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compositeur autrichien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Franz Schubert ([fʁɑ̃t͡s ʃubɛʁ][2], en allemand : [ˈfʁant͡s ˈʃuːbɐt][3]), né le à Lichtental (dans la banlieue de Vienne) et mort le à Vienne, est un compositeur autrichien.
Nom de naissance | Franz Peter Schubert |
---|---|
Naissance |
Lichtental, près de Vienne (archiduché d'Autriche, Saint-Empire) |
Décès |
(à 31 ans) Vienne (empire d'Autriche) |
Activité principale | Compositeur |
Style | Musique romantique allemande, « lyrisme schubertien »[1] |
Lieux d'activité | Autriche |
Maîtres | Antonio Salieri |
Famille | Ferdinand Schubert (frère) |
Œuvres principales
Compositeur emblématique de la musique romantique allemande, il est reconnu comme le maître incontesté du lied. Il s'est particulièrement consacré à la musique de chambre, et a aussi écrit de nombreuses œuvres pour piano, une dizaine de symphonies, ainsi que de la musique chorale et sacrée.
Bien qu'il soit mort précocement, à 31 ans, Schubert est l'un des compositeurs les plus prolifiques du XIXe siècle. Le catalogue de ses œuvres compte plus de mille compositions, dont une partie importante est publiée après sa mort et révèle des chefs-d'œuvre qui contribuent à sa renommée posthume.
Franz Peter Schubert naît le dans sa maison natale du faubourg viennois de Himmelpfortgrund, qui fait partie de la paroisse de Lichtental (un des quartiers de l'actuel neuvième arrondissement de Vienne) en Autriche. Il est le douzième enfant d'une famille de quatorze, dont cinq atteindront l'âge adulte. Son père Franz Theodor Florian Schubert (1763-1830), instituteur, lui donne ses premières leçons de violon, tandis que son frère Ignaz lui apprend le piano et le Kapellmeister de l'église de Lichtental, Michael Holzer, l'orgue, le chant et la basse chiffrée ou basse continue. Sa mère, Maria Elisabeth Katharina Vietz (1756–1812), était la fille d'un serrurier et avait été femme de ménage pour une famille viennoise avant le mariage. Dans le quatuor à cordes familial, où son père joue du violoncelle et ses frères Ignaz et Ferdinand du violon, il tiendra la partie d'alto. Dès 1808, Schubert est premier soprano de l'église de Lichtental[4].
En 1808 il est admis sur concours dans le chœur de la chapelle impériale de Vienne, ce qui lui permet d'étudier au très strict Stadtkonvikt, ou Akademisches Gymnasium, internat viennois fréquenté par les fils de bonne famille où il bénéficiera d'un enseignement de qualité mais qui par son aspect rébarbatif et sa discipline sévère rendirent Schubert quelque peu introverti et nostalgique du foyer familial. Élève inconstant dans les disciplines autres que la musique où il excellait[5], il étudie la théorie et la basse chiffrée avec Wenzel Ruzicka, organiste de la Cour, puis, à partir de 1812, la composition et le contrepoint avec Antonio Salieri, directeur de la musique à la Cour de Vienne. Il entre à l'orchestre du Konvikt comme second violon, puis monte en grade progressivement jusqu'à devenir chef d'orchestre.
Au Konvikt, il fait la connaissance de quelques membres d'un groupe de jeunes idéalistes qui s'était formé à Linz : Albert Stadler (1794-1888), Josef Kenner (1794-1868) et surtout Joseph von Spaun (1788-1865). Ces amis guideront ses premiers pas, le mettront en contact avec le milieu intellectuel de l'époque et constitueront le premier noyau de ce qui sera le cercle des schubertiens.
Pendant cette période de formation, Schubert commence à composer en dépit des réticences de son père. Dès 1810, ses premières compositions sont des fantaisies et des danses pour piano, ainsi que des lieder. Viennent ensuite des quatuors à cordes pour l'ensemble familial, des ouvertures, des ensembles vocaux pour la classe de Salieri et en 1813, sa 1re Symphonie en ré majeur, D.82 et son premier opéra, Des Teufels Lustschloss, D.84.
Sa voix mue en 1813. Ses résultats scolaires, bons au début, s'étaient peu à peu dégradés, et, bien qu'il puisse bénéficier d'une dispense, il quitte le Konvikt pour entrer à l'école normale Sainte-Anne qui le préparera au métier d'instituteur qu'il exercera comme assistant de son père jusque fin 1816.
