Rue d'Enfer (Paris, rive gauche)

ancienne voie de Paris, en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Rue d'Enfer (Paris, rive gauche)

La rue d'Enfer est une ancienne voie située sur la rive gauche de Paris. Une partie de la rue est supprimée lors du percement du boulevard Saint-Michel, déclaré d'utilité publique en 1859. La partie restante est renommée « rue Denfert-Rochereau » en 1878.

Faits en bref Situation, Historique ...
Anc. 4e arrt
Rue d'Enfer
Image illustrative de l’article Rue d'Enfer (Paris, rive gauche)
Deux anciens commerces de la rue d'Enfer : le restaurant Julien et le pâtissier À la Vieille Grille du Luxembourg (années 1840).
Situation
Historique
Ancien nom Chemin d'Issy
chemin de Vanves
chemin de Vauvert
rue de Vauvert
chemin Vauvert
rue de la Porte-Gibart
rue des Chartreux
rue Saint-Michel
rue du Faubourg-Saint-Michel
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
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Elle correspond aux voies actuellement nommées :

  1. boulevard Saint-Michel (section entre la rue Monsieur-le-Prince et la rue de l'Abbé-de-L'Épée),
  2. rue Henri-Barbusse,
  3. avenue Denfert-Rochereau.

Elle ne doit pas être confondue avec la rue d'Enfer située rive droite, renommée « rue Bleue » en 1789.

Origine du nom

Résumé
Contexte

Les différentes hypothèses

L'origine de ce nom ouvre à plusieurs hypothèses.

Elle aurait été appelée auparavant via Inferior  nom dénaturé en via Infera, d’où rue d'Enfer , par opposition à la rue Saint-Jacques, qui elle, était appelée via Superior[1].

Mais, selon les recherches de Michel Roblin[2] et Alain Faure[3], il faut voir en ce nom, plutôt qu’une corruption de via Inferior, un dérivé du surnom donné à une porte de l’enceinte de Philippe Auguste, la « porte en Fer », laquelle fut appelée d'abord porte Gibard ou de la rue Gibard (d'après le Moulin-Gibert situé au-delà de l'enceinte), puis porte Saint-Michel (en 1394 par Charles VI en l'honneur de sa fille) ou « porte d'Enfer » à cause de la rue de la Porte d'Enfer, appellation qu'Henri Sauval (1724) fait remonter à 1258, « pour des raisons de superstitions[4] ». Mais, comme pour mieux se contredire, il ajoute plus loin que dans « les gestes des évêques d'Auxerre on l'appelait porta de ferto », porte de fer, donc.

Germain François Poullain de Saint-Foix donne d'autres explications, la thèse de la Via Inferior ainsi que celle de la superstition due à des hurlements et autres apparitions spectrales du temps de Saint Louis ou encore un nom populaire donné car la rue était malfamée et que l'on y entendait cris, jurements, querelles...

Le terme « d'Enfer » n'aurait en définitive que peu à voir avec les Enfers, pas plus qu'avec le demi-patronyme de Pierre Philippe Denfert-Rochereau : pourtant, à la fin du XIXe siècle, les usagers, un peu perdus dans la nouvelle géographie de Paris, mélangeaient d'Enfer et Denfert. Cette confusion onomastique est d'autant plus remarquable que le second tronçon de l'ex-rue d'Enfer fut rebaptisé rue Henri-Barbusse, en hommage à l'écrivain militant qui composa, entre autres, un roman fort célèbre intitulé L'Enfer.

La disparition progressive de cet odonyme

La rue d'Enfer est rebaptisée rue Denfert-Rochereau en 1878[5]. La place de la barrière d'Enfer est rebaptisée place Denfert-Rochereau en 1879[6]. En 1887, le boulevard d'Enfer, créé le par Louis XV, devient le boulevard Raspail, on fait disparaître également le chemin de ronde du poste d'observation de la barrière d'Enfer. Un seul lieu conserve la mémoire du nom du quartier d'Enfer : le passage d'Enfer, construit en 1855 pour traverser la cité d'Enfer (ou « cité de M. Cazeaux ») construite par l'architecte Félix Pigeory, auteur de l'un des premiers lotissements ouvriers de Paris.

Plusieurs rues portaient l'épithète « d'Enfer », mais ont été renommées : rue Saint-Dominique-d'Enfer, renommée rue Royer-Collard en 1846[7] ; rue Saint-Thomas-d'Enfer, renommée rue Malebranche en 1867[8] ; rue Sainte-Catherine-d'Enfer, renommée rue Le Goff en 1880[9].

Situation

Résumé
Contexte

Avant 1859 : de l'ancienne place Saint-Michel à la place de la barrière d'Enfer

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Tracé de la rue d'Enfer sur un plan de 1857.

En 1844, sa longueur est de 1 608 mètres[1].

