«Quand Édouard, roi d'Angleterre, déclara la guerre au roi de FrancePhilippe VI, il lui donna, dans le défi qu'il lui envoya, le simple nom de Philippe de Valois. Il considérait en effet que la couronne de France lui revenait de droit.
Pour déclarer cette guerre qui devait durer plus de cent ans, on prit prétexte de l'exécution de seigneurs bretons vassaux du roi Édouard. Mais pour ses possessions de Guyenne, le roi d'Angleterre était vassal du roi de France et lui devait hommage. La lutte fut sanglante.
1356: Jean II a succédé à son père sur le trône de France... Il est battu à Poitiers et fait prisonnier par Édouard, prince de Galles, dit le Prince Noir.Le Dauphin Charles devient Régent du Royaume, lutte contre l'envahisseur et contre les troubles fomentés par son cousin, le roi de Navarre, Charles le Mauvais.
1359: La Sologne n'a pas été épargnée. Sous la conduite du connétableChandos les troupes du Prince Noir pillent, ravagent, occupent cette contrée déjà pauvre. Et dans la France meurtrie et que ne peut sauver une trêve qu'aucun des partis n'entend respecter, de jeunes chevaliers tentent ce qui parait impossible: secouer le joug de la domination anglaise...»
Florent de Clouseaules, ambitieux intendant des domaines de Thierry de Janville, un jeune noble, souhaite se venger d'un séjour en prison auquel l'avait condamné le père de Thierry. Profitant de la fougue, de la jeunesse et du patriotisme de celui-ci, il lui souffle l'idée exaltante d'aller en Angleterre délivrer le roi Jean.
Puis il dénonce ce complot au Prince Noir (non seulement Florent n'est pas chevalier, mais il a un comportement méprisable et est méprisé même par ses interlocuteurs anglais) et réclame à celui-ci en échange les châteaux et terres de son maître. Thierry de Janville est fait prisonnier dans son propre château et promis à la mort pour trahison.
Mais Thierry est très apprécié de ses sujets. L'un d'eux, Jehan le larron, habile voleur à la tire, se rend au château et s'y fait emprisonner. Pendant que les gardes l'emmènent en cellule, il leur dérobe la clé des fers de Thierry et ils parviennent à s'évader du château. Il prend alors le maquis en se cachant dans les grandes forêts de la région.
Thierry constitue, au hasard de ses rencontres, une bande de compagnons prêts à tout pour l'aider dans sa tâche: Bertrand (une force de la nature), Martin (personnage assez naïf), Jehan, Pierre (trouvère), Judas (acteur spécialisé dans le rôle de Judas), Boucicault (gentil amnésique, peut-être un ancien brigand) et Isabelle (qu'il épousera à la fin de la série). Et comme son arme favorite est la fronde, il se fait désormais appeler «Thierry la Fronde».
Il s'ensuit une série d'aventures, d'abord localisées en Sologne, puis à l'échelle du royaume: il devient (dès la fin de la première saison) un fidèle du dauphin Charles et du roi Jean le Bon et exécutera de nombreuses missions à leur service, luttant non seulement contre les Anglais, mais aussi contre Charles II de Navarre, Charles le Mauvais (autre personnage méprisable).
2006: Thierry la Fronde, l'intégrale 4 DVD. Disponible aussi en volumes séparés.
Disques
1963: Bande originale du feuilleton télévisé, Philips 432 978[4]
1963: John William: Thierry la fronde, Polydor 27098 [5]
1978: Jacques Loussier: Thierry la fronde, CAT Music 8002 [6]
Livres illustrés
Plusieurs livres en couleurs, reprenant une histoire illustrée de photos de la série, sont parus vers 1965 aux éditions des Deux coqs d'or:
Une aventure de Thierry la Fronde
La Chanson d'Isabelle
Isabelle aux sabots
Le Secret du prieur
Les Chevaliers de Sologne
Le Filleul du Roi
Le Drame de Rouvres
Les Premières Armes de Thierry la Fronde
Bande dessinée
Un album relié avec couverture souple plastifiée a été édité au troisième trimestre de l'année 1979 dans la Collection Télé Junior sur des scénarios de J.C. Deret et des dessins de Gerald Forton.
Six histoires de huit planches chacune sont présentes:
L'Espion perdu
Concurrence déloyale
La Filleule du Dauphin
Le Jugement de Dieu
.. et La Sorcière
L'Arme interdite
Le scénario est explicitement inspiré de l'histoire de Robin des Bois. La série apparaît au moment où la série télévisée Ivanhoé rencontre un grand succès dans les émissions enfantines du jeudi.
