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évènement politique révolutionnaire espagnol De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La révolution sociale espagnole de 1936 (revolución social española de 1936), couramment désignée sous le nom de révolution espagnole (revolución española)[1], englobe tous les événements de type révolutionnaire, principalement rattachés au mouvement anarchiste et syndicaliste révolutionnaire déclenchés en Espagne, durant la guerre civile, en réponse à la tentative de coup d'État militaire les 17 et 18 juillet 1936.
Les bases idéologiques de cette révolution se rattachent très clairement à l'anarcho-syndicalisme et à l'anarchisme, extrêmement puissant en Espagne dans les années 1930, mais aussi au marxisme révolutionnaire.
Ce mouvement a donné lieu à des collectivisations paysannes et ouvrières, très importantes dans le domaine de l'agriculture et de l'industrie, en Espagne républicaine.
Les principes de la révolution sociale reposaient en grande partie sur :
Ces principes sont imposés aux habitants des villes administrées par la coalition républicaine.
Les principaux représentants de ces mouvements étaient la Confédération nationale du travail (CNT/AIT), la Fédération anarchiste ibérique (FAI), le Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM), ainsi que les ailes radicales du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et de l'Union générale des travailleurs (UGT).
L'insurrection militaire débute le 17 juillet 1936. Le 18, tandis que les putschistes poursuivent leur soulèvement, l'État républicain semble s'effondrer, avec pas moins de quatre gouvernements qui se succèdent en une seule journée. Ce vide politique conduit les structures étatiques à se dissoudre ou être paralysées, créant une situation de chaos.
Les deux syndicats les plus puissants en 1936 sont les anarchistes de la CNT (environ 1 557 000 membres)[réf. nécessaire] et les socialistes de l'UGT (environ 1 447 000 membres)[réf. nécessaire]. Ils appellent à la grève générale du 19 au 23 juillet dans toutes les parties de l'Espagne, en réponse à la fois au soulèvement militaire et à l'apathie apparente de l'État républicain lui-même.
C'est vraiment à partir de ces journées de grève générale que les syndicats s'organisent[réf. nécessaire] et se procurent des armes après avoir pris d'assaut les dépôts d'armes des forces de l'ordre, qu'elles soient restées fidèles au gouvernement républicain ou non. Le 19 juillet, en Catalogne comme dans d'autres régions espagnoles, de simples travailleurs prennent les armes, attaquent les casernes où se sont réfugiés les partisans du soulèvement militaire, élèvent des barricades dans les rues et procèdent à l'arrestation des insurgés et de suspects[réf. nécessaire].
Dès ces premières semaines apparaissent dans les secteurs anarcho-syndicalistes révolutionnaires deux groupes, par la suite antagonistes quant à la conduite à tenir vis-à-vis de la guerre et de la révolution :
En parallèle, on assiste à la formation de structures administratives en dehors de l'État, dont la plupart ont une base locale ou régionale. Les plus remarquables sont le Comité central des milices antifascistes de Catalogne, le Comité exécutif populaire de Valence, le Conseil régional de défense d'Aragon, le Comité de salut public de Malaga, le Comité de guerre de Gijón, le Comité populaire de Sama de Langreo, le Conseil de la Cerdagne ou encore le Comité antifasciste d'Ibiza. On retrouve dans toutes ces structures les deux sensibilités révolutionnaires radicale et possibiliste. D'abord tenus par les membres les plus radicaux, ces Comités de guerre et de défense passent peu à peu aux mains des possibilistes[réf. nécessaire].
L'économie espagnole est de plus en plus placée sous le contrôle direct des travailleurs, organisés par les syndicats anarcho-syndicalistes comme la CNT[réf. nécessaire]. Les usines sont gérées par des comités de travailleurs, les zones agricoles sont collectivisées et fonctionnent comme des communes libertaires. Même les hôtels, les restaurants, les salons de coiffure ou les transports sont gérés par leurs propres travailleurs. Ce phénomène touche tout particulièrement les zones où ces syndicats sont les plus puissants, comme la Catalogne, où 75 % de l'industrie[réf. nécessaire] et 70 % des terres[réf. nécessaire] sont concernées. On trouve des taux relativement fort de terres collectivisées en Aragon et la province de Badajoz avec 70 %[réf. nécessaire], 60 % en Castille-La Manche[réf. nécessaire], 50 % en Andalousie[réf. nécessaire], ou 24% en Murcie[2]. Dans les zones d'influence socialiste, le taux reste plus faible, comme dans la communauté valencienne (15 %)[réf. nécessaire]. Au total c'est 54% des terres qui sont collectivisés dans la partie Républicaine de l'Espagne, selon l'Institut des Réformes Agraires (IRA)[3].
