Le saintongeais (saintonjhais) est la langue vernaculaire parlée dans les anciennes provinces d'Aunis, Saintonge et Angoumois. On l’appelle aussi le charentais ou encore le patois charentais. Les locuteurs sont dits patoisants.
Associé au poitevin au sein du poitevin-saintongeais, le saintongeais a été énuméré dans la liste des langues de France de la DGLFLF distinctement du poitevin entre 2007 et 2010. Depuis, il figure comme variété linguistique sous le libellé suivant: «poitevin-saintongeais, dans ses deux variétés: poitevin et saintongeais»[1].
Le saintongeais a fortement influencé l’acadien et en conséquence, par «ricochet», le cadien; quant au québécois, il a été influencé par des langues telles que le normand, le francien et le poitevin[2].
L’aire du saintongeais[3] couvre la quasi-totalité du département de la Charente-Maritime (sauf l'extrême nord: île de Ré[4],[5], nord de l'Aunis[6], région de Surgères et pointe de Saintonge montant vers Frontenay-Rohan-Rohan[7], régions de Loulay et d'Aulnay[7],[8]), l'ouest et le centre du département de la Charente (sauf le nord-ouest: Ruffécois[9], et bordure d'oïl du Confolentais: Le Bouchage et Pleuville en partie[10]), le nord du département de la Gironde avec son Pays Gabay (comprenant la totalité des anciens cantons de Saint-Ciers-sur-Gironde, Blaye, Saint-Savin et Guîtres, la quasi-totalité de l’ancien canton de Coutras, la moitié nord de l’ancien canton de Lussac et l’extrémité nord des anciens cantons de Bourg, Saint-André-de-Cubzac, Fronsac et Libourne)[11] et ses enclaves saintongeaises de la petite Gavacherie autour de Monségur dans l'Entre-deux-Mers[11](débordant sur le Lot-et-Garonne[11]) et autrefois du Verdon[12], et enfin l'extrême Ouest de la Dordogne aux alentours de La Roche-Chalais[12],[13].
Depuis 1831[14], et même dès 1640[15], le saintongeais est associé au poitevin au sein d'une même langue poitevine-saintongeaise, association confirmée par les publications d'universitaires des universités de Liverpool[16], Angers[17], Poitiers[18],[19],
Lyon[20], Nantes[21], Clermont-Ferrand [22], et Caen [23], ou de l'Institut national de la langue française de Nancy[24].
En amont de ces travaux d'universitaires (dont deux émanent de Charentais[16],[23], deux de Vendéens[17],[21] et deux de Haut-Poitevins)[18],[19], parmi les premiers à grouper parler poitevin et saintongeais en une même langue, on trouve surtout des érudits saintongeais tant de Charente-Maritime[25] que de Charente[26].
Depuis 1905 [27] on donne le nom de poitevin-saintongeais à ce groupement du poitevin et du saintongeais. Auparavant on donnait (dans la littérature spécialisée) le nom de «poitevin» (au sens large) à ce groupement du poitevin et du saintongeais[28],[29],[30],[31].
Analyse lexicale: En 1926 le linguiste charentais Adolphe-Louis Terracher, né à Vindelle en Charente, université de Liverpool puis Strasbourg, auteur d'une thèse sur Les aires morphologiques dans les parlers populaires du Nord-Ouest de l'Angoumois, caractérise l'ensemble linguistique poitevin et saintongeais en ces termes: «Il suffit de parcourir les cent premières cartes de l’Atlas linguistique de la France de MM. Gilliéron et Edmont pour s’apercevoir que les parlers du Centre-Ouest (Poitou, Aunis, Saintonge et Angoumois) gardent, aujourd’hui encore et à les prendre d’ensemble, une indéniable originalité. Comme toutes les originalités, elle s’affirme dans ce qu’ils ont en propre, dans ce qui ne se retrouve normalement ni au nord de la Loire (Touraine et Anjou), ni aux lisières occidentales du Massif Central (Limousin et Périgord), ni au sud de la Gironde et de la Dordogne (Gascogne), à savoir: des termes spéciaux (tels que brelière, anse de panier, ou borde, arête de poisson), des déplacements très particuliers d’accent (par exemple, dans les troisièmes personnes du pluriel des verbes: i devant, ils doivent; il avant, ils ont), etc. Mais cette originalité est faite encore – et pour une part tout aussi importante sans doute – de l’accord qu’offrent alternativement ces parlers, soit avec ceux de l’ouest de la langue d’oïl (de la Manche à la Gironde règne le type j’allons, nous allons, tandis que le Limousin emploie n’ ou nous comme pronom sujet des premières personnes du pluriel, que le Midi n’exprime pas; aller, avoine… s’y opposent à ana, civada… du sud et de l’est), - soit avec ceux de la langue d’oc (des Pyrénées à la Loire abeille contraste avec l’avette tourangeau et angevin et la mouche à miel du Berry et de l’Orléanais; fisson, aiguillon de guêpe, vergne, aune, se disent aussi en Limousin et au Midi, mais ne dépassent guère la Loire au nord; cf. encore les types français aile, tel, brebis… qui sont, dans les pays d’ «au-delà Loire», ale, tau, oueille…)»[16].
Analyse phonétique: En 1960 le linguiste Jacques Pignon, né à Latillé dans la Vienne, (université de Poitiers puis Sorbonne), dans sa thèse: L'évolution phonétique des parlers du Poitou (Vienne et Deux-Sèvres) dit dans sa conclusion «Il est évident que l’évolution phonétique des parlers poitevins et celle des parlers saintongeais est à peu près parallèle. Ils constituent, à l’ouest du domaine gallo-roman, une aire originale où se rencontrent, d’une part, traits d’oc et traits d’oïl, de l’autre quelques développements particuliers, inconnus dans les provinces limitrophes situées au Nord et au Sud» expliquant avoir trouvé[18]:
16 traits absents du français mais communs au poitevin et aux parlers du nord-ouest (Touraine, Anjou, Maine, Haute-Bretagne et parfois Basse-Normandie) dont 5 communs avec le saintongeais et 5 l'étaient autrefois,
2 traits absents du français moderne (présents autrefois en français) mais communs au poitevin et aux parlers du nord-ouest, les 2 étant communs aussi avec le saintongeais,
7 traits absents du français et des parlers du nord-ouest, mais particuliers au poitevin, tous les 7 communs avec le saintongeais,
16 traits absents du français et des parlers du nord-ouest, mais communs au poitevin et à l'occitan, tous les 16 communs avec le saintongeais.
Analyse dialectométrique: En 2003, le linguiste Hans Goebl, de l'université de Salzbourg, publie son analyse dialectométrique de 1421 cartes de l'Atlas linguistique de la France. Au niveau de l'analyse supra-dialectale (carte 20) il montre que le domaine d'oïl se divise en plusieurs groupes: picard-wallon, lorrain-franc-comtois-bourguignon-morvandiau... et poitevin-saintongeais. À un niveau plus fin, celui de l'analyse dialectale (carte 22), les groupes se scindent: picard d'un côté et wallon de l'autre, bourguigon-morvandiau séparé du franc-comtois et du lorrain... mais le poitevin-saintongeais reste un bloc, constituant une unité dialectale de même niveau que le picard, le champenois, le lorrain, le franc-comtois ou le bourguigon-morvandiau... À ce niveau d'analyse le groupe normand-gallo-angevin n'est toujours pas scindé mais le serait à un niveau plus fin encore (carte 21)... où le poitevin-saintongeais reste là encore un bloc[32].
