La concentration en sel finale de 10 à 12 % est élevée, au regard des effets indésirables sur la tension artérielle mais ne peut guère être abaissée car elle réduirait la durée optimale de consommation (DLUO).
On peut considérer avec Han et als[1] qu'il y a quatre types de sufu produit en Chine.
1 sufu fermenté par des moisissures sélectionnées
C'est la procédure la plus courante utilisée dans l'industrie agro-alimentaire telle qu'on l'a décrite dans la section précédente.
2 sufu fermenté naturellement
C'est la procédure traditionnelle de production en Chine.
3 sufu fermenté par des bactéries
Il est fabriqué à Kedong (Heilongjiang), Wuhan (Hubei).
Cette procédure comporte une phase de salage avant l'inoculation des moisissures
4 sufu affiné aux enzymes
Cette procédure ne comporte que trois étapes. Comme il n'y a pas d'ensemencement de moisissures avant l'affinage, on rajoute un ferment (koji) au moment de l'affinage. Ce type de fabrication du sufu se rencontre à Taiyuan (Shanxi) et à Shaoxing (Zhejiang).
Le tofu et le tofu fermenté sont originaires de Chine. La première mention connue de fermentation du tofu dans les textes anciens se trouve dans un texte du XVIe – XVIIe siècle, le Penglong ye hua[9] 蓬栊夜话 « Discours nocturnes des Monts Penglong » de Li Rihua 李日华 (+1565, 1635) :
« Les gens du district de Yi [dans l'Anhui] aiment faire fermenter le tofu durant l'automne. Ils attendent que le morceau de tofu change de couleur et soit couvert de filaments. Puis ils enlèvent les poils, le sèchent et le plongent dans l'huile bouillante comme pour faire une pâtisserie sǎn 馓, et laissent s'égoutter l'huile. Il est cuit avec d'autres aliments[N 4]. »
— (adapté de la traduction de Huang 2000)
À la fin du XVIIe siècle, on trouve un texte donnant une description précise du procédé de fermentation du tofu avec salage et macération, tout à fait semblable à la procédure traditionnelle donnée dans une section précédente. Il s'agit du Shi Xian Hong Mi[9] 食宪鸿秘 de +1680. Ce texte utilise en outre, pour la première fois, les termes contemporains de furu et rufu.
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