Dans certains endroits[Lesquels ?], l'utilisation de l'argent est totalement abolie, et remplacé par des systèmes de bons. Le nouveau prix des biens fut ramené à 75 % de leur ancienne valeur[réf. nécessaire].
L'Aragon est un des fiefs du radicalisme anarchiste et connait un destin particulier. Dès les premiers jours du soulèvement, le front coupe l'Aragon en deux parties. Le 24 juillet 1936, Buenaventura Durruti, à la tête de 3 000 hommes, quitte Barcelone à la tête de la première des colonnes révolutionnaires. Cette colonne Durruti, principalement composée de travailleurs volontaires pour aller se battre, est suivie d'autres colonnes célèbres, parties de Barcelone ou de Valence : la colonne de Fer (Columna de Hierro) ou la colonne Rouge et Noir (Columna Rojo y Negro) parmi d'autres. Le but est la prise de Saragosse, mais les Possibilistes, dirigeants qui votent à la place des Radicaux qui sont partis combattre, décident d'ajourner l'attaque (arrêt du ravitaillement en munitions des miliciens)[réf. nécessaire] pour se tourner vers Majorque (pour y rechercher l'incident international qu'espère Madrid: il s'agissait d'y attirer en masse les italiens, afin que les anglais se sentent menacés en cette mer et passent interventionnistes[pas clair]).
Saragosse était la deuxième ville anarchiste d'Espagne, après Barcelone. Avant la révolte des Nationalistes, la république y avait durement réprimé les manifestations, un maire avait même démissionné pour protester contre ce « sale boulot », allant jusqu'à tuer les anarchistes. Ainsi c'est grâce à la république que les nationalistes ont facilement pu prendre la ville comme il n'y avait plus personne pour s'opposer et que les républicains en place, durs, ont changé de camp. Ils ont même pu, étant en infériorité numérique, garder la ville, comme Madrid, ayant peur de Durruti après son discours menaçant de libérer[non neutre] Madrid des bourgeois[Qui ?] après avoir éliminé les fascistes[Qui ?] de Saragosse, a tout fait, utilisant d'ailleurs la collaboration de la CNT possibiliste, pour empêcher la prise de cette "deuxième Barcelone" par les anarchistes[réf. nécessaire].
La geste malheureuse[pas clair] pour Saragosse (où d'ailleurs attendaient d'être délivrés quelques milliers d'anarchistes, mis en prison par la République) mène pendant un an à une concentration extraordinaire d'anarchistes dans la partie orientale de l'Aragon, tous soucieux de mettre tout de suite en œuvre le communisme libertaire dans les municipalités où ils passent. Les anarchistes militants des grandes villes bénéficient en cela de relais majeurs auprès de la population grâce à l'importance de la syndicalisation des populations rurales de la région[réf. nécessaire]. C'est pourquoi on trouve dans la région environ 450 collectivités rurales, la plupart entre les mains de la CNT, une vingtaine étant tenues par l'UGT[réf. nécessaire].
George Orwell, dans son livre Hommage à la Catalogne, rend en partie compte de ce qu'il a vu alors qu'il faisait partie de la division « Lenin » du POUM :
« Les milices de travailleurs, appuyées sur les syndicats, composées d’hommes aux opinions politiques diverses, concentraient le sentiment révolutionnaire et le canalisaient pour un projet déterminé. J’étais en train de m’intégrer, plus ou moins par hasard, dans la première communauté d’Europe occidentale dont la conscience révolutionnaire et la haine du capitalisme étaient plus normales que le contraire. En Aragon, des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart d’origine prolétaire, vivaient en termes d’égalité. En théorie, c’était une égalité parfaite, et en pratique, elle n’était pas loin de l’être. Par de nombreux aspects, on expérimentait là un avant-goût de socialisme. »
Dans ce qui deviendra plus tard la Communauté valencienne, ce sont 353 collectivités rurales qui sont constituées (264 dirigées par la CNT, 69 par l'UGT et 20 par la CNT et l'UGT à la fois)[réf. nécessaire]. Elles constituent ensemble le « Conseil du Levant unifié des exportations agricoles » (Consejo Levantino Unificado de Exportación de Agrios ou CLUEA). Dans la ville d'Alcoy, c'est l'ensemble des industries et des services qui sont collectivisés[réf. nécessaire].
