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plasticienne, photographe et écrivaine française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Sophie Calle, née à Paris le [1], est une artiste plasticienne, photographe, femme de lettres et réalisatrice française.
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Son travail d'artiste consiste à faire de sa vie, et notamment des moments les plus intimes, une œuvre. Pour ce faire, elle utilise tous les supports possibles : livres, photos, vidéos, films, performances, etc.
Issue d'une famille d'Aigues-Vives[4], Sophie Calle est la fille de Monique Szyndler[5] et de Robert Calle, cancérologue, ancien directeur de l'Institut Curie et collectionneur à l'origine du Carré d'art, le musée d'art contemporain de la ville de Nîmes.
Née à Paris, elle grandit dans le Gard : « Tous mes souvenirs d'enfance sont liés à la région : Aigues-Vives, Beauvoisin, Le Cailar, Saint-Laurent[4]. »
Fortement influencée par l'entourage des amis proches de son père, comme Martial Raysse, Arman ou Christian Boltanski, elle décide alors de s'orienter vers la création artistique[6].
Après avoir été une activiste politique « pure et dure[7],[8]» — maoïsme, féminisme, Gauche prolétarienne, lutte pro-palestinienne au Sud-Liban, etc. — et avoir voyagé sept ans à travers le monde, Sophie Calle rentre à Paris. Perdue, sans projet professionnel, sans capacité précise, sans amis, elle décide de suivre des inconnus dans la rue, comme pour retrouver Paris à travers les trajets des autres. Bientôt, elle se prend au jeu, photographie, note ses déplacements, choisit un homme au hasard et décide de le suivre à Paris, puis à Venise. Plus tard, la remarque d’une amie sur la tiédeur des draps, lorsqu’elle se couche auprès d’elle, lui donne l'idée d'inviter des gens pris au hasard à venir dormir quelques heures dans son lit[9].
En 1979, « par jeej », Sophie Calle demande donc à différents inconnus (ou amis et entourage quand elle n'avait trouvé personne, ou encore elle-même lorsqu'un dormeur lui faisait faux-bond) de venir passer un certain nombre d'heures dans son lit afin que celui-ci soit occupé sans discontinuer huit jours durant, en acceptant d'être photographié et de répondre à quelques questions. Elle prend des clichés des dormeurs — parmi lesquels l'acteur Fabrice Luchini — et note consciencieusement les éléments importants de ces brèves rencontres : sujets de discussion, positions des dormeurs, leurs mouvements au cours de leur sommeil, le menu détaillé du petit-déjeuner qu'elle leur préparait. Ce travail, intitulé Les Dormeurs, retient l'attention du critique Bernard Lamarche-Vadel, compagnon de l'une des dormeuses[10],[11] ; il l'invite à la Biennale de Paris en 1980.
« En fait, dit Sophie Calle, c'est lui qui décida que j'étais une artiste. »
Dès lors, le travail de Sophie Calle cherche à créer des passerelles entre l'art et la vie. Sous la forme d’installations, de photographies, de récits, de vidéos et de films, l'artiste construit des situations qui, selon la formule de Christine Macel, sont « l’association d’une image et d’une narration, autour d’un jeu ou d’un rituel autobiographique, qui tente de conjurer l’angoisse de l’absence, tout en créant une relation à l’autre contrôlée par l’artiste[12]. »
Le 13 décembre 2023, dans l'émission La grande librairie, elle dit avoir été influencée par l'œuvre de Georges Perec, notamment La Vie mode d'emploi.
En 1981, elle s'installe à Malakoff, dans une usine désaffectée qu'elle partage avec les plasticiens Christian Boltanski et Annette Messager[13].
Ses photographies et ses comptes rendus écrits, empruntant le style descriptif du reportage ou de l'inventaire, attestent la réalité des situations qu'elle crée : femme de chambre dans un hôtel, strip-teaseuse dans une fête foraine, poursuite d'un homme à Venise, etc. Souvent fondées sur des règles et des contraintes, ses œuvres interrogent la limite poreuse entre sphère publique et sphère privée et le caractère interchangeable des positions du voyeur et de l'exhibitionniste. Son œuvre Le Divorce, qui suscite une polémique en 1995 est une illustration[14].