En 1814, il fait la connaissance, par l'entremise du groupe de Linz, du poète Johann Mayrhofer (1787-1836) qui lui inspirera de nombreux lieder, en 1815 celle de Franz von Schober (1796-1882), un des esprits brillants de l'époque qui aura un rôle déterminant dans sa vie sociale et intellectuelle. En 1815 toujours, dans le cadre de l'enseignement de Salieri, il rencontre le musicien Anselm Hüttenbrenner (1794-1868), qui le mettra en contact avec le milieu de sa ville natale de Graz.
À seulement 17 ans, il compose sa Messe no 1 en fa majeur, D.105, pour le jubilé du centenaire de l'église de Lichtental. Elle y est exécutée avec grand succès, et son père l'en récompense en lui offrant son premier piano. De 1814 datent aussi le Quatuor à cordes no 8 en si bémol majeur, D.112, la Symphonie no 2 en si bémol majeur, D.125 et son premier chef-d'œuvre dans le domaine du lied, Marguerite au rouet, D.118. Le quatuor à cordes familial s'étoffe. Il devient un ensemble de chambre, puis un orchestre qui connaîtra plusieurs chefs, dont Otto Hatwig, sous la direction duquel il jouera au Gundelhof à Vienne.
Les années 1815 et 1816 seront ses plus productives, avec des œuvres en tout genre. En février 1815, il compose sa Sonate pour piano no 1 en mi majeur, D.157 ; en mars, la Messe no 2, en sol majeur, D.167 ; en juillet, sa Symphonie no 3 en ré majeur, D.200 ; en novembre, la Messe no 3 en si bémol majeur, D.324. En février 1816, il compose son Stabat Mater en fa mineur, D.383, sur un texte allemand de Klopstock ; en avril, la Symphonie no 4 en ut mineur « Tragique », D.417 ; en juillet, la Messe no 4 en ut majeur, D.452 ; à l'automne, la Symphonie no 5 en si bémol majeur, D.485.
Durant cette période voient le jour plus de 200 lieder, parmi lesquels Le Roi des aulnes, D.328 et Le Voyageur, D.489.
Pendant cette période, il continue de suivre l'enseignement de Salieri. Il perçoit de plus en plus l'enseignement comme une activité contraignante qui bride sa création. Il tente d'y échapper en sollicitant un poste de chef d'orchestre à Laibach (aujourd'hui Ljubljana) au printemps 1816, et en essayant d'intéresser Goethe à un projet de publication de ses lieder, en vain.
Fin 1816, Schubert quitte l'école de son père et l'enseignement de Salieri. Il est hébergé en 1817 par son ami Franz von Schober, chez qui il logera à plusieurs reprises par la suite. Cette année-là il entreprend six sonates pour piano et compose de nombreux lieder, dont Der Tod und das Mädchen (« La Jeune Fille et la Mort ») et Die Forelle (« La Truite »), op. 32, D.550.
À cette époque, l'horizon de Schubert s'élargit. Au quatuor familial et à l'église de la paroisse se substitue un public composé de jeunes intellectuels. Ses amis du Konvikt lui font connaître des personnalités comme le baryton Johann Michael Vogl, soliste de l'Opéra, et lui ouvrent les portes de salons bourgeois comme celui de la famille Sonnleithner, qui aidera à le faire connaître en programmant ses œuvres dans des soirées musicales et en organisant les premières publications, ou de la noblesse des Esterházy.
En 1818, après avoir repris provisoirement l'enseignement, Schubert devient le maître de musique des enfants du comte Esterházy et accompagne la famille dans sa villégiature d'été à Zselíz en Hongrie (aujourd'hui Želiezovce en Slovaquie), où il compose de nombreuses œuvres pour piano à quatre mains, dont la Sonate no 1 pour piano à 4 mains en si bémol, D.617 et les Huit variations sur un chant français, D.624, qui seront sa première œuvre instrumentale publiée (en 1822 comme op. 10). De retour à Vienne, il emménage dans un logement qu'il partage avec le poète Mayrhofer. En été 1819, il accompagne Johann Michael Vogl dans un voyage en Haute-Autriche, notamment à Linz et Steyr, où naît l'idée de la composition du Quintette pour piano et cordes « La Truite », D.667.