Limite nord et limite interne: En 2010, Éric Nowak, synthétisant les données disponibles dans les Atlas dont celui du CNRS et les divers monographies et travaux universitaires, met en évidence l'existence:
d'un faisceau de 10 limites morphologiques et phonétiques, constituant la limite nord du poitevin, et du poitevin-saintongeais, par rapport aux parlers du Nord-Ouest (angevin, etc.), passant par le Pays de Retz, Le Choletais, le Thouarsais, le Loudunais et le Châtelleraudais,
d'un faisceau de 4 limites morphologiques et phonétique, donc plus réduit que le précédent (et relativisable sur le plan diachronique c'est-à-dire à nuancer plus on remonte dans le temps) constituant la limite interne entre poitevin et saintongeais, passant aux alentours de Rochefort, Saint-Jean-d'Angély et Saint-Amant-de-Boixe[3].
Liste des langues de France: Cependant, entre et , à la suite d’une campagne d’un collectif pour la défense de l’identité saintongeaise, le saintongeais apparaît en propre dans la liste des langues d’oïl de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), au détriment du poitevin-saintongeais[33]. Mais début 2010, le libellé «poitevin-saintongeais» réapparaît dans «ses deux variétés: poitevin et saintongeais»[34].
Ce regroupement a suscité des réactions hostiles d’un collectif pour la défense de l’identité saintongeaise[35],[36], mais la DGLFLF n’a pas revu sa position.
L'écriture en saintongeais fait le plus souvent appel à autant d'orthographes qu'il y a d'auteurs, faute de norme graphique largement diffusée ou acceptée. Ces orthographes «patoisantes» se basent souvent sur les solutions orthographiques du français[37].
Pourtant, durant le dernier tiers du XXesiècle plusieurs normes graphiques («orthographes») ont été successivement et/ou concurremment élaborées pour le saintongeais, sans se limiter à une variété (toutes ces graphies normées ayant été conçues d'emblée pour être utilisées aussi bien pour le poitevin que le saintongeais): graphie de Jacques Duguet (1971), graphie SEFCO première version (1978), graphie SEFCO seconde version (1992), graphie Pierre Bonnaud (1982), graphie UPCP phonétique dite «localisée» (1982), graphie UPCP diasystémique dite «normalisée» (1989). Voir les détails au chapitre Codification>Orthographe>Normes graphiques, de la page: poitevin-saintongeais.
La dernière de ces graphies, dite «normalisée», s'écartant beaucoup des habitudes du français, cristallise autour d'elle beaucoup d'opposition[38]. Vulgarisée sous le nom d'«orthographe normalisée du poitevin-saintongeais» elle est parfois dans le grand public confondue avec la notion de «poitevin-saintongeais» qui n'a pourtant rien à voir[38] (voir chapitre «Classification» ci-dessus).
XIIesiècle, XIIIesiècle et XIVesiècle
Textes littéraires: l'occitan avant le saintongeais:
Le domaine actuellement linguistiquement saintongeais s'est éveillé à la littérature en occitan. Pour preuve les troubadoursRigaud de Barbezieux en Sud-Charente (fin du XIIesiècle), Renaud et Jaufré de Pons en Sud-Charente-Maritime (XIIIesiècle) et Jaufré Rudel de Blaye en actuel Pays gabaye - Gironde saintongeaise - (au XIIesiècle),
On considère parfois, à tort, que les plus anciens témoignages d'écrits en saintongeais remontent au XIIIesiècle. Connus sous le nom de «Chroniques saintongeaises», ces écrits se divisent en «Turpin saintongeais» (dit aussi «Turpin interpolé» et «pseudo-Turpin» qui est une version saintongeaise de la Chronique du Pseudo-Turpin) et «Tote l'istoire de France». Or, ces écrits, mêlés de français sous l'influence des copistes (proportion d'ancien français plus grande plus la copie est récente[39]) sont un témoignage de la langue vulgaire de la Saintonge de l'époque, c'est-à-dire un parler de type occitan[39], et non en saintongeais d'oïl tel que nous le connaissons[40],[41]. La confusion vient du fait que dans les études relatives à ces textes anciens on a utilisé le mot «saintongeais» pour désigner l'ancien parler occitan de la Saintonge, pourtant bien différent du saintongeais actuel. Le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle, écrit au XIIesiècle, distingue bien l'ancien saintongeais comme la première langue romane en allant vers le sud[42].
Aucun autre écrit littéraire n'a été retrouvé jusqu'au XVIIIesiècle[43], ce qui rend les thèses linguistiques hasardeuses. Le peu d'écrits produits en langue vulgaire par les nobles ne peuvent prouver quoi que ce soi sur la langue parlée alors par le peuple.
Textes non littéraires: encore l'occitan mais déjà le saintongeais:
Dans le sud-est de la Charente on trouve au XIIesiècle une charte rédigée en occitan, La Charte du Mas Verlaine (Barbezieux), mais dans l'ouest-nord-ouest des Charentes Le Coutumier d’Oléron datant de la (seconde moitié du XIIIesiècle ou première moitié du XIVesiècle), et Le Terrier du grand fief d’Aulnis (milieu du XIIIesiècle) sont en langue d’oïl marquée de traits saintongeais (communs avec le poitevin)[40],[41].
XVIIIesiècle
Un recueil anonyme composé de trente-neuf pièces en vers, dont dix-huit en patois saintongeais, a été attribué à Jacques Besse, qui fut curé d’Annepont, près de Taillebourg en Charente-Maritime, jusqu’à sa mort en 1771[44],[45]. Il est publié en 1970 par Jacques Duguet[46].
Le journal Annonces et affiches des provinces de Saintonge et d’Angoumois est fondé en 1786 par François Bourguignon dit Bourignon, puis renommé Journal de Saintonge et d’Angoumois. Il publie parmi d’autres articles des écrits en patois. Les auteurs sont Jean Vanderquand, curé de Gémozac, François-Alexis de Meschinet, son neveu, l’abbé Alexandre de Meschinet enseignant au petit séminaire de Montlieu.
L'abbé Augustin Rainguet crée au petit séminaire de Montlieu une véritable école et une graphie très simple. Les bulles papales sont traduites en saintongeais, des spectacles en patois sont montés, des chansons sont écrites dont la plus célèbre est celle de d’Alexandre de Meschinet, la Chanson de Robineau et son fils visitant le petit séminaire de Montlieu[47].
XIXesiècle
Burgaud des Marets, (Jarnac – Paris ), écrit des pièces de théâtre dont la Maleisie, des fables en vers, et tous ses écrits sont empreints de malice saintongeaise.
Jean Condat alias Jean Chapelot, (Vindelle 1824 – Bordeaux 1908), commence à publier en 1871 des histoires en saintongeais de l’Angoumois central, riche en particularismes du saintongeais oriental, réunis en deux tomes parus en 1876 et 1877: Les Contes balzatois.
Marc Marchadier alias Pierre Lagarenne, (Verteuil-sur-Charente 1830 – Cognac 1898), né en Ruffécois où l'on parle poitevin, s'initie au saintongeais des environs de Cognac[48] qu'il distingue de celui de Jarnac[49]. Ses écrits sont réunis et publiés par Alexis Favraud en 1903.
Les revues humoristiques sont nombreuses dont Fariboles saintongheaises créée en 1878, le Rigolo créé en 1882, les Gens d’cheu nous, créé en 1895.
Pierre Jônain (Gémozac 1799 - Royan 1884) écrit entre autres des pièces comiques et il est l’auteur du Dictionnaire du Patois saintongeais, imprimé à Royan, en 1879.
Arthur Éveillé (Saintes 1835- Chermignac 1900) publie en 1887 un Glossaire saintongeais: étude sur la signification, l’origine et l’historique des mots et des noms usités dans les deux Charentes. Le sérieux de ce document en fera une des principales sources de Georges Musset pour son propre glossaire.
Georges Musset (Thairé 1844-1928) historien dont les publications sur l'histoire locale sont nombreuses, linguiste, laisse un remarquable Glossaire des parlers et patois de l'Aunis et de la Saintonge.
