Cette voie qui existait en 1730 à l'état de chemin dans l'ancienne commune de Montrouge, plus précisément dans sa partie nord, a été annexée dans la voirie parisienne en 1863.
Elle était, en 1840, désignée sous le nom de «rue de la Pépinière», et ultérieurement «rue de la Pépinière-Montrouge[1]» en raison de l'importante exploitation horticole de l'établissement Cels Frères, appartenant à deux petits-fils du botaniste Jacques Philippe Martin Cels, et qui s'étendait alors dans la partie occidentale de la rue, du côté de la rue Neuve de la Pépinière (rue Fermat depuis 1864) jusqu'à la rue du Champ-d'Asile (rue Froidevaux depuis 1896).
Dans la partie actuellement piétonne, il y avait autrefois un marché couvert, détruit en 1994 dans le cadre d'une opération immobilière malgré l'opposition de nombreux riverains.
C'est une rue très animée, de jour pour ses nombreux commerces de proximité, comme en soirée pour ses cafés et restaurants. La rue Daguerre est l'une des principales artères commerçantes d'un quartier qui, initialement populaire, s'est embourgeoisé à partir des années 1980[2]. Elle a donc évolué au gré des transformations sociales du quartier, comme en témoignent les commerces plus haut de gamme et les créateurs qui y sont aujourd'hui installés.
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La rue Daguerre et les rues adjacentes ont été et sont toujours habitées par de nombreux artistes.
No6: ancien «bougnat», créé par Bernard Péret. L'activité charbonnière a cessé en 1954. L'établissement, resté dans la famille[3] a été converti en restaurant traditionnel.
No7: à partir de 1910, atelier du sculpteur Richard Guino († 1973), puis celui de son fils Michel Guino († 2013) également sculpteur.
No12: immeuble (fin XIXesiècle) à usage mixte (commerces et habitations), signé et daté au premier étage E. THOLLARD archte / 1894, en pierre de taille, de cinq travées et quatre niveaux sur rez-de-chaussée, le cinquième constitué de combles mansardés et précédés d'un balcon discontinu; porte à double battant, décor sculpté: cartouche au-dessus de la porte, jambages ornés de reliefs, au quatrième étage frontons brisés au-dessus des fenêtres de chacune des travées latérales.
No13: emplacement de l'ancienne imprimerie de phototypie Duval, rachetée en 1964 par Adrien Maeght et devenue l'année suivante l'imprimerie ARTE[4].
No19: en 1933, l'Étoile nord-africaine s'y dotait d'un siège social[5]. À cet emplacement, se tenait un des plus importants lavoir de Paris. Il travaillait principalement pour les hôpitaux de Paris et la prison de la Santé. La mairie de Paris l’obligea à fermer sa source et à utiliser l’eau de Paris. L’activité diminuant, il ferma et fut remplacé par un marché[6]. Une plaque en mémoire de Roland Dupuy, ancien maire adjoint de l'arrondissement et créateur de la rue piétonne a été apposée à l'entrée de l'ancien marché[7].
No22: Petit hôtel de tourisme de trois étages (actuellement[Quand?] «Le Lionceau»), en brique, datant de la seconde moitié du XIXesiècle ou du début du XXesiècle[8], qui est un ancien « hôtel garni » bon marché dont les propriétaires accueillirent, dans l'entre-deux-guerres, de jeunes gens venus à Paris pour fréquenter les haut-lieux artistiques de Montparnasse: — le peintre japonais Toshio Bando (1895-1973) y vécut en 1925, protégé par la patronne, Madame Mongeot qui posait pour lui[9]; — le sculpteur américain Alexander Calder (1898-1976), inscrit à l'Académie de la Grande-Chaumière dès son arrivée à Paris, en 1926, fut locataire d'une chambre de cet hôtel pendant l'hiver de la même année[10], époque à laquelle il réalisa sa première silhouette en fil de fer, inspirée de Josephine Baker[11]. Calder écrit: «C'était une chambre de 4 mètres sur 5 avec une verrière, au premier étage, sur l'arrière-cour»[12].
Nos25 (et 18, rue Boulard): immeuble d'angle (fin XIXesiècle) à usage mixte d'habitations et commerce. Adresse, en 1896, du siège d'une «Société historique de Montrouge et des environs», fondée la même année[13].
No44: le peintre Henri Rousseau (1844-1910), dit « le Douanier Rousseau », y vécut de 1905 à 1906[14].
No54: l'ancien passage privé dénommé «villa Daguerre» aboutissait jusqu'à sa suppression, en 1889[16], sous le porche de cet immeuble bâti en 1885[17]. Derrière celui-ci subsistent encore (en 2022) deux cours successives orientées vers le no39 de l'ancienne «rue du Champ d'Asile» (actuelle rue Froidevaux), où se trouvait l'entrée du passage[18].