Dans les lieder de cette époque, Schubert s'ouvre à la poésie romantique, avec la mise en musique de poèmes de Novalis et de Friedrich Schlegel.
La première œuvre de Schubert à être publiée sera, en janvier 1818, le lied Erlafsee, D.586 sur un texte de Mayrhofer, en supplément d'une anthologie illustrée sur les régions et paysages d'Autriche. La première exécution publique d'un de ses lieder, Schäfers Klagelied, D.121, aura lieu le 28 février 1819.
Les années 1819-1823 voient le style de Schubert évoluer très rapidement, délaissant de plus en plus les modèles hérités du passé. Ses compositions se raréfient et nombre des œuvres de cette époque restent inachevées. C'est le cas de l'oratorio Lazarus D.689, du Quatuor à cordes no 12 en ut mineur, D.703, connu sous le nom de « Quartettsatz », ou de la Symphonie no 8 en si mineur, dite « Inachevée », D.759. Cette période, dont les contours sont un peu flous, a reçu le nom d'« années de crise ». Le terme de « crise » est plutôt à interpréter au sens de « bouleversement ». En effet, en dehors de l'intense évolution stylistique qui l'amène à reconsidérer des genres dans lesquels il avait déjà composé de nombreuses œuvres (quatuor, sonate, symphonie, messe…), on constate un repositionnement de l'orientation littéraire avec une place prépondérante accordée aux poètes romantiques (Schlegel, Rückert, Platen), un changement dans ses rapports avec le public et jusqu'à une modification de son écriture manuscrite[6].
À cette époque, la notoriété de Schubert dépasse le cadre des salons littéraires et de l'orchestre d'amateurs du Gundelhof, et il peut tenter de conquérir le grand public avec des œuvres dramatiques comme le singspiel Die Zwillingsbrüder (« Les Frères jumeaux »), D.647 ou la féerie Die Zauberharfe (« La Harpe enchantée »), D.644, qui seront représentées à l'été 1820 au Theater an der Wien. Le succès n'est pas retentissant, mais son nom commence à se faire connaître, ce à quoi contribuent les exécutions de ses lieder par Johann Michael Vogl. En 1821, l'éditeur Diabelli publie à compte d'auteur son opus 1, Erlkönig (« Le Roi des aulnes »), D.328, composé en 1815.
Le cercle des schubertiens s'étend. On y compte désormais aussi des peintres comme Leopold Kupelwieser (1796-1862), Ludwig Schnorr von Carolsfeld (1788-1853) et surtout Moritz von Schwind (1804-1871). Schubert fréquente personnellement Friedrich Schlegel[7]. Ses théories sur l'art et celles de son frère August Wilhelm, dont il avait mis des poèmes en musique dès 1816, auront une influence déterminante sur son esthétique.
À partir de 1821, les réunions d'amis autour de la musique de Schubert s'institutionnalisent et prennent le nom de « schubertiades ». En 1821 également, il devient membre de l'influente Société des amis de la musique de Vienne, après une candidature malheureuse en 1818.
Les opéras qu'il compose en 1822 et 1823, Alfonso und Estrella (sur un livret de Schober) et Fierrabras sont beaucoup plus ambitieux que les ouvrages précédents mais, en partie à cause d'intrigues propres au milieu du théâtre, ne seront pas représentés. Il en va de même du singspiel Die Verschworenen (« Les Conjurés »). Le 20 décembre 1823 a lieu la première de Rosamunde, pièce de Helmina von Chézy pour laquelle Schubert a composé la musique de scène. La musique est accueillie favorablement mais la pièce est un fiasco et disparaît de la scène après deux représentations.
Fin 1822-début 1823, Schubert contracte une infection vénérienne. Différents indices (symptômes, déroulement ultérieur de la maladie) laissent penser qu'il s'agit de syphilis[8]. Il effectue vraisemblablement en octobre 1823 un séjour à l'Hôpital général de Vienne[9]. Par la suite sa santé, malgré quelques rémissions, ne cesse de se dégrader, ce à quoi contribue le traitement au mercure habituel à l'époque.
