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artiste française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Tania Mouraud, née le à Paris, est une artiste contemporaine française.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Tania Mouraud |
Nationalité |
française |
Activité | |
Distinction |
Élue membre de l’académie des Beaux-Arts section peinture (fauteuil VIII), chevalier de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre national du Mérite, officier des Arts et des Lettres, officier de l'ordre national du Mérite |
Site web |
Son œuvre revêt des formes très différentes, tout en restant fondée sur un réel engagement social et un questionnement ontologique ; elle mobilise chez le spectateur la conscience de soi et du monde dans lequel il se trouve.
Autodidacte, Tania Mouraud débute très jeune son parcours artistique avec ses Initiation rooms, espaces dédiés à l’introspection. Dans les années 1970, c’est par une approche analytique et intellectuelle, que Tania Mouraud allie art et philosophie dans un travail d’abord fondé sur les mots, puis plus tard sur leur typographie, porteuse de sens en elle-même.
À cette même période, les séries de photographies que réalise l'artiste se font de plus en plus nombreuses. À la fin des années 1990, Tania Mouraud crée ses premières vidéos. Les thèmes de l’angoisse et de la responsabilité au monde, sont à la base des vidéos de cette artiste, dont la vie est marquée par le deuil : « [...] dans mon travail artistique, depuis le début, cette hantise est vraiment quelque chose de fondamentalement intime que je partage avec le public » (entretien avec Tania Mouraud par Catherine Grenier)[1].
Le travail dans le champ de la vidéo incite Tania Mouraud à radicaliser son œuvre par le son. Après des concerts avec le groupe Unité de Production qu'elle fonde en 2002, Tania Mouraud se lance dans des performances live en solo. Ses installations vidéo, avec notamment Ad Infinitum (2008)[2] ou encore Ad Nauseam (2014)[3] et sa collaboration avec l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam) marquant ainsi un nouveau tournant dans son œuvre.
Le 4 mars 2015 débute Tania Mouraud. Une Rétrospective, la première grande exposition monographique de l'artiste au Centre Pompidou-Metz[4]. Cette retrospective s'accompagne de 9 autres expositions à Metz dans 9 lieux différents comme le FRAC Lorraine ou encore à la galerie d'exposition de l’Arsenal. Le tout apparaît comme un véritable itinéraire à travers la ville[4],[5].
Tania Mouraud naît à Paris le 2 janvier 1942. Elle est la fille de Martine Mouraud, journaliste devenue ensuite femme d’affaires puis écrivaine, et de Marcel Mouraud, avocat et collectionneur d’art moderne, tous les deux engagés dans la Résistance[6].
Elle est très tôt sensibilisée à l’art par son environnement familial. Elle vit en Angleterre puis en Allemagne, où elle rencontre les formes artistiques les plus avant-gardistes. Elle se forme au contact des membres du groupe ZERO, de Beuys, Cage, Corso, Coltrane... et se lie d’amitié avec Gotthard Graubner et Reiner Ruthenbeck.
À la fin des années 1960, elle séjourne à New York, où elle rencontre Dennis Oppenheim, et entre en contact avec la scène artistique new-yorkaise.
Sa première exposition a lieu en 1966, la galerie Zunini à Paris où elle présente ses Peintures médicales. « Si ma peinture est volontairement schématique, c'est que je désire échapper au pathos par la recherche de la précision. J'aime ce qui est net. Les sentiments sont dangereux, l'objet est défini, rassurant. Si j'envisage un jour de peindre la figure humaine, ce sera sous forme d'objet »[7]
En 1968, au retour de la documenta IV, Tania Mouraud brûle toutes ses toiles, faisant de cet autodafé un acte public[7].
En 1968, Tania Mouraud crée ses premiers Environnements, dits « Initiation Rooms ». Il s’agit d’espace blancs laqués, dans lesquels tout concourt à l’introspection. Appréhender l’espace d’une façon psychosensorielle, prendre conscience de soi à travers les perceptions. Ces environnements ont accueilli les performances du chanteur indien Prân Nath, d’Ann Riley et Terry Riley, ainsi que de La Monte Young et de Marian Zazeela.