La culture de la langue saintongeaise gagne un fort regain au XXe siècle, notamment par le lancement du journal le Subiet (sifflet en charentais) est fondé en 1901, à Matha, par Octave Daviaud. L'année qui suit, le docteur Athanase Jean monte sa pièce la Mérine à Nastasie, toujours jouée. Néanmoins le plus grand promoteur du parler charentais fut le barde saintongeaisGoulebenéze, relayé par Odette Comandon, auteur de comédies et de contes, actrice et conteuse patoisante. L’Académie de Saintonge se crée en 1957. Raymond Doussinet publie en 1958 Le Patois savoureux de Saintonge, puis en 1963 le Paysan Saintongeais dans ses bots, suivi des Travaux et Jeux en vieille Saintonge en 1967 et de La Grammaire saintongeaise en 1971.
Une association, la SEFCO (Société d'ethnologie et de folklore du centre-ouest), fait encore vivre la langue régionale à travers cette revue, Le Subiet, et Le Subiochon. La SEFCO publiera dans sa revue Aguiaine de nombreuses études sur le saintongeais, en particulier sous les plumes de Pierre Bonnaud, Freddy Bossy et Jacques Duguet.
La revue Xaintonge, créée en 1997, est publiée deux fois par an. Ses articles sont soit en saintongeais, soit en français[50].
En 2010, elle publie la fin de son Grand lexique du Patois charentais avec plus 30 000 mots et expressions et près de 1 000 photos.
Aujourd'hui, le saintongeais est surtout parlé par les anciens et on l’entend encore sur les foires[51]. Il est aussi utilisé par les jeunes générations comme signe de ralliement à la culture saintongeaise. On le trouve encore dans des spectacles, des revues, des émissions de radio. Certains mots issus du saintongeais sont encore utilisés dans la région. Des mots comme la since (serpillère) sont si répandus qu'ils peuvent être considérés à tort comme des mots de français.
Les spectacles restent très appréciés, que ce soit les compagnies théâtrales (Buzotiâs de Jhonzat, Soubrants de Saint-Simon de Pelouaille, Vestugheons de Chatignât, Durathieurs de Haute-Saintonge, Déjhouqués de l’île d’Oléron, les Branle-Mijhot...), les conteurs (le Grand Simounet, Peulouc, La Mounette des Chérentes, Nono Saut’ Palisse, Châgne dret, Céléstin Beurdassou, Francine Besson, Piqthiu, Pierre Péronneau, Charly Grenon, Albertine Pissedru, Nestor Biroulât (Jean Dumousseau) , Birolut, et bien d'autres encore...), les danseurs (Batégails de Saintonge, les Ballerits de Saintonge, Gars d'au Pays-Bas) ou les rockeurs (Les Binuchards).
Le saintongeais est bien présent. Les écrits le concernant sont très nombreux[52].
La fin des années 2000 et le début des années 2010 voit la publication coup sur coup des œuvres en saintongeais de Gérard Sansey alias «Jheantit d’la Vargne» (2008), Jean-Pierre Coutanceau alias «Peûlouc» (2009), Ludovic Nadeau (2009), Bruno Rousse alias «Nono saute-Palisse» (2010), Georges Chapouthier (2010), Lucie Mémin (2011), Josette Guérin-Dubois (2011), Jacques-Edmont Machefert (2011), Charly Grenon (2011), Jean-Claude Lucazeau (2011), Pierre Perronneau (2011), Régis Courlit alias «Châgne Dret» (2012), et dHubert Rouger alias «Le jhavasson» (2013).
En 2013 deux équipes différentes font en sorte que Tintin parle saintongeais, les uns dans L'Ilâte nègue, la traduction de L'Île noire de Hergé, et les autres dans Les 7 Boules de cristàu, traduction de Les 7 Boules de cristal du même auteur. En 2015, c'est au tour du capitaine Haddock de se lancer dans les désaventures avec Charboun apiloté.
Les digrammes jh et gh (devant e et i) se prononcent en saintongeais avec une forte expiration[53], [ʔ] (coup de glotte ou occlusive glottale n'existant pas en français contemporain, mais existant notamment en arabe, la hamza ء et dans une partie de l'Auvergne [54]; ce son existe d'ailleurs en tahitien et dans certaines variétés de l'anglais). Par exemple: «monjhète» se prononce [mɔ̃ʔet], «parlanjhe» se prononce [parlɑ̃ʔ], «jh'avons manghé dau ghigourit», nous avons mangé du gigouri.
th note le son k mouillé, intermédiaire entre k et t [cjˀ]: exemple: thieu drôle.
L'h au début d'un mot est toujours muette: tu devris bâzi d'honte, grand-t-haïssab', tu devrais mourir de honte, grand vaurien.
Le groupe de sons «ien» est rendu par «eun» [œn] en saintongeais occidental et central; par exemple, «un cheun» pour «un chien», «un reun» pour «un rien». En saintongeais oriental il est rendu par «ein» qui est l'ancienne forme saintongeaise (et poitevine) d'avant sa dénasalisation en «eun». Ce que nous confirme Doussinet: «À la fin du siècle dernier, le chien était le chein à Cognac[55].» On retrouve encore «chein» en saintongeais moderne oriental (centre Charente)[56] et en saintongeais moderne sud oriental (nord-est Gironde)[56],[57].
[wa] peut correspondre à [e]: par exemple «droit» se dit dret.
Le i est légèrement ouvert. Ex: «utile» se prononce [ytɪl].
Chez bon nombre de locuteurs, le e ouvert [ɛ] n'existe pas. Il est remplacé par le e fermé [e] dans toutes les positions, mais seulement en syllabe ouverte. Ainsi «lait» se prononce [le], «paisible» devient [pezɪb]. Par contre le ê ou è (en syllabe fermée) est légèrement exagéré et diphtongué; ainsi «crème» se prononce [kraɛ̯m], «Marennes» se prononce [maraɛ̯n].
La tournure interrogative «est-ce que» + proposition assertive, majoritaire en français parlé, est pratiquement absente, au profit de l'inversion du sujet.
La conjugaison de nombreux verbes au présent se fait par l'adjonction du suffixe [ã] (ant) au radical à toutes les personnes.
La conjugaison de nombreux verbes au passé se fait en employant l'auxiliaire «avant» suivi du participe passé du verbe à toutes les personnes.
La référence grammaticale reste La Grammaire saintongeaise de Raymond Doussinet (CF 1971 - Éditions Rupella)
Abeurnoncio, Brenouncio, ou encore Brenoncio: pour marquer refus, répugnance, ou tout simplement pour rythmer la conversation; cette exclamation populaire est issue du latin liturgique «abrenuntio tibi, Satanas» (je renonce à toi, Satan)[58].
Acabassé: meurtri, fatigué, épuisé physiquement ou moralement.
Acacher: enfoncer en appuyant très fort (par exemple: acache su' quette pédale: appuie plus fort sur la pédale, ou acacher le bouchon d'une bouteille).
Acertainer: affirmer
Achaler: accabler de chaleur
Achet: ver de terre (lombric)[56]; Burgaud des Marets a écrit des recueils de poésies restés célèbres: In p'tit pilot d'achet. Variantes: lachet localement en saintongeais méridional (sud Charente et sud-ouest Charente-Maritime)[56]; achet' (avec t sonore) localement en saintongeais méridional (sud Charente, sud Charente-Maritime, nord Gironde)[56]. Synonymes: bouset' (nord Libournais)[56], bouit' (Oléron)[56] et bouic' (presqu'île d'Arvert)[56].
Ajasse ou ajhasse ou ageasse: pie (l'oiseau), ou femme jacassante.
Affaire: truc
Amuser ('s): s'attarder, flâner; à rapprocher de muser.