Dès la Fantaisie en ut majeur « Wanderer », op. 15, D.760, composée fin 1822 et publiée en 1823, Schubert avait réussi à achever une grande œuvre au style totalement personnel. En 1823, le cycle de lieder Die schöne Müllerin (« La Belle Meunière »), D.795 avait ouvert une nouvelle page de l'histoire du lied. À partir de 1824, il est en pleine maîtrise de son style et les inachèvements se raréfient. Les lieder témoignent d'un nouveau changement d'orientation littéraire : les poètes romantiques cèdent peu à peu la place aux poètes du pessimisme et de la résignation. Déjà Wilhelm Müller faisait partie de cette école ; les nouveaux poètes auxquels se consacrera Schubert seront les Autrichiens Leitner, Seidl, les Allemands Schulze et bientôt Rellstab et Heinrich Heine. Sa santé défaillante et les attaques répétées de la maladie ont certainement leur part dans cette vision du monde pessimiste ou résignée[10].
Après l'échec de Rosamunde, il abandonne pour un temps la composition d'œuvres dramatiques. En 1824, il compose peu de lieder (parmi lesquels les derniers sur des poèmes de Mayrhofer) et se consacre essentiellement à la musique de chambre avec les Variations pour flûte et piano, D.802, l'Octuor pour cordes et vents, D.803, le Quatuor à cordes no 13 en la mineur « Rosamunde », D.804, le Quatuor à cordes no 14 en ré mineur « La Jeune Fille et la mort », D.810, la Sonate « Arpeggione », D.821.
À l'été de cette année, il retourne avec la famille Esterházy à Zselíz et compose une série d'œuvres pour piano à quatre mains, dont la Sonate no 2 en ut majeur, ou « Grand Duo », D.812, et les Variations en la bémol majeur, D.813. Les souvenirs musicaux de Hongrie inspireront le Divertissement à la hongroise, D.818.
En 1825, il découvre la poésie de Walter Scott, qui lui inspirera dix compositions, dont les sept chants tirés de Das Fräulein vom See (« La Dame du lac ») qui seront publiés en 1826, en édition bilingue. L'un de ceux-ci, Ellens dritter Gesang (« Troisième chant d'Ellen »), D.839, atteindra très vite une immense popularité sous le nom d'Ave Maria.
L'été de 1825 est consacré, en compagnie de Vogl, à un grand voyage à Linz, Steyr, Salzbourg, Gastein et Gmunden. Ils y donnent une série de concerts consacrés entre autres aux chants de Walter Scott et à la Sonate no 16 en la mineur, D.845. À Gastein, Schubert compose la Sonate no 17 en ré majeur, D.850 et commence la Grande Symphonie en ut majeur, D.944, qu'il achèvera l'année suivante.
Sa notoriété s'accroît et ses œuvres sont jouées par de grands instrumentistes, comme Ignaz Schuppanzigh ou le pianiste Carl Maria von Bocklet. Ses premières sonates publiées (D.845 et D.850) lui sont payées un bon prix par les éditeurs et font l'objet de critiques positives dans des journaux de Francfort et de Leipzig. En 1825 il est élu comme membre suppléant au directoire de la Société des amis de la musique[11].
En 1826 il compose le Quatuor à cordes no 15 en sol majeur, D.887 et la Sonate no 18 en sol majeur, D.894, qui sera publiée comme op. 78.
Fin 1826, il semble que le goût du public n'ait pas suivi l'évolution de sa musique : une exécution projetée de la Symphonie en ut majeur est abandonnée, des désaccords dans le cercle des schubertiens se font jour au sujet d'un quatuor à cordes ou de la Sonate en sol majeur. Schubert recadre pour un temps ses compositions. Aux sonates il fait suivre deux séries d'Impromptus (D.899 et D.935). Dans le domaine de la musique de chambre, il compose deux grands trios pour piano et cordes en si bémol majeur, D.898 et en mi bémol majeur, D.929.
Le 26 mars 1827 meurt Ludwig van Beethoven. Schubert participe comme porte-flambeau à la grande cérémonie de ses funérailles. La disparition de celui qui était reconnu comme le plus grand musicien de tous les temps, et que Schubert admirait tant, semble agir comme un élément libérateur et durant les vingt mois qui lui restent, Schubert va accumuler les chefs-d'œuvre, à commencer par le cycle de lieder Winterreise (« Le Voyage d'hiver »), D.911.