Les syndicats ouvriers de la CNT sont très puissants : ils prennent la gestion de nombreuses usines textiles, des tramways et des autobus de Barcelone, implantent des entreprises collectives dans des domaines aussi variés que la pêche, la fabrication des chaussures, les spectacles publics, et même les petits commerces[réf. nécessaire]. En quelques jours, ce sont 70 % des entreprises et des commerces qui passent sous le contrôle des travailleurs[réf. nécessaire]. Ce chiffre est d'autant plus remarquable que la Catalogne concentre en 1936 les deux tiers de l'industrie espagnole[réf. nécessaire].
La Catalogne connaît également un esprit de révolution culturelle et morale. Les « athénées populaires » se transforment[pas clair] en lieux de rencontre et en centres culturels où se fait la formation idéologique. On propose des classes d'alphabétisation, de l'information à la santé, des excursions aux champs, des bibliothèques en accès gratuit, des représentations de théâtre, des débats politiques ou des ateliers de couture. Une vaste opération d'alphabétisation est lancée par le Conseil de l'École Nouvelle Unifiée (es) dont le comité exécutif est présidé par Joan Puig i Elias : de nombreuses écoles rationalistes s'ouvrent, où sont appliquées les méthodes de Ferrer ou de Montessori[réf. nécessaire]. Plusieurs mesures sont également prises dans le domaine social : autorisation de l'avortement, libération de la femme[réf. nécessaire].
L'ordre public reste sous la tutelle nominale des forces classiques du maintien de l'ordre public : police, garde civile, tribunaux et armée. Mais dans les faits, elles sont supplantées par des « Patrouilles de contrôle » (Patrullas de Control)[réf. nécessaire], formées de volontaires, souvent issus des milices populaires ou des assemblées de quartier. Dans de nombreux cas[Lesquels ?], les prisons sont ouvertes, libérant les prisonniers politiques mais aussi les criminels de droit commun.
Face à la déliquescence du pouvoir de l'État, le gouvernement s'efforce de réagir par une série de mesures qui doivent reprendre le contrôle des zones où se réalise la révolution.
Le 2 août sont créés les Bataillons de Volontaires (Batallones de Voluntarios), embryon de la future Armée populaire de la République. Le gouvernement prend également plusieurs décisions par décret, certaines étant symboliques:
La situation militaire se complique à partir du mois d'août et des progrès décisifs que connait l'insurrection « nationaliste ». En effet, après la rapide campagne d'Estrémadure (5-14 août) et du Tage (17 août-3 septembre), les militaires sont arrivés au plus près de Madrid et menacent directement la ville. Pour défendre la capitale se constitue un organe semi-indépendant, le Conseil de défense de Madrid (Junta de Defensa de Madrid), plus tard renommé Conseil exécutif de défense de Madrid (Junta Delegada de Defensa de Madrid), où tous les principaux syndicats et les partis politiques du Front populaire sont représentés. En même temps, le 4 septembre, Largo Caballero constitue le premier « gouvernement de la Victoire », dont la composition similaire cherche à regrouper sur un front très large tous ceux qui reconnaissent la légitimité de la République. Le 5 septembre 1936, les Républicains échouent à conquérir Majorque, dotant ainsi les Nationalistes d'une base d'opérations militaires rapidement exploitée par leurs aviations alliées, italienne et allemande.
D'un point de vue politique et social, les premières mesures de ce gouvernement cherchent à régulariser et à donner un semblant de légalité aux mesures révolutionnaires prises les semaines précédentes un peu partout en Espagne : décret de confiscation des biens des personnes condamnées par les tribunaux populaires du gouvernement (17 septembre), décret de collectivisation des terres et des usines en Catalogne (22 octobre).
Malgré ce consentement apparent aux thèses des révolutionnaires, le but du gouvernement reste la constitution rapide d'une armée efficace, ce qui passe d'abord à ses yeux par la dissolution des différents Comités de défense[réf. nécessaire], plusieurs fois tentée[Quand ?]. Le 16 septembre est créée la Milice de surveillance de l'arrière (Milicia de Vigilancia de Retaguardia), chargée de contrôler l'ensemble des milices qui n'ont pas de rôle actif au front mais à l'arrière, mais qui restent puissantes et indépendantes. Le 28 septembre, un pas décisif est fait vers la création de l'Armée populaire de la République avec la fusion des anciens cadres de l'armée espagnole et des milices populaires, au sein de « brigades mixtes », décidée le 28 septembre. Cette décision est complétée par un décret du 29 septembre qui entend imposer la discipline militaire dans ces nouvelles brigades.