Après, être après: s'employer à un travail; être après tailler la vigne, ou faire la lessive, etc.; signifie également: être après quelqu'un, soit pour s'en venger, l'amener à la raison, ou encore être après ine fumelle (une femme, une fille) pour tenter de la séduire, la conquérir.
Asteur!: littéralement, À cette heure!, mais cette interjection a le sens que le locuteur veut. Comme le «tè» occitan. Asteur est un mot fondamental en charentais, et pourtant on le retrouve un peu partout en France, jusqu'en Belgique et au Canada même. Variante astour en saintongeais méridional (Barbezilien, Nord Libournais, Blayais)[59]. Variante «avour» localement en saintongeais septentrional[60],[61]. L'abbé gabaye Charles Urgel (1876-1947) explique tout à ce sujet, ce qu'il explique pour le gabache=gabaye valant ici pour tout le saintongeais: «Asteure transpire son origine moderne. Astoure est certainement plus antique, car les Gabaches disaient jadis oure pour heure. Les français modernes seuls disent heure. Néanmoins ces deux expressions [asteure et astoure], à des âges différents sont des emprunts ou chanfroisements. La marque en est dans la particule st (cette) insérée dans le corps du mot. Or cette n'est pas un mot gabache; le gabache dit thiele ou thiette. Ce sont donc des mots d'emprunt l'un et l'autre [asteure et astoure]. Le seul mot vrai, non suspect d'origine et qui paraît le plus puriste, le plus antique, c'est avoure[57].»
Arocher: arracher, enlever
Baignassout: touriste qui ne fréquente que la côte.
Baïne: trou d'eau ou flaque sur plage côte sableuse (mot d'origine gasconne).
Barrer la porte: fermer à clé. Vient des anciennes fermetures fermées avec une barre intérieure.
Battre: le temps des batteries, de battre «taper». Donner manuellement ou mécaniquement des chocs pour extraire le grain de son enveloppe après la moisson (le battage).
Beluger ou belujher: bouger, remuer sans cesse
Benèze ou beun'aise: heureux, bien-aise, le fait de se sentir bien (déformation de «bonne aise»).
Binloin: Saintongeais qui a quitté la région mais qui y reste toujours très attaché; vocable inventé à partir de surnoms de patoisants
Bique: chèvre[56]. Synonymes chebre en saintongeais oriental (région d'Angoulême, est Barbezilien, localement en Cognaçais), et chievre (localement en Cognaçais)[56].
Boisillé: désigne le saintongeais de l'intérieur des terres, par opposition au cul salé[62].
Bordasser: parler avec un débit abondant et rapide, qui rappelle le rythme d'un couvercle qui tremblote par-dessus de l'eau en ébullition (ex: «bordasser comme une lessiveuse»)
Borde: une arête de poisson; mais également une modeste métairie, et borderie, une borde encore plus discrète
Bouiner: faire, «boutiquer». Qui qu'tu bouines? Qu'est-ce tu fais? Qu'est-ce que tu «boutiques»? S'adresse à quelqu'un de lent, qui traîne. Terme utilisé en gallo et en poitevin notamment.
Bouite: synonyme de ver. Désigne les petits vers apparaissant pendant la décomposition.
Bourre ou bourrier: (masc., poussière). Désigne plus particulièrement le tas de poussière lorsque l'on passe le balai.
Cagouille: l'escargotPetit-Gris. Les charentais sont souvent appelés cagouillards. L'escargot est emblématique de la Charente. De plus, la supposée lenteur des charentais, telle celle de l'escargot, est proverbiale.
Canet: canard
Cassotte: récipient avec manche tubulaire pour servir de l'eau en la puisant dans un seau
Chat-foin: fouine
Chaline: se dit d'un temps orageux avec éclair de chaleur
Chapia: chapeau, variante chapè en saintongeais sud oriental (nord-est Gironde)[57]
Chéti ou chéty: du latin captivus, prisonnier de guerre, mais alors que le français chétif retient la misère physique, le charentais décrit par là le blagueur, la canaille, méchant, l'habile qui prend parfois des libertés avec la morale. D'où des formulations étonnantes comme te vla donc grand chéty
Cheun: chien, variante Chein en saintongeais oriental (centre Charente)[56] et en saintongeais sud-oriental (nord-est Gironde)[56]
Chocolatine: pain au chocolat, mot français (Sud-Ouest).
Couniller: ne rien faire, tourner en rond, comme un lapin (occitan: conilh). Qu'est-ce que tu «counilles»? S'adresse à quelqu'un qui traîne, qui hésite.
Coutiâ, Coutâ: un couteau, variante coutè en saintongeais sud oriental (nord-est Gironde[57],[56] et sud Charente[56]) pouvant être diphtongué en coutèye en saintongeais sud oriental (nord-est Gironde)[56]
Crocheter: accrocher
Cul salé: terme de français régional désignant un habitant du littoral de la Saintonge (en référence aux marais salants)[62]; en saintongeais, l'on parlera plus volontiers de Thiu salé
Dâil: une faux (occitan dalha(f)/dalh(m))
Débadigouler: dire, énoncer sans trop comprendre ce qu'on dit et/ou sans qu'on vous comprenne. «Débadigouler la grand messe»: dire la messe.
Débaucher: quitter le travail le soir (et embaucher pour commencer le travail le matin)
De même: de cette façon, comme ça, exemple: ça marchera bien de même; cela fonctionnera bien de cette façon
Douner: donner
Le drôle et la drôlesse: le fils et la fille (mot que l'on retrouve en occitan: dròlle signifiant «enfant» dans cette langue). Par extension, un drôle ou une drôlesse sera un garçon ou une fillette, en général.
Ébouiller: écraser
Éguiade[63], équiade[64], éclade, églade: préparation culinaire faite de moules rangées les unes contre les autres et cuites sous un feu, souvent d'aiguilles de pin.
Éloise: éclair — «Coum ine éloise» («comme un éclair») est la devise des sapeurs-pompiers de la Charente-Maritime.
Éloiser: (intraduisible car aussi bien éclairage par éclats qu'action rapide) O éloise, ça éloise: des éclairs déchirent le ciel, il y a de l'orage. Éloiser est également utilisé en Charente dans le domaine du football pour dire: dégager et pour un véhicule qui démarre trop rapidement.
S'engouer: s'étrangler, avaler de travers
Embaucher: aller travailler — «j'embauche à huit heures et je débauche à cinq heures».
Entrauper, s'entrauper: faire un faux mouvement qui fait perdre l'équilibre.
Fi: fils
Fillatre: le petit-fils
Frairie: fête foraine
Fréchin: odeur d'œuf (frais, mais trop longtemps exposé à l'air)
Galer: une plante gale quand elle est envahissante comme la gale.
Garrocher: jeter
Gassouiller: jouer avec l'eau d'une bassine ou d'une flaque, éclabousser. On dit aussi sagouiller ou cassouiller (gassouille: flaque).
Gavagner: gaspiller
Faire godaille: faire chabrot, c'est-à-dire mettre du vin (blanc ou rouge) dans le reste de bouillon de soupe, variante godale en saintongeais méridional (nord-ouest Gironde) et en saintongeais sud-oriental (nord-est Gironde)[56]
Goret: porc, cochon et gorette pour une truie (voir aussi une «treue»). L'emploi se doit d'être suivi de «sauf vout' raspect» sinon le mot est insultant.
Goule: visage, bouche (une fine goule: un gourmet), également français régional dans plusieurs dialectes.
Goûnasse: faible goût.
Goûnassier ou gougnafier: mauvais cuisinier, plus largement personne sans intérêt, un goujat.
Grâler: brûler, cramer, griller.
Grignou: clochard, personne sale ou à l'hygiène douteuse. Être habillé en grignou: mettre de vieux vêtements usés, pour aller ramasser les cagouilles, par exemple.
Grolle: corbeau (occitan graula)
Guedé: rassasié
Gueunasse: diarrhée, grippe, «une bonne crève»
Guetter : surveiller que quelqu'un ne le prenne pas. «Tu me guettes mes affaires?»