Le 12 juin 1827, il est élu comme membre titulaire du directoire de la Société des amis de la musique[12]. Le 19 juin, il commence la composition de l'opéra Der Graf von Gleichen, D.918, sur un texte de Bauernfeld, en dépit de l'interdiction par la censure d'une pièce mettant en scène un cas de bigamie. À l'été, il effectue un voyage à Graz.
Un an après la mort de Beethoven, le 28 mars 1828, a lieu le premier concert totalement consacré à ses œuvres. C'est un grand succès, un peu éclipsé toutefois par la présence à Vienne de Niccolò Paganini. À l'automne, Schubert emménage chez son frère Ferdinand.
Sa santé était déjà bien dégradée par la syphilis, mais il meurt après deux semaines de maladie de la fièvre typhoïde (ou typhus abdominal)[8] le à 31 ans. Sa dépouille repose d'abord au cimetière de Währing, non loin de celle de Beethoven, avant d'être transférée en grande pompe en 1888 dans le « carré des musiciens » du cimetière central de Vienne, où sa tombe avoisine aujourd'hui celles de Gluck, Beethoven, Johannes Brahms, Johann Strauss et Hugo Wolf.
Le conseil municipal de Vienne achète la maison natale de Franz Schubert en 1908, pour y créer un musée, inauguré le 18 juin 1912, où sont exposés objets, tableaux, documents et œuvre de l'artiste.
À sa mort à l'âge de trente et un ans seulement, Schubert laisse un millier d'œuvres (1 009 exactement). Environ une centaine d'opus sont publiés de son vivant, ce qui est peu au regard de sa productivité, mais plus que ce que Robert Schumann ou Frédéric Chopin ont publié au même âge. La majeure partie des œuvres publiées de son vivant sont des lieder, des danses, ou des compositions pour piano à quatre mains, mais on y trouve aussi le Quatuor à cordes no 13 en la mineur « Rosamunde », D.804, trois sonates pour piano (D.845, D.850 et D.894), le Trio pour piano et cordes no 2 en mi bémol majeur, D.929, la Fantaisie en ut majeur « Wanderer », op. 15, D.760. Le baryton Johann Michael Vogl, très célèbre à l'époque, devenu l'ami et l'admirateur de Schubert, a largement contribué à faire connaître les lieder, tout comme le baron Carl von Schönstein et la cantatrice Anna Milder. Certains lieder connaîtront même un succès retentissant.
La publication de ses œuvres s'étendra sur tout le XIXe siècle ; elle sera virtuellement terminée avec l'achèvement de la Première édition complète, réalisée sous la direction de Johannes Brahms pour son centenaire en 1897. Une nouvelle édition complète (Neue Schubert Ausgabe) est en cours.
Schubert a écrit pour tous les genres musicaux, excepté le concerto. Influencé par Haydn et Mozart, son art est cependant très différent. La partie centrale de son répertoire constitue ses plus de six cents lieder, composés sur des textes des plus grands poètes de la langue allemande (Klopstock, Goethe, Schiller, Rückert, Heine), de ses amis (Johann Mayrhofer, Karl Theodor Korner, Joseph von Spaun, Franz von Schober, Johann Chrysostomus Senn, Matthäus Kasimir von Collin), de poètes étrangers tels que Walter Scott, William Shakespeare ou Pétrarque ou encore de poètes dont la notoriété est due à ses lieder (Wilhelm Müller). Il s'est aussi particulièrement consacré à la musique de chambre[13].
La plus grande partie des œuvres de Schubert (les lieder, en particulier le Winterreise, les dernières symphonies, certains impromptus, l'ultime Sonate no 21 en si bémol majeur, D.960, le Quintette pour deux violons, alto et deux violoncelles, D.956), est marquée par le rythme sans répit des pas du Wanderer (voyageur), cheminant en une quête désespérée d'un ailleurs sans cesse poursuivi et jamais atteint.
Il est admis en avril 1823 en tant que membre d'honneur de la Société musicale de Styrie (de) à Graz (comme Salieri et Beethoven avant lui), ce qui est une première reconnaissance notable, justifiée par le fait qu'il « a déjà donné la preuve dans ses compositions qu'il doit conquérir un rang très élevé comme compositeur[14] ». Mais la reconnaissance de Schubert de son vivant par ses contemporains fut limitée, de nombreuses œuvres n'ayant été éditées et jouées pour la première fois en public que bien après sa mort. En 1816, le mécène et ami de Schubert, Josef von Spaun (en), avait eu l'idée d'envoyer à Goethe des lieder afin de lui demander son approbation et reconnaissance de la mise en musique par Schubert de ses poèmes, ce qui aurait permis de les faire publier aisément (avec une dédicace de Goethe). Cependant l'entreprise est vaine, Goethe ne répondant pas à la lettre, sans qu'il soit possible d'en déterminer les raisons. En 1830, toutefois, Wilhelmine Schröder-Devrient chantera Le Roi des aulnes à Goethe qui en sera profondément ému[15].