Peu à peu, les frictions se font plus nombreuses au sein du Front populaire antifasciste. Le Parti communiste d'Espagne (PCE) jouit en effet d'une place de plus en plus prépondérante, grâce à l'aide que fournit l'URSS à la République espagnole. Or, le PCE soutient que la guerre civile n'est pas le moment choisi pour mener une révolution :l'objectif principal reste la défaite des forces de Franco, tandis que l'abolition du capitalisme est reportée à la fin de la guerre[réf. nécessaire]. En effet, la révolution pourrait effrayer les classes moyennes (fonctionnaires, petits commerçants, petits agriculteurs propriétaires ou même les ouvriers spécialisés), qui forment une partie importante du parti lui-même[réf. nécessaire].
Les membres des groupes anarchistes, du POUM et même de l'aile radicale du PSOE s'opposent à ces conceptions[réf. nécessaire]. Mais rapidement, les milices qui leur sont fidèles reçoivent de moins en moins d'aide et de soutien logistique de l'État, ce qui réduit leur capacité à agir[réf. nécessaire]. Sauf en Aragon[réf. nécessaire], les groupes révolutionnaires commencent à subordonner leur action aux décisions gouvernementales. En Catalogne, les communistes du Parti socialiste unifié de Catalogne (PSUC), expulsés de la direction du Comité central des milices antifascistes le 6 août font leur retour au sein du gouvernement d'union de la Généralité, qui récupère les pouvoirs qu'elle avait abandonnés, tandis que le Comité central des milices antifascistes est dissous le 1er octobre. Peu après, le 9 octobre, tous les Comités locaux de Catalogne sont dissous, rendus illégaux et remplacés par des conseils municipaux aux mains du FPA. Le 2 novembre, c'est le Comité exécutif populaire de Valence qui accepte de subordonner sa politique au gouvernement de la République.
Le 4 novembre, Largo Caballero forme un nouveau cabinet, surnommé le « second gouvernement de la Victoire », qui compte des membres éminents de la CNT tels que Juan García Oliver (justice), Juan López Sánchez (commerce), Federica Montseny (santé) et Joan Peiró (industrie).
Pourtant les tensions se font plus vives, et la Colonne de Fer s'empare du pouvoir dans la ville de Valence, afin de protester contre le peu de ravitaillement que lui accorde le Comité exécutif populaire, aux mains des possibilistes[réf. nécessaire]. Les combats de rues entre communistes et anarchistes se soldent par la mort de plus de 30 personnes. Au même moment, c'est la colonne Durruti qui, après avoir accepté de participer aux combats de défense de Madrid et quitté l'Aragon, se soumet aux ordres du gouvernement, alors que son meneur, Buenaventura Durruti, est tué.
En Catalogne, les fermes et les entreprises collectivisées sont peu à peu reprises par les propriétaires individuels[réf. nécessaire]. Le 17 décembre, le journal soviétique Pravda publie un éditorial qui déclare : « L'élimination des trotskystes et des anarcho-syndicalistes a déjà commencé en Catalogne et elle est réalisée avec la même énergie qu'en Union soviétique ».
Les structures autonomes sont combattues avec la même vigueur. Le Comité de guerre de Gijón est transformé par décret le 23 décembre en Conseil interprovincial des Asturies et de León, soumis aux autorités gouvernementales de la République. Le 8 janvier 1937, c'est au tour du Comité exécutif populaires de Valence d'être dissous.
À la fin du mois de février 1937, le gouvernement républicain prend des mesures répressives à l'égard des contestataires de l'« intérieur ». Le 26 février, un décret, repris le 2 mars par la Généralité de Catalogne, interdit aux officiers de police d'appartenir à quelque parti politique ou syndicat que ce soit. Le lendemain, soit le 27 février, le gouvernement fait interdire le journal de la FAI, Nosotros. À partir de ce moment, la presse et en particulier les publications les plus critiques envers le gouvernement sont soumises à la censure. La militarisation des milices au sein de l'Armée populaire, qui s'accélère et s'achève en mars 1937, est également vue comme un moyen de briser les aspirations libertaires[réf. nécessaire] des membres des milices confédérales.