Tania Mouraud envisage ces espaces comme une pièce à ajouter dans nos appartements ; « un supplément d’espace pour un supplément d’âme » comme le dit Pierre Restany[8].
Tania Mouraud suit des cours de logique mathématique au Centre universitaire de Vincennes, puis part pendant 6 ans en Inde au Kerala. Elle y séjourne toujours six mois par an.
En 1975, Tania Mouraud réalise des installations in situ dites « Art Spaces » dans lesquelles de courtes phrases écrites sur des bâches de plastique de chantier à la dimension des murs et interrogent les conditions de la perception visuelle et amènent vertigineusement le spectateur à prendre conscience en profondeur de ce qu’il est en train de faire. «SEEING»[3].
Tania Mouraud poursuit cette problématique en fondant le groupe TRANS avec Thierry Kuntzel puis avec Jon Gibson à travers des installations. Tania Mouraud expose alors au PS1 de New York, elle y rencontre Dara Birnbaum et Dan Graham. Cette même année, elle commence à enseigner à l’École régionale supérieure d’expression plastique de Tourcoing.
Elle débute dans cette période ses fameux Wall paintings[7] : il s’agit de d’immenses lettres peintes en noir, très étirées, rectilignes, très rapprochées, presque illisibles. Elles forment un mot ou parfois une phrase comme c'est la cas de « I HAVE A DREAM » ou encore en 1989 « WYSIWIG» (What you see is what you get) à la BPI du Centre Georges-Pompidou qui était " le premier des Wall Paintings de Tania Mouraud qui dissimulait sous ses hautes apparences le slogan d’une marque d’ordinateur bien connue"[3].
Lorsqu’elle expose sa série de Wall paintings au sein même de l’école d’art où elle enseigne, Tania Mouraud transmet sa vision de la responsabilité de l'artiste face à l'histoire[9] : « Avec cette exposition, j’entends poser aux élèves la même question qu’à moi-même : qu’est ce que cela signifie d’être artiste en 92 ? En 1992, lorsqu’il y a trois millions d’individus frappés par le chômage comme par l’exclusion, et que l’on voit réapparaître le spectre du racisme ? Alors il y a cette phrase, « I have a dream ». L’écriture fortement allongée a adopté un caractère d’illisibilité, mais il y aura toujours une personne pour la déchiffrer. Je parle pour cette personne. C’est une confidence »[10].
Elle expose alors dans de nombreux centres d’art en France, puis en Angleterre, au Canada et aux États-Unis.
Tania Mouraud travaille la malléabilité et la plasticité de l’écriture depuis les années 1960. Il s’agit pour elle d’un système de représentation, avec ses mises en évidence et ses invisibilités[11].
Très tôt, les Photo-textes (1971 - 1973), les Plastics (1972 - 1990), les Mandala (1972-1974) ou encore la performance Kairos (1978) interrogent la perception, la lecture, la manière dont la langue dissimule le réel et les limites du langage[12].
Cette recherche se poursuit avec les écritures allongées depuis 1989, qui demandent une attention particulière pour être lues, mais aussi avec les écritures éclatées (2012-2017).
On retrouve dans le travail de Tania Mouraud un goût pour une traduction mutuelle du mot et de l’image. La série des Dream (2005) expose la citation « I have a dream », traduite en 25 langues. Elle rend compte du glissement rapide que peut effectuer l’écriture vers le dessin dès lors qu’il ne peut être lu. L’écriture devient un trait, un élément pictural.
Il en va de même avec les contreformes des lettres, que l’artiste explore notamment avec City Performance n°1 (1977), la série des Words (1988), celle des Black Continent (1990-1991), celle des Black Power (1988-1992) et la pièce Alea 718 (1989)[13].
Cette dernière pièce use d’un programme informatique pour établir une composition unique, que l’artiste veut libérée des canons picturaux patriarcaux grâce à la part de hasard permise par le processus[14]. Ce goût pour la programmation est également mis à l’oeuvre avec les Mots-Mêlés (2017-2021)[15], qui cachent derrière des aplats noirs des poèmes ou des extraits d’opéras.
Ses livres d’artiste, parmi lesquels FlashS’ (2020), entérinent ce travail du mot et du signe comme manifestations plastiques[16].