Schubert admirait Beethoven mais ne l'a vraisemblablement rencontré qu'une fois alors que ce dernier était sur le point de mourir. Anton Schindler lui aurait remis quelques jours auparavant une soixantaine de lieder et de chants de Schubert ; il témoigne que Beethoven après avoir passé plusieurs heures avec les partitions (dont certaines manuscrites) se serait écrié : « Vraiment, en ce Schubert habite une étincelle divine ! » Beethoven aurait selon Schindler souhaité découvrir d'autres œuvres de Schubert mais la maladie l'en empêcha, et il regrettait de ne pas l'avoir connu plus tôt, ajoutant qu'il « ferait encore beaucoup de sensation dans le monde »[16].
Plusieurs compositeurs du XIXe siècle ont reconnu et valorisé le talent de Schubert et ont contribué à faire connaître ses œuvres à titre posthume. Schumann en était un grand admirateur et comparait le génie de Schubert à celui de Beethoven, soulignant que sa musique eut une influence déterminante. Franz Liszt a fait connaître des œuvres de Schubert par l'intermédiaire de transcriptions et d'arrangements pour piano ou orchestre qu'il a faits d'une soixantaine de ses morceaux, notamment des lieder, et qu'il jouait régulièrement lors de concerts à travers l'Europe. Brahms a édité les symphonies de Schubert ainsi que d'autres pièces, en a joué en concert, et a produit des arrangements de danses et des orchestrations de lieder[17]. En 1894, trois ans avant le centenaire de la naissance du compositeur, Dvorak a écrit un article reconnaissant l'influence et le génie de Schubert[18],[19].
Parmi les pianos auxquels Schubert avait accès, il y avait un piano Benignus Seidner (aujourd'hui exposé à la Schubert Geburtshaus de Vienne) et un piano Anton Walter & Sohn (musée Kunsthistorisches de Vienne)[20] Schubert était également accoutumé aux instruments du facteur de pianos viennois Conrad Graf[20].
Le catalogue complet de l’œuvre de Schubert a été établi en 1951 par le musicologue autrichien Otto Erich Deutsch (abréviation D. pour « Deutsch-Verzeichnis »)[21].
La numérotation des symphonies de Schubert, après les six premières, a posé un problème après la découverte progressive des partitions de nombreux projets de symphonies, abandonnés par le compositeur à divers états d'avancement. La Symphonie en ut majeur, D.944 dite « Grande Symphonie » reçut ainsi le numéro 7 après sa découverte en 1838 par Robert Schumann. La découverte de l’« Inachevée » dans les années 1860 lui fit attribuer le numéro 8, choix entériné dans l'ancienne édition complète qui la place après les symphonies achevées.
Le respect de la chronologie a fait numéroter la « Grande » après l’« Inachevée », lui donnant ainsi le numéro 9 et libérant le numéro 7 qui a été parfois attribué à la symphonie D.729, avec quatre mouvements complets mais partiellement orchestrés. La nouvelle édition du catalogue de Otto Erich Deutsch donne les numéros 7 à l’ « Inachevée » et 8 à « la Grande »[22], mais le recours aux numéros du catalogue original est souvent nécessaire pour éviter les confusions.
Les Fragments symphoniques, D.615 que l'on datait de 1818, se sont révélés à l'analyse constitués de fragments de trois symphonies : deux mouvements fragmentaires de 1818, quatre mouvements fragmentaires (dont un scherzo virtuellement achevé) de 1821, et des esquisses pour trois mouvements datant de 1828, qui ont été réalisées par divers auteurs (Peter Gülke, Brian Newbould, Pierre Bartholomée) et ont reçu le numéro D.936A. Cette dernière œuvre, que la mort a empêché Schubert de terminer, est parfois appelée 10e Symphonie.