Sur le choix du prénom Thierry, Jean-Claude Deret explique: «Thierry, le prénom, fut choisi par moi pour des raisons spéciales ou spécieuses! J'avais l'idée de mon héros et pour le baptiser j'ai cherché un prénom qui fût d'époque et dont le graphisme fut agréable. J'avais choisi le surnom. Il fallait donc que mon héros s'appelle "X-la-Fronde". J'ai essayé plusieurs prénoms, mais dès que Thierry me vint à l'esprit, il "collait" si bien que je n'en ai pas cherché d'autre. Thierry, par son écriture même, est joli. Le "Y" de la fin fait très médiéval»[7].
Si le paysage de la série est bien un paysage de Sologne, Janville est une commune de la Beauce. Jean-Claude Deret, son créateur, l'a appelé ainsi car passant un jour à Janville il a aimé la résonance de ce nom et apprécié la commune, alors sans immeubles modernes, ses fermes, ses rues aux noms pittoresques (la rue des Trois pucelles, la rue du Tripot, la rue du Cheval bardé, etc.), la tour du Boële et le château au Puiset. Le , Jean-Claude Drouot est venu à Janville habillé en Thierry la Fronde à la rencontre des habitants[8].
Le scénariste de la série, Jean-Claude Deret, se réserva l'interprétation du rôle ingrat de «Messire Florent».
L'humour n'est pas absent de la série. Par exemple, dans l'épisode «La Fourche du diable», le célèbre cuisinier Taillevent se rend de sa propre initiative chez l'ennemi afin que ses compatriotes, prisonniers des Anglais, ne soient pas astreints à être nourris de cuisine britannique.
De même, dans l'épisode "Le Message", où Du Guesclin envoie un messager pour porter une missive à Thierry, ce qui peut suggérer des enjeux majeurs, plusieurs personnes mourront pour détourner ou récupérer le parchemin scellé. En fin d'épisode, le contenu du message est révélé: Du Guesclin envoyait ses salutations à Thierry et lui souhaitait un bon anniversaire!
L'association de son personnage au Moyen Âge marquera Jean-Claude Drouot, peut-être plus qu'il ne l'aurait souhaité. Le film Le bonheur dans lequel il tourna, se passant aux temps contemporains, ne rencontra qu'un succès d'estime. En revanche le feuilleton Gaston Phébus fut un succès, et c'est encore à cette époque historique qu'on le retrouvera, plus âgé, dans Les Rois maudits.
Le quatrième épisode de la première saison de («Le Fléau de Dieu») est centré sur deux médecins qui voyagent jusqu'à Oxford. L'un est musulman et se nomme «Zakaria Muhammad»[alpha 3]. L'autre est juif et se nomme... «Rabbi Jacob»[alpha 4]. L'année suivante, dans le film Le Gendarme de Saint-Tropez, l'acteur Louis de Funès reprend dans une scène parodique le costume et la fronde de Thierry La Fronde pour arrêter des malfrats et, dix ans plus tard, il se nommera Rabbi Jacob dans la comédie Les Aventures de Rabbi Jacob.
Le thème musical à la trompette a un rythme évoquant le galop d'un cheval. Ce thème a inspiré en 1963 John William pour la chanson, Thierry La Fronde-la marche des compagnons. La musique est chantée avec humour par des amis de Louis de Funès dans le Gendarme de Saint-Tropez lorsqu'il emploie une fronde contre un malfaiteur.
La série a été parodiée dans les années 1990 par le groupe d'humoristes Les Inconnus dans un sketch en noir et blanc, intitulé Thierry la France[10].
Thierry la Fronde est conservé à l’Institut national de l'audiovisuel (INA). Les vidéos et sources écrites sont consultables à l’Ina Thèque[11], sur accréditation.
L'INA conserve notamment un dossier de production, un dossier de décoration et un ensemble de coupures de presse relatifs à la série.
Diffusé le . Cf. Télé 7 jours no300, p.84: «Voici un épisode exceptionnel du feuilleton Thierry la Fronde qui reprendra de façon régulière, chaque dimanche, à partir du 9 janvier.»
L'Écho républicain de la Beauce et du Perche du 3 février 1964: «Ce jeune aventurier d'un autre âge perdu en 1964 à l'entrée de Janville c'est Thierry-la-Fronde». La venue de Thierry La Fronde à Janville fut filmée et le reportage diffusé à la télévision dans l'émission Au-delà de l'écran le 2 février 1964.
Nils Ahl, Benjamin Fau (coord.), «Thierry la Fronde», dans Dictionnaire des séries télévisées, Éditions Philippe Rey, 2011.
Richard Utz, «Robin Hood, Frenched», dans Medieval Afterlives in Popular Culture de Gail Ashton et Daniel T. Kline, Palgrave Macmillan, New York, p.145-58, 2012.
Géraldine Poels, «Thierry la Fronde et le commissaire Bourrel: le règne de la fiction en série», chapitre de thèse dans La naissance du téléspectateur: une histoire de la réception télévisuelle des années cinquante aux années quatre-vingt, volume 2, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 2013, p.219-223.