Migeot, mijheot ou mijhet: pain trempé dans du vin, sucré ou non, remplaçant la soupe l'été.
Millâ: millas, gâteau style polenta à base de farine ou semoule de maïs (dans tout le Sud-Ouest)
Mitan: milieu, ex.: «dans tieu mitan» = dans ce lieu, au milieu de cet endroit
Mongettes, monjhettes[66] ou mogettes: (également en Vendée et dans tout le Sud-Ouest), parfois prononcé «moyette»: haricot blanc de type lingot ou soisson («mogette piate», plate). Mogette en aiguille: haricot vert ou beurre. De l'occitan «mongeta» (haricot).
Monia: moineau
Mouiller: pleuvoir
Nâtre: teigneux, méchant. Prononcer à peine le r. (Nâtreté = méchanceté sournoise)
Nègue: noir, ex: bolet tête de nègue
Neu: nuit
Nigher: inonder, noyer
Nijhau: œuf factice destiné aux poules pondeuses
O (devant consonne), ol (devant voyelle): (pronom personnel sujet neutre)[65] signifiant: ça, c': ex: o pue = ça pue, ol'est = c'est; et signifiant il (neutre) devant les verbes impersonnels)[65]: ex: o mouille = il pleut. Variante ou, oul: ex: oul'est = c'est, ou mouille = il pleut, localement en saintongeais oriental (environs d'Angoulême) [16] et en saintongeais méridional occidental (environs de Blaye et Nord Bourgeais)[67].
O l'est: c'est:
O l'est ben vrè: c'est très exact, c'est très vrai.
O l'est beun: c'est bon
O l'est moué, olé toué: c'est moi, c'est toi
Quétou qu'o l'est?: qu'est-ce que c'est?
Qué qu'o l'est thieu?: qu'est ce que c'est que ça?
Osiâ, osâ: oiseau, variante osè en saintongeais sud oriental (nord-est Gironde)[57] pouvant être diphtongué en osaye en saintongeais sud oriental (nord-est Gironde)[56].
Oueille: mouton
Palisse: une haie
Pater: attacher, fixer
Piâ: la peau, variante pè en saintongeais sud oriental (nord-est Gironde)[56],[57]
Piarde: une houe (à main)
Pigougner: taquiner, harceler, picoter la nourriture avec la fourchette quand on n'a pas envie de manger (pigougne: instrument pour attraper les crabes sous les rochers)
Pilot: tas de bois, de foin, parfois de fumier, ou tout simplement de... quelque chose
Piron: oison
Poche: sac, en papier originellement et maintenant en plastique. Poche est français (employé uniquement dans le Sud-Ouest avec ce sens)
Pupup: la huppe (imitation de ses appels)
Que, quel: pour dire ce ou cette. Exemples: As-tu vu quelle drôlesse!, Donne-moi que truc là-bas!
Queunia: œuf factice destiné aux poules pondeuses
Querreux: recoin, alcôve, cour commune
Quichenotte: coiffe traditionnelle pour le travail aux champs. Si la légende fait de son nom une déformation de l'anglais Kiss not, il semble plus probable qu'elle trouve son origine dans le terme occitanQueissonoto (littéralement: «petite caisse»). Ce nom désigne également une coiffe traditionnelle du Limousin, la Caissonata[68]
Ranger: tenir, dans le sens «être suffisamment petit pour entrer dans un contenant» — «ça va jamais ranger son affaire!» («il n'arrivera pas à ranger son truc»)
Reun: rien: «y'a reun».
Rignocher: ricaner, rire bêtement
Riorte: hart (lien de fagot)[56]. Variantes: yorte localement dans la région de Barbezieux-Jonzac et presqu'île d'Arvert, parfois liorte vers Barbezieux et Mirambeau, riote en l'Ile d'Oléron)[56].
Saber: douloureuse résonance du manche d'un outil, «sa me sab' les mains».
Subiet: du latin «sibilius», venu lui-même de «sibilare», et signifiant «coup de sifflet», puis sifflet tout court.
Tabaillo: fou, zinzin
Tantôt: l'après-midi, terme de français régional cf. angevin
Tartasser: bavarder inutilement (ex: tartasser toute la marienne darrière les umias, soit: bavarder pendant l'heure de la sieste derrière les ormeaux)
Teurtous: tout le monde - augmentatif de tous. (bonjhour à vo' z'aut' teurtous: bonjour à la compagnie
Thieu, Thielle: ce/cette (adjectif démonstratif)[65] , cette ex: thieu cheun, thielle drolesse = ce chien, cette jeune fille, celui, celle (pronom démonstratif)[65]. Variante queu, quelle commune en saintongeais oriental (Angoumois central)[65]. Variante thiau, thielle localement en saintongeais septentrional (ex: Goulebenéze)[65] et localement en saintongeais oriental (environs d'Angoulême)[16].
Thieu: ça, cela (pronom démonstratif neutre)[65] ex: o l'est thieu = c'est ça. Variantes quo et quoqui localement en saintongeais oriental (Angoumois central)[69].
Timbre: parallélépipède en pierre calcaire taillé dans un seul bloc servant d'abreuvoir
Treue: truie. Une «treue gourinière»: une truie pleine. Peut aussi être utilisé comme injure. Tout ce qui touche au cochon peut être une injure s'il n'est pas précisé «sauf votre respect» ou «avec le respect que je vous dois»...
Treuil: pressoir (dans de nombreux lieux-dits: Treuil-Arnaudeau, Treuil-Bernard…)
Trifougner: fouiller, tripoter
Tuer: éteindre, le feu, la bougie ou la lampe à pétrole en soufflant dessus
Venelle: espace libre entre le lit et le mur, ou entre 2 lits: la v'nelle dau lit; c'est exactement la définition du mot ruelle, bien connu au XVIIesiècle. Le mot venelle qui signifie petite rue, est toujours en vigueur partout.
Ventrèche: poitrine de porc
Vezon: «avouer l'vezon», c'est avoir le cafard, le bourdon; «jh' seu vezé» se dit quand on est très fatigué
Virounâ: vertige, tournis
Z'a: l'a
Zirou (adjectif, souvent péjoratif): (personne) très délicate, très sensible (par exemple à la saleté)
Zou: ce, ceci, cela
abeurnoncieau! («ab renoncio», extrait du rituel baptismal: «Je renonce à Satan, etc.»): expression marquant l'horreur (modérée...) ou le dégoût.
ah ben couillon!: marquant plutôt la surprise, voire l'admiration.
aille donc!: c'est pas possible, c'est n'importe quoi!
d'après que: apparemment.
de rang: d'affilée, à la suite.
être enfondu: être mouillé.
fi d'chien (fi' d'cheun), fi d'loup!: exclamatifs
fi d'garce (o fi d'garce)!: autre exclamatif (une garce est une petite jeune fille, sans aucun caractère péjoratif, une belle garce est jolie, bien roulée)
ne pas se moucher avec un dail: être un peu «mégalo». A's'mouche pas avec un dail!: elle est bien fière.
o l'est la poële qui se fout du chaudron: c'est l'hôpital qui se moque de la charité.
o l'est pas écartable: vous ne pouvez pas vous perdre.
o m'fait tort ou o fait tort: ça me fait bizarre («bizarre» est dans un sens négatif avec une sensation physique de mal aise comme la craie qui grince sur le tableau ou le toucher de certains matériaux...). Cette expression est répandue dans une grande partie du pays poitevin et vendéen également. On dit aussi par endroits O m'fait zir, mais sa signification est légèrement différente: voir une personne se casser un bras «fait tort», c'est-à-dire que la vue d'une situation désagréable vous «passe partout» – tandis que voir quelqu'un cracher dans votre verre vous «fait tort» également, mais provoque en plus un sentiment de colère qui «fait zir».
on est rendu: on est arrivé.
qu'est-ou qu'o l'est qu'cheu? ou Quétou qu'o l'est?: qu'est-ce que c'est?