« Aujourd’hui encore, le problème posé aux musicologues par les symphonies de Schubert est loin d’être résolu… Treize à quinze tentatives en tout, sept seulement achevées, sans que les raisons de ces abandons apparaissent clairement : leur tâche, certes, est rude, mais il est difficile d’ignorer leurs travaux (d’autant que le disque, pour certains enregistrements récents, en a tenu compte), et de passer sous silence les noms de Brian Newbould, professeur à l’Université de Hull, et, en France, de Paul-Gilbert Langevin[23]. »
Franz Schubert a écrit plus de six cents lieder, parmi lesquels :
185 chorals, dont :
Franz Liszt a réalisé des transcriptions et arrangements d'une soixantaine de pièces de Schubert, notamment de ses lieder, pour piano seul[24], mais aussi pour voix et orchestre, orchestre, ou piano quatre mains.
Oeuvre originale | D no. | Op. | Titre de Liszt | Type | Date | S no. |
---|---|---|---|---|---|---|
"Gretchen am Spinnrade" (1814) | D.118 | Op. 2 | 6 Songs | voix et orchestre | 1860 | S.375/2 |
12 Lieder von Franz Schubert | piano | 1838, rev. 1876 | S.558/8 | |||
"Rastlose Liebe" (1815) | D.138 | Op. 5/1 | 12 Lieder von Franz Schubert | 1838 | S.558/10 | |
Walzer, Ländler und Ecossaisen, piano | D.145 | Soirées de Vienne: 9 Valses caprices d'après Schubert | 1852 | S.427/2, 3 | ||
"Des Mädchens Klage" (2nd version; 1815) | D.191 | Op. 58/3 | No. 2 of Sechs Melodien von Franz Schubert | 1844 | S.563/2 | |
"Meeres Stille" (1815) | D.216 | Op. 3/2 | Transcription | 1837 | S.557b | |
12 Lieder von Franz Schubert | 1838 | S.558/5 | ||||
"Der Erlkönig" (1815–21) | D.328 | Op. 1 | 6 Songs | voix et orchestre | 1860 | S.375/4 |
Transcription | piano | 1837 | S.557b | |||
12 Lieder von Franz Schubert | 1838, rev. 1876 | S.558/4 | ||||
"Litanei (Auf das Fest Aller Seelen)" (1816) | D.343 | Transcription: Franz Schuberts geistliche Lieder | 1840 | S.562/1 | ||
Originaltänze, piano | D.365 | Op. 9 | Apparitions: III. Fantaisie sur une valse de François Schubert (Molto agitato ed appassionato) | 1834 | S.155/3 | |
Soirées de Vienne: 9 Valses caprices d'après Schubert | 1852 | S.427 | ||||
"Die gestirne" (1816) | D.444 | Transcription: Franz Schuberts geistliche Lieder | 1840 | S.562/3 | ||
"Der Wanderer" (1816) | D.493 | Op. 4/1 | 12 Lieder von Franz Schubert | 1838, rev. 1876 | S.558/11 | |
"Die Forelle" (1817) | D.550 | No. 6 of Sechs Melodien von Franz Schubert | 1844 | S.563/6 | ||
Transcription (2nd version) | 1846 | S.564 | ||||
"Himmelsfunken" (1819) | D.651 | Transcription: Franz Schuberts geistliche Lieder | 1840 | S.562/2 | ||
"Frühlingsglaube" | D.686 | Op. 20/2 | Transcription | 1837 | S.557c | |
12 Lieder von Franz Schubert | 1838, rev. 1876 | S.558/7 | ||||
"Lob der Tränen" | D.711 | Op. 13/2 | Transcription | 1838 | S.557 | |
Opera Alfonso und Estrella (1822) :
|
D.732 | Transcription | ? | S.753 | ||
Wiener Damen-Ländler, piano | D.734 | Soirées de Vienne: 9 Valses caprices d'après Schubert | 1852 | S.427/1 | ||
"Sei mir gegrüsst!" (1822) | D.741 | Op. 20/1 | 12 Lieder von Franz Schubert | 1838 | S.558/1 | |
"Die Rose" (? 1820) | D.745 | Op. 73 | Transcription | 1835 | S.556 | |
Wanderer Fantasy in C, piano (1822) | D.760 | Op. 15 | piano et orchestre | by 1851 | S.366 | |
2 pianos | S.653 | |||||
"Auf dem Wasser zu singen" (1823) | D.774 | Op. 72 | 12 Lieder von Franz Schubert | piano | 1838 | S.558/2 |
"Du bist die Ruh" (1823) | D.776 | Op. 59/3 | 12 Lieder von Franz Schubert | 1838, rev. 1876 | S.558/3 | |