Elle se caractérise par un esprit provocateur. Elle choisit par exemple de présenter une exposition photographique pour laquelle elle n'avait pas pris elle-même une seule photo : elle avait rémunéré une agence de détectives privés pour la prendre en filature et la prendre en photo à son insu. Ce sont ces photos d'elle qu'elle exposa[11].
Les travaux de Sophie Calle sont aussi caractérisés par la mise en scène de l'artiste elle-même. Sophie Calle utilise la plupart du temps les récits d'histoires qu'elle a vécues (Histoires vraies).
Une commande d'œuvre in situ qu'une banque lui avait faite aboutit après quinze années de projets, de recherches et de tentatives vaines à un ouvrage racontant son échec : En finir (en partie pour que toutes ces années et tout ce temps passé n'aboutissent justement pas à « rien », et donc pour éviter un échec total). En effet, Sophie Calle avoue n'avoir su comment utiliser les images de vidéosurveillance du distributeur automatique pour créer une œuvre typique de son art, et cela en grande partie parce qu'il ne s'agissait pas de matière extraite à sa propre vie, à son propre quotidien. Elle « en finit » donc avec ce projet en utilisant sa manière personnelle d'aborder les images, en montrant une grande partie sans avoir agi dessus. Dans ce livre, elle raconte son cheminement, ses tentatives, ses fausses routes, l'aide qu'elle a pu demander à Jean Baudrillard ou même à sa banquière[15]…
On retrouve systématiquement ce rapport explicatif entre les textes et les photographies de Sophie Calle, qu'elle raconte l'histoire, la démarche qui en est à l'origine ou même les conséquences qui ont suivi cette photo.
Enfin, Sophie Calle laisse une place importante au spectateur puisqu'il est récurrent dans ses œuvres qu'il puisse avoir accès à son intimité (Journaux intimes, Évaluation psychologique) ou bien qu'elle le fasse participer activement dans la création (Fantômes).
Un autre thème important que Sophie Calle traite est l'absence (Last Seen, Fantômes, Les Aveugles). Elle a travaillé ce thème avec un vrai fait divers. Une jeune femme, Bénédicte, a disparu mystérieusement, elle était agent d'accueil à Beaubourg et aussi photographe et appréciait beaucoup son travail. Des amis lui envoient des coupures de presse de cette disparition. Sophie Calle attend un an puis se met sur sa trace, rencontre fortuitement sa mère, etc. Elle expose finalement à Beaubourg ses propres photos mêlées à celles de la disparue.
Aux éditions Actes Sud, Sophie Calle a publié de nombreux livres. Le Centre Georges-Pompidou lui a consacré une exposition intitulée M'as-tu vue en 2004[16]. Réalisatrice du film No Sex Last Night[17],[18], elle expose régulièrement son travail dans des galeries d'art contemporain.
À l'occasion de l'inauguration de la ligne 3 du tramway d'Île-de-France, en , elle imagine l'une des neuf œuvres commandées pour en accompagner le tracé (aux côtés d'Angela Bulloch, Christian Boltanski, Peter Kogler, Claude Lévêque). Cette œuvre, intitulée Le Téléphone, est une cabine téléphonique sculptée en forme de fleur par l'architecte Frank Gehry, n'ayant pas d'autre fonction que de recevoir ses appels : elle s'est en effet engagée à appeler cette cabine plusieurs fois par semaine pour parler avec le passant qui voudra bien décrocher[19].
Elle représente la France à la Biennale de Venise du au avec deux œuvres : Prenez soin de vous, une lettre de rupture reçue par Sophie Calle et lue par 107 femmes ; et Pas pu saisir la mort, une vidéo réalisée au moment du décès de sa mère ayant correspondu à son invitation à représenter la France à la biennale. Le chanteur Cali a écrit la chanson Sophie Calle no 108 de son album L'Espoir en référence à son œuvre Prenez soin de vous[20].
Elle a également vécu au Cailar, dans un appartement prêté par son ami Jean Lafont[4] au mas des Hourtès[21]. Elle y reste jusqu'à la mort du manadier en 2017[22].
En 2014, pour la fête votive du village, qu'elle dit n'avoir « jamais ratée »[4], elle monte avec Stephan Eicher un groupe éphémère, les Roulettes polymères[23].
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