À partir du milieu des années 1980, diverses séries photographiques voient le jour, notamment Made in Palace, composée de photos en noir et blanc prises au cours des « gay parties » d’un club parisien, montrant des espaces mouvementés et multisensoriels par un travail de flous[3]. Pour l’artiste, il y a là un lien entre peinture et photographie[9]. D’autres séries apparaissent jusqu’en 1992, composées de photos d’objets kitsch dans différents endroits. « Les Vitrines » ou encore « Les Rétrovisées ».
Dans la continuité de ses peintures photographiques, Tania Mouraud présente en 2008 une nouvelle série « Borderland », montrant le reflet de paysages sur les "round baler" de paille. Elle réalise d'autres séries comme Rubato réalisée dans les plantations d'hévéas au Kerala; Désastre qui porte sur les béances créées lors de la destruction de la forêt ou encore Balafres étant tournée sur les mines à ciel ouvert en Allemagne.
Pour l'artiste, la pratique de « l'image séquentielle »[9] a longtemps été mise de côté mais c'est à partir des années 1990 que Tania Mouraud s'intéresse progressivement à la vidéo : « J’ai pris l’habitude de me promener avec un caméscope et, peu à peu, l’idée s’est imposée »[9]. Les années 2000 marquent un tournant pour l'artiste : la pratique de la vidéo devient une part importante de son œuvre.
Parmi les principales créations :
Le communiqué de presse pour le vernissage en 2008 de Roaming, Borderland indique que cette création « témoigne de son exceptionnelle maîtrise de l’art vidéo. Prises en noir et blanc, les images de sous-bois obscurs et de miradors sont retraitées de manière à devenir presque abstraites puis accompagnées d’une création acoustique qui accentue leur caractère dramatique. Saisis dans la lumière du crépuscule et magnifiés par le travail de l’artiste, ces morceaux de nature deviennent des métaphores de la condition humaine, de la violence, de la solitude et de la mort »[21].
Tania Mouraud fonde en 2002 le groupe d’expérimentation musicale « Unité de Production » avec Christian Atabekian, Ruben Garci, Pierre Petit, Cyprien Quairiat, Marie-Odile Sambourg, Sylvain Souque et Baptiste Vandeweydeveldt.
Puis elle suit un cursus musical via Internet à l’université de Berklee. Depuis J.I.T à Brest (2008) [23], elle réalise en solo des performances d'improvisation live accompagnant ses vidéos. En 2008 à Béton Salon de Paris, puis la même année, au Centre d'art passerelle de Brest, au musée de la chasse et de la nature de Paris, puis au Lieu unique de Nantes, pendant la Nuit Blanche 2012 à la Gare d'Austerlitz ainsi qu'au Mac/Val lors de son exposition Ad Nauseam en 2014.
En 1977, Tania Mouraud organise sa première City performance : 54 panneaux d'affichage sont investis dans Paris sur lesquelles le mot « NI » est écrit en 4 x 3 mètres, dans plusieurs arrondissements parisiens. « Négation absolue, déni d’autant plus troublant qu’il ne dit pas ce qu’il vise. Cette opération semble bien se constituer en résistance aux formes habituelles du discours publicitaire, et de la sphère marchande au service de laquelle il se place » écrit Arnauld Pierre[7].
En 1993, Tania Mouraud réalise « Appartement 374 », une intervention permanente dans un appartement de l’Unité d’habitation Le Corbusier à Firminy. Les signes codifiés des gens du voyage sont sablés sur les vitres de la salle de séjour, transformée en « maison accueillante ». Pendant la durée de l'exposition, des croissants étaient distribués gratuitement au public.
En 1996, elle sème 4000 petites médailles marquées du mot love dans les rues de New York, à la Fondation Cartier et à Metz pour la fête de la mirabelle.
Cette même année, elle expose Le Silence des héros pour l’exposition Territoires occupés à Zweibrücken, en Allemagne. Le long des murs de la pièce, des drapeaux rouges et noirs sont enroulés et posés contre le mur.
First Ural Industrial Biennale of contemporary arts 2010, Special projects, National Center for Contemporary Arts, Ekaterinburg, Russia (catalogue)
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