Valses sentimentales, piano | D.779 | Soirées de Vienne: 9 Valses caprices d'après Schubert | 1852 | S.427/6 | ||
18 Deutsche und Ecossaisen, piano | D.783 | Soirées de Vienne: 9 Valses caprices d'après Schubert | 1852 | S.427 | ||
Die schöne Müllerin (1823): | D.795 | Op. 25 | ||||
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No. 1 of Müllerlieder | 1846 | S.565/1 | |||
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No. 5 of Müllerlieder | S.565/5 | ||||
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No. 5 of Sechs Melodien von Franz Schubert | S.563/5 | ||||
No. 6 of Müllerlieder | S.565/6 | |||||
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No. 3 of Müllerlieder | S.565/3 | ||||
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No. 4 of Müllerlieder | S.565/4 | ||||
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No. 4 of Sechs Melodien von Franz Schubert | S.563/4 | ||||
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No. 2 of Müllerlieder | S.565/2 | ||||
Rosamunde incidental music (1823) | D.797 | Transcription: Franz Schuberts geistliche Lieder | 1840 | S.562/4 | ||
"Die Gondelfahrer", chœur d'hommes et piano (1824) | D.809 | Op. 28 | Transcription | 1838 | S.559 | |
Divertissement à la hongroise, piano duet (1824) | D.818 | Op. 54 | Mélodies hongroises (d'après Schubert) | 1838–39 | S.425 | |
II. Ungarischer Marsch in C minor used in 4 Marches | orchestre | 1859–60 | S.363/4 | |||
piano 4-mains | after 1860 | S.632/4 | ||||
Six Grand Marches et Trios, piano duet (1824) | D.819 | Op. 40 | Schubert's Märsche für das Pianoforte Solo | piano | 1846 | S.426/1–2 |
Two marches used in 4 Marches | orchestre | 1859–60 | S.363/1–2 | |||
piano 4-mains | after 1860 | S.632/1–2 | ||||
"Die Junge Nonne" (1825) | D.828 | Op. 43/1 | 6 Songs | voix et orchestre | 1860 | S.375/1 |
12 Lieder von Franz Schubert | piano | 1838 | S.558/6 | |||
"Ave Maria" (1825) | D.839 | Transcription | 1837 | S.557d | ||
12 Lieder von Franz Schubert | 1838 | S.558/12 | ||||
"Die Allmacht" (1825) | D.852 | Op. 79/2 | "Die Allmacht" | T or S solo, chœur d'hommes & orchestre | 1871 | S.376 |
"Das Zügenglöcklein" (aka "Das Sterbeglöcklein"; 1826) | D.871 | No. 3 of Sechs Melodien von Franz Schubert | piano | 1844 | S.563/3 | |
"Lied der Mignon" (1826) | D.877/2 | Op. 62/2 | 6 Songs | voix et orchestre | 1860 | S.375/3 |
"Ständchen (Horch! Horch! die Lerch!)" (1826) | D.889 | 12 Lieder von Franz Schubert | piano | 1838, rev. 1876 | S.558/9 | |
Winterreise (1827) | D.911 | Op. 89 | Transcription de 12 lieder | 1840 | S.561 | |
Schwanengesang, 14 lieder (1828) | D.957 | Transcription | 1838–39 | S.560 | ||
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6 Songs | voix et orchestre | 1860 | S.375/6 | ||
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6 Songs | S.375/5 | ||||
Reitermarsch, No. 1 of 2 Marches caractéristiques, piano duet (? 1826) | D.968b | Op. 121 | Schubert's Märsche für das Pianoforte Solo | piano | 1846 | S.426/4 |
Used in 4 Marches | orchestre | 1859–60 | S.363/3 | |||
piano 4-mains | after 1860 | S.632/3 | ||||
12 Valses nobles | D.969 | Soirées de Vienne: 9 Valses caprices d'après Schubert | piano | 1852 | S.427 |
Sont nommés en son honneur :
Plusieurs œuvres de Schubert ont été interprétées lors du traditionnel concert du nouvel an à Vienne :
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