No58: le peintre André Vignoles (1920-2017) y vécut avant de s'installer à Vanves.
No63: la cité artisanale présente en cet endroit depuis la première moitié du XIXesiècle[19], est une longue impasse pavée bordée d'ateliers exclusivement dévolus aux travaux artisanaux et artistiques. Une porte cochère flanquée de bornes chasse-roues préserve la tranquillité des lieux de travail qu'elle abrite, et interdit l'accès au public qui n'y est admis qu'à l'occasion d'expositions ou de manifestations ponctuelles telles que les journées portes ouvertes des ateliers d'artistes. — Le photographe et illustrateur français Roger Parry (1905-1977) y travailla à partir de la fin de l'année 1932 et jusqu'en 1935, année de son mariage avec Madeleine Montigny[20]; — le sculpteur grecTakis y eut son atelier de 1967 à 1992, et l'artiste peintre et plasticien Armand Langlois le sien de 1972 à 1976; — en 1999, un guide y recense « imprimeurs, ébénistes, décorateurs, architectes, graphistes, etc[21]»; — plus récemment, un atelier de conservation-restauration d'œuvres d'art[22] habilité par la direction des Musées de France[23] et un atelier créatif de maroquinerie dispensant des cours s'y sont établis.
No66: à la fin de l'année 1862, alors que cette maison conserve encore son ancienne adresse (no62 rue de la Pépinière, précédemment commune de Montrouge dont la partie septentrionale vient d'être annexée à Paris), le jeune Émile Zola (1840-1902), récemment embauché comme commis de librairie chez Hachette emménage avec sa mère au premier étage, dans un logement de trois pièces avec vue sur le cimetière du Montparnasse. Dès , ils iront habiter 7, rue des Feuillantines[24].* No77: les peintres Shirley Jaffe et Stanley Hayter († 1988) y ont eu deux ateliers contigus, autour du jardin qui s'étendait à l'arrière d'un hôtel particulier, tous détruits en 1970.
No83: salle de montage-boutique des productions Ciné-Tamaris de la cinéaste Agnès Varda († 2019). Riveraine depuis les années 1950, Agnès Varda a filmé la rue et ses commerçants à plusieurs reprises: en 1975, pour un documentaire télévisé et, en 2008, pour son film autobiographique Les Plages d'Agnès. Au même no83 vécut le peintre abstrait géométriqueJean Legros († 1981).
No86: ancienne maison d'Agnès Varda, de 1951 à sa mort, survenue en 2019 à l'âge de 90 ans[25]. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse, situé à proximité de la rue et de son logement.
Dans une chambre qu'il occupait dans un hôtel de la rue Daguerre, l'anarchiste Auguste Vaillant (1861-1894) a préparé, au début du mois de , la bombe qu'il fera exploser dans l'hémicycle du palais Bourbon[27].
Jimi Hendrix est dans une vidéo filmée Rue Daguerre avec les membres de son groupe Mitch Mitchell & Noel Redding. En off, on entend Jimi Hendrix chantant "Burning of the Midnight Lamp". Mais The Wind Cries Mary est la bande sonore de cette vidéo pour des raisons de copyright. Cette vidéo a été diffusée sur la TV Française ORTF le 15 octobre 1967. La vidéo est sur Youtube, Dailymotion et le site de l'INA.
En 1995 a paru le livre de Lise London (née Elisabeth Ricol) La mégère de la rue Daguerre, dont le titre fait référence à une manifestation de ménagères.
Elle fut rebaptisée «rue de la Pépinière-Montrouge» à partir de l'annexion du Petit-Montrouge à Paris, pour éviter la confusion avec la rue homonyme du faubourg du Roule.
Serge Marchesi, Colette Guerrier et Évelyne Le Diguerher, Village Montparnasse, parc de Montsouris, Petit-Montrouge, Plaisance, Village communication, coll.«Village», (ISBN978-2-910001-16-2).
La période du séjour de Calder dans la rue Daguerre et la situation exacte de l'hôtel dans cette rue — où les hôtels garnis étaient nombreuses — sont attestés, entre autres, par une lettre autographe adressée par Calder à l'acteur et antiquaire Marcel Gizardin (1891-1976) oblitérée le et dont l'enveloppe porte sur le revers l'adresse «Calder 22 r. Daguerre Paris». Cf. lot no15, vente Artcurial, 13 décembre 2012, mentionnée sur le site Les collections Aristophil (voir en ligne).
Calder, Alexander (1898-1976), notice biographique dans la rubrique des Américains célèbres en France sur le site de l'Ambassade et consulats des États-Unis d'Amérique en France.
Arrêté du 28 juillet 2003 portant habilitation à procéder à la restauration d'un bien faisant partie des collections des musées de France au titre du 3° de l'article 13 du décret n° 2002-628 du 25 avril 2002 (en ligne).