C'est d'ailleurs en Catalogne que la tension grimpe le plus sensiblement. Le 12 mars, la Généralité décide par ordonnance que toutes les armes et les explosifs qui appartiennent encore à des groupes qui ne sont pas militarisés au sein de l'Armée populaire doivent être rendus. Cette décision brise l'unité du FPA : le 27 mars, les anarchistes démissionnent du gouvernement de la communauté. Le 17 avril, les carabiniers de Puigcerdà demandent aux patrouilles ouvrières de la CNT qui assurent le contrôle de la frontière et des douanes avec la France de s'en aller. En même temps, la Garde civile et la Garde d'assaut sont envoyées dissoudre le Conseil de Cerdagne : pour cela elles vont à Figueras et d'autres localités de la province de Gérone, afin de reprendre en main les activités de contrôle de police. Au même moment, dans Barcelone, les gardes d'assaut procèdent au désarmement des travailleurs dans les rues[réf. nécessaire].
Les affrontements se font de plus en plus nombreux et violents entre partisans et adversaires de la révolution. Ils débouchent de façon dramatique sur les journées de mai 1937 à Barcelone.
Le 13 mai 1937, les deux ministres communistes, Jesús Hernández et Vicente Uribe, proposent au gouvernement de punir la CNT et le POUM, accusés d'être responsables des difficultés que connait le camp républicain, politiquement comme militairement. Le 16, Largo Caballero démissionne. Il est remplacé par le socialiste de Juan Negrín, proche d'Indalecio Prieto. Mais ce nouveau gouvernement ne reçoit pas le soutien des groupes anarchistes et révolutionnaires. Un mois plus tard, le nouveau gouvernement de la Généralité se forme aussi sans les anarchistes et les communistes libertaires. Finalement, le 12 novembre, la CNT se retire des comités du FPA : l'alliance anti-franquiste a vécu.
Les mesures répressives du gouvernement républicain se multiplient dans le même temps :
Les manifestations hostiles à ces mesures se font également plus nombreuses : à Barcelone, on proteste contre la suspension du journal anarcho-syndicaliste Solidaridad Obrera[réf. nécessaire]. Le 26 août, le Conseil asturien décide de se proclamer Conseil souverain d'Asturies et León (Consejo Soberano de Asturias y León), se considérant indépendant de la République espagnole.
Le 6 janvier 1938, le gouvernement interdit par décret l'émission de billets ou de monnaie par les comités, les mairies, les corporations, etc. En même temps, les grands propriétaires dont les terres avaient été collectivisées sont réintégrés dans leurs anciens droits. Les restes de la collectivisation sont progressivement détruits au cours de l'année 1938[réf. nécessaire].
« La révolution espagnole fut la plus singulière des révolutions collectivistes du XXe siècle. C’est la seule révolution radicale et violente qui se soit produite dans un pays d’Europe de l’Ouest et la seule qui ait été, malgré l’hégémonie communiste croissante, véritablement pluraliste, animée par une multitude de forces, souvent concurrentes et hostiles. Incapable de s’opposer ouvertement à la révolution, la bourgeoisie s’adapta au nouveau régime dans l’espoir que le cours des événements changerait. L’impuissance manifeste de leurs partis incita très vite les libéraux et les conservateurs à rechercher une organisation capable d’arrêter le courant révolutionnaire lancé par les syndicats anarchiste et socialiste. Quelques semaines seulement après le début de la révolution, une organisation incarnait à elle seule tous les espoirs immédiats de la petite et moyenne bourgeoisie : le parti communiste. »
— Burnett Bolloten, La Guerre d'Espagne. Révolution et contre-révolution (1934-1939)
« Un mélange de vanité et de sacrifice, de clownerie et d'héroïsme, peut-être dans des proportions plus grandes que dans d'autres cas, parce que les guerres « idéologiques » sont plus confuses que les vieilles guerres entre nations »
« Les événements d'Espagne présentent une caractéristique tout à fait différente (de la Belgique et de la France), car ils dépendent d'une initiative de la droite bourgeoise et non du prolétariat luttant pour l'amélioration de ses conditions de vie. (…) Il s'agit maintenant de voir comment et pourquoi la bourgeoisie espagnole n'a d'autre ressource, pour dompter la terreur du prolétariat, que de charger le Front Populaire, de l'habiller en rouge et de le présenter comme l'ennemi du fascisme que l'on veut « écraser jamais » (…) La lutte entre la droite de Franco et la gauche de Azaña-Caballero n'oppose pas deux formes sociales fondamentalement opposées en face desquelles pourrait s'ébaucher la lutte autonome de la classe ouvrière, comme d'ailleurs cette lutte n'est pas le fruit d'une démantibulation du régime bourgeois ayant mûri son fossoyeur : le prolétariat » »
— Itinéraire : une vie, une pensée ; n°1 : Buenaventura Durruti
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