Et les compliments à l'envers (en forme de litote):
l'a oublié d'êt' sot: il a oublié d'être sot: il est intelligent.
En une demande pour la reconnaissance du saintongeais en tant que langue de France été faite auprès de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (Ministère de la Culture et de la Communication) par le Collectif pour la défense de l’identité saintongeaise. La réponse de Xavier North, délégué général de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, datée du , fut la suivante: «Il me semble par conséquent légitime de faire droit à votre demande de reconnaissance, […]. Le saintongeais figurera donc dans la liste des langues de France utilisée par la DGLFLF, au même titre que le poitevin et les autres langues d’oïl[71].»
Le président de Défense et promotion des langues d’oïl (association nationale fédérant les langues d’oïl dont le poitevin-saintongeais), fit part de son étonnement à la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Voilà la réponse donnée, le , par le même Xavier North: «Ma décision ne vaut bien entendu que pour la liste de langues diffusées par mes services (et qui n’a d’ailleurs pas de valeur juridique): au sein des langues d’oïl, une virgule y prend la place d’un trait d’union. […] Il va de soi que l’appellation “poitevin-saintongeais” garde toute sa légitimité partout où elle est reçue: nous savons que la vitalité d’une langue ne se décrète pas, et que les noms qu’on lui donne sont de peu d’importance par rapport aux œuvres de l’esprit qui s’expriment en elle''[72].»
Pour mieux cerner la position de la DGLFLF, reportons nous à son site internet, et consultons le document intitulé Méthodes d’apprentissage des langues de France. Dans le chapitre intitulé Langue(s) d’oïl, où le «s» entre parenthèses est déjà un premier symbole de la difficulté à nommer ces langues, nous trouvons tour à tour les chapitres suivants: 1/ Champenois, 2/ Gallo, 3/ Morvandiau, 4/ Normand, 5/ Picard, 6/ Poitevin et saintongeais. Nous constaterons déjà que l’ensemble «Poitevin et saintongeais» est mis sur le même plan que le Normand, ou le Picard. Voici l’analyse qu’on y trouve de la situation du «poitevin et saintongeais»: «ce parler d’oïl [on notera le singulier] couvre une région importante et est subdivisé en plusieurs dialectes intercompréhensibles. Il concerne de nombreux locuteurs. Il est lui aussi scindé entre plusieurs régions administratives, les Pays-de-la-Loire (département de Vendée), le Poitou-Charentes et l’Aquitaine (Nord de la Gironde)[73].»
Pour certains on se trouve en présence d’une seule langue poitevine, aujourd'hui appelée à tort «poitevin et saintongeais» (ou poitevin-saintongeais), et qu'en son sein, il existe plusieurs petites nuances locales, et particulièrement un dialecte saintongeais. Pour d'autres, le saintongeais et le poitevin sont deux langues d'oïl différentes, ayant chacune donnée une littérature et les différences très marquées empêchant l'intercompréhension. Enfin pour d'autres encore, le saintongeais et le poitevin sont des langues proches, réunies au sein d'un ensemble linguistique d'entre Loire et Gironde, ensemble que certains qualifient de langue poitevine-saintongeaise ou poitevin-saintongeais.
Pour les locuteurs du saintongeais qui ont défendu la reconnaissance du saintongeais comme langue de France (regroupés dans le «Collectif pour la défense de l'identité saintongeaise» et son journal Xaintonge), le poitevin-saintongeais est une invention d’universitaires poitevins pour les besoins de la création de la région Poitou-Charentes[74],[36]. Pour eux le terme poitevin-saintongeais aurait été créé dans les années 1970 par des Charentais[75] et des Poitevins soucieux de donner une nouvelle impulsion à la langue poitevine (mais maintenant on sait que ce terme est bien antérieur, on le trouve dès 1905[76]). Le nouveau terme «poitevin-saintongeais» devait être le terme de l'union. Une langue dans laquelle les Saintongeais, pas plus que les Poitevins ne se reconnaissent. Toujours d'après eux, aucune œuvre littéraire dans cet idiome à part un dictionnaire et une grammaire.
Entre et , le poitevin-saintongeais cesse d'apparaître dans la liste des langues de France, langues d'oïl, sur le site de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), service du ministère de la Culture. Le saintongeais et le poitevin sont donc alors des langues à part entière. Le parler saintongeais a été en effet alors langue de France autonome le (cf. lettre officielle du de la Direction Générale à la Langue Française et aux Langues de France signée de Monsieur Xavier North).
À noter qu'une publication plus récente de la DGLFLF, en 2009, utilisait encore l'appellation poitevin-saintongeais[77].
Mais le poitevin-saintongeais réapparaît dans la liste des langues de France, langues d'oïl, début 2010, sur le site de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), service du ministère de la Culture, sous le libellé suivant: poitevin-saintongeais [dans ses deux variétés: poitevin et saintongeais][78].
Un collectif pour la défense de l'identité saintongeaise s'est remis en place aussitôt[35]. Aujourd'hui, c'est l'ensemble de la liste des langues de France, élaborée sans concertation avec les locuteurs de ces parlers qui est fortement contestée.
En 2014, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti déclare: «Pour la zone qui s'étend de la Loire à la Gironde, le ministère de la Culture et de la Communication a réuni, il y a quelques années, une commission de linguistes qui ont considéré que le poitevin et le saintongeais ne pouvaient être présentés comme deux langues séparées, sans référence à une unité supérieure. Ils ont donc proposé une désignation, qui a été retenue comme la plus adéquate: «poitevin-saintongeais (dans ses deux variétés, poitevin et saintongeais)». Cette formulation marque à la fois la cohérence du domaine par rapport aux autres langues d'oïl et les particularités propres à chacune des deux composantes[79].»
Au XXesiècle, c'est près de la moitié de la population acadienne qui a une souche poitevine et saintongeaise. Le français d'Acadie a conservé, malgré tout, une grande originalité par rapport au québécois en raison précisément de ses origines poitevines et saintongeaises. Au niveau phonétique, le nombre de traits dialectaux conservés est supérieur à celui du Québec, surtout dans les communautés de la vieille Acadie, en Nouvelle-Écosse et à l'île du Prince Édouard, et qu'en particulier le [jh] saintongeais s’y est maintenu jusqu'à nos jours.
Pour une analyse plus précise voir Éric Nowak (2010). Histoire et géographie des parlers poitevins et saintongeais. Cressé: Éditions des Régionalismes (ISBN978-2-84618-677-3).
Raymond Doussinet (Le Parler savoureux de Saintonge, 1958, p. 21): «L’île de Ré se rattache plutôt au patois poitevin, l'île d’Oléron au patois charentais»
Brigitte Horiot (Les parlers du Sud-Ouest, dans: Français de France et Français du Canada: Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, Centre d’Études Linguistiques Jacques Goudet, Université Lyon III, 1995, p. 226) parlant du secteur compris entre L’Ile-d’Elle, Courçon-d’Aunis, Péré, Saint-Marie-de-Ré et Les Portes-en-Ré, écrit: «On constate que cette partie nord du département de la Charente-Maritime, surtout l’île de Ré, a tendance à se rattacher à la Vendée et, plus généralement, au poitevin.»
Raymond Doussinet (Le paysan charentais dans ses bots, 1963) dans la carte du «patois saintongeais» qu’il met en première page de son second ouvrage (Le paysan charentais dans ses bots, 1963) indique la mention «zone de transition» entre d’une part les localités de Tonnay-Boutonne et de Saint-Jean-d’Angély (à tendance saintongeaise) et d’autre part les localités de Surgères, de Loulay et d’Aulnay (à tendance poitevine)
Un texte de Raoul Coutin, en parler de la région d’Aulnay, parue dans le journal Le Subiet en 1978, est présentée comme étant en «Parler poitevin d’Aulnay-de-Saintonge»: Coutin Raoul (alias: Tinra l’coup), Les aventures dau chéti: Le sourcer, dans: Le Subiet, Mars-Avril 1978.
