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Le Premier régiment de France (1er RF) est une unité militaire créée par le gouvernement de Vichy en 1943 pour lutter contre la résistance intérieure mais qui finit par la rejoindre en grande partie l'année suivante.
Premier régiment de France | |
Création | 15 juillet 1943 |
---|---|
Allégeance | gouvernement de Vichy |
Fait partie de | brigade Charles Martel le |
Garnison | Le Blanc / Saint-Amand-Montrond / Dun-sur-Auron |
Commandant | général Berlon |
Commandant historique | général Bridoux |
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Après la dissolution de l'Armée d'armistice le et la découverte par les Allemands de dépôts d'armes camouflés dans l'ancienne zone libre[1], le général Eugène Bridoux, secrétaire d'État à la Guerre, éprouve les plus grandes difficultés à reconstituer quelques unités armées dépendant du gouvernement de Vichy[1]. Pierre Laval obtient cependant d'Hitler à Berchtesgaden le de pouvoir créer une force militaire de petite taille.
La loi est promulguée le [2] et le général Bridoux forme le le Premier régiment de France[1], composé de trois bataillons[1] et dont l'effectif maximum est fixé à 2 760 hommes, sous le commandement du général Antoine Berlon (°Toulon, 1890), considéré par certains comme pro-allemand[3] :
Le choix de ces garnisons, fait par les Allemands, montre bien la volonté de ces derniers de disperser le régiment. L'état-major est au Blanc, à 120 km des deux autres garnisons, alors que les liaisons radio du régiment n'ont qu'une portée de 15 km[5].
Le régiment, rattaché à Pierre Laval et doté d'un armement puissant, est composé d’un personnel attaché aux valeurs militaires mais qui sera qualifié de « profondément pétainiste »[6]. Il accueille dans ses rangs une centaine de miliciens volontaires.
Le régiment est chargé de monter des opérations contre la Résistance[1]. De multiples accrochages ont lieu. Ainsi, à Vaussujean, sur la commune de Saint-Sébastien (Creuse), le , un détachement de 30 hommes du 1er RF commandé par le lieutenant Bonioli monte une embuscade contre des Résistants après un parachutage et en abat sept. Il arrête ensuite trois Résistants du voisinage qu'il livre à la Milice et qui seront torturés et abattus[7]. Le , le 1er RF, de concert avec les Allemands, tire sur des maquisards à Ussel. Quarante-sept FTP sont tués.
À partir de , le régiment reçoit des missions de protection des voies ferroviaires et des réseaux de transport d'électricité. Le 1er bataillon est ainsi chargé de la protection du barrage d'Éguzon et des lignes à haute tension qu'il alimente. Il surveille aussi la voie ferrée entre Argenton-sur-Creuse et Limoges. Trois compagnies du 2e bataillon (détachement Meyer)[8] protègent les lignes reliant le barrage de Kembs à Paris, entre Belfort et Troyes[9].
Cependant, les personnels, hors les miliciens, sont dans l’ensemble profondément anti-allemands[10]. Dès le débarquement connu, une cinquantaine de sous-officiers et hommes désertent pour rejoindre la Résistance[11], dont le la totalité de la musique du régiment qui passe au maquis Lebon et dont le chef, le lieutenant Louis Huygue (Matraque), deviendra un des adjoints de Guy Lebon[12],[1]. C'est ainsi que le , le soldat Henri Rognon et dix de ses camarades, lors du massacre d'Argenton-sur-Creuse, assistant à l'arrivée inattendue d'une colonne de la 2e division SS Das Reich, tirent spontanément sur elle. Il s'ensuit un combat qui nécessite l'utilisation d'un canon pour réduire les Résistants. Henri Rognon est tué et cinq soldats faits prisonniers sont exécutés le lendemain à Limoges. Le même jour la garnison allemande d'Ussel accepte de déposer les armes sous la protection d'une compagnie du 1er régiment de France. Cette libération échoue après qu'une compagnie de FTP ait pénétré dans le cantonnement pour s'emparer des armes[13].
En Champagne, les hommes du 2e bataillon entrent rapidement en contact avec la Résistance, d'autant plus facilement qu'ils sont isolés et autonomes. En , 17 soldats cantonnés à Humes rejoignent la Résistance, apportant leur armement, et deviennent le noyau du maquis du Fresnoy. D'autres éléments de l'Aube rejoignent les maquisards du département[14].
En , le général Berlon souhaite avoir un contact avec la Résistance militaire. Le colonel Chomel, commandant la brigade Charles Martel, qui dépend de l'Organisation de résistance de l'armée (ORA), en est informé, fait approcher le général et entre en pourparlers avec lui. Le général est arrêté le à Cluis, près d'Éguzon[15], par des éléments FFI du groupe Indre-Est. L'embuscade de Cluis est montée, sur renseignement de deux des officiers du 1er RF[16], par le capitaine Gouillard et le lieutenant Leroy, officiers tués au feu le mois suivant dans les combats contre les troupes allemandes de la colonne Elster[17], non contrôlés par le colonel Chomel mais ce dernier peut poursuivre avec l'adjoint du général ces contacts qui aboutissent le au ralliement à la Résistance de l'ensemble du régiment. Les trois bataillons ont perdu depuis le beaucoup d'hommes déjà passés à la Résistance, mais leur personnel, encore nombreux, est formé, équipé et encadré par des officiers de carrière. Ces effectifs sont fondus dans les maquis militaires du Berry. La brigade Charles Martel reçoit le 1er bataillon ainsi qu'un escadron cycliste, un escadron à cheval et un peloton de motards[18]. Les 2e et 3e bataillons rejoignent le maquis du Cher du colonel Bertrand.
Le ralliement du 1er bataillon double les effectifs de la brigade Charles Martel, avec des éléments de grande valeur[19]. Les nouveaux effectifs sont affectés au 17e bataillon de chasseurs portés et à la 27e demi-brigade, et permettent de créer le une quatrième unité, le 8e régiment de cuirassiers, sous les ordres du commandant Calvel qui vient lui aussi du Premier régiment de France. Le 8e cuir se bat victorieusement quelques jours plus tard contre la Wehrmacht au combat d'Écueillé. Deux cent cinquante hommes de son 1er escadron, capitaine Colomb, s'y illustrent dans un combat improvisé où ils réduisent entièrement en deux heures un convoi allemand d'artillerie antichar.
Après son arrestation[20], le général Berlon est transféré à Limoges le . D'abord jugé à Bourges en [21], il l'est de nouveau à Bordeaux en décembre[22] et condamné à cinq ans d'indignité nationale, rayé des cadres de la Légion d'honneur, rétrogradé au grade de lieutenant-colonel et privé de pension. Il sera gracié par le président Vincent Auriol puis placé dans le cadre de réserve[23].
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