D'après le plan établi par Vuillemin[10] et Benard[N 1] en 1857 (cf. illustration), la rue d'Enfer commençait, au nord, dans le prolongement de la rue de la Harpe (alors plus longue qu'aujourd'hui) à l'ancienne place Saint-Michel, située à l'actuelle embouchure de la rue Monsieur-le-Prince sur le boulevard Saint-Michel. Elle se terminait à la barrière d'Enfer[N 2], face à la « route d'Orléans » (actuelle avenue du Général-Leclerc) qui traversait le Petit-Montrouge appartenant alors à la commune de Montrouge[N 3].

Du nord au sud, sa bordure ouest longeait les grilles du jardin du Luxembourg, l'école des Mines, installée dans l'ancien Hôtel de Vendôme et, au-delà de la rue de la Bourbe (boulevard de Port-Royal), les hospices des Enfants-Trouvés (ancien institut de l'Oratoire, de 1655) et de Marie-Thérèse (fondé en 1819), également connu sous la dénomination « infirmerie de Marie-Thérèse ».

Dans les années 1850, elle croisait en partant du nord[11] :

De 1859 à 1878 : du boulevard Saint-Michel à la place de la barrière d'Enfer

En 1859 est déclaré d'utilité publique le prolongement du boulevard Sébastopol (rive gauche) (actuel boulevard Saint-Michel), de la place Saint-Michel au carrefour de l'Observatoire, par l'élargissement à trente mètres de la rue d'Enfer et de la rue de l'Est et isolement du jardin du Luxembourg du côté de la rue d'Enfer[14]. La section de la rue d'Enfer entre la rue Monsieur-le-Prince et la rue de l'Abbé-de-L'Épée est alors incorporée à ce nouveau boulevard.

De 1878 à 1946 : la rue Denfert-Rochereau

En 1878, la rue d'Enfer est rebaptisée rue Denfert-Rochereau afin d'honorer le défenseur de Belfort lors de la guerre franco-prussienne, le gouverneur Pierre Philippe Denfert-Rochereau.

Le 30 mars 1918, durant la première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha explose au no 74 rue Denfert-Rochereau[15].

En 1946, la section entre le boulevard Saint-Michel et l'avenue de l'Observatoire est renommée rue Henri-Barbusse, la partie au sud de l'avenue étant rebaptisée avenue Denfert-Rochereau.

Historique

Résumé
Contexte

La rue d’Enfer est attestée dès 1569. Cette rue a porté différents noms à diverses époques : « chemin de Vanves », « chemin d'Issy », « chemin de Vauvert », « rue de la Porte-Gibard », « rue Saint-Michel », « rue du Faubourg-Saint-Michel[1] ».

Elle est citée sous le nom de « rue d'Enfer » dans un manuscrit de 1636

En décembre 1774, les carrières souterraines sous la rue s'effondrent et engloutissent sur plusieurs centaines de mètres les habitations en surface.

Plusieurs établissements de bouche et festifs se situaient entre le Luxembourg et Montparnasse : avant que les travaux ordonnés par le préfet Haussmann ne le coupe en deux, on trouvait à l'actuel emplacement de la station de RER Port-Royal le fameux bal Bullier qui voisina bientôt avec La Closerie des Lilas, ouverte également par Bullier, deux établissements qui donnèrent à cet ancien « plateau boisé » (en réalité, proche du jardin), une réputation « infernale » dès la fin du règne de Louis-Philippe.

En 1882, la rue Denfert-Rochereau est élargie jusqu'à l'avenue de l'Observatoire (section rebaptisée avenue Denfert-Rochereau en 1946).

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Résumé
Contexte

Avant 1859

— Selon le dictionnaire administratif et historique de 1844, la rue d'Enfer, longue de 1 608 m, commence au 2, rue Saint-Hyacinthe et au 16, rue des Francs-Bourgeois et finit au boulevard d'Enfer et au 16, boulevard Saint-Jacques. Son dernier numéro impair est le 109, le dernier pair le numéro 102.
— Selon l'édition de 1855, sa longueur est de 1 591 m, le dernier numéro impair est le 133, le dernier pair le 128.

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Nos 60-62, boulevard Saint-Michel (précédemment rue d'Enfer) : hôtel de Vendôme (XVIIIe siècle), façade sur jardin (ouest), vue du jardin du Luxembourg.
  • Nos 32-36 (actuels nos 60-62, boulevard Saint-Michel) : hôtel de Vendôme construit au XVIIIe siècle.
  • No 32 rue d'Enfer-Saint-Michel :
    — vers 1816[17]/1825[19] demeure du comte Ferrand (1751-1825), dramaturge, membre de l'Institut, ministre d'État, pair de France ;
    — vers 1825[19]/1828, demeure du cardinal duc Antoine-Jules de Clermont-Tonnerre (1749-1830), archevêque de Toulouse, pair de France.
  • No 33 rue d'Enfer : domicile et atelier du peintre Alexandre Colin[25].
  • No 34 rue d'Enfer (actuel 60, boulevard Saint-Michel) : emplacement de l'École des mines depuis 1816[26].
  • No 40 rue d'Enfer-Saint-Michel : vers 1816[17]/1825[19], demeure du comte Emmery (1783-1839), militaire, pair de France.
  • No 42 rue d'Enfer-Saint-Michel : vers 1816[17], demeure du comte Dessolle [sic] (1767-1828), pair de France[27]
  • No 44 rue d'Enfer-Saint-Michel : vers 1813[16], en 1816[17]/1825[19], demeure du comte de Cornet (1750-1832), pair de France.
  • No 45 : emplacement du portail de l'ancien noviciat des Feuillants, dit « second couvent »[1] ou couvent des Feuillants du faubourg Saint-Michel. Indiqué aux nos 41 à 49 en 1855 (Lazare), au no 43 en 1860[28] , supprimé en 1790, vendu comme propriété nationale, démoli en 1863 à la suite de la décision d'élargir la rue d'Enfer (boulevard Saint-Michel).
    Les Feuillants avaient acquis le terrain en 1630. Une première église est bâtie à partir de 1633. En 1655, faute de moyens financiers et d'entretien, une partie des bâtiments claustraux est fermée pour cause de vétusté. La première pierre d'une nouvelle l'église conventuelle est posée en juillet 1659 sous le vocable des Saints-Anges-Gardiens[29] ;
  • No 46 rue d'Enfer : indiqué en 1812[30], comme emplacement de l'entrée de l'ancienne Chartreuse de Paris, démolie de 1796 à 1800.
  • No 55 rue d'Enfer-Saint-Michel[31] : d'environ 1824[32] à 1833, demeure d'Étienne Charles Gabriel de Berny (1768-1851), conseiller à la Cour royale de Paris[33] et de son épouse Laure de Berny (1777-1836), inspiratrice et amante de Balzac, ce qui motive l'écrivain de s'installer, la même année, à l'hôtel Châtillon (2 rue de Tournon), situé non loin de là[34]. Laure de Berny demeure encore rue d'Enfer en 1833[35]. Elle meurt en 1836 dans sa maison de campagne[36].
    — le peintre et graveur Henri Baron (1816-1885) est présent à cette adresse en 1855[37].
  • Nos 55 et 57 : entre ces deux numéros, aboutissement de la « rue des Deux-Églises » (rue de l'Abbé-de-L'Épée depuis 1846[38]).
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No 17, rue Henri-Barbusse (précédemment rue d'Enfer) : domicile et lieu de décès du sculpteur François Rude (1784-1855).
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Nos 90 et 92, avenue Denfert-Rochereau (précédemment rue d'Enfer) : la façade de l'actuelle infirmerie Marie-Thérèse dissimule l'ancienne propriété de Chateaubriand et l'ancien hospice Marie-Thérèse, fondé par son épouse en 1819.
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No 77, avenue Denfert-Rochereau (précédemment rue Denfert-Rochereau) : écuries de l'ancien relais de poste de la barrière d'Enfer transformées en ateliers d'artistes.
  • No 113 rue d'Enfer : situé face à l'hospice Marie-Thérèse,
    — emplacement, en juillet 1850, d'un des nombreux logements occupés successivement par le poète et chansonnier Pierre-Jean de Béranger[49]. Il est à noter que la maison porte à cette époque bien le no 113 et non pas le no 13[50] de la rue d'Enfer[N 4] ;
    — adresse, de 1857-1863, de l'artiste peintre et illustrateur Ange-Louis Janet (1815-1872), qui est ensuite signalé, de 1864 à 1868 aux nos 113 et 119 rue d'Enfer[51].
  • No 154 maison et dépendances, appartenant au Couvent des Feuillants rue d’Enfer, estimées 27 039 livres 10 sous, 1790 ;
  • No 155 maison et dépendances appartenant au Couvent des Feuillants rue d’Enfer, estimées 23 575 livres 17 sous, 1 plan, 1790 ;
  • No 157 maison et dépendances appartenant au Couvent des Feuillants rue d’Enfer, 1790 ;
  • No 159 maison et dépendances appartenant au Couvent des Feuillants rue d’Enfer, estimées 35 410 livres, 1 plan[52].

Après 1859

Partie allant de l'actuelle rue de l'Abbé-de-L'Épée à l'actuelle place Denfert-Rochereau (Paris). Elle est nommée :
— rue d'Enfer jusqu'en 1879,
— rue Denfert-Rochereau de 1879 à 1946.

Notes et références

Voir aussi

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