Paul Dyvorne (de Cozes en Charente-Maritime: Folklore saintongeais, 1935, p. 44): «Dans le Confolentais, c’est le patois limousin que parlent les paysans; à l’est d’Angoulême, c’est celui du Périgord; à Ruffec, celui du Poitou. Dans l’Angoumois du sud, vers Cognac et Barbezieux, l’idiome saintongeais est seul en faveur». Brigitte Horiot (Les parlers du Sud-Ouest, dans: Français de France et Français du Canada: Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, Centre d’Études Linguistiques Jacques Goudet, Université Lyon III, 1995), qui rattache implicitement le Ruffécois au domaine poitevin lorsqu’elle remarque que la description lexicale du domaine de l’ALO (Atlas Linguistique de l’Ouest: Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois) montre qu’«il est possible de retrouver une situation déjà observée au cours de l’étude phonétique: le département des Deux-Sèvres (mis à part le nord), le sud-est de la Vendée, le sud-ouest de la Vienne et le nord-ouest de la Charente [Ruffécois] ont tendance à former une aire originale dans l’ensemble de l’ALO». Et sur un sujet connexe: Léo Ganachaud (d'Ambérac en Charente: Lée Bitons chérentais: Ambérac, mon pays!, 1949): «La région de Ruffec a plutôt les coutumes poitevines que charentaises, et là, pas de bons repas sans qu’au dessert arrive le tourteau fromageou.»
Les écrits de Jean-François Migaud (originaire de Pleuville, commune de la bordure d'oïl du Confolentais), sont présentés, dans le journal Le Subiet dans les années 1980, comme étant en «poitevin méridional». On retrouve cette mention «poitevin méridional» par exemple dans ces deux œuvres de Jean-François Migaud: Que l’bon Dieu nous eûy’de!!! (dans Le Subiet de novembre-décembre 1985); Saint-Piarre et la Chabre (dans Le Subiet de novembre-décembre 1989).
Édouard Bourciez, Recueil des idiomes de la région gasconne, 1895. [Manuscrit]. Et: Freddy Bossy, Pour une approche linguistique des gavacheries, 1978.
Ch. de Tourtoulon et O. Bringuier, Étude sur la Limite de la langue d’oc et de la langue d’oïl, 1876. [Premier rapport à monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts]
Coquebert de Mombret: Essai d'un travail sur la géographie de la langue française, dans Mélanges..., 1831: «bien que les habitans de la Haute-Bretagne (auxquels les bretons bretonnants donnent le nom de Gallots) ne parlent pas un français bien pur, on ne peut mettre le leur au rang des patois proprement dits, puisque les expressions qui le caractérisent se retrouvent dans les auteurs du XVeet duXVIesiècle tels que Rabelais […]. Mais à quelques distance au-delà de la Loire commence le patois poitevin usité dans les départements de la Vendée, des Deux-Sèvres, et de la Vienne, et auquel succède, comme simple variété, le patois saintongeois en usage dans la partie orientale [erreur: il voulait évidemment écrire: occidentale] des deux départements de la Charente […]. À l’est du pays occupé par le patois poitevin se trouve le Berri qui n’a pas de patois particulier .» copie numérisée sur Google Livres
Edward Brerewood, Recherches curieuses sur la diversité des langues et religions, par toutes les principales parties du monde, 1640: «De [cet] idiome françois, il y a deux dialectes [...] à scavoir le wallon et le poictevin [...] Le langage de Poictou est celuy qui se parle entre Tours et Bordeaux».
A.-D. Poirier (professeur de philologie romane à l’université catholique d’Angers), Éléments d’unité: le parler, le folklore, l’art, dans La Revue du Bas-Poitou, 1941: «Dans le Haut-Poitou, comme dans la Vendée, comme dans l’Aunis, la Saintonge et l’Angoumois, les mêmes termes, issus du dialecte, se retrouvent [...], avec la même physionomie, je pourrais dire, le même costume, en tout cas avec un air de proche parenté qu’un œil exercé saisit au passage.»
Jacques Pignon, linguiste poitevin professeur à l'université de Poitiers (natif de Latillé dans la Vienne), L’évolution phonétique des parlers du Poitou, 1960.
Liliane Jagueneau, linguiste poitevine (née à Ulcot près de Thouars en Deux-Sèvres) professeur de poitevin-saintongeais et d’occitan à l’université de Poitiers, dans Les Traits linguistiques du poitevin-saintongeais, dans: La langue poitevine-saintongeaise: identité et ouverture, écrivait en 1994 «Tout d’abord le poitevin-saintongeais correspond aux cinq départements de Poitou-Charentes-Vendée, auxquels s’ajoute une partie du nord de la Gironde, le pays gabaye. […] les points du domaine poitevin-saintongeais sont suffisamment proches dans l’analyse (distance linguistique faible) pour être considérés comme formant un ensemble cohérent. Il n’apparaît pas en effet de partition entre la Vendée et Poitou-Charentes, ni entre l’ensemble de la façade maritime et l’intérieur, ni entre le nord et le sud […]. […] il existe des différences entre le nord et le sud, mais elles sont moins nombreuses que les ressemblances.»
Brigitte Horiot (linguiste spécialiste des parlers d’entre Loire et Gironde, CNRS et université Lyon-III) écrivait (dans Les Parlers du Sud-Ouest, dans: Français de France et Français du Canada: Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, Centre d’études linguistiques Jacques-Goudet, université Lyon-III, 1995, p. 228) en 1995: «La description linguistique du domaine de l’ALO [Atlas linguistique de l’Ouest: Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois] met en évidence l’existence entre Loire et Gironde d’un domaine linguistique important, forgé par sa situation géographique et par son histoire, et dont la particularité est d’être une marche entre le Nord et le Midi, entre les pays bretons et la région du Centre.»
Pierre Gauthier linguiste vendéen (de Saint-Vincent-sur-Jar), professeur honoraire de l’université de Nantes, (dans Langue et littérature: la langue régionale: Les parlers vendéens dans l’espace linguistique poitevin-saintongeais, dans: Vendée, Encyclopédie Bonneton: écrit avec Guy Perraudeau), 2003: «Rappelons d’abord que la Vendée, avant d’être un département, formait sous l’Ancien Régime, ce que l’on appelait le Bas-Poitou et que pour comprendre ce que sont les parlers vendéens, leur origine, leur vie, leur devenir, il faut les situer dans un espace linguistique, culturel et historique plus vaste, celui délimité par la Loire et la Gironde d’une part, l’océan Atlantique et le Massif central d’autre part, où vivent encore dans les zones rurales des parlers locaux d’une cohérence suffisante pour constituer une langue minoritaire, le poitevin-saintongeais.»
Pierre Bonnaud (professeur de géo-histoire à l'université de Clermont-Ferrand) «Esquisse géohistorique du Poitou médioroman», dans le chapitre intitulé La langue régionale (au singulier, et qu’il nomme d’ailleurs «poitevin-saintongeais»), 2006: «Il est impossible de traiter séparément poitevin et saintongeais, mais ils sont à la fois solidaires et un peu distincts, tant dans leurs origines que dans leur évolution. La quasi-totalité des Charentes et le sud du Poitou ont eu parlé un langage voisin du limousin. De l’Aunis au Loudunais, il existait un langage voisin du Limousin, mais différent […]. Le poitevin […] a été relativement résistant […]. En Saintonge, la perturbation a été plus violente […]. Le saintongeais donne donc une impression à la fois plus méridionale (du fait de sa position; il y a même un héritage gascon dans la Gavacherie du sud [enclave de Monségur] ) et plus francisée que le poitevin. En Poitou même c’est à l’Est (Seuil: couloir de passage; Brandes aux sociétés paysannes moins compactes […] ) que la francisation est la plus importante, tandis que, toutes choses égales d’ailleurs, les “Plaines” [Niortais, Mellois…] aux sociétés plus stables ont conservé un profil dialectal plus original.» (N.B.: les passages entre parenthèses sont de l'auteur, les passages entre crochets sont des compléments explicatifs ajoutés ici.)
Jean Renaud (natif de l'ïle de Ré en Charente-Maritime, Le patois Rétais, éditions CPE, 2012 (ISBN978-2-84503-940-7). «Le patois de l'île de Ré, davantage apparenté aux parlers d'Aunis et du Bas-Poitou qu'à ceux de la Saintonge, fait partie d'une aire linguistique qu'on a coutume d'appeler le poitevin-saintongeais et qui appartient au domaine d'oïl, sachant que la limite d'oc n'est pas loin.»
Jean-Paul Chauveau de l'Institut national de la langue française de Nancy, (dans Unité et diversité lexicales dans l’Ouest, dans: Français de France et Français du Canada: Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, Centre d’études linguistiques Jacques-Goudet, université Lyon-III, 1995, p.81) écrivait en 1995: «Plus ou moins parallèlement à la Loire se révèle dans le sud du Nantais et de l’Anjou une zone notable de discordances lexicales. Toute une série de types lexicaux, qui couvrent de façon compacte et cohérente l’Angoumois, la Saintonge, l’Aunis et le Poitou, brusquement cessent d’avoir cours.»
Boucherie, Charentais natif de Challignac près de Barbezieux «Fallot a désigné sous le nom de dialecte poitevin l’ancienne langue écrite des provinces du Sud-Ouest, comprises entre l’embouchure de la Loire et celle de la Gironde. Il serait plus exact de l’appeler dialecte saintongeais, parce que c’est à la Saintonge et spécialement à l’Aunis qu’appartiennent la plupart des documents authentiques qui nous l’ont conservé. Cependant, comme le Poitou était la plus importante des provinces du Sud-Ouest, et que la classification et la dénomination des dialectes de la langue d’oïl, telles que les a établies Fallot, ont été acceptées par les philologues, j’ai cru qu’il fallait me conformer à la tradition. Je comprends donc sous le nom de dialecte poitevin la langue écrite de l’ancien Poitou, de l’Aunis, de la Saintonge et de l’Angoumois.» Le dialecte poitevin au XIIIesiècle, 1873; Jérôme Bujeaud, folkloriste charentais (né à Angoulême): «dans ce vaste et plantureux pays qui se nommait jadis l’Angoumois, l’Aunis, la Saintonge et le Bas-Poitou, vous signalerez peu de différences génériques de langage, mais seulement des diversités de prononciation qui ne seront jamais assez tranchées pour empêcher un paysan de l’une de ces provinces de comprendre les paysans des autres provinces, ses voisines», Chants et chansons populaires des provinces de l’Ouest, Poitou, Saintonge, Aunis et Angoumois, 1895.
Hans Goebl, Regards dialectométriques sur les données de l'Atlas linguistique de la France (ALF): relations quantitatives et structures de profondeur, in: Estudis Romànics XXV, 2003, pages 59-121. Lire en ligne:
Liliane Jagueneau (1999), Le parlanjhe de Poitou-Charentes-Vendée, Nord-Gironde et Sud-Loire-Atlantique en Trente questions, Geste éditions, 1999. (ISBN2-910919-82-X)
Le Manuscrit de Pons et l'apport du saintongeais aux parlers français du Canada. In Lavoie (Thomas) ed. français du Canada – français de France - 1996 p. 35 à 45
Marcel Pellisson et/ou Charles Vigen, Notice biographique et bibliographique sur Marc Marchadier, tome III du Glossaire des patois et des parlers de l’Aunis et de la Saintonge de Georges Musset publié en 1932: «Il s’est assimilé avec un talent parfait le patois des environs de Cognac.»
Charles Urgel (1876-1947), Glossaire de langue gabache, Édition, introduction et notes par Liliane Jagueneau, préface d'Alain Viaut, postface d'Eric Nowak, Les Cahiers du Vitrezais / Maison des sciences de l'Homme d'Aquitaine, 2015.
«Abrenuntiare» (par C. du Cange, 1678), dans du Cange, et al., Glossarium mediae et infimae latinitatis, éd. augm., Niort: L. Favre, 1883‑1887, t. 1, col. 029b. http://ducange.enc.sorbonne.fr/ABRENUNTIARE ABRENUNTIARE, A se renuntiando removere, renuere, postponere, despicere. Joan. de Janua. Abrenuntiare diabolo et pompis ejus, formula observata in Baptismo. Cum enim quis baptizandus ad Ecclesiam venit, priusquam immergatur, interrogatur a sacerdote, Utrum abrenuntiet diabolo et pompis ejus. Cui respondet, Abrenuntio. Ἀποτάσσομαι σοι, Σαθάνα, ϰαὶ τῆ πομπῆ σου, ϰαὶ τῃ λαθρείᾳ σου, apud Joan. Chrysost. ad Antioch. Homil. 21. Ejusdem formulæ meminere Cyprianus Epist. 7. Tertullian. de Corona Milit. Salvian. de gub. Dei 6. pag. 208. ed. Rittersh. Et alii, præter Scriptores de Ritibus Eccles. Capitul. 1. ann. 811. cap. 5: Quid sit, quod unusquisque Christianus in Baptismo promittat, vel quibus Abrenunciet. Adde Capitul. 2. ejusdem ann. cap. 9. et Epist. gen. ad Episc. Regni, ej. anni. P. Carpentier, 1766. Abrenuntiare, Judic. ann. 1153. ex Chartul. eccl. Lingon. in Cod. reg. 5188. fol. 13. r°: Contra dux: .... Rectum mihi facere denegavit (episcopus); unde et hominio ejus Abrenuntiavi. Julian. epit. nov. cap. 34. § 121: Nisi forte actor probationibus abrenuntians, ab initio sacramentum reo detulerit.
Ulysse Dubois, Jacques Duguet, Jean-François Migaud, Michel Renaud, Glossaire des parlers populaires de Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois, SEFCO, tome 2: 1993. Le mot «équiade» y est attesté sous cette forme phonétique en Charente-Maritime.
«de monge, forme provençale de moine, est la moinette, la nonne, métaphore d'après la coiffe des religieuses»in Le Parler savoureux de Saintonge, Raymond Doussinet
Voir le compte rendu d’un colloque tenu en octobre 1994 à Poitiers, dans le très officiel Hôtel de Région, en présence de son président Jean-Pierre Raffarin, et publié en novembre 1995 sous le titre de La langue poitevine-saintongeaise identité et ouverture. Une dizaine d’intervenants (dont aucun n’est Charentais, soit dit en passant!)
L'extrait concerné de la liste en question étant le suivant: Langues régionales: alsacien, basque, breton, catalan, corse, flamand occidental, francique mosellan, francoprovençal, langues d’oïl (franc-comtois, wallon, champenois, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais [dans ses deux variétés: poitevin et saintongeais], lorrain, bourguignon-morvandiau), parlers d’oc ou occitan (gascon, languedocien, provençal, auvergnat, limousin, vivaro-alpin). Voir site de la DGLFLF: DGLF - Ministère de la Culture
Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée dans le JO Sénat du 16/10/2014 - page 2350.
Bibliographie
Georges Musset, Dictionnaire des parlers de l'Aunis et de la Saintonge: en trois tomes, Éditions des régionalismes, , 308p. (ISBN2824052066